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François Truchaud (Traducteur)
EAN : 9782265077195
254 pages
Fleuve Editions (25/09/2003)
3.74/5   114 notes
Résumé :
Chaque nuit, Karen faisait d’épouvantables cauchemars. Chaque matin, la tumeur qui déformait son cou était un peu plus grosse. Une tumeur inopérable qui laissait les médecins perplexes et qui bougeait imperceptiblement, comme s’il y avait eu quelque chose de vivant sous la peau... Une édition anniversaire pour fêter les 25 ans de la première parution de l’ouvrage où l’on découvre les deux fins imaginées par Masterton. Préface inédite de l’auteur.
Le premier r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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"Manitou", paru en 1975 aux Etats-Unis, est le roman qui lança la carrière de Graham Masterton. Pour un premier roman, c'est plutôt une réussite. Alors c'est vrai, Masterton c'est d'abord un faiseur de série B, un honnête artisan du gore biberonné à la mythologie, adepte du surnaturel qu'on pose là plutôt que des longueurs littéraires mettant en scène les ressorts psychologiques d'un Stephen King.
Mais là n'est pas vraiment la question, non ? La littérature de genre obéit à des codes mais s'y conformer ne veut pas nécessairement dire qu'on a du talent. Pour autant, s'y conformer ne veut pas dire non plus qu'on n'en a pas. C'est d'ailleurs peut-être plus difficile de réussir l'exercice du "passage obligé" avec talent quand moults auteurs vous ont précédé.

Mais je m'égare, et pour revenir sur "Manitou" je peux dire haut et fort, après en avoir lu un certain nombre aujourd'hui, qu'il est mon roman préféré de l'auteur. D'abord parce que le duo de personnages principaux, Harry Erskine (sympathique voyant de pacotille qui ne croit pas aux esprits) / Singing Rock ("homme-médecine" indien du XXème siècle) fonctionne à merveille. Ensuite parce que la mythologie (amérindienne) proposée par l'auteur est judicieusement choisie, dans le sens où elle permet une dimension réflexive entre passé et présent, entre L Histoire et l'histoire, même si cette dimension reste sommes toute minime, le but du récit étant bien sûr le divertissement. Mais ça permet quand même à l'auteur d'imaginer une menace (le maléfique sorcier indien Misqamacus) un brin plus complexe, dans ses motivations, que d'ordinaire. Et puis, enfin, Masterton étant Ecossais, il n'est pas assujetti à une potentielle culpabilité qu'aurait pu ressentir un auteur américain à utiliser un "méchant indien", car méchant, Misqamacus l'est vraiment, et il ne se gêne pas pour le dire. Il ne se gêne pas non plus pour lui opposer un indien parfaitement intégré, aux allures de businessman.

Au final, on a affaire à un roman vraiment fun. L'auteur y met en place la recette qu'il réutilisera peu ou prou à chaque roman : gore explicitement détaillé, explication surnaturelle de la menace et références à la pop culture (et puis aussi un peu de cul, même s'il n'y en a pas ici). Il parait qu'il existe deux fins différentes à l'histoire, celle de l'édition anglaise et celle de l'édition américaine. Pour ma part c'est la version anglaise que j'ai eu et franchement elle vaut le détour ^_^
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MASTERTON (Graham), Manitou, [The Manitou], traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par François Truchaud, Paris, Bragelonne – Milady, [1975, 2007] 2009, 380 p.


PAS TOTALEMENT UNE DÉCOUVERTE (PUTAIN…)


On ne peut pas lire que des bons livres, hein ? Et la chronique d'aujourd'hui portera donc sur un très mauvais livre – ce qui ne l'a certes pas empêché de très bien se vendre en son temps et même depuis, au point où il a suscité toute une carrière et plusieurs suites, et continue visiblement d'être porté au;pinacle par une horde de fans dont les arguments me dépassent totalement. Et il s'agit donc de Manitou, le premier roman du Britannique Graham Masterton.


Je l'avais depuis un bail dans ma bibliothèque de chevet : oui, le bouquin était célèbre, difficile de passer à côté sans jamais en entendre parler. Et j'ai lu, ici ou là, plein de critiques étrangement élogieuses… même si je me doutais un peu que mon propre avis risquait d'être un peu moins unilatéral. Surtout parce que j'avais en tête, vaguement, le retour plus que négatif de S.T. Joshi dans The Rise, Fall, And Rise Of The Cthulhu Mythos ? Mais je ne me souvenais de rien de plus précis – et notamment concernant le contenu censément « lovecraftien » du roman, en fait… Mais ça, j'y reviendrai plus tard. Même si, ne nous voilons pas la face, cette dimension censément « lovecraftienne » a pesé dans ma décision de lire enfin Manitou…


De toute façon, il était bien temps de lire enfin quelque chose de Masterton, hein ! de le découvrir !





