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Kostas Charitos tome 8 sur 14
EAN : 9782757851746
257 pages
Points (26/03/2015)
3.64/5   109 notes
Résumé :
2014. À Athènes, la survie quotidienne est de plus en plus difficile pour les citoyens appauvris et pour les immigrés harcelés. C’est alors qu’un tueur en série jette son dévolu sur des personnalités d’envergure issues de la génération de Polytechnique qui, après s’être rebellées contre la junte militaire, ont eu une carrière fulgurante. Le criminel reprend le célèbre slogan des insurgés de l’époque pour formuler sa revendication : « Pain, éducation, liberté». Qui s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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31 décembre 2013. La jeunesse athénienne fête dans l'allégresse le passage à 2014 et le retour de...la drachme ! En effet, épuisée par la crise et les injonctions de la Troïka, la Grèce n'a eu d'autre choix que de se retirer de la zone euro et de revenir à son ancienne monnaie.
Chez les Charitos, on s'attend à des temps difficiles et on se serre les coudes. Comme tous les fonctionnaires du pays, le commissaire Charitos va être privé de salaire pendant au moins trois mois et sa femme Adriani, économe, débrouillarde et solidaire, a décidé d'ouvrir sa table à la famille et aux amis. Bon an, mal an, leur fille Katerina continue son travail d'avocate et vient d'être commise d'office pour défendre un étudiant pris en flagrant délit de trafic de drogue. Intriguée par le profil de son client, elle demande à son père de faire une enquête discrète sur l'affaire. Et si le commissaire ne croit pas à la culpabilité du jeune Kyriakos, il est perturbé quand, incroyable coïncidence, il est chargé d'enquêter sur la mort de son père, l'entrepreneur en BTP, Yerassimos Demertzis. Ce premier assassinat est suivi de deux autres, celui d'un professeur de droit et celui d'un syndicaliste. Tous trois étaient polytechniciens et tous trois avaient dans la poche un portable délivrant le même message : Pain, éducation et liberté. Ces meurtres trouveraient donc une explication dans le passé grec, à l'époque où les étudiants de Polytechnique se soulevèrent contre la dictature des colonels en scandant ce slogan, repris aujourd'hui par le meurtrier.

Pour le troisième tome de sa Trilogie de la crise, Petros Markaris se lance dans un roman de politique-fiction où la Grèce, incapable de se relever de la crise, serait sortie de la zone euro pour la plus grande joie de ceux qui en avaient assez d'être dirigés par Bruxelles.
Mais cela ne se fait pas sans heurts ! Dans une ambiance de fin de guerre, Athènes est la proie de groupuscules d'extrême-droite bien décidés à chasser les migrants, les étrangers, les sans-papiers et autres voleurs d'un travail qui n'existe plus. L'économie tourne au ralenti, les gouvernements se succèdent et imposent dévaluations de la monnaie, suspension des salaires des fonctionnaires, diminution des retraites. Mais au milieu du chaos, certains ne baissent pas les bras et ont entrepris d'aider les plus démunis, par exemple en relogeant SDF et retraités pauvres dans des hôtels réquisitionnés ou en créant une radio pour diffuser des offres d'emplois et lancer des messages d'espoir.
A pieds, en bus ou en voiture de police, le commissaire Charitos qui a laissé sa voiture personnelle au poste pour économiser le carburant, mène une enquête sur trois meurtres liés par la personnalité des victimes. Les trois homme étaient des héros de la révolte de l'école polytechnique qui en 1973 sonna le glas de la dictature des colonels. Mais loin des idéaux de leur jeunesse, ils s'étaient depuis hissés aux plus hauts postes et avaient sacrifié sur l'autel du capitalisme les valeurs qu'ils défendaient alors. Leur a-t-on fait payer leur trahison ? En s'enrichissant ont-ils ruiné le pays ?
Petros Markaris propose encore une fois son analyse de la crise grecque et va cette fois encore plus loin en imaginant un ''grexit'' lourd de conséquences mais aussi porteur d'espoir... Peut-être une voie à suivre...
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La situation s'enlise tellement en Grèce en cette année 2014, que le pays a dû sortir de la zone euro......retour à la drachme et bienvenue à son cortège de dévaluations qui égrènent le roman et pour Charitos et ses collègues, suspension de paiement de leurs salaires pour trois mois...démission du gouvernement oblige. C'est dans ce contexte toujours difficile qu'un jeune homme de bonne famille est arrêté en flagrant délit de trafic de drogue. Avocate, Katerina, la fille de Charitos, persuade son père de l'invraisemblance de cet acte; peu de temps après on découvre le père du jeune homme, un ancien de polytechnique devenu homme d'affaires, assassiné, à ses côtés un mot reprenant le slogan des jeunes étudiants patriotes de l'Ecole polytechnique Pain, éducation, liberté. Puis c'est au tour d'un professeur d'université qui est retrouvé sur le parking de l'université, même mise en scène, lui aussi est un ancien de polytechnique....Alors quel est le lien entre ses deux premiers meurtres bientôt suivi par un troisième, celui d'un syndicaliste, comme par hasard, ancien de polytechnique lui aussi.........ces crimes sont-ils des crimes politiques liés à Aube dorée, groupuscule d'extrême droite, des crimes crapuleux, des vengeances qui seraient liées à la famille de chacune des victimes ?

