Anne Le Gardien déclarait
En arrivant dans le palais :
— Bonjour à vous deux, roi et reine,
Je suis venue, jeune et en peine.
— Quel crime avez-vous donc commis
Pour être venue jusqu'ici ?
— J'ai commis un crime à faire peur :
J'ai assommé dix-huit seigneurs.
[...]
— Tous avaient une grande épée rase,
Moi, je n'avais que mon penn-bazh,
Un bâton de coudrier roux,
Ferré au cœur et aux deux bouts,
Ferrés aux deux bouts et au cœur
Pour ouvrir un crâne ou plusieurs !
— Moi, je ne juge pas les dames,
Faites-le, je vous prie, ma femme.
— SI je dois juger de ses torts,
Loin de la condamner à mort,
J'écrirais sur du papier bleu :
"Prends ton penn-bazh tant que tu veux !"
Il se saisit d'elle avec rage,
Il la jeta sur le plancher ;
Le lait jaillit de sa poitrine,
Et le sang gicla de son nez.
[...]
Claudinaïc au cœur des flammes
Disait au monde sans merci :
— Si la justice était plus juste,
Je ne serais pas seule ici !
Si la justice était plus juste,
Si, vraiment, on disait la loi,
Alors, M. de Villeneuve
Devrait brûler, là, avec moi.
(Claudinaïc)
Pourquoi donc, ma sœur, pleurez-vous ?
Si vous avez un bel époux ?
— À quoi me sert qu'il soit charmant,
S'il n'est pas à mon sentiment ?
Dès que je le regarde en face,
Mon cœur est comme un bloc de glace.
Ses yeux sont rouges et sanguins,
Rouges comme est rouge le vin.
(L'enragé)
Rencontre des étudiants comédiens du Conservatoire municipal du XVIe arrondissement et du public de la Maison de Victor Hugo avec André Markowicz.