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sur 3131 notes
Esclarmonde, comme toute jeune fille de l'époque (XIIe siècle), doit accepter le mariage arrangé voulu par son père. le jour de ses épousailles, elle fait fi de toutes les convenances et refuse que Lothaire de Montfaucon, connu pour déflorer les jeunes pucelles, contre leur gré, dans les buissons, devienne son seigneur et maître. Bravant tous les interdits, faisant comme l'avait fait avant elle sainte Agnès, elle se tranche une oreille et demande à son père de construire une chapelle en l'honneur de cette dernière et de l'emmurer à côté, comme cela se faisait à l'époque. Fou furieux par l'affront que vient de lui imposer cette fille qu'il adore pourtant, il ne refuse pas et fait en sorte que la volonté d'Esclarmonde soit appliquée. Au bout de quelques temps, un miracle se produit : elle donne naissance à un fils, Elzéar (signifiant « secours de Dieu »), qui porte les stigmates du christ puisqu'il a les mains percées. Une sainte est née !

L'écriture de Carole Martinez est vraiment agréable. Saupoudrée de poésie, elle met en avant quelques us et coutumes de la période médiévale sans pour autant trop en faire. de ce fait, le livre est vraiment pour tout public, que l'on s'intéresse au moyen âge ou pas. Tout est axé sur le ressenti de cette femme hors du commun, sur la psychologie, et la prouesse consiste justement à rendre ce roman haletant. On a envie de savoir ce qu'il va se passer, on souffre avec cette femme, on adhère à ses paroles, d'autant plus qu'il s'agit de la narratrice.

Ce livre dormait depuis deux ans sur mes étagères et en toute honnêteté, je ne regrette qu'une chose : ne pas l'avoir lu avant. C'est une petite perle et toute la publicité que l'on a faite autour (raison pour laquelle je ne l'avais pas encore ouvert, me méfiant toujours) est bien méritée. Je vais à présent lire son autre livre, le coeur cousu, qui prend aussi la poussière dans ma bibliothèque. Je suis pratiquement certaine de ne pas être déçue et je suis ravie d'avoir pu découvrir une romancière dont l'envergure poétique n'a d'égal que sa simplicité.
Lien : http://promenades-culture.fo..
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Quel destin ! Dès les premières lignes, la plume inspirée de Carole Martinez nous emporte très loin, au coeur de ce conte mystique.

J'ai vécu au plus près d'Esclarmonde, éprouvé sa réclusion, ses voyages, ses extases, ses errances et son formidable amour de mère. J'ai adoré cette histoire fabuleuse, entre grâce et barbarie intimement mêlées.

Un livre accompli et très esthétique, qui se dévore malheureusement beaucoup trop vite !


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Au domaine des Murmures, les arbres bruissent encore du destin tragique d'une recluse du XIIe siècle : la très jeune Esclarmonde qui préféra être emmurée vivante pour vouer sa vie à Dieu, plutôt que d'épouser un homme qui la rebutait.

Plus qu'un roman, du domaine des Murmures est un conte d'une rare intensité. Il suffit d'une légère distorsion de la réalité pour que l'histoire devienne légende, et Carole Martinez excelle dans ce registre. le cadre naturel et historique est bien réel : il s'agit de la vallée de la Loue (dans le Doubs), lors de la troisième croisade menée notamment par l'empereur germanique Frédéric 1er dit Barberousse. Amey de Montfaucon, Berthe et Amaury de Joux... ont réellement existé. En revanche, le château de Hautepierre et ses habitants sont issus de l'imagination de l'auteur. Jusque-là, rien que de très normal pour un roman...

Alors, d'où vient le merveilleux ? D'abord des éléments mystiques tels que les visions d'Esclarmonde ou les stigmates de l'enfant... Ensuite, de l'insertion fréquente et malicieuse de figures et de légendes empruntées à l'univers des contes ou au folklore de Franche-Comté, comme l'imaginaire du château de Joux. Enfin, du style poétique, incantatoire, de Carole Martinez, avec des allusions à peine voilées aux Chimères de Gérard de Nerval et au poème El Desdichado, fil conducteur de la trame fantastique du récit :
"J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron ;
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée."

"La Sainte", c'est Esclarmonde. Lorsqu'elle rêve dans sa grotte de pierre, elle traverse l'enfer (dont l'Achéron est un fleuve) en voyant par les yeux de son père les souffrances et la mort des croisés sous un soleil maléfique. Sirène, elle l'est aussi, car c'est sa voix qui recèle sa puissance et son enchantement cesse dès que la parole lui est ôtée. Quant à la fée, elle est incarnée par Bérengère, la guérisseuse au service de Douce, la belle-mère d'Esclarmonde. Sorte de géante sensuelle habillée de vert, son influence et son osmose avec la nature progressent tout au long du roman. Elle deviendra la Dame Verte de la Loue, fée des eaux entre la vouivre et Mélusine, aux "cheveux aussi verts que des algues."

