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EAN : 9782843984334
256 pages
Apogée (18/09/2013)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Et à présent je fais comment ? Suzanne Thover est seule dans son appartement parisien, enlisée depuis des mois dans une profonde dépression.

Elle n’a pas d’idées noires, elle veut seulement qu’on lui dise que faire de ce corps fatigué qu’elle traîne depuis si longtemps.

Des années plus tard, assise à son bureau, devant la mer, enfin sereine et calme, Suzanne se souvient de ses journées si lentes, de l’éloignement de tous, du désarroi ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Effrayant, ce long monologue intérieur de Suzanne pour raconter, le gouffre, l'abîme dans lequel elle est tombée.
Peu à peu le corps de Suzanne s'est absenté, puis il l'a lâchée. Il n'a plus voulu se lever le matin, plus de forces pour ces banalités du quotidien: faire le ménage, les courses, aller travailler...Le repas s'est résumé à une pizza par jour, livrée avec une bouteille de vin. le lit est devenu le refuge et la gabardine mastic, une enveloppe protectrice.

«  la douche je n'y arrive plus. C'est au gant de toilette la plupart du temps que je demande cet effort […] Mon corps n'a pas à intervenir. Ma vie quotidienne ne l'intéresse pas. Il me regarde cependant, comme sans doute un hippopotame en gabardine, une larve. Mon corps est absent. […] Je suis là, mon corps et moi nous sommes là. Comme dans un rendez-vous d'embauche. ».



La solitude immense malgré la présence de ces deux enfants.
Ce roman raconte la dépression, le désarroi quand tenter de vivre chaque jour demande un effort incommensurable. le rapport au corps est absolument troublant: la scission avec le sentiment de soi est totale. Il n'y a plus de pensées hormis celles de la difficulté de l'instant présent: bouger, mettre un pas devant l'autre, chercher sa carte vitale. Oui, vitale c'est le mot: les préoccupations de Suzanne sont tout simplement vitales.
Je l'ai lu quasiment d'une traite les 250 pages: Suzanne s'est mise à raconter et j'ai été happée par son récit.
Je remercie Babelio et les éditions Apogée de m'avoir fait découvrir cet auteur dont je vais certainement aller explorer d'autres oeuvres.

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Ce livre raconte un long et difficile épisode de la vie de Suzanne Thover, femme perdue et engourdie par "la dépression". Vous l'aurez compris, un sujet grave, loin d'être guai...

C'est un peu plus qu'une critique que je vais faire aujourd'hui avec ce livre "Le corps perdu de Suzanne Thover" de Marie le Drian, car vous expliquer pourquoi je l'ai apprécié, revient à vous raconter un peu de mon histoire :

Je suis - contrairement à Suzanne , qui "n'a rien", et dont "les analyses sont bonnes", atteinte d'une maladie auto-immune dégénérative depuis plus de 10 ans. Mon corps, qui s'est lentement et sournoisement épuisé au fil des douleurs et des aléas de la vie m'a conduit à connaître - moi aussi - la dépression, dont je sors à peine....transformant chaque acte banal du quotidien en véritable combat de chaque instant!
Le cas de Suzanne paraît encore plus difficile car le fait qu'elle n'ait pas de "raison médicale" susceptible d'expliquer son état, rend la situation encore plus incompréhensible pour elle ainsi que pour son entourage.

Une des raisons pour laquelle je souhaitais lire ce livre était parce que je tenais à "voir" comment Suzanne allait s'en sortir, et réaliser en entrant dans la vie de Suzanne, que je n'étais pas seule à avoir traversé cet épisode de vie qui ne nous laisse pas indemne, nous et nos proches.

Que l'on soit entouré ou non face à ce fléau, ce qui frappe c'est la solitude parfaitement décrite par Marie le Drian, ainsi que la difficulté de mettre des mots à la hauteur de ce qui nous englouti.

Elle évoque aussi très justement l'attitude des "autres" - ceux "qui font partie du monde" , qui sans vouloir être indifférents sont pris dans la spirale active de leur quotidien, n'ayant ainsi pas un regard, ni un geste bienveillants qui pourraient - le temps d'un instant - dissiper ce qui travaille à nous engloutir.
Il existe donc, cette "sensation" de décallage par rapport aux autres (qui devient vite une réalité). On ne se sent pas à sa place en s'excusant sans cesse d'être là, on se sent incompris et honteux d'être dans cet état. le plus difficile étant, à mon sens, d'être conscient de ce qui est en train de grandir en nous, de n'être pas à la hauteur -à nos propres yeux comme aux yeux de ceux qui nous sont chèrs -, pour trouver l'énergie de renverser la vapeur. Oui, le corps décide et paralyse !

