AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070120048
168 pages
(01/01/1900)
4/5   2 notes
Résumé :
« À travers les trois nouvelles qui composent ce recueil, Juan Marsé recrée son enfance et son adolescence au lendemain de la Guerre civile. Dans Histoire de détectives, des enfants jouent gravement aux justiciers dans une Barcelone meurtrie, mystérieuse et morbide ; dans Le fantôme du cinéma Roxy, un cinéaste caricatural et un écrivain parodique composent un scénario en reconstituant l'atmosphère des vieux cinémas de quartier à l'époque où le pouvoir franquiste ass... >Voir plus
Que lire après Le Fantôme du cinéma RoxyVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Né en 1933, Juan Marsé a vécu durant son enfance et son adolescence, la guerre civile espagnole puis la période d'épuration qui a suivi et a duré jusque dans les années 1960.
Le fantôme du cinéma Roxy est un recueil de trois nouvelles inspirées des souvenirs d'enfance de Juan Marsé.
Ces récits décrivent une Espagne repliée sur elle-même, inquiète de ses propres fantasmes, où la Dictature confine à l'aveuglement et à la stupidité en refusant de suivre l'évolution qu'ont connue les pays d'Europe de l'Ouest à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Ces récits peuvent être vus comme des paraboles décrivant la réalité sans utiliser les mots qui conduiraient le régime franquiste à les censurer.
Le premier récit « histoires de détectives » montre un groupe d'enfants qui, pour échapper au monde des adultes, se réfugient dans la carcasse d'une vielle Lincoln Continentale 1941 abandonnée sur un terrain vague et jouent les détectives. Leur chef est Marès un garçon ventriloque et transformiste – « il a plissé ses yeux de chat et s'est composé le visage du vieux futé Barry Fitzgerald ordonnant à son fin limier de suivre la fille dans « La Cité sans voiles », avant d'ajouter de sa voix enrouée : vas-y, elle est toute à toi » - qui attribue des missions à ses acolytes au rang des quels figurent David Jaime et Roca le narrateur.
Madame Yordi est l'objet de leur attention : « Sous les basques de la gabardine, très serrée à la taille, la plénitude des courbes laissait deviner des cuisses qui devaient s'effleurer en marchant. Pourtant, c'était une femme mince, aux petits seins et aux hanches fines. »
Impuissants, les enfants sont les témoins des « jeux » des adultes. Madame Yordi est veuve, mère d'un enfant, harcelée par le boulanger surnommé Charlot le Vicelard, et contrainte de se plier aux volontés d'un phalangiste :
« Et vous n'avez pas vu l'araignée noire au revers de sa veste ? Mais si, mais c'est bien sûr, c'est un phalangiste ! (…) un de ces petits pistonnés de la Phalange qui ont le cul dans le beurre et pas la moindre intention de l'essuyer. »
Et Roca de conclure :
« Cette sale époque, dangereuse et fantastique, est maintenant loin derrière nous, et plus personne ne se souvient de son odeur de poussière et de charogne, encore moins de notre vocation de détectives intrépides. »
« Les aventures d'un lieutenant têtu », qui en Espagne a donné le titre au recueil – Teniente Bravo – s'inspire directement du service militaire de Juan Marsé à Ceuta en 1955.
Le lieutenant Bravo se met dans la tête d'exercer son bataillon au cheval d'arçon. Il récupère un vieil agrès dont la bourre est occupée par un rat et dont un des pieds a été remplacé par une branche de cerisier taillée sur mesure et portant l'inscription « Nous ne sommes pas amoureux de la mort. Abd-El-Kkrim n'a qu'à se faire enculer. Luisito et Fermin. »
Sûr de lui, le lieutenant fait étalage de sa science du cheval d'arçon et veut montrer lui-même à ses recrues comment franchir l'obstacle avec élégance et retomber avec non moins d'élégance sur ses pieds.
Las. La démonstration tourne au désastre.
L'autorité du Lieutenant se délite mais lui considère qu'il en est toujours dépositaire. Les soldats ne bronchent pas. Incrédules face à l'obstination du Lieutenant Bravo, mais surtout craintifs.
Dominants et dominés restent chacun dans leur rôle jusqu'à l'absurde. Illustration encore une fois de ce que fut le Franquisme alors qu'il se mourrait.
La nouvelle le fantôme du Cinéma Roxy montre un réalisateur et un scénariste aux prises avec la création et sa symbolique aux interprétations multiples.
Dans la librairie papeterie de Susanna, les personnages, Vargas, Les Phalangistes –N°1 ; N°2 ; N°3 - (omniprésents), l'écrivain, Purita, Fermin, Susanna, Raiker, Shane, Dracula, s'escriment dans un scenario où la réalité dépasse l'entendement.
Des nouvelles préfaçant l'univers des romans de Juan Marsé avant qu'il ne soit Juan Marsé.
Commenter  J’apprécie          192


