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EAN : 9782707322012
208 pages
Editions de Minuit (02/02/2012)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Il faut sauver la tragédie grecque de toute la gnose philosophique et tragique qui l'accable depuis près de trois siècles. Il faut la sauver de notre conception moderne de la littérature et du théâtre. Il faut la sauver de nous-mêmes pour la retrouver ailleurs, très loin, dans les lieux les plus improbables : le nô japonais, la messe catholique, la psychanalyse freudienne... A moins qu'elle ne soit déjà plus nulle part. Car la tragédie est aussi introuvable que le t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Plus que la tragédie grecque, c'est au final sa conception de la littérature, ou même de l'art, que William Marx dessine dans ce livre. La tragédie grecque, permet en quelque sorte d'explorer les limites de la littérature, telle qu'elle a été définie à un moment, définition à laquelle nous adhérons sans voir que comme toute définition elle est arbitraire. Et que nous y faisons rentrer de manière artificielle des objets divers, crées dans une autre logique. Un de ces objets, et l'un des plus prestigieux, fondateur en quelque sorte, est la tragédie grecque. D'où l'interrogation : que sont les tragédies grecques ? Que pouvons nous en connaître ?

William Marx va creuser quatre questions qui lui paraissent essentielles :

- La tragédie serait une question de lieux. En plus d'un lien organique entre le lieu présenté sur scène et le lieu où la pièce est créée (Marx donne l'exemple d'Oedipe à Colone, dont le tombeau est censé être quelque part à proximité) c'est le rattachement à un lieu, Athènes, à sa culture et son histoire spécifique dont il s'agit. Il n'y a rien d'universel dans les tragédies grecques, il s'agit de parler aux hommes d'une culture donnée à un moment donné, avec des codes partagés. Ce qui les excluraient de la littérature, qui est déterritorialisée par essence.

- William Marx considère que la tragédie n'a rien à voir avec le tragique, construit bien plus tardivement (à partir de la toute fin du XVIIIe siècle) en Allemagne. Il soutient que c'est à partir de là que les tragédies grecques sont lues dans cette approche tragique, les liant au destin, à la fatalité en particulier.

- Il insiste sur les effets sur les spectateurs qui nous échappent maintenant, en particulier sur le corps, et explique la notion de catharsis qui a fait coulé bien de l'encre, dans une approche physiologique.

- Il insiste enfin sut l'aspect religieux des représentations, dont à son avis le plus judicieux serait de chercher actuellement l'équivalent à l'église plus que dans l'art, et surtout pas dans le théâtre contemporain.

Tous ces aspects sont bien évidemment développés et étayés, il n'est guère possible dans le cadre de ce commentaire d'en donner une idée plus précise. Les personnes intéressées devront lire le livre, qui n'est pas bien long (165 pages).

Je vais juste me permettre quelques réactions personnelles suite à cette lecture. C'est terriblement brillant, merveilleusement écrit, incontestablement stimulant. Un peu agaçant aussi, parce qu'il y a des partis pris que l'on n'est pas obligé de partager. Il y a quelques évidences : évidemment on a perdu la plus grande partie des tragédies, évidemment on a qu'une idée très approximative de la manière dont elles étaient jouées, évidemment on ne saura jamais réellement ce qu'elles représentaient pour les spectateurs qui assistaient à leurs créations. Toutes les incertitudes que William Marx pointe, avec luxe de détails, ne l'empêchent pas ensuite de lancer des affirmations, qui sont parfaitement invérifiables et aussi contestables que tout ce qui a été écrit précédemment.

Son explication de la catharsis, pourquoi pas, tout le monde peut faire des hypothèses, d'ici là penser que la sienne est définitive… J'aurais envie de dire que si c'était si simple, d'autres y auraient déjà pensé. Considérer que sans doute la majorité des tragédies avait une fin heureuse, en se basant sur le petit corpus des pièces d'Euripide « alphabétiques » donc sauvées par hasard, sans que le choix et les présupposés de sélectionneurs n'y soient pour grand-chose me semble de plus hasardeux, tant leur nombre est petit. Et (un des rares souvenirs de mes cours de statistiques en université) ne devrait même permettre de calculer des pourcentages (il faudrait au moins 60 données). Mais les pourcentages font tout de suite plus sérieux et plus scientifique sans doute.

Mais encore une fois, c'est riche et stimulant, et se poser la question de notre rapport aux oeuvres, de ce qu'est la littérature, et qu'est ce qu'on va y chercher, est essentiel.
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critiques presse (1)
LeMonde
30 mars 2012
Mais si la littérature fut "inventée" au XVIIIe siècle, qu'en était-il alors auparavant ? Le Tombeau d'Œdipe se situe dans cet amont.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Or, ce qui est vrai de la tragédie l'est aussi de la littérature en général. Aucun discours ne peut rendre compte de sa force épiphanique ou de sa forme. On ne peut parler des livres que l'on a lus : on peut dire l'émotion qu'ils donnent, les décrire et décrire leurs alentours (historiques, culturels, sociaux etc.), mais eux-mêmes restent inaccessibles. L'oeuvre de l'art le plus élevé est une machine à bloquer l'interprétation définitive - ou à multiplier les interprétations provisoires, ce qui produit le même résultat.
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En particulier, et si grande que soit la tentation, il ne faut pas chercher la vérité de la tragédie ni dans le tragique ni dans ce qui est aujourd'hui le théâtre mais ailleurs, parfois très loin : dans le nô, la psychanalyse, la messe. Autant de pratiques ou de rituels qui maintiennent ou reproduisent à leur manière des pouvoirs perdus par les arts du langage.
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Que nous fait la tragédie grecque ? Rien : elle nous est totalement étrangère. Elle devrait nous l'être. Et pourtant, contre toute attente, elle n'en continue pas moins de nous toucher et de nous transformer.
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Saisir la littérature par ce qui lui échappe totalement.
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