Un troisième volet où, toujours dans un contexte de crise, Charitos doit faire face à des meurtres dont les origines s'inscrivent dans le passé, le slogan Pain, éducation, liberté représentait les valeurs de la lutte estudiantine contre le régime...quarante après, les héros revendicateurs auraient-ils perdu leur âme, l'un devenant homme d'affaires, un autre professeur d'université et le troisième un syndicaliste pas forcément honnête ou intègre ? C'est la question posée dans cette enquête où Charitos doit naviguer entre références historiques, groupuscule d'extrême droite tout en se serrant la ceinture, privé de salaire, une enquête où il navigue entre les trois piliers d'une démocratie : le bien être économique, l'éducation et la liberté d'expression.
Petros Markaris propose de nouveau une étude économique et historique qu'il mêle à une intrigue policière, prétexte à décortiquer la société grecque et à en dénoncer les travers nés dans le passé et qui ont sérieusement sapé le terrain de la société grecque contemporaine.

Ce troisième opus clôt la trilogie mais une quatrième enquête Epilogue meurtrier finalise cette trilogie / tétralogie.
Enquête à suivre donc...
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Troisième volet de la « trilogie de la crise » en Grèce, un polar qui mélange fiction politique et triste réalité.

Au départ, on sait qu'on est dans la fiction, car le premier chapitre commence par le retour au drachme pour le Jour de l'An 2014 (et aussi le retour à la lire en Italie et au peseta en Espagne). le changement de monnaie ne s'est pas produit, mais les difficultés économiques de la Grèce sont bien réelles et font toujours les manchettes.

À travers le prétexte de l'enquête criminelle, c'est un pan d'histoire qui nous est révélé, l'époque de la chute de la dictature et du changement de garde du pouvoir politique qu'elle a entraîné. Que sont devenus les étudiants qui réclamaient « Pain, éducation et liberté » ?

La vie des Grecs d'aujourd'hui n'est pas facile, car les coupures dans les indemnités sociales touchent plus durement les plus pauvres, ceux qui n'ont pas profité de la corruption pour accumuler des fortunes cachées.

Avec la misère et la désillusion, Markaris met cependant en scène un élément d'espoir, le partage et la solidarité sociale qui, s'ils ne permettent pas de rebâtir l'économie du pays, tentent au moins de protéger les plus faibles et d'éviter les dérives de la violence et de la xénophobie.

Si on va en Grèce pour voir les ruines d'une civilisation disparue, le voyage à Athènes avec Markaris nous amène au coeur de l'effondrement d'une société moderne.
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« Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur. L'auteur entend ainsi mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes d'une idéologie (ou d'une pratique) présente à notre époque. Ce genre est souvent lié à la science-fiction, mais pas systématiquement, car il relève avant tout de l'anticipation. » Merci à Mr Wikipedia.

Dans son troisième volet de la « trilogie de la crise grecque » (dont le premier volet a reçu le Point du Polar européen 2013), Petros Markaris écrit une dystopie qui n'en est pas vraiment une, un oracle encore plus prophétique que ceux de la Pythie. En 2012, il imagine ce qui va se passer en 2014 (et le livre sort en mars 2014 en français).

