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EAN : 9782361832773
160 pages
Les Moutons Electriques (02/09/2016)
3.42/5   18 notes
Résumé :
De retour dans son pays natal, le patron d’un grand studio de dessins animés entend aboyer Dick, son premier chien, pourtant mort il y a longtemps.
Il sort à sa recherche, traverse la rivière, se perd dans les bois… où il croise un garçon qui accompagne « son » Dick pour son ultime voyage. Débute un périple à la frontière du fantastique – ils dorment dans une maison hantée, partagent la dernière noisette de Mister Kreekle, son personnage fétiche… Toute fin ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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De Jean-Claude Marguerite, on connaît surtout le « Vaisseau ardent », un pavé de plus de 1600 pages, imposant et exigeant, consacré aux mythes en lien avec la piraterie. Rien à voir avec son dernier roman en date, « Conte de la plaine et des bois », qui se compose d'à peine plus de cent pages et dans lequel l'auteur a troqué la mer pour la forêt. Une forêt que l'on découvre par les yeux d'un vieil homme, grand patron d'un studio de production de dessin animé désormais retiré dans la contrée de son enfance qu'il tente tant bien que mal d'isoler de tout bruit et présence humaine indésirables. Un matin, le vieillard croit entendre aboyer le chien de son enfance, Dick, mort dans de tragiques circonstances alors qu'il était adolescent. Ni une, ni deux, le voici dehors en train d'arpenter cette forêt qu'il connaissait si bien autrefois mais qui lui réserve aujourd'hui bien des surprises. Si l'intrigue n'a clairement rien à voir, je n'ai pas pu m'empêcher de penser pour ce qui est de l'ambiance et du décor à une autre parution récente des Moutons, « L'autre herbier », un album dans lequel Nicolas et Amandine Labarre contaient le voyage fabuleux d'une jeune fille dans une forêt plus vraiment de notre monde. C'est un peu la même sensation qui nous assaille ici : on se retrouve dans un décor d'abord familier mais qui, peu à peu, semble relever d'avantage du fantastique, avec ses promeneurs improbables et ses chemins qui changent en fonction du sens dans lequel on les arpente.

Le voyage que nous propose ici l'auteur est avant tout un voyage dans les souvenirs du héros qui se remémore avec nostalgie au fil de sa promenade les moments les plus marquants qu'il a vécu dans cette forêt : la naissance du premier personnage de dessin animé qui lui valu son succès, ses promenades en familles, les longues heures passées aux côtés de son chien... Une sorte de rétrospective qui amène l'auteur à brasser tout un tas de thèmes, de la vieillesse à la mort en passant par l'amitié, la transmission du savoir et surtout la nature et l'émerveillement constant qu'elle procure à ceux qui savent la regarder. le tout est porté par une plume travaillée et poétique qui donne lieu à des passages vraiment très beau qui ne manqueront pas de toucher le lecteur (la croisade des feuilles contre l'hiver, par exemple). Si « Le vaisseau ardent » était sans doute un peu trop long en dépit de son indéniable qualité, ce roman ci est en revanche un peu trop court : on aurait aimé en apprendre un peu plus sur la vie du protagoniste et assister à davantage de scènes le liant au jeune Manu avec lequel il entretient une attendrissante relation. Si l'ambiance dans laquelle baigne l'ensemble du récit est certes agréable, l'ouvrage pâtit donc d'un petit problème de rythme et manque de scènes marquantes capables de véritablement happer le lecteur.

