Jean Markale aurait-il été un de ces derniers bardes chantant l'épopée de son "pays", un de ces derniers druides, récoltant du gui dans les hautes branches d'un chêne ou sacrifiant, dans le secret d'une forêt impénétrable, aux dieux Bran, Abnoba et Amaethon ?
Le caractère celtique de la Bretagne se manifeste encore aujourd'hui par l'incroyable propension de ses habitants à l'imaginaire.
Et lorsqu'il écrit cette "Histoire secrète de la Bretagne", Jean Markale essaie d'en saisir les épisodes les plus obscurs, parfois les plus controversés et souvent les plus difficiles d'accès.
Pourtant il ne faut pas s'attendre à un livre farfelu, au délire illuminé d'une Histoire revisitée.
Jean Markale, s'appuyant sur une bibliographie dense et sérieuse, fait ici oeuvre d'historien.
Il possède trop, chevillée au corps, la passion de son "pays" pour prendre à la légère l'Histoire et la Culture qu'a tressées, à travers les âges, le destin tumultueux du peuple breton.
Les celtes sont parvenus dans la péninsule armoricaine aux environs de l'an 700 avant notre ère.
La Bretagne était alors couverte d'une forêt impénétrable ...
Si Jean Makale considère que l'Histoire de la Bretagne est un poème et que, comme tous les poèmes, elle a ses secrets, il sait pourtant qu'elle se compose aussi d'une multitude de guerres, d'invasions, de compromis politiques et de misères.
Car précise-t-il, dans un avant-propos intelligent, "l'Histoire n'est pas seulement le récit des faits d'armes et de la construction de monuments somptueux. Elle est aussi la constatation d'une abondante succession de malheurs où la sueur et le sang sont plus éloquents que les oripeaux revêtus par les princes de ce monde".
Le ton est donné à ce magnifique texte historique.
A l'heure où le "Festival Interceltique" vient de faire, à Lorient, résonner ses derniers accords, à une époque où la culture bretonne, après avoir triomphé d'un centralisme jacobin étouffant, risque de sombrer dans un folklore par trop artificiel, la lecture de ce petit ouvrage ne peut se révéler que salutaire.
Il est écrit d'une manière vivante, dans un style élégant et repose sur une érudition solide ...
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En tout cas, de nombreux bretons participèrent à la conquête de l'Angleterre par les normands.
On s'accorde à dire qu'un tiers environ de l'armée de Guillaume le Bâtard à Hastings était composée de bretons, nobles et roturiers.
Beaucoup d'entre eux reçurent des terres en Devon et en Cornwall : c'était un juste retour des choses, car si leurs ancêtres avaient dû, quelques siècles auparavant, quitter ce pays sous la menace saxonne, ils trouvaient enfin l'occasion de les venger, de rentrer en possession des terres qui leur avaient été dérobées, et et de resserrer les liens entre l'île et le continent, liens indispensables à l'économie de la péninsule bretonne ....
Les périodes obscures de l'aventure bretonne ne manquent pas.
Elles peuvent d'ailleurs donner lieu à des controverses passionnées.
Il n'est pas sûr qu'on puisse un jour les éclaircir.
Tout au moins avons-nous la possibilité d'interpréter certains signes que les ombres de l'Histoire proprement dite nous font entrevoir sur fond de brume ...
POÉSIE MÉDIÉVALE – Qu’est-ce que BROCÉLIANDE ? (France Culture, 1993)
L’émission « La matinée des autres », par Jacqueline Kelen, diffusée le jour de noël 1993 sur France Culture. Invités : Jean Markale, Claudine Glot, Philippe Le Guillou, Pierre Dubois, Patrik Ewen et Jean Thos.