Sauf qu'un aimable camarade m'a très justement fait remarquer que j'avais déjà lu un Masterton, et que j'en avais même parlé sur ce blog. Et il avait raison, le bougre… Oui, j'avais lu Démences, il y a cinq ans de cela, certes pas dans les meilleures conditions – et j'avais tout oublié de cette lecture. Sérieux. Même quand on m'a signalé ce fait, et que j'ai relu ma propre chronique, je n'en avais absolument plus aucun souvenir. Au point, en fait, de supposer avoir été la cible d'un complot. Il est parfaitement impossible que j'aie lu Démences et l'aie chroniqué, puisque je ne m'en souviens pas. C'est donc que quelqu'un d'autre a rédigé ce compte rendu, à mon insu et en se faisant passer pour moi ! Et…


Bon, d'accord.


Mais retenons-en tout de même une chose : ma chronique de Démences mentionnait que le roman louchait plus qu'un peu sur le navet, et parfois aussi (heureusement ?) sur le nanar. Même avis, globalement, concernant ce Manitou. Mais il y a pourtant une grosse différence : au sortir de Démences, tout en reconnaissant l'évidence, à savoir que ce n'était « pas bien bon », je me disais prêt à prolonger l'expérience avec d'autres bouquins de Masterton (j'ai notamment Rituel de chair dans ma bibliothèque de chevet), car il est vrai que je n'ai certes rien contre le gros bis qui tache à l'occasion. Mais, au sortir de Manitou, je suis plutôt porté à brailler :


« PLUS. JAMAIS. ÇA. »


LA GROSSE HORREUR


Contexte. Nous sommes au milieu des années 1970, et, depuis L'Exorciste, roman de William Peter Blatty (1971) et film de William Friedkin (1973), l'horreur cartonne, en littérature et au cinéma. Dans ce dernier médium, c'est « l'âge d'or » américain, d'une certaine manière, avec les premiers films des Tobe Hooper, Wes Craven, John Carpenter, etc. En littérature, c'est peut-être un peu plus compliqué ? J'ai l'impression, du moins, qu'on peut davantage faire la distinction entre d'authentiques auteurs talentueux (Stephen King perce dès 1974 avec Carrie), et quantité de faiseurs et autres tâcherons… « beaucoup moins » talentueux.


Parmi ces derniers, à l'évidence, Graham Masterton. le futur maître (?!) de l'horreur, à l'époque, faisait office de « journaliste », essentiellement pour la presse dite « pour adultes ». Il a notamment été le rédacteur en chef de l'édition britannique de Penthouse pendant des années, et gagnait alors beaucoup d'argent, mais alors beaucoup, beaucoup, semble-t-il, en pondant à la mitrailleuse des ouvrages « de conseils sexuels ». Mais, à l'époque, il a été pris de l'idée saugrenue de tenter autre chose, pour voir, mais dans une perspective pas moins commerciale, et donc de pondre cette fois un de ces romans d'horreur qui se vendaient très bien.


La « légende » dit qu'il a écrit Manitou en une semaine (et je veux bien le croire, au vu du résultat) – un roman passablement putassier d'ailleurs (même si pas du tout dans la dimension sexuelle, ce qui m'a un peu surpris), car, à tout prendre, c'est juste un mauvais remake de L'Exorciste, et qui ne se cache même pas vraiment… le manuscrit traîne quelque temps, puis Masterton, à la bourre pour un énième livre de théorie et pratique du sexe, le soumet en lieu et place à son éditeur anglais.


Qui l'accepte. le roman est publié… et rencontre bientôt un très improbable succès, notamment quand il est repris en poche par un éditeur américain (avec une fin différente, j'y reviendrai) : c'est un vrai best-seller, qui remporte encore plus de pognon que les bouquins de cul, a fortiori quand il est adapté au cinéma, dès 1977 (et pour un résultat visiblement gratiné, starring Tony Curtis…), au point de décider d'une carrière – Masterton, sans pour autant laisser totalement de côté les livres de fesses, sera dès lors connu d'abord et avant tout en tant qu'écrivain d'horreur, de cette très grosse horreur qu'on dirait parfois « mainstream » et dont il a vendu des palettes entières. Et il reviendra sans cesse à ce premier succès qu'avait été Manitou, lui suscitant des suites ; on a longtemps parlé de « trilogie Manitou », mais d'autres titres se sont ajoutés depuis : en tout, à l'heure où je vous écris, la série compte semble-t-il six romans et une nouvelle.


