Connaissez-vous la nouvelle "Continuité des parcs" de
Julio Cortázar? On y voit un homme assis tranquillement à lire un livre dont un des personnages va en fait le tuer à la fin. le roman de
Guillermo Martinez fait penser à ces jeux littéraires que
Cortázar et
Borges ont poussé au quasi génie. Ne vous attendez donc pas à quelque chose d'émouvant, mais plutôt à quelque chose d'intelligent, d'érudit, de précis, et même s'il s'agit d'un roman, de court. En effet, je ne crois pas qu'il y ait de "gras" dans ce roman de 230 pages.
Quand il commence, le narrateur, un écrivain, revoit Luciana B au bout de dix ans. A l'époque, elle avait été sa secrétaire pendant un mois, celle à qui il dictait son roman, et il s'était enflammé pour elle. Cette attirance était aussi liée au fait qu'elle était la secrétaire personnelle du célèbre auteur de
romans policiers Kloster. Luciana servait un peu à se mesurer à lui. Vous avez donc là les trois personnages principaux. Aujourd'hui, il ne reste plus rien de la jeune fille gaie et séduisante qu'il a connue. Pourquoi? Parce qu'elle a successivement perdu son petit ami, ses parents, et son frère. le coupable? D'après elle, Kloster. le
roman se divise donc en trois parties. Dans la première, Luciana, à moitié folle de chagrin, raconte sa version au narrateur. Dans la seconde, c'est Kloster qui la lui raconte. Enfin, dans la troisième...on trouvera une partie de la réponse dans Les Carnets d'
Henry James et un volume de la Bible.
Guillermo Martinez est mathématicien et ça se sent, dans la mécanique du roman et dans sa réflexion sur le châtiment. C'est aussi un véritable écrivain. Alors qu'il ne se passe pratiquement rien dans le roman, puisque tout a déjà eu lieu, alors qu'il s'agit simplement de personnes qui racontent quelque chose à quelqu'un, et des réflexions de ce dernier, alors qu'aucun personnage n'est tout à fait sympathique, il est difficile de résister à l'effet avalanche de ce roman. Une fois que vous êtes dedans, vous êtes emporté. Je lirai donc d'autres
romans de cet étrange
Guillermo Martinez.