Très vite après avoir entamé la lecture de «
la nuit du renard » j'ai su que le bouquin allait prodigieusement me gonfler, et ce pour plusieurs raisons. Première impression qui s'est confirmée, et a empiré, au fur et à mesure de mon avancée dans le livre.
Il y a quelques années, je lisais régulièrement des thrillers mais je me suis peu à peu lassée de ce registre et maintenant j'en lis très rarement. «
La nuit du renard » est assez typique de ce qui a fini par m'ennuyer dans le roman à suspense. Je ne vais pas nier qu'on a envie de connaitre le coupable mais je trouve que cet intérêt n'est que le fruit de procédés et de facilités. Et je n'aime pas cette sensation d'être prise pour une idiote, impression dont je ne peux me défaire face à l'utilisation de recettes faciles. Paradoxalement, je n'ai pas cette impression lorsque je lis des Pocket Terreur ou des Gore alors que ces romans ont très largement recours à l'utilisation de procédés narratifs éculés. Quand je lis ces petits romans d'horreur sans prétention, j'ai plutôt l'impression que l'auteur me fait des clins d'oeil, comme s'il disait « aucun de nous n'est dupe alors amusons-nous ». Et surtout, il n'y a dans ces bouquins aucune prétention. Ils s'adressent directement au cerveau reptilien, ne prétendent rien raconter en dehors de la livraison de sensations fortes et sont justement souvent très généreux en la matière. Au contraire, «
la nuit du renard » m'a semblé très prétentieux, prétendant doubler son récit à suspense d'un plaidoyer contre la peine de mort. A priori, cela a de quoi attirer ma sympathie puisque je partage cette opinion sauf que le plaidoyer en question est naze. En gros, on a encore droit au fameux « on risque d'exécuter un innocent » et dans le combat contre la peine de mort c'est l'argument le plus nul qui soit, qui n'a aucune force. Si on est contre, on l'est pour tous, même les plus coupables (même pour Ted Bundy, même pour Jeffrey Dahmer, même pour Daniel Lee Lewis…). Souvenez-vous du film « la dernière marche » de Tim Robbins, le condamné interprété par
Sean Penn que la bonne soeur venait soutenir était un vrai coupable doublé d'un connard et pourtant on était révolté par sa condamnation à mort. Là, c'était fort, puissant. Tout le contraire de «
la nuit du renard » qui est faussement progressiste et vraiment hypocrite, comme le montre le dénouement. En effet, l'auteure
ne parvient pas à aller au bout de son propos et tue le méchant. Cette mort n'est pas le fait d'un personnage, le maniaque se suicide, du coup je trouve que sa mort est encore plus attribuable à son auteure qui ne lui a donc pas accorder la vie sauve.
Outre l'aspect pamphlétaire foireux, le roman n'est même pas généreux. le vilain est un sadique, pervers, l'auteure appâte le lecteur avec ce qui pourrait se passer et puis… rien. Quitte à jouer sur cette corde-là, autant y aller franchement et donner au lecteur des sensations fortes. A moins que le lectorat visé ne puisse pas supporter ce genre de violence outrancière et ludique. C'est vrai que «
la nuit du renard » a un côté thriller pour mamies.
Mais le propos mal défendu et le manque de générosité ne sont pas les seuls défauts du roman. Comme je l'ai dit, on a envie de savoir qui est le coupable, l'auteure usant de procédés faciles pour éveiller cette curiosité. Mais pour autant, on ne peut pas parler de suspense. le récit est d'une mollesse incommensurable et est assez mal ficelé., ce qui est peut-être le pire des défauts pour un thriller.
Higgins Clark use et abuse de grosses ficelles, de deus ex machina et j'ai trouvé pas mal d'éléments complètement cons (le tueur qui vole précisément la voiture de la femme de ménage des voisins, l'agent du FBI aveugle spécialiste de l'analyse des enregistrements audio, toute l'histoire avec la clocharde de la gare…). Quant aux personnages, ils sont inintéressants, caricaturaux à l'extrême.
Le style est d'une pauvreté abyssale. Je n'ai rien contre une écriture simple et directe, surtout dans ce registre, mais ici l'écriture est plus simpliste que simple et c'est mou, sans rythme. Dans l'espoir de créer de la tension, l'auteure a régulièrement recours à la forme interrogative, j'ai trouvé ça la plupart du temps ridicule, ça donne des phrases du genre (ce n'est pas du mot pour mot) « Sharon allait-elle s'en sortir ? », « Steve allait-il encore connaitre un drame dans sa vie ? », « un innocent allait-il être exécuté ? »… Et je ne parlerais pas des dialogues navrants.
Vous avez compris, j'ai détesté ce roman. Je n'attendais pas grand-chose de cette lecture mais vu la réputation du roman, j'espérais tout de même mieux. Un style assez pauvre et impersonnel, des personnages simplistes et une intrigue facile… bref, ce livre n'était vraiment pas pour moi. C'était mon 1er et dernier
Mary Higgins Clark.