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Critique de Dionysos89


Oui, le bleu est une couleur ultra chaude. Et de la chaleur, ce roman graphique en fournit énormément, mais de la bonne chaleur, de la chaleur humaine, tendre à souhait. Hymne à l'amour ou ode à la tolérance, Julia Maroh vise en tout cas la reconnaissance de l'altérité, pour une humanité plus riche.

Il est certain que cet ouvrage bénéficie de la reconnaissance accordé à son adaptation cinématographique (La vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche, Palme d'Or à Cannes 2013). Je l'avoue tout de suite, je ne suis peut-être pas de la meilleure génération pour vanter cette histoire ; en effet, la découverte d'une sexualité, déviante aux yeux de certains, me semble parfois aller de soi de nos jours, et c'est sûrement une erreur, car il existe encore tant d'homophobes, il suffit de voir encore les manifestations anti-« mariage pour tous » qui, souvent au nom d'une « religion de l'Amour », prône un déni d'égalité.
Ici justement, à travers l'histoire de cette adolescente qui découvre que le bleu se révèle une couleur sacrément chaude, Julie Maroh, qui officie à la fois au dessin et au scénario, cherche avant tout à banaliser l'homosexualité. Il faut bien, ou « il faudra bien » pour ceux qui ont vraiment du mal, se rendre compte que l'hétéronormalité n'est qu'une construction de notre société, fortement influencée par notre passif catholique. Il ne tient qu'à nous de considérer la normalité autrement. Ce conflit intérieur est parfaitement mis en scène dans la petite tête de Clémentine qui veut être normale aux yeux de ses amis, de sa famille, mais veut également être avec Emma qui l'intrigue tant. Je ne vais pas dévoiler quoi que ce soit de l'intrigue, même ce qui concerne ce qu'on apprend dès la première page, car ce récit est véritablement initiatique et doit se lire en se plongeant tout entier dans l'esprit de Clémentine.
Être seul face au collectif, tel est le sujet ici ; être la marge face à la masse. Mais attention, l'histoire pourrait être tout aussi bien celle d'un hétérosexuel dans un monde homosexuel, ou bien celle d'un hindouiste dans un monde bouddhiste, voire celle d'un géant dans un monde de nains, ou tout simplement celle d'un blond dans un monde de bruns. Julia Maroh interroge ainsi notre réaction face aux regards extérieurs, parfois compatissants, plus souvent repoussants, mais en tout cas toujours révélateurs.
Je ne suis pas fan de ce qui suscite le fait de raconter cette histoire (la destinée de Clémentine dévoilée dès le départ) et quelques coquilles, d'orthographe comme de lettrage, heureusement légères, sont quand même dommageables. Heureusement, le fond est tellement puisant et prégnant que l'on passe facilement sur ces détails.

Alors, oui, le Bleu est une couleur chaude et reçoit en 2013 (trois ans après la première publication) un retentissement mérité, car c'est un roman graphique honnête, vrai et point du tout tapageur, au contraire, puisqu'il cherche à banaliser ce qui devrait déjà être banal.

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