Masuda est un petit employé de bureau sans grande envergure. Sa femme ne manque d'ailleurs pas de lui reprocher constamment son manque d'ambition quant elle ne s'adresse pas à leur fils Koji qu'elle accuse de fainéantise et qu'elle n'a de cesse d'exhorter à plus de travail. Un soir, Masuda décide pour une fois d'accompagner ses collègues à une beuverie après le travail. Mais la soirée finit par tourner mal : ivre, le groupe tente de défendre un couple agressé par un sale type. L'homme est tabassé sans ménagement et Masuda, mal à l'aise, laisse faire, jusqu'à ce que ce dernier lui blesse la jambe. Masuda réagit par un coup de pied et l'agresseur meurt, la nuque brisée. Masuda et ses collègues s'enfuient alors et tentent d'enterrer le terrible accident. Pourtant, les jours qui suivent, ceux qui étaient présents décèdent chacun à leur tour. Masuda qui craint pour sa vie et celle de sa famille tente de remonter la trace de leur agresseur et découvre que ce dernier,
Kyo-Ichi, n'est pas mort et semble diriger une sorte de secte.
Les amateurs reconnaitront dans l'auteur de ce one-shot,
MASE Motoro, celui des excellents Heads et Ikigami. Dans cette oeuvre de jeunesse, publiée début 2000 au Japon, on retrouve pourtant les qualités qui ont fait sa réputation.
Kyo-Ichi s'avère ici d'un genre tout à fait différent : l'horreur.
Le récit se fait autour de deux figures d'importance : Masuda, ce terne employé de bureau qui semble peu satisfait de sa vie entre une femme exigeante et acariâtre et son fils avec lequel il n'arrive plus à communiquer ; et
Kyo-Ichi, cet être étrange au visage difforme que rien ne réussit à tuer. Un personnage effrayant et mystérieux autour duquel gravitent de violents compagnons, tout aussi immortels et avides de vengeance. Des "amis" que
Kyo-Ichi semble recruter par téléphone interposé, à l'aide d'une chaîne de mail qui fait boule de neige et renforce les rangs de cette secte, dont les membres portent tous la marque rouge en forme d'oeil. Ces derniers menaçant de plus en plus la population, Masuda tente d'intervenir pour protéger son fils, avec qui il tente par ailleurs de renouer le dialogue avant qu'il soit trop tard.
Le manga nous plonge en pleine tradition horrifique avec ce personnage charismatique qui donne son nom au manga.
Kyo-ichi présente un aspect des plus repoussant. Son corps garde la trace des agressions physiques qu'il a reçu (nuque brisée, chairs explosées, cicatrices, etc...) mais il continue de vivre et de se mouvoir. La violence que lui et les siens subissent ou font subir est mise au premier plan et l'histoire comprend de toute évidence plusieurs scènes violentes qui raviront les amateurs.En face de lui, Masuda a le profil plus classique de celui qui va trouver rédemption et du sens à sa vie en voulant protéger ce qu'il avait négligé jusqu'à présent.
L'angoisse et la tension sont présentes tout au long de la narration et sont également palpables dans le dessin du jeune mangaka qui manque encore de la finesse qu'on retrouvera dans ses titres suivants.
Si cette histoire convainc facilement, on ne peut pourtant manquer de pointer quelques faiblesses. Condensé en un seul volume,
Kyo-Ichi aurait mérité d'être développé sur plusieurs tomes. L'intrigue semble ne pas aller au bout de ses promesses. Quelques raccourcis de scénario entame la part de crédibilité de l'histoire et les personnages mériteraient un développement encore plus dense. Enfin, l'histoire se clôture en laissant certaines zones d'ombres, au point que j'ai crû un moment que j'étais devant le premier tome d'une série.
Malgré ces quelques bémols, je vous recommande la lecture de ce petit opus malgré tout bien fichu. le côté trash et horrifique de l'histoire, des personnages à la personnalité marquée, l'ambiance noire et malsaine d'un scénario fort rythmé sont déjà la garantie d'une lecture addictive à réserver bien évidemment aux plus grands.
A noter :
L'histoire de
Kyo-Ichi se voit ici complétée par un autre récit en une cinquantaine de pagees. Limit s'avère en fait l'histoire pilote du manga Ikigami, du même auteur. Intéressant à découvrir et à comparer avec l'oeuvre en question.
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