A la fin, que retient-on de ce conte ? Pour ma part, j'y ai lu une magnifique allégorie de l'amour maternel. Et aussi la célébration de destins de femmes qui surent s'élever au-dessus des barrières imposées par les hommes pour chacune affirmer son pouvoir : Esclarmonde en guidant les âmes, Douce en dirigeant le domaine, Bérengère en s'appropriant les forces de la nature... Certes, notre "époque n'enferme plus si facilement les jeunes filles". Mais au fil des siècles, les murs de pierre se sont mués en un plafond de verre, plus insidieux mais tout aussi dangereux.

Si vous ne l'avez pas encore fait, aventurez-vous au domaine des Murmures et laissez-vous ensorceler.
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Ayant refusé de lire les critiques et commentaires sur ce roman, avant de le lire, j'avoue avoir été décontenancée en débutant ma lecture. En effet, je ne m'attendais pas du tout à cette histoire. Je ne sais d'ailleurs pas à quoi je m'attendais, mais sûrement pas à un récit mettant en scène une emmurée au Moyen Age.
Peu à peu, cependant, je suis entrée dans le récit et ai savouré, sans bouder mon plaisir, la langue si joliment mise en oeuvre par Carole Martinez, ses descriptions fortes qui nous embarquent dans son monde où réalité et fiction se mêlent avec bonheur. La plume fraîche et rythmée de l'auteur donne la parole à une recluse de 15 ans, Esclarmonde, qui a choisi d'être emmurée vivante pour aimer et servir Dieu plutôt que d'être offerte en mariage à Lothaire, un rustre dont elle ne veut. Depuis la cellule qu'elle s'est choisie, et où elle pensait vivre solitaire, elle recevra la visite quotidienne de pèlerins venus lui confier leurs prières, leurs péchés et leurs demandes d'intercession. Son immobilité lui donnera accès à un riche chemin intérieur et devinant les âmes, elle leur servira de révélateur voire de psychanalyste.
Mais le choix que l'on fait à 15 ans, pure et naïve, ignorante de la vie, peut-il déterminer une vie entière ? La foi, l'amour et l'abnégation peuvent-ils combler à jamais ?

Ce conte, terrible à bien des égards, est loin des récits à la mode aujourd'hui. Mais malgré l'époque et le thème, il est d'une modernité étonnante. Loin de l'amour courtois, il nous donne à voir la violence des moeurs et la condition des femmes au Moyen Age ; emmurée, Esclarmonde est plus vivante et libre que beaucoup de ses contemporaines ; solitaire, elle est pourtant toute entière liée à sa famille et au monde…
Les personnages secondaires sont aussi attachants et vrais, tel un Lothaire repenti et voué à un amour platonique et déchirant, ou une Bérengère, assumant pleinement ses atours et sa condition de servante. Ils portent l'intrigue et font avancer le récit.

Carole Martinez signe ici une ode à la vie, à la sensualité, à l'amour (divin et humain) qui est aussi une merveilleuse parabole qui nous donne à réfléchir sur notre propre vie. C'est aussi une belle réflexion sur la puissance de la foi et les doutes qu'elle suscite.
On ne sort pas indemne de cette lecture. Il faut prendre le temps de la digérer, de l'apprécier, voire y revenir. Carole Martinez est décidément une formidable conteuse.

Au moment où j'achevais cette lecture, « du domaine des Murmures » recevait le Goncourt des lycéens. Prestigieux prix non galvaudé.

Lien : http://argali.eklablog.fr
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Une promenade en Bourgogne nous conduit dans les ruines d'un château que le temps a connu puissant. Dans un récit à rebours des siècles, nous entendons les pierres raconter l'histoire d'Esclarmonde. « La tour seigneuriale se brouille d'une foule de chuchotis, l'écran minéral se fissure, la page s'obscurcit, vertigineuse, s'ouvre sur un au-delà grouillant, et nous acceptons de tomber dans le gouffre pour y puiser les voix liquides des femmes oubliées qui suintent autour de nous. » (p. 15) Asseyons-nous et écoutons…