Et, putain, ça sera sans moi.


PLUS NAZE, TUMEUR


Pitchons la chose (indicible).


Nous sommes à New York. le roman s'ouvre sur un prologue à la troisième personne, qui voit une jeune femme du nom de Karen Tandy consulter Jack Hughes, un jeune docteur, néanmoins considéré comme le deuxième (parce qu'il est humble) spécialiste mondial des tumeurs, à propos d'une grosseur dans la nuque, et très étrange – elle semble… avoir une vie propre ? Se déplacer ? Et en tout cas elle grossit à une vitesse inouïe… Par ailleurs, un examen radiologique semble déterminer qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'une tumeur – on dirait plutôt… un foetus ! Qui se développe sur la nuque de la jeune femme, et à toute vitesse ! Il va falloir lui ôter ça… si la créature en germe le veut bien.


Puis le roman passe à la première personne, jusqu'à la fin. Notre narrateur est un certain Harry Erskine, prétendument un « voyant », en fait un charlatan de bas étage dans sa robe verte assortie d'un chapeau pointu (si !). Il escroque gentiment des vieilles dames riches qui viennent lui confier leurs frustrations comme à un curé ou à un psy… Parmi elles, la tante de Karen Tandy, laquelle lui rend elle aussi visite à la veille de son opération. Pas si cynique, Erskine ne se contente pas d'être étonné par la « tumeur », il l'est tout autant du rêve que lui narre la jeune femme, et qui ressemble énormément à celui que sa tante lui a continuellement évoqué : une côte, une île probablement, et à l'horizon un de ces vieux bateaux à voiles, un galion disons… Quand une autre des clientes du charlatan lui fait une improbable et fatale scène de possession démoniaque, Erskine, convaincu d'être mouillé jusqu'à l'os dans une bien étrange et redoutable histoire, troque volontiers sa robe verte ridicule contre les atours plus sobres d'un détective de l'étrange…


Cette mise en condition achevée, le roman peut sans doute être découpé en deux phases. Dans la première, on assiste à l'agrégation progressive d'un groupe de sous-héros, tous sans épaisseur aucune, mais bien décidés à lever le mystère sur cette affaire – et à sauver Karen Tandy, dont la tumeur croît à un rythme exponentiel : le Dr. Hughes ne peut pas la lui retirer, car cela tuerait aussitôt la jeune femme… L'association entre Erskine et Hughes est déjà globalement improbable, avec un médecin qui, tout scientifique qu'il soit, adhère bien vite au discours ésotérique du faux spirite (lequel se présente toujours, devant qui que ce soit, comme l'escroc qu'il est bel et bien, sans que cela lui nuise jamais), mais d'autres sous-héros s'y associent sans cesse, sans plus de vraisemblance ; certains très temporairement (ici une copine médium d'Erskine, là un distingué professeur d'anthropologie), d'autres de manière plus décisive, au premier chef le medicine man Singing Rock (outre Marino, un flic bourrin et con).


Parce que, à ce stade, les sous-héros ont parfaitement compris ce qu'il en est, bien sûr – et sans guère s'en étonner, au fond : la prétendue tumeur est bel et bien un foetus, celui d'un vieux sorcier indien du nom de Misquamacus, qui vivait il y a trois siècles de cela, à l'époque où les Hollandais ont débarqué dans le coin pour fonder la Nouvelle-Amsterdam. Et il veut se venger des Blancs qui ont massacré son peuple ! Même s'il a donc disparu avant l'extermination des Indiens d'Amérique du Nord, et ne semble pas comprendre, à terme, ce qu'impliquent les trois siècles de son absence, notamment concernant ce génocide… D'autant qu'il avait semble-t-il eu l'intuition de ce que les maladies propagées par ces Blancs qu'il n'avait jamais vus joueraient un rôle essentiel à cet égard, mais sans bien comprendre de quoi il s'agissait, et sans même y croire – un élément crucial de la fin originelle du roman, en grand format britannique, mais squeezé dans la fin alternative, celle de l'édition de poche américaine, depuis devenue « canonique » (cette édition chez Bragelonne – Milady, pour la première fois en France, comprend les deux fins du roman, « l'originelle » après « l'alternative/canonique », ce qui implique son lot de redites), mais cela n'empêche pas le roman « retouché » de s'étendre longuement sur ce sujet dans les chapitres précédant la bascule, et pas le moins du monde revus et corrigés : Manitou est littéralement saturé d'incohérences, c'est ici un cas très voyant, mais il y en a bien d'autres…


