Lefranc, tome 5 : Les portes de l'enfer

"Le journaliste Guy Lefranc n'appartient pas à cette race de scribouillards qui restent gentiment assis dans leurs fauteuils à attendre les nouvelles...
Bref, tout cela pour vous dire d'aller vérifier dans la nouvelle aventure de Guy Lefranc "les portes de l'enfer", écrite par Jacques Martin et dessinée par Gilles Chaillet, si son créateur ne lui a pas encore glissé quelques kilos de dynamite sous les pieds...!*
Par une aube incertaine qui violace légèrement les hautes montagnes, Guy Lefranc, accompagné de JeanJean, décolle à bord d'un petit avion pour photographier la féerie du lever de soleil sur les cimes.
Soudain, plus aucun instrument de bord ne fonctionne et l'avion fait un atterrissage forcé sur un plateau désert.
Les deux naufragés du ciel sont recueillis par Laura une vieille femme et Lisa sa petite fille.
Mais voilà qu'une fumée brûlante se lève, semblant isoler le plateau, que des trainées lumineuses sabrent, très haut, le ciel.
La vieille femme, étrange bergère, donnant des signes de nervosité et d'anxiété, entraîne Lisa, Lefranc et JeanJean dans les profondeurs de la montagne.
Traversant une passerelle, ils parviennent, alors, à la première porte de l'enfer....
Cette cinquième aventure de Guy Lefranc, flirtant avec la sorcellerie et le fantastique est, tout simplement, superbe.
L'intrigue est passionnante, les dessins très soignés et le dénouement très inattendu. C'est une grande réussite.
Cet album est, peut-être, l'un des plus aboutis de toute la série qui est pourtant très talentueuse.

* "Nouveau Tintin n° 105 du 13.09.1977.

Je suis étonnée de la tournure prise par cette aventure, qui donne dans le fantastique. On se demande à chaque page, comment l'histoire va et peut s'achever. Lefranc va-t-il se réveiller et sortir de cet horrible cauchemar. J'ai un peu moins aimé l'intrigue par rapport aux albums précédents mais je dois avouer ne pas avoir lâcher la lecture avant les dernières lignes.

Ce très bon Lefranc, respire comme un parfum de malédiction.
Le journaliste Lefranc est confronté à des évènements qui ne peuvent que le dépasser et devant lesquels il est d'un complète impuissance.

Ce cinquième album marque une rupture pour deux raisons. La première est liée à la mise en page : les planches sont découpées en trois bandes ; les cases étant plus grandes, il est plus aisé de profiter des dessins. Quant à la seconde, c'est la manière dont l'histoire est narrée. Terminé les cartouches qui nous explique le moindre fait et geste des protagonistes. La lecture est plus fluide et renforce l'importance du dessin. Dans les premiers albums, j'avais l'impression que les dessins venaient au second plan… ! Pour ce qui est du scénario, celui-ci est très particulier. Jeanjean et Lefranc ont un accident d'avion et se retrouve au sommet d'un mont où il rencontre notamment une vieille femme très particulière. Bien que déroutant (mélange de fantastique, d'ésotérisme et ce n'est pas une enquête policière), cet album se laisse lire très facilement et constitue à mon goût le meilleur des cinq premiers albums !

Voilà notre Lefranc qui verse dans l'ésotérisme et le surnaturel … . On s'échappe dans cet album de l'aventure policière qui avait fait, jusqu'alors, le charme de cette série pour plonger vers les abymes des portes de l'enfer. Ce n'est pas forcément mon truc, mais pourquoi pas ! Blake et Mortimer avaient bien leur énigme de l'Atlantide après tout.

Du coup, on suit un scénario plutôt étrange, dont on pardonne plus facilement les incohérences, les raccourcis, les bizarrerie de l'histoire. On croise des sorcières, des diables, des messes noires, … . On fait des flash back moyenâgeux, bien agréables pour la compréhension de l'histoire et bien dessinés.

Côté dessin d'ailleurs, malgré un rendu toujours aussi intéressant, l'ambiance montagnarde est moins bien posée à mon sens que pour les deux précédents albums, eux aussi, en montagne. Il s'agit sans doute là d'une volonté de privilégier la facette surnaturelle au réalisme des décors.

Un peu en deçà de mes espérances tout de même : j'attends autre chose des albums de Jacques Martin, une pincée d'enquête, un soupçon de Borg et un nuage de vintage que je n'ai pas pu trouver ici.