Avec ce « Conte de la plaine et des bois », Jean-Claude Marguerite signe une petite fable touchante faisant la part belle à la nature qui retrouve ici tout son potentiel d'émerveillement. Une lecture sympathique qui permet de passer un joli moment.
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Le titre éponyme de ce petit roman rappelle la grande enveloppe dans laquelle l'un des héros, le vieil homme, rangeait ses dessins d'enfants, puis la série de dessins animés qu'il a créé avec pour personnages principaux un jeune écureuil et un vieux crapaud. Mais ce livre n'est-il qu'un simple conte, c'est-à-dire un récit assez court de faits ou d'aventures imaginaires, destiné à nous distraire ? Naturellement non… Ou alors, c'est un conte pour lecteur averti, capable de trouver son chemin dans les différents niveaux de lectures proposés.
Ce nouveau livre de J-C Marguerite n'est pas vraiment un récit très court (il compte tout de même quelques 150 pages), sauf si l'on pense à la différence de taille et de poids avec son précédent roman le Vaisseau Ardent… (Je fais partie des premiers lecteurs qui ont dû faire au mieux avec la version en un seul volume et comme ceux qui m'ont précédé ici, je ne peux résister à en parler…). Ce petit livre peut donc me suivre sans problème, depuis le fonds de mon sac à main jusqu'au fond de mon lit mais il ne me distrait pas au sens strict du terme de passe-temps ou de divertissement ; d'abord il me séduit par la qualité de l'écriture, par la justesse dans le choix des mots et le style soutenu, par le sens de détail et par la poésie qui enveloppe la narration et puis surtout il m'interroge. du conte proprement dit, il puise ses titres de grands chapitres ou parties : « de l'autre côté, oui, de l'autre côté de la rivière », « le Chien qui voulait voir la mer », « Prélude à l'invention des elfes », « À chacun sa fin le train n'attend pas »... Mais c'est surtout un récit allégorique, onirique et philosophique sur l'enfance et ses mystères, les choix de vie, la solitude, la vieillesse et la mort puis sur les passerelles entre les âges et les mondes, entre la réalité et le rêve. C'est aussi une écriture à la frontière entre les modalités de représentation, scripturale certes mais également picturale.
J'imagine, en amont, un immense travail documentaire, d'observation et enfin de synthèse. Les personnages sont denses et épurés à la fois : le vieillard, l'enfant, le chien, le mécano du train et enfin la nature. Selon moi, les univers à la fois opposés et connexes du « Dedans » à peine évoqué et du « Dehors » omniprésent campent d'emblée une ambiance tellurique qui suinte des pages au fur et à mesure qu'on les tourne. Dans son domaine que le vieil homme a voulu couper des nuisances du monde moderne, les arbres deviennent anthropomorphes dans leur vieillesse, leurs couleurs automnales et leurs postures ; la rivière aussi a des réactions humanisées, de paresse, de peur ou d'excitation selon ses apparitions dans le récit et suit à sa manière l'évolution des personnages. La feuille dans ses teintes automnales accompagne les héros dans une étrange « croisade » et rejoint le lecteur dans la typographie des dernières pages.
J-C Marguerite utilise plusieurs niveaux narratifs et jongle avec les points de vue et la temporalité. le vieillard est présenté dans le premier chapitre à la troisième personne et au présent tandis que des passages à l'imparfait font le lien avec son enfance, sa carrière et son repli au château. Mais que cachent les passages en italique ? A qui appartient cette voix off, au vieillard lui-même, à son inconscient, au narrateur omniscient ? Peut-on y lire une métaphore du mécanisme créatif, de l'inspiration ?
Dès le deuxième chapitre le JE prend le relai, le vieillard se met à raconter sa rencontre et son périple avec l'enfant et son chien. Il utilise l'imparfait, temps du récit par excellence hors de l'actualité présente de sa sortie matinale en pyjama sous son manteau et pieds nus dans ses souliers de ville à la poursuite d'un chien mort depuis plus de soixante ans.
Mais la narration omnisciente à la troisième personne reprend ensuite ses droits quand l'aventure devient incertaine et dangereuse, à contre courant de la rivière et que la fatigue, la faim et l'arrivée de la nuit obligent le vieillard, l'enfant et le chien à se réfugier dans une maison hantée.
Enfin, le JE retrouvé n'est plus celui du début ; c'est un JE distancié, mystérieux, celui des regrets, celui des évènements qui n'ont pu avoir lieu et dont pourtant on se souvient ; c'est un JE collectif, partagé entre les vivants et les morts, un JE humain et animal. L'écriture se fait polyphonique, le point de vue s'élargit à l'universel.
À chacun sa fin.
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Le narrateur est un vieil homme qui vit seul dans un château entouré d'une forêt jalousement protégée. Il est le créateur d'un personnage de dessin animé, Mister Kreekle, un écureuil qui casse les noisettes entre ses doigts. Il est surtout le fondateur d'une entreprise immense qu'il dirige désormais de chez lui. Il entend un jour son chien Dick aboyer. Dick était son chien lorsqu'il était jeune, mais il est mort, il y a de cela bien longtemps…