L'euro est abandonné au profit (?) de la drachme. Les salaires des fonctionnaires ne seront pas payés pendant trois mois. Même Charitos va devoir se passer de sa Seat au profit des transports publics. Ce qui n'empêchera pas l'auteur de continuer à nous décrire sa ville d'Athènes rue après rue.

Polar et Commissaire obligent, il y a quand même meurtres. Trois, comme pour une trilogie, mais aussi comme pour « Pain, éducation, liberté ». C'était le slogan des étudiants de l'Ecole polytechnique d'Athènes en novembre 1973, dont la révolte a été le début de la fin de la dictature militaire des Colonels.

Trois meurtres d'anciens étudiants de Polytechnique, l'un devenu homme d'affaires, le deuxième professeur d'université et le dernier syndicaliste. Mais aucun n'a un CV très propre, ils ont tous profité de leur aura de révolutionnaire pour s'éloigner de l'intégrité et se rapprocher du Pouvoir.

Notre Commissaire part à la recherche du ou des coupables, aidé indirectement par sa fille avocate qui défend un inculpé tout en travaillant pro deo à la défense des immigrés.

Les premiers soupçonnés sont l'extrême-droite (Aube dorée ?), mais ils seront vite exclus parce que « Organiser trois meurtres à partir du slogan de Polytechnique, cela suppose un raffinement dans la pensée qui correspond mal à l'extrême droite. »

Si vous voulez savoir le nom des meurtriers, lisez le livre ! Si vous voulez avoir une idée de ce qu'était la réalité grecque en 2012, lisez également ce livre.

Petros Markaris « considère le roman policier comme un moyen de mener une investigation sur les errements de son pays. Et tandis que la Grèce s'enfonce dans le marasme, « l'assassin devient de plus en plus un agitateur politique qui règle ses comptes » avec ceux qui sont considérés comme les responsables des maux grecs. »

Bien évidemment, l'Allemagne est supposée être très mal vue dans ce roman. Mais sachez que Markaris est un auteur-culte en Allemagne dont il parle couramment la langue ayant fait ses études à Vienne et traduit les oeuvres de Brecht et de Goethe. « Cette culture cosmopolite lui donne une distance, une ironie, un humour qui parlent au public germanophone », explique Michaela Prinzinger, sa traductrice. Fidèle à lui-même, sollicité par la presse allemande, Petros Markaris décline toute interview en raison de la situation de son pays.

Pour les habitués, sachez que c'est aussi dans ce nouveau volet des enquêtes du commissaire Kostas Charitos que ce dernier découvre l'ordinateur au point de parfois délaisser son cher dictionnaire de Dimitrakos.

« - Ici Polytechnique. Ici Polytechnique. La radio des étudiants en lutte, des Grecs en lutte pour la liberté.
- Pain, éducation, liberté. Nous n'avons pas d'éducation.
- Tous avec toi ! Recommençons Polytechnique !
- Les Colonels sont toujours là !
- Nos Colonels à nous, c'est la Troïka !
- Non, non, non. Non au Mémorandum. »
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Au coeur de la crise grecque de 2010, le commissaire Kostas Charitos et son équipe de la brigade criminelle d'Athènes enquêtent sur des meurtres ordinaires qui ne le sont peut-être pas tant que ça.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/02/19/note-de-lecture-la-trilogie-de-la-crise-petros-markaris/

Publiés respectivement en 2010, 2011 et 2012, avant d'être traduits en français en 2012, 2013 et 2014 par Michel Volkovitch au Seuil, les romans « Liquidations à la grecque », « le justicier d'Athènes » et « Pain, éducation, liberté » de Petros Markaris constituent ensemble la « Trilogie de la crise », prenant place au fil de la crise économique et financière vécue par la Grèce en 2008-2010 (avec ses prolongements jusqu'en 2015 et au-delà), lorsque la « Troïka » (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI) a imposé au pays un plan d'ajustement particulièrement drastique face à la menace de sortie des traités monétaires européens que représentait l'effondrement budgétaire du gouvernement de Giorgios Papandréou.

Ayant pour personnage principal le commissaire Kostas Charitos, de la Brigade criminelle d'Athènes, ils en constituent les 6ème, 7ème et 8ème enquêtes, au sein d'un cycle commencé en 1995 avec « Journal de la nuit » (j'ai aussi lu à ce stade sa 5ème, « L'empoisonneuse d'Istanbul », mais pour diverses raisons, je préfère vous en parler ultérieurement sur ce blog).