Marie le Drian évoque même les rechutes, l'extrême fragilité des acquis qui peuvent être réduits à néant en quelques secondes et à cause d'un grain de sable.

Un livre pas très guai donc, mais qui décrit avec des mots justes ce qui se passe dans le corps et dans la tête de ceux qui plient sous le vent . Pas étonnant que ce livre ait reçu le prix Jean-Bernard de l'Académie de Médecine.

Toutefois, je me demande si ce récit aurait le même écho chez une personne qui (par chance!) n'a jamais ressentie de tels chamboulements intérieurs?

L'auteure nous confie enfin un message d'espoir car on sait dès le départ, que Suzanne va s'en sortir.; puisqu'elle écrit ces pages pour porter un regard vers ce qui lui est arrivé. Peut être pour mieux apprécier le chemin parcouru?

Un livre traitant d'un sujet grave mais finalement assez positif dans son issue car il nous incite à voir les mains tendues (quand il y en a ) et à savoir demander de l'aide avant qu'il ne soit trop tard pour éviter l'effet boule de neige et l'enlisement complet (page 250 : on peut imaginer que si j'avais su, dès le début, frapper à la bonne porte, tout se serait passé autrement").

Merci à l'opération Masse critique de Babelio ainsi qu'aux éditions Apogée de m'avoir permit d'entrer dans la vie de Suzanne et de prendre ainsi encore un peu plus de recul par rapport à cet épisode douloureux traversé mais pas encore assez loin pour se sentir à l'abri.
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J'ai lu "Le corps perdu de Suzanne Thover", et je m'y suis laissée prendre... Attention, pitch à grosse patate assurée: Suzanne est en pleine dépression. Elle ne travaille plus depuis de longs mois, évite soigneusement ses enfants, et traverser la rue est devenu pour elle une épreuve. Malgré ses visites obligatoires chez le médecin (qui sont à chaque fois un challenge colossal), pas une seule fois la maladie n'est évoquée, et aucune aide autre que médicamenteuse apportée. Jusqu'où Suzanne pourra-t'elle aller? Ce livre (gagné à un concours), offre une description minutieuse de ce que peut être la dépression. Ce qui est troublant, c'est que l'auteure y démonte toutes les aides plus ou moins maladroites que les bien portants tentent de lui apporter, du "Mais bouge-toi donc un peu Suzanne !" qui ne fait que la tétaniser davantage, aux "Donne-toi un petit but par semaine à atteindre" qui la paralysent. Et puis un jour, sans savoir pourquoi, la graine prend, et la guérison pointe timidement le bout de son nez. Bref, on comprend un peu mieux, et ça aide à réfléchir sur le sujet. Toutefois et à mon avis, à ne pas lire si on traverse une passe difficile.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle sait peut-être ce que l'on va faire de nous? Ces femmes lâches. Incapables.
Détritus inutiles et nauséabonds d'une société en marche vers le bonheur? N 'y a -t- il ici que des loques? Où va-t-on nous cacher? Et puis les corps, où vont- ils mettre nos corps étrangers. Si lourds, si massifs
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Je trouvais cela (...) presque normal, comme les enfants trouvent normal que leur mère vienne les chercher à la sortie de l'école. Les enfants ne savent pas, ne devinent pas les calculs, les mensonges, les courses, les précipitations qui sont à l'origine de cette présence. La fatigue aussi. Ils sortent, la mère est là. C'est sa place. C'est la vie.
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Je ne pleurais pas. Je ne pleurais plus depuis longtemps. Lorsqu'il y a des pleurs, on vit encore. Les pleurs sont un langage et je ne parlais plus.
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Un aimant m'entraîne que je ne maîtrise, puissant, vers le bas. Je vois ce corps, le mien, qui saute, s'effondre, rejoint l'autre écorché qui l'appelle.
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Le soleil commence à percer cette brume si délicate des premières lueurs de printemps.
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