critiques presse (1)
LeMonde
02 février 2018
Sous la forme d’une enquête policière, l’auteur ibère explore l’inconscient collectif de l’Espagne post-franquiste et interroge avec humour le droit à l’oubli.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
— Et à partir de cette scène, dit l’écrivain, à l’instant précis où le nain à la grosse tête, habillé en boy-scout, cligne nerveusement des yeux et commence son escalade politico-folklorique vers les cimes patriotiques du Montserrat, le sac à dos rempli de provisions, acclamé par la foule qui lui jette des fleurs et de la monnaie, c’est alors qu’apparaît la jambe nue et lumineuse de Ivy/Miriam Hopkins qui se balance au bord du lit en surimpression soutenue, tout au long de la séquence et de tous les plans suivants, la cuisse immortelle d’Ivy la putain oscillant sur l’écran comme une douce menace vénérienne ou comme un cauchemar romantique de bonheur éperdu, avec sa jarretière noire et ses chancres purulents, perturbant ainsi l’ascension tapageuse, florale et patriotarde du nain clignotant, jusqu’à l’apparition du mot FIN.
— Tu es fou, a dit le metteur en scène. Oublie ça, je n’ai pas l’intention de porter à l’écran tes fièvres infantiles.
— Comment ça, des fièvres ? Je parle de l’histoire contemporaine de ce pays.
Commenter  J’apprécie          10
— Dans cette loge fantastique qui sentait la pisse et la sciure, a poursuivi l’écrivassier dans se troubler, j’ai vu ce qu’on fait de mieux comme navets, et même qu’on se flanquait des touches pendant la projection. Un soir, Juanito Marés, qui assistait toujours au spectacle enfoncé dans son imperméable garni d’un capuchon, tu vois qui je veux dire, eh bien figure-toi qu’il se la secouait chaque fois que l’écran montrait Ella Raines, une actrice aux yeux verts vénériens qui faisait de ces mauvais films que tu n’aimes pas et dont je raffole.
Impatient, le metteur en scène a fait oui de la tête.
— O.K., on se remet au boulot ?
— La Dame Inconnue. Quand Elle, l’Exquise, croisait ses genoux gainés de bas couleur de fumée, on voyait la main vert foncé de Juanito se glisser sous l’imperméable comme une serpent.
Commenter  J’apprécie          10
— Pour l’amour de Dieu, mon lieutenant, restons-en là, a dit le sergent. Vous allez finir par vous faire du mal.
Toujours gisant, le lieutenant l’a interrompu par une bordée de jurons :
— Par le trou de balle de ma mère, sergent, ne vous ai-je pas dit de ne pas bouger ?! Je chie dans le ciboire et sur la putain qui a pondu Abd el-Krim le cul dans les ronces !

[in Les Aventures d'un lieutenant têtu]
Commenter  J’apprécie          10
— Je te félicite. Tu es un petit monsieur en celluloïd, un avaleur de zooms et de travellings en conserve. Mais si tu pouvais imaginer tout ce que tu as perdu en snobant le public des poulaillers !
Commenter  J’apprécie          10
— Et je te le répète : ne te cramponne pas aux fleurs, ou tu iras en enfer avec elles.
Commenter  J’apprécie          20

Video de Juan Marsé (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Juan Marsé
El embrujo de Shanghai (trailer) film de 2004 de Fernando Trueba. Adaptation du roman Les nuits de Shanghai
autres livres classés : espagneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}