Le narrateur, en partant à la recherche de son chien, va faire le plus improbable des voyages, celui d'un retour dans son enfance, lorsque son chien était encore vivant et qu'il se baladait dans la forêt voisine, à cette époque où il imagina les contes de la plaine et des bois, un retour au pays imaginaire, un retour aux sources. Oui mais voilà, depuis soixante-dix ans, le décor a quelque peu changé. Et Dick est en fait Albert, le chien d'un jeune garçon qu'il va croiser. Avec ce dernier, ils vont retourner sur les traces des principaux sites qu'il explorait étant jeune, sur les traces des origines de sa création.

On ne devrait pas dire de ce roman qu'il a une part de fantastique. Je m'attendais du coup à autre chose et cela peut apporter une petite déception au lecteur qui fait face à tout autre chose. Heureusement, la plume de l'auteur empêche totalement cette déception car le lecteur fait face à une invitation poétique dans l'imaginaire incroyable de quelqu'un qui n'a jamais grandi vraiment et qui n'a jamais cessé de regarder le monde qui l'entoure comme un enfant. Alors on a d'un coup le dos voûté un peu douloureux, et on s'appuie sur une canne mais on aperçoit la feuille rouge qui virevolte et nous plonge dans une rêverie, on voit le pont qui mène sur la petite île au moulin qui ne figure pas sur la carte des adultes, et notre esprit vagabonde avec les étoiles en pensant à notre compagnon bien-aimé mort sans amour.
Il faut, pour lire ce roman, laisser de côté sa part d'adulte qui vit dans le futur et court sans cesse après le temps. Il faut retrouver son regard perdu, cette faculté de rêvasser et de ne pas se préoccuper de l'heure qui tourne, cette poésie de l'enfance qui nous manque tant et qu'on peine à retrouver. C'est un roman un peu contemplatif dirait-on, mais surtout enchanteur qui transforme plaine et bois en songe...
À ne pas mettre entre toutes les mains, mais à découvrir pour ceux que l'aventure tente.
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Un grand patron de studio entend un soir l'aboiement de son chien mort depuis 62 ans. Il décide d'aller à la rencontre de cet aboiement. Il ne le sait pas encore, mais c'est un voyage à travers le temps dans lequel il s'engage...
Comment accepter la vieillesse, la perte de ce que nous étions ? C'est une partie, la plus important de ce court roman. Bon, j'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à m'y plonger, et pas uniquement parce qu'a priori ces questions ne me concernent pas encore. Mais bien parce que j'ai trouvé toute l'histoire un peu confuse, répétitive et peu accrocheuse, alors même que les thèmes abordés sont universels, voire permettent d'ouvrir des pistes de réflexion pour chacun d'entre nous sur ce qui construit nos vies, sur ce que nous voulons en faire. Et ce qui détermine les choix que nous faisons, avons fait et ferons. L'auteur a aussi voulu rendre magique la nature, la charger d'une force de rêve. Très bonne idée, mais franchement, je trouve le tout lourd et pas crédible du tout (alors peut-être que c'est parce que j'ai lu ce roman pendant une longue période de camping proche de la nature ; du coup, j'étais vraiment sûre que la nature a quelque chose de magique... et qu'il ne faut pas en faire trop pour que cela reste crédible) Bref.
J'ai trouvé l'ensemble lourd, peu crédible, bien loin des promesses faites par le titre...
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"Conte de la plaine et des bois" est un récit onirique et philosophique dont le narrateur est à la tête d'un grand studio de dessins animés et s'est retiré sur les terres de son enfance. Un matin, réveillé par les aboiements de son chien disparu depuis soixante ans, le voilà qui s'aventure dans la forêt en pyjama, déterminé à le retrouver...