Esclarmonde, blonde enfant trop belle pour les exigences du monde, refuse l'homme que son père lui a choisi. En disant « non » devant les hommes et reniant le sang de son père, Esclarmonde embrasse un destin de recluse. En 1187, une fille qui se refuse au mariage pour préserver son union avec le Christ n'a d'autre choix que de soustraire au siècle. Emmurée dans une petite cellule attenante à la chapelle de Sainte Agnès, Esclarmonde croit échapper au malheur terrestre pour jouir d'une béatitude que seule mamort rendra plus sublime. « Je suis devenue la vierge des murmures. » (p. 17)

« J'avais charge d'âmes. » (p. 123) Ainsi parle celle qui revêt au yeux du monde un glorieux habit de sainte. Les pélerins se pressent contre les barreaux de sa petite fenêtre. « Tous ces êtres en mouvement venaient voir l'immobile et la vie passait devant moi, qui pourtant l'avais quittée. » (p. 52) Alors que tous lui prêtent des miracles et la mort-même semble reculer devant le pouvoir de sa foi, Esclarmonde se découvre pleine. Sa solitude de recluse n'en est plus une, mais pour combien de temps ?

Quand vient le jour où on lui arrache ce qui la comblait, Esclarmonde est prête à tout renier : son engagement religieux, sa promesse éternelle et sa foi vacillante. Que lui importe désormais de suivre les traces de son père parti en Terre-sainte mener une croisade qui périclite dans le sang et la boue ? Que lui importe donc de tenir la Mort en respect si la vie elle-même lui est retirée ? « À défaut de croire en Dieu, j'ai commencé à croire en moi, en la force de ma parole dont je voyais chaque jour croître l'incroyable pouvoir. » (p. 166) Voilà que la sainte devient démone, mauvaise femme à la langue de fiel, elle dont la voix était à elle seule une bénédiction. Mais n'est-ce finalement pas une épreuve de foi, une dernière épreuve d'amour ?

Ce superbe récit est nourri de merveilleux. Entre les pages déambulent une géante verte aux courbes superbes et le cruel spectre d'un cheval blanc. On entend aussi la voix des anges quand ils se penchent sur les mains stigmatisées d'un enfant et sur l'éclat extraordinaire du soleil de Palestine. Carole Martinez mêle avec un talent éblouissant des légendes bourguignonnes, une hagiographie fictive et une célébration du verbe. le verbe, c'est celui d'Esclarmonde qui repousse les murs de sa cellule, celui de Dieu quand il daigne se faire entendre et c'est surtout celui de l'auteure qui porte ce récit sur les ailes de la poésie. Dans ce roman où le murmure se veut la racine de toute parole et son élan premier, Esclarmonde s'adresse à nous d'une voix fantôme qui s'échappe de la mousse des pierres effondrées.

Perdue dans les confins d'une maladie qui s'éternise et me vide de mon énergie, j'ai trouvé dans ce superbe roman un souffle qui m'a emportée, qui a sublimé ma veille et m'a émue au-delà des larmes. Bouche bée, muette, sans même un murmure, j'ai lu et relu certaines phrases jusqu'à m'engourdir les yeux. Poésie pure et lumière, la plume de Carole Martinez chante une femme exceptionnelle : que nous importe alors que tout ne soit que romance ? Si certains aspects de cette éblouissante histoire m'ont rappelé le très beau roman de Clara Dupont-Monod, La passion selon Juette, il y a dans du domaine des murmures une forme de littérature après laquelle je cours sans cesse. Et quand je la toruve enfin, c'est le souffle coupé que je la contemple.
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Carole Martinez nous prend pour la seconde fois dans les rets de son talent de conteuse qu'elle met cette fois au service d'une recluse volontaire du XIIème siècle. Elle va recoudre et mettre bout à bout, broder les murmures qu'Esclarmonde lui fait parvenir en tendant «l'oreille pour percevoir les filets de voix entrelacés... les mots jamais inscrits mais noués les uns aux autres et qui s'étirent en un chuintement doux". Esclarmonde va pouvoir enfin, par-delà les siècles, dire son désir de liberté, son amour débordant, sa sensualité et ouvrir l'espace au sein de son étroite cellule où elle ne sera pas séparée du monde. Malgré sa réclusion elle vivra comme tout un chacun une vie faite de joie et de douleurs avec peut-être une plus grande intensité.
Je n'en dirais pas plus car ce serait enlever la surprise et déflorer la beauté de ce conte empreint, comme tous les contes, de merveilleux mais aussi leçon de vie parfois cruelle.
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Je suis entrée dans le domaine des murmures par « une plaie entre les arbres ». Je vous avertis, c'est un lieu « tissé de murmures, de filets de voix entrelacées et si vieilles qu'il faut tendre l'oreille pour les percevoir. de mots jamais inscrits, mais noués les uns aux autres et qui s'étirent en un chuintement doux. » (p15) Alors si cela ne vous effraie pas d'entendre des voix, vous entendrez peut être dans les frémissements du passé, celle d'Esclarmonde. A quinze ans, la damoiselle fait le choix d'être emmurée pour consacrer sa vie au Christ. Un moyen d'échapper au mariage auquel son père veut la contraindre. « Christ était puissant dans l'esprit des femmes de mon temps. Christ seul pouvait tenir les hommes en échec et leur arracher une vierge. » (P24)