Comme chez beaucoup des plus pertinents polars noirs contemporains (et avant eux, bien entendu, depuis les pères tutélaires Hammett et Chandler, pour ne citer qu'eux), l'intrigue policière, si elle n'est pas un simple prétexte, s'efface avec justesse devant une peinture ramifiée, socio-politique en diable, de toute une époque où l'individu et l'intime sont aux prises et en résonance avec le collectif et avec l'Histoire. À travers les enquêtes conduites par le commissaire Kostas Charitos, ce sont des pans entiers du passé et du présent de la Grèce qui viennent manifester leur présence, en force ou en discrétion. Deuxième guerre mondiale, guerre civile qui la suivit immédiatement, communisme et anti-communisme qui ont depuis lors façonné une très large part du tissu social, dictature des colonels, insurrection de l'école polytechnique, partition de Chypre, exodes d'Asie Mineure (des plus anciens aux plus récents), grands travaux olympiques et corruption généralisée, racisme et immigrés clandestins, réfugiés et extrême-droite plus que résurgente : il n'y a peut-être que chez Manuel Vazquez Montalban et Valerio Varesi (mais, quoique maniant des registres fort différents, François Médéline n'est peut-être pas si loin) que l'on trouve à ce point l'intrication des ombres portées des crimes passés sur un présent englué (des faux espoirs de la movida post-franquiste aux désenchantements d'une mémoire des années de plomb toujours remaniée au désir du plus offrant, en l'espèce).

Jouant à sa manière avec les réjouissants outils qu'affectionnait le regretté Valerio Evangelisti, ceux qui peuvent engendrer des « gentils » énervants et des « méchants » que l'on ne parvient pas à détester totalement, Petros Markaris nous offre dans cette trilogie plusieurs galeries panoramiques de criminels ambigus et de victimes fort peu sympathiques (les précurseurs Giorgio Scerbanenco et, en duo, Maj Sjöwall et Per Wahlöö avaient su aussi jouer de ces ruses pour mieux pénétrer les arcanes chancelants des sociétés italienne ou suédoise au tournant des années 1975-1980). Des promoteurs corrompus aux magouilleurs impénitents, des économistes aux ordres aux politiciens sachant se servir de leurs électrices et électeurs plutôt que l'inverse, des individus bien décidés à écraser tout ce qui sera nécessaire pour arriver aux menteurs patentés cachant de bien sombres secrets de fabrication, cette Athènes des années 2010 en proie à un étésien violent, sans aucune douceur égéenne résiduelle, s'enflamme sans retenue, les crimes particuliers se mêlant inexorablement aux flambées collectives déchaînées par la crise.

À la brigade criminelle d'Athènes, Petros Markaris construit un somptueux police procedural, éminemment politique jusque dans les conflits de services et de personnes, jusque dans l'obséquiosité et la prudence (aux limites même du supportable) vis-à-vis des décideurs politiques et des puissants, jusque dans les faiblesses et les sursauts salvateurs qui parcourent pourtant les enquêtrices et les enquêteurs aux mains liées plus souvent qu'à leur tour. le tour de force encore plus rare réalisé par l'auteur grec tient sans doute à la manière dont il adosse cette famille métaphorique et dysfonctionnelle à la famille véritable, épouse, enfants, belle-famillle et amis proches, du commissaire volontiers bougon et parfois carrément obstiné. On se prend ainsi, de volume en volume, au jeu de l'évolution d'une cellule vivante au sein d'un tourbillon permanent, socio-économique et politique, sous le signe contraint d'une vie matérielle omniprésente.

Vie matérielle s'il en est, en effet : il n'y a probablement, dans le polar noir contemporain, que chez Alexandra Marinina, lorsqu'elle orchestre les tribulations du couple si amoureux formé par une commandante de la police criminelle moscovite et un brillant professeur de mathématiques, dans les années post-communistes (qui verront donc émerger aussi bien les oligarques et autres nouveaux Russes que les gants de fer du pouvoir poutinien) que la pression économique et financière exercée sur les gens « ordinaires », quelles que soient leurs fonctions et responsabilités sociales à l'heure de l'argent mondialisé triomphant, apparaît dans toute sa force délétère au quotidien.

