Il est difficile de chroniquer objectivement un ouvrage d'un ancien professeur d'histoire (et géographie) dont on tant apprécié les qualités pédagogiques. Bien que la période de la révolution dont l'auteur est un spécialiste ne figurât pas au programme scolaire cette année-là, ses cours d'histoire faisaient l'unanimité parmi les élèves : nous étions tous suspendus à ses lèvres et accrochés à notre crayon pour ne rien louper de la narration avec ses multiples anecdotes.
Nous nous défoulions lors d'autres cours…
Ici Jean-Clément Martin analyse diverses thèses et interprétations relatives à la pratique du tannage de peaux humaines à partir de 1793 dont des révolutionnaires français furent accusés. Sans occulter le climat de terreur qui régnait alors et les excès commis par les personnes dépositaires de pouvoirs (politique, militaire,…) dans ces années-là, il distingue les faits des éléments de propagande et des fantasmes.
Son propos est plus large puisque des tortures et sévices post-mortem pratiqués dans d'autres sociétés à d'autres époques sont présentés. Il ne s'agit là pas simplement d'une manière de relativiser quelques tannages réalisés en France à la fin du 18ème siècle mais aussi de constater la constance de comportements humains violents dès que certaines barrières sociales sont levées.
Les thèses sont claires et étayées.
Malheureusement, l'auteur semble estimer que le courants et mouvement politiques de cette époque agités sont nécessairement connus des lecteurs, ce qui est le cas pour les spécialistes et grands amateurs mais pas le mien. Un lexique et une petite chronologie auraient été bienvenus.
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Ce genre de "détail inutile", fiché comme une écharde dans la peau, nous rappelle qu'en France, jusqu'en 1884 au moins, les corps des suppliciés ont pu être utilisés comme matériau. Lorsque le 30 avril de cette année, Michel Campi est guillotiné à Paris, son cadavre est envoyé à la faculté de Médecine, après un détour par le cimetière d'Evry pour un simulacre d'inhumation.
Saint-Just l'archange, et Robespierre l'incorruptible catalysent les imaginations et les fantasmes.
JEAN-CLÉMENT MARTIN / L'EXECUTION DU ROI / LA P'TITE LIBRAIRIE