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Critique de BazaR


BazaR
30 décembre 2016
Voilà une comédie bien agréable pour une fin d'année.

On est chez des bourgeois aisés. Monsieur Orgon veut marier sa fille Silvia avec Dorante, le fils d'un très bon ami. Les deux jeunes gens ne se connaissent que par des ouï-dire favorables, mais ils se méfient : il y a tant de gens qui cachent sous une masque public une âme sombre, ma bonne dame ! Chacun dans son coin décide d'échanger les rôles avec leur servante / valet lors de la rencontre, afin de prendre le temps d'étudier leur promis(e).

Et Dorante en serviteur de trouver Lisette (en réalité Silvia) bien plus alléchante que sa maîtresse. Et Silvia de juger Arlequin (en réalité Dorante) plus urbain que son grossier maître.
Et l'amour naît… mais le mur infranchissable du statut social les sépare : comment ! S'enticher d'un serviteur ? Inacceptable ! S'amouracher d'une servante ? Impossible !
Et la situation se reproduit en papier calque chez les serviteurs qui jouent les maîtres. Comment ! Se laisser aimer d'un seigneur ? Inimaginable ! Accepter les avances d'une Dame ? Impensable !
Seuls Monsieur Orgon et son fils Mario savent, et jouent de la situation, laissant pousser les graines de l'amour avant de dévoiler le pot aux roses, à Silvia d'abord, qui va pousser loin son avantage (trop à mon goût) afin d'acquérir l'absolue certitude de l'amour que Dorante lui porte.

Le jeu des quiproquos proche du théâtre de boulevard est très efficace et je m'en suis beaucoup amusé. On sent toutefois qu'il s'agit d'aller plus loin que simplement faire rire. Il s'agit de ridiculiser les structures de classe qui obligent de se déplacer avec un masque et de considérer le monde à travers un filtre faussé. de la part d'un noble, même provincial, c'est assez révolutionnaire je trouve.

Mais foin de détails satiriques ! J'ai lu cette pièce pour m'amuser et elle a atteint son but. Seul petit écueil : les tournures de phrases sont parfois bizarres, obligeant à comprendre le sens de manière globale seulement. J'ai eu un peu de mal à saisir « Voilà un garçon qui me surprend, malgré que j'en aie. » ou bien « je suis fâchée de vous dire que c'est une idée » ; cette dernière signifiant probablement « je suis contrainte de vous dire que vous vous faites des idées ». Parlait-on vraiment comme ça au 18ème siècle ? Apparemment, D Alembert considérait Marivaux comme auteur de phrases particulièrement alambiquées, ce en quoi je suis d'accord.
Mais moi j'aime bien Marivaux, alors que D Alembert non.
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