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Édouard Jimenez (Traducteur)
EAN : 9782264027214
344 pages
10-18 (12/09/1999)
3.42/5   30 notes
Résumé :
L'écrivain argentin Tomás Eloy Martínez fait ici le roman de la vie mouvementée d'Evita Perón (1919-1952), l'épouse et l'égérie du général Perón qui régna littéralement sur l'Argentine de 1946 à 1955 avant de revenir au pouvoir en 1973-1974. À travers une course-poursuite épique autant que tragi-comique en quête du cadavre embaumé de son héroïne, l'auteur, mêlant ragots, histoire et légende, trace un portrait sulfureux de celle qui fut une première dame populiste ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Certainement son oeuvre la plus lue, Santa Evita reprend les mêmes procédés littéraires (la reconstitution fictionnelle) à l'origine du livre le Roman de Perón (La novela de Perón), écrit quelques années auparavant.
Tomás Eloy Martínez s'appuie sur documents et témoignages mais accentue fortement l'invention pure. le résultat est passionnant, mélangeant sources variées, registre du nouveau roman historique et fiction autoréfléchie.
Le décès d'Eva Perón et sa dépouille embaumée aux mains des forces militaires sert de trame de départ à un captivant récit sur le parcours du personnage politique le plus mythique et le plus controversé d'Argentine.
Le style narratif de l'auteur, souvent poétique, construit une belle intrigue fictionnelle et historique aux stratégies de roman policier, presque labyrinthiques, interrogeant l'Histoire de l'Argentine.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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"Quel roman que ma vie!" s'exclamait Napoléon. Semblable déclaration conviendrai également à ce que furent la vie et les pérégrinations post mortem d'Eva Perón. Enfant naturelle et pauvre de la campagne, sans beauté particulière, talonnée par l'ambition sans borne de ceux qui ont connu et veulent se venger de la misère, elle quitta tout pour Buenos Aires, afin d'embrasser la carrière de comédienne de second ordre et, à force d'audace et d'acharnement, traça son chemin pour arriver, incroyablement, au statut de première dame d'Argentine. Une sorte de conte de fée moderne, que la disparition prématurée de la pasionaria, éleva carrément au niveau d'icone et de légende. Cinq cent mille personne se recueillirent sur son cercueil durant les douze jours de veille funèbre, son corps fut embaumé, puis disparu, enlevé, pour n'être restitué au veuf, le président déchu Juan Domingo Perón, que quinze ans plus tard.

Voilà pour les faits. Rentrons dans le récit. le roman s'ouvre sur une Evita mourante d'un cancer de l'utérus, vestige ancien d'un avortement désastreux, alors qu'en bas les gens prient pour son salut, dans cette adoration du petit peuple pour leur dame, adulation touchant au fétichisme : elle était leur reine, leur sainte, leur déesse. En fait, c'est dans un continuel va-et-vient entre la figure malade mais combattante d'Evita et sa dépouille embarrassante, porteuse d'une malédiction, telle la dépouille de Toutankhamon, pour quiconque , nouveau lord Carnavon, s'aviserai de troubler son sommeil, que s'articule le roman de Tomás Eloy Martínez. Car il s'agit bien d'un roman, d'une recréation magistrale du mythe : biographie, recueil de témoignages des proches, de connaissances, d'anciens collègues, de fiches émanant des services secrets, d'écoutes de cassettes... Difficile de savoir où s'arrêtent les faits et où commence l'art. D'autant que les trames narratives se croisent, entre l'activité fiévreuse de la prima donna, les atermoiements des services secrets embarrassés avec la dépouille de cette dernière et ses copies de cire et de vinyle, cherchant à toute force à la soustraire à la surveillance des adorateurs de la défunte, le présent de l'écrivain enquêtant. La nature même de cet opus invite à une réflexion sur l'extrême malléabilité de l'Histoire.

Cette oeuvre protéiforme est proprement magistrale. On se laisse fasciné par la figure controversée d'Eva Perón, honnie par les uns, adorée sans réserve par les classes laborieuses. Le roman est passionnant de bout en bout : en raison du sujet traité et de par le talent de conteur de Tomás Eloy Martínez. Remarquable, de la littérature dans sa plus pure acception.
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En ce jour anniversaire de la mort de Eva Duarte de Peron, je termine l'ouvrage Santa Evita dont la lecture est passionnante. L'auteur n'ennuie jamais le lecteur et a l'ingénieuse idée de partir du cadavre de la 1ère dame, embaumé, objet de culte et transbahuté pendant de nombreuses années pour nous faire revivre un destin hors du commun. Un destin? Plutôt la résultante de choix. Comment ne pas rapprocher l'épopée de cette femme qui a régné 4 ans avec celui d'Héliogabale, l'empereur romain, 4 ans lui aussi? Tous deux absolument pas programmés pour laisser une place dans L Histoire ou pour vivre intensément leurs passions. Cela interroge: vaut-il mieux vivre "à fond" pas longtemps ou petitement très longtemps?
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Terrible, onirique, foutraque et précis...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Morte, cette femme est encore plus dangereuse que vivante. Le tyran le savait bien, c'est pour ça qu'il l'a laissée ici, pour nous rendre tous fous. Dans n'importe quel taudis, on accroche des photos d'elle. Les illettrés la vénèrent comme une sainte. Ils croient qu'elle peut ressusciter le jour où on s'y attend le moins et transformer l'Argentine en une dictature de mendiants.
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Si l'Histoire n'est - comme il me semble- qu'un genre littéraire parmi d'autres, à quoi bon en bannir l'imagination, les absurdités, l'indélicatesse, l'exagération et l'échec qui constituent la matière première sans laquelle toute littérature deviendrait inconcevable?
p. 202, éd.Robert Laffont, pavillons poche 2014
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Elle devait être fâchée parce que nous n'avions pas dansé une seule fois ensemble. A cette époque, j'avais déjà renoncé à la comprendre; d'ailleurs, je n'ai jamais pu comprendre aucune femme, pas plus alors que maintenant. J'ignore ce qu'elles pensent, j'ignore ce qu'elles veulent. Je sais seulement qu'elles veulent le contraire de ce qu'elles pensent.
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Il est des êtres qui, sans aucune raison, en protègent d'autres et leur témoignent une pitié compulsive, comme si le fait de s'occuper du destin d'autrui leur permettait d'expier des échecs passés, des devoirs non accomplis.
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Regarde! Ils l'ont enstérée sur la Lune ces salauds!
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Video de Tomas Eloy Martinez (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tomas Eloy Martinez
Hommage à Tomás Eloy Martínez sur le site de La Fundación Nuevo Periodismo Iberoamericano "El periodismo no es un acto de narcisismo , es un acto de servicio, servicio a la comunidad, servicio a los demás , servicio a la verdad." http://www.fnpi.org/homenaje-a-tomas-eloy-martinez/
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