À la fois symptôme et marqueur indiscret de cet écrasement toujours en cours, on sera tour à tour stupéfié et agacé – au côté des personnages eux-mêmes, donc – par l'une des veritables obsessions partagées par ce peuple qui grouille ici, policier ou non : celle de la circulation à Athènes, casse-tête permanent qui semble reléguer les embarras de Paris ou de Londres au rang d'aimables contretemps occasionnels, casse-tête qui appelle à chaque déplacement échafaudages et combinaisons, prises de risques et paris audacieux, résignations et coups de sang potentiels.

Enfin, que la lectrice ou le lecteur – qui ne reconnaîtrait pas, dans le deuxième et le troisième volumes de cette trilogie, le déroulé historique, tel qu'il nous est connu, de la crise grecque de 2010 et des années suivantes – se rassure : elle ou il n'a pas rêvé, car Petros Markaris s'est permis une belle excursion dans le domaine de la politique-fiction la plus sauvage, dans laquelle la sortie de la Grèce de l'Euro (et le retour afférent de la drachme) ou la mise en place d'une politique économique agressive destinée à attirer les capitaux, par une jeune équipe gouvernementale largement issue de la finance privée (toute ressemblance avec un scénario observable toutes proportions gardées dans un grand pays d'Europe de l'Ouest depuis 2017 ne pourrait être que purement fortuite, naturellement) viennent jouer à leur tour leur rôle de péripéties authentiquement romanesques, déplaçant vers d'autres territoires le contenu fictionnel de cette oeuvre policière en apparence si réaliste et terre-à-terre.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
- Comment les choisissez-vous ? demande Katerina à Pavlos
- En principe, nous prenons les vieux. Quand un lit est libre, l'un de nous fait le tour des parcs et des entrées d'immeubles dans les quartiers défavorisés. Quand il voit quelqu'un qui dépasse les soixante ans, il leur propose d'habiter ici. La plupart ne se le font pas dire deux fois. Ces gens avaient une retraite minuscule qui s'est changée en retraite de misère. Nous leur donnons un toit et ils gardent leurs sous pour leurs menues dépenses, un café, des médicaments. Deux fois par mois, Médecins du monde vient les examiner et distribuer les médicaments qu'ils ne peuvent pas se payer.
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- Papa, tu pourrais venir au bureau? dit Katérina.
- Qu'est-ce qui se passe?
- Rien, je voudrais seulement qu'on discute.
Cela ne me rassure pas du tout : "je voudrais qu'on discute", de nos jours, peut annoncer une caresse, mais aussi une gifle ou même un coup de poing dans le ventre.
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En rentrant dans mon bureau, j’ai juste le temps de décrocher.
– Ici le centre d’opérations, monsieur le commissaire. La patrouille nous a prévenus, on a trouvé un mort au Centre olympique.
Le mauvais pressentiment était juste. J’appelle mes collaborateurs. Koula, Vlassopoulos et Dermitzakis arrivent, sans Papadakis, soit qu’il se sente encore étranger, soit qu’il se planque pour éviter les tâches difficiles.
– Koula, appelle Stavropoulos, le médecin légiste, et dis-lui d’aller tout de suite au Centre olympique de Faliro. Préviens aussi Dimitriou de l’Identité judiciaire.
– Un meurtre ?
– Oui.
– Qui est-ce ?
– On ne sait pas officiellement. Selon un appel anonyme, ce serait l’entrepreneur Yerassimos Demertzis. Vlassopoulos et Dermitzakis viennent avec moi. Toi, Koula, tu restes avec Papadakis pour assurer nos arrières.
– Je serai seule. Papadakis ne s’est pas encore pointé.
– Quelle heure est-il ?
– Onze heures.
Les deux autres lui jettent un regard réprobateur.
– Ne me regardez pas comme ça, dit-elle, furieuse. À partir d’aujourd’hui je ne ferme plus les yeux pour personne ! Nous ne sommes pas les bonnes poires qui viennent tous les matins à huit heures, tandis que l’autre nous fait l’honneur de venir quand ça lui chante. Aucun de nous n’est payé. Il n’y a pas que lui.
– Il a fait ça souvent ? dis-je à Dermitzakis.
– Plusieurs fois.
– Et vous ne m’avez rien dit ?
– Voilà, je le dis, répond Koula, tandis que les regards des deux autres expriment leur solidarité professionnelle.