Mais passons, pour l'heure – car il y a donc la seconde phase du roman, qui consiste en un plus ou moins long combat contre Misquamacus jailli de la « tumeur », à l'hôpital privé où exerce Jack Hughes et où Karen Tandy a sombré dans le coma quand son opération s'est révélée impossible. La fin « originelle », pour un roman sensiblement plus court ai-je l'impression, ne s'y attarde pas outre-mesure, et donne même l'effet d'avoir été salement précipitée ; elle est aussi passablement niaise, et j'y reviendrai. La fin « alternative/canonique » est plus ample, et plus tournée vers l'action, en renforçant l'idée initiale d'un véritable combat entre manitous (au sens d'esprits), mais elle n'est pas moins idiote, hélas – et, bien sûr, il faut donc prendre en compte de très nombreuses incohérences dont l'auteur et son éditeur semblaient se foutre complètement.

« LOVECRAFT », EUH


Mais Lovecraft, alors ? Que vient-il faire dans tout cela ? Pourquoi S.T. Joshi mentionnait-il ce vilain navet de grosse horreur dans The Rise, Fall, And Rise Of The Cthulhu Mythos ? Je n'en avais plus aucun souvenir en entamant ma lecture de Manitou – d'où une certaine surprise quand j'ai lu le paragraphe en exergue du roman, mentionnant le sorcier indien Misquamacus, et signé « H.P. Lovecraft ». Ce qui ne me disait absolument rien. Et pour cause : ce passage est extrait du Rôdeur devant le seuil, une des prétendues « collaborations posthumes » Lovecraft/Derleth, en fait dues essentiellement et presque intégralement au seul August Derleth, même si ces bouquins globalement navrants ont longtemps été édités, sinon sous le seul nom de Lovecraft (mais je crois que c'est arrivé), du moins en mettant Lovecraft en avant et en minimisant « l'apport » de Derleth, jusqu'à l'absurde. Mais, à en croire S.T. Joshi, Masterton a ici eu du bol, sinon du nez : le paragraphe cité est semble-t-il bel et bien de Lovecraft, il fait partie des 1200 mots du roman que l'on peut attribuer au gentleman de Providence (contre 49 000 mots écrits par Derleth…).


En tant que tel, cela ne suffit probablement guère à conférer un caractère « lovecraftien » à Manitou. À vrai dire, rien n'y suffit – mais cela n'empêche pas Masterton de charger un peu la barque par la suite, et plus encore dans la fin « alternative/canonique », plus ample, mais aussi beaucoup plus explicite à cet égard que la fin « originelle ». L'auteur n'a pas eu le mauvais goût, en dehors de l'exergue, de citer nommément Lovecraft et son univers, livres maudits et pseudo-divinités tentaculaires – et ce dans un livre dont le mauvais goût est pourtant une caractéristique essentielle. Mais ses « allusions » sont donc malgré tout explicites, et au fond tout aussi malvenues. Masterton nous décrit les manitous auxquels fait appel Misquamacus, avec quelques mises en bouche, puis, surtout, via le medicine man Singing Rock terrorisé, il nous explique que Misquamacus compte invoquer un manitou d'un ordre supérieur, dont le nom varie selon les peuples amérindiens (avec des « C » et des « l'»), mais que l'on peut désigner de manière générale comme étant « le Grand Ancien » ; lequel est présenté, de manière guère pertinente et c'est peu dire, comme l'équivalent de Satan pour les Indiens (nouvelle incohérence marquée : Singing Rock avait commencé par dire que ce genre d'analogies ne faisait aucun sens ; il disait même que l'appui de la religion, chrétienne ou indienne, ne serait d'aucun poids face à pareille créature, et pourtant voyez la fin « alternative/canonique » du roman…). Une lecture derléthienne, oui… Car, quand ce manitou apparaît, ses traits ne laissent guère de doutes quant à son identité : c'est probablement Cthulhu lui-même, sinon une larve de son type… Cthulhu, oui, qui rôde dans les couloirs