J'ai mis beaucoup de temps à me décider à lire ce livre, persuadée qu'il y serait essentiellement question de l'exaltation de la foi et ses aberrations hérétiques. Pourtant, dès les premières lignes, j'ai été hypnotisée à l'insu de mon plein gré ! La ferveur religieuse et ses excès sont bien évidemment omniprésents, nous sommes en l'An 1187 ne l'oublions pas, mais à travers le regard d'Esclarmonde, c'est surtout le coeur des femmes qui palpite dans cet ouvrage, ces femmes qui rêvent d'exister autrement que par le rôle ou le non-rôle, que l'époque leur a dévolu. Il y a aussi de beaux passages sur l'amour maternelle. le plus incroyable (quand on commence à entendre des voix, il faut s'attendre à tout !) c'est qu'Esclarmonde n'aura jamais été aussi libre, aussi écoutée, et à l'écoute des hommes et de la vie, que du fond de son reclusoir. Enfin, elle peut exister !

« Je n'avais jamais tant reçu, tant parlé, du temps où, vivante, je devais garder la chambre, broder, chanter et obéir à mon père. Tous ces êtres en mouvement venaient voir l'immobile et la vie passait devant moi, qui pourtant l'avais quittée. J'apprenais beaucoup des hommes, de leurs désirs et de leurs peurs. […] J'étais posée comme une borne à la croisée des mondes. » (P42)

Mais le grand pouvoir de ce livre est certainement son écriture poétique et envoutante. D'une part, elle nous transporte au moyen âge de manière assez feutrée, dans une sorte de brouillard cotonneux, comme la nostalgie d'un temps qui n'a pourtant rien de nostalgique !!! Et plus on avance dans l'histoire, plus le souffle des récits épiques mugit. Cela m'a même par certains côtés fait penser à une chanson de gestes, version XXIème siècle bien sûr ! D'autre part, elle nous captive et nous tient en haleine. Car contre toute attente, dans l'immobilité relative de cette geôle, les rebondissements s'enchaînent, (l'un d'entre eux m'a d'ailleurs laissée sans voix !)

Une très belle découverte que j'ai eu le plaisir de partager avec Nadou38.



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Je me suis laissée attirée par cet ouvrage qui se trouvait bien en évidence sur l'une des étagères de la librairie dans laquelle je réapprovisionne mon stock et je me suis immédiatement laissée tentée...et qu'est-ce que j'ai bien fait !

Ce livre nous ramène presque dix siècles en arrière. En l'an de grâce 1187, chose qui ne se faisait ô grand dieu jamais à l'époque, une jeune fille de dix-sept ans, à la beauté incomparable, refuse de prendre pour époux l'homme que son père lui avait désigné et dit outrageusement "NON" devant l'autel qui devait l'unir à Lothaire ! de plus, Esclarmonde car tel est le nom de cette jeune pucelle, ose brandir un couteau et se trancher une oreille en déclarant qu'elle veut vouer sa vie à Dieu et vivre recluse dans une minuscule cellule que l'on fera bâtir pour elle au pied de la chapelle Sainte-Agnès. A ce moment précis, une brebis entre dans l'église et l'on crie déjà au miracle, prenant cette jouvencelle pour une sainte. Et la suite ne viendra que confirmer ce miracle puisque neuf mois plus tard, elle enfantera, elle qui n'a jamais commis l'acte de chair consciemment. J'insiste bien sur ce dernier mot car nul ne se doute qu'un immense drame familial s'est déroulé, malgré elle, la veille où elle s'est faite emmurée. Elzéar viendra donc au monde et sur lui, le père d'Esclarmonde se vengera de la désobéissance de sa fille en luui infligeant lui-même les stigmates du Christ. L'on criera bien évidemment une nouvelle fois au miracle et tout concorde à dire que cette jeune femme est bien une sainte car depuis qu'elle s'est enfermée et recluse, les pèlerins s'attroupent pour lui demander conseil et La Grande Faucheuse semble s'être écartée de la ville.
Cependant, dit-on voir une simple coïncidence dans le fait que le lieu où vivait jadis celle-ci s'appelle le domaine des murmures ?