– À notre retour, je veux le voir dans mon bureau. Koula, tu iras sur le Net ramasser tout ce que tu peux trouver sur Yerassimos Demertzis.
L’avenue Vassilissis Sofias est assez encombrée, mais Vlassopoulos met la sirène et nous passons. À Syntagma, nous tombons sur une banderole, à l’endroit où trois ans plus tôt les Indignés avaient déployé la leur déclarant que « La dictature des Colonels continue ». Celle d’aujourd’hui dit : « Aux USA, le Sud a perdu la guerre. Nous la gagnerons. »
– C’est parti pour la guerre ? dit Dermitzakis en riant.
– Ne t’étonne pas si demain tu vois l’armée dans les rues, répond Vlassopoulos.
– Qu’est-ce qu’on aura ? Un nouveau 1940 ?
– Ou une nouvelle dictature, répond sérieusement Vlassopoulos.
– En 40, dis-je à Dermitzakis, nous n’avons pas vaincu les Allemands, mais les Italiens, qui sont du Sud. Quand à un deuxième putsch, oublie. Les chars ne descendront sûrement pas dans la rue.
– Pourquoi ? demande Vlassopoulos.
– La moitié n’a pas de pièces de rechange et l’autre moitié manque de carburant. Donc nous sommes à l’abri, nous surtout, qui aurions été les porteurs d’eau de l’armée.
La circulation dans l’avenue Syngrou est sporadique et nous arrivons en un rien de temps. La voiture de patrouille barre l’entrée du Centre olympique. – Vous le trouverez à côté du gymnase, monsieur le commissaire, me dit le conducteur. Sur un tas d’ordures. Ce n’est pas beau à voir.
Pas besoin de chercher, le tas se voit de loin. Un homme est couché dessus, le visage enfoncé dans les ordures.
J’envoie mes adjoints jeter un coup d’œil aux ruines des installations olympiques et je reste examiner tranquillement le corps.
Je reconnais Yerassimos Demertzis aussitôt, non à son visage, mais aux vêtements. Il les portait lors de la visite à son fils.
Il faut que j’attende Stavropoulos pour me faire une idée, mais même sans lui je vois que la mort a été causée par une blessure : la balle a traversé l’omoplate, puis le cœur avant de ressortir. La mort a dû être immédiate.
Dimitriou de l’Identité judiciaire arrive le premier avec son équipe.
– On cherche quelque chose de précis ?
– La douille. Mais je ne pense pas que vous la trouverez. On a dû le tuer ailleurs et le transporter ici.
Je lui laisse faire son boulot et vais retrouver mes adjoints. Des bâtiments il ne reste que les murs. L’intérieur est vide. Tout ce qui pouvait se revendre a été volé. Il n’y a plus que des sièges cassés, des portes brisées, des filets de but déchirés. Les projecteurs qu’on n’a pas emportés gisent par terre en morceaux. Les débris d’une grandeur passée, qui n’impressionne plus personne : la Grèce entière n’est plus qu’un débris.
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Dans la hiérarchie ecclésiastique on commence diacre et l’on termine évêque, et dans celle de Polytechnique on a démarré simple révolutionnaire pour finir entrepreneur, professeur ou dirigeant syndical, en montant les échelons plus vite que dans l’Église.

(Points, p. 201)
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- Ecoute commissaire. J'ai rejoins les communistes parce qu'ils se battaient pour une société plus humaine. Ils l'ont cherchée pendant soixante-dix ans, mais en cherchant les hommes ils ont perdu les chiffres et ont sombré. Maintenant je vis dans une société qui cherche les chiffres et perd les hommes. Elle va sombrer elle aussi. Quand tu as une grande entreprise et qu'elle sombre, qu'est-ce que tu fais ? Tu sauves ce que tu peux et tu recommences avec une petite boutique. C'est ce que je fais là.
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Vidéo de Pétros Márkaris
Pétros Márkaris - Liquidations à la grecque .À l'occasion du Festival International Quai du Polar, Pétros Márkaris vous présente "Liquidations à la grecque" aux éditions Seuil. Traduit du grec par Michel Volkovitch. Lauréat du prix le Point du Polar européen 2013. http://www.mollat.com/livres/petros-m%C3%A1rkaris-liquidations-grecque-9782021053517.html Notes de Musique : "Morning Emerges From Night" by Ergo Phizmiz (http://www.ergophizmiz.net)
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