AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JacobBenayoune


En lisant ce livre, j'ai pensé à cette image de la Seine glacée que décrit Proust dans "Du côté de chez Swann" et qui ressemble à "une immense baleine échouée, sans défense, et qu'on allait dépecer".

"Le manifeste du Parti communiste" de Marx qui était un document subversif à son époque et qui a influencé presque deux siècles, doit être lu aujourd'hui pour deux raisons. J'utilise le verbe "devoir" parce que je crois qu'il s'agit là d'une lecture indispensable pour en finir avec toutes les idées reçues concernant Marx et le communisme.

D'abord, ce livre est un document historique qui éclaircit cette naissance de la Bourgeoisie puis du Prolétariat et partant, de la lutte des classes. Ainsi dans le premier chapitre, Marx parcourt à vol d'oiseau les différentes étapes de ces naissances ; une véritable genèse. Tout cela d'une simplicité efficace, d'une narration presque romanesque qui n'ennuie jamais le lecteur.

Ensuite, ce livre est un exemple parfait de la verve politique avec sa structure rhétorique et argumentative bien construite. Cela apparaît dans le deuxième chapitre où Marx essaie de répondre aux objections de la bourgeoisie contre les idées des communistes. Il use d'une ironie presque moqueuse qui m'a fait penser à une scène célèbre dans "La Vie est belle" de Roberto Begnini (Guido) lorsqu'il se moque de son fils qui croit qu'on faisait des boutons avec les juifs. Marx ridiculise ses adversaires bourgeois par la simplicité surprenante avec laquelle il leur répond au bonheur des prolétaires. Apprécions cet exemple :

"Vous êtes saisis d'horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais dans votre société la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C'est précisément parce qu'elle n'existe pas pour ces neuf dixièmes qu'elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut se constituer qu'à la condition de priver l'immense majorité de la société de toute propriété."

Ou encore :

"En outre, on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ôter ce qu'ils n'ont pas."

En ancien poète, Marx illustre ses explications de comparaisons. Ainsi ces bourgeois "ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu'il a évoquées". de plus, il introduit çà et là des slogans forts et faciles à apprendre pour les prolétaires comme le fameux "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" qui clôt le livre.

A part cela, on garde beaucoup de distance vis-à-vis les idées de Marx, celles qui ont bouleversé le monde et engendré tant de malheurs ou comme il l'appelle, ce "spectre [qui] hante l'Europe" et le monde en général car "la révolution communiste est la rupture la plus radicale avec les rapports de propriété traditionnels ; rien d'étonnant à ce que, dans le cours de son développement, elle rompe de la façon la plus radicale avec les vieilles idées traditionnelles."
Commenter  J’apprécie          300



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}