Un roman extrêmement bien écrit, envoûtant, narrée par le protagoniste elle-même qui semble être revenue d'entre les morts pour nous narrer son histoire et nous faire comprendre que le monde dans lequel nous vivons n'est pas toujours aussi horrible que l'on croit et qu'il faut parfois savoir reconnaître la chance que nos, femmes, avons ! A lire !
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Comme le reconnaît volontiers Esclarmonde, "le monde en son temps était poreux, pénétrable au merveilleux". le ménestrel venait chanter sa ritournelle sous la fenestrelle de sa belle emmurée de son plein gré. Un tortionnaire n'était pas loin. Les fougueux chevaliers en mal de tournois et de chasse, allongeaient la cohorte participant à une énième croisade à St-Jean-d'Acre.

C'était au XIIe s. Et ça marche toujours aujourd'hui puisque voici la 336e critique sur ce livre assurément envoûtant.

Le talent de conteuse de Carole Martinez, la poésie de son phrasé, la grâce de son regard, emportent facilement le lecteur sur les pas de tous ces personnages qui, même secondaires, ont droit à une place privilégiée.

Ce fut une lecture délicieuse, accompagnée "d'une bande d'étourneaux se posant dans l'érable et faisant chanter l'arbre un moment".

Très heureuse que nombre de jeunes aient lu cette oeuvre d'aujourd'hui sur ces moeurs anciennes dictées par le pouvoir apostolique, et qu'ils lui aient décerné le Goncourt des lycéens. C'est tout aussi merveilleux que le monde d'Esclarmonde.

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Nous sommes en 1187. Esclarmonde, âgée de quinze ans, doit épouser Lothaire de Montfaucon, coureur de jupons, que son père, Amaury de Joux lui a choisi alors qu'elle veut consacrer sa vie à Dieu. le jour du mariage, elle refuse et se tranche l'oreille avec un canif, imitant le geste de Sainte Agnès envers qui elle éprouve une grande dévotion. Un agneau entre alors dans l'église donnant à la scène un aspect miraculeux.
Elle demande à son père de construire une chapelle dédiée à Sainte Agnès en lui accolant une cellule sans le moindre confort où elle veut être emmurée jusqu'à la fin de ses jours. Malgré son immense colère, car il se sent humilié, sali, celui-ci accepte.
Curieusement, alors qu'elle est emmurée, Esclarmonde met au monde un enfant, qu'elle prénomme Elzéar ce qui signifie « Secours de Dieu » ; tout le monde va le considérer comme miraculeux puisqu'il a les mains ensanglantées (comme les stigmates du Christ) et de partout les pèlerins vont affluer en masse se recueillir devant elle et lui demander conseil ….


Ce que j'en pense :

Ce livre nous montre jusqu'où peut mener la foi excessive, comment on peut tuer au nom de Dieu pour libérer les lieux saints, et comment les gens sont prêts à croire au miracle en interprétant des signes qui n'en sont pas.
Tous les personnages sont intéressants : Douce, la deuxième femme d'Amaury de Joux, Lothaire, bien sûr, mais aussi la géante Bérengère et ses amours, l'évêque …
On se laisse entraîner dans cette histoire avec ivresse tant elle semble vraie, l'auteure nous parle d'êtres qui ont réellement existé : Lothaire de Montfaucon, Amaury de Joux et sa femme Berthe, la troisième croisade sous la conduite de Frédéric Barberousse, le valeureux géant roux qui a peur de l'eau, et la région où se situe l'action, la plaine de la Loue est tellement bien décrite qu'on arrive à se l'imaginer aussi bien que les combats sous le soleil brûlant pendant la croisade. Ainsi, a-t-on l'impression d'être dans un roman historique alors qu'il s'agit d'un roman, un long poème en prose.
J'aime énormément le style de Carole Martinez, les mots sont bien choisis, symboles de l'époque où ont eu lieu des évènements qui sembleraient impossible de nos jours, chez nous mais qu'une récente actualité (les attentats du sept janvier) remet curieusement à l'ordre du jour : on ne tue plus au nom du Christ (encore que…) mais au nom d'Allah, mais toujours avec la même folie et la même certitude de détenir la bonne croyance.
Je me suis ruée sur internet pour acheter un autre de ses romans qui a enchanté les lecteurs : « le coeur cousu » pour retrouver au plus vite ce style particulier et m'y plonger…
« du domaine des Murmures » a obtenu le Goncourt des lycéens en 2011 ce qui prouvent qu'ils ont bon goût comme souvent et se moquent des éditeurs, ne s'intéressant qu'aux livres en eux-mêmes.
Note : 8,2/10
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