On se laisse d'abord séduire par la qualité de l'écriture, par le talent de Marguerite pour narrer la forêt, la nature, les saisons, la vieillesse... Ensuite, on se laisse porter par ce long périple poétique au gré duquel sont abordés plusieurs thèmes tels que l'amitié, la transmission, l'enfance, l'art, la solitude... Avec un talent indéniable, l'auteur joue sur la temporalité et les formes narratives pour évoquer le pouvoir de la création, les liens à la nature, mais aussi la dernière balade d'un homme égaré dans un décor presque humanisé où le sol, la rivière et les éléments forestiers deviennent étranges et inquiétants.

Chaque chapitre rappelle des souvenirs d'enfance précieux et des étapes importantes de sa vie. En parallèle, ce dernier voyage en compagnie d'un petit garçon et de son chien revêt la forme d'un parcours initiatique ultime jalonné de rencontres et de lieux évocateurs.

Il est difficile de parler de cette histoire touchante sans en dire trop. Elle est subtile et les métaphores sont nombreuses. le mieux est de la vivre à travers la poésie des mots de Marguerite. En tout cas, c'est un très très beau voyage offert par les éditions des Moutons Électriques.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
26 septembre 2016
Un ouvrage en marge, à ne pas mettre entre toutes les mains mais une ambiance entêtante pourvu que l’on accepte de s’y attarder quelque peu.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
(« Ô, cette imprécision du trait, ô ces formes confuses et floues aux teintes délavées, qui évoquent sans décrire… C’est cela qu’il faut dessiner… ») (p. 29).

Il ne voulait pas les reconduire trop vite parce qu’il désirait être aimé, lui aussi, de si poignante façon, d’inconditionnelle manière (p. 106).

- La beauté est dans nos yeux, Manu. Si tu remarques les belles choses qui sont autour de toi, tu deviendras une belle personne, une personne qui a un beau regard… (p. 112).

Il bruinait. La bruine, c’est l’indécision de la pluie. Des particules d’eau, ni brouillard ni ondée, qui stationnent à hauteur d’homme. Une illusion qui plie la volonté, une humiliation qui réclame de porter des œillères. De l’eau qui tombe ou qui grimpe, voire qui fle de travers. Suée des arbres et des pierres, essorage des feilles et des nuages, sang de la terre qui se mêle et qui appelle le sang des hommes, pauvres hères qui se diluent à leur tour dans cette saturation inépuisable…
Il détestait la bruine. Toute sa jeunesse, il l’avait subie. Il n’en voulait plus. Mais il était chez lui. De son plein gré. Bien que Dehors, à la porte de la Maison Hantée, gardien d’un enfant qu’il ne savait pas nourrir.
Il renonça à sonder la mélasse céleste : à cette heure, si les étoiles existaient encore, elles étaient elles-mêmes engluées. Les ténèbres poisseuses plaquaient ce qui restait de vie au sol, dont la glaise grise et brune se délectait. Elle dévorait jusqu’à la dernière place pour l’espoir, puisque l’homme ne survit que par résignation à ne pas crever tout de suite, cou rentré, front plissé, lèvres gercées. La bruine, la bruine (p. 123).

Lui, ce très vieil homme qui depuis l’enfance aspirait à la solitude, depuis vingt-quatre heures il s’évertuait à entrer en contact avec les autres — quelqu’un, n’importe qui —, et y échouait (p. 125).

Au premier coup d’œil, il n’avait toujours remarqué que les arbres dont les silhouettes évoquaient la détresse humaine, les chagrins, les tortures, les misères (p. 140).

Les quêtes initiatrices ne sont que des rituels littéraires, la bête réalité du monde procède autrement : chocs et changements (p. 145).

Ce n’était pas un dessin, mais une photographie, qui est une sorte de dessin avec trop de détail. En plissant les yeux, j’y distinguai l’humain que j’avais accompagné jusqu’à la mer, couché en rond, tout pelotonné autour d’un vieux chien, dans une barque défoncée au bord d’une rivière, près d’une belle pelouse où il devait faire bon courir (p. 159).
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-C'est beau, dit l'enfant d'un ton habité de gravité.
-La beauté est dans nos yeux, Manu. Si tu remarques les belles choses qui sont autour de toi, tu deviendras une belle personne, une personne qui a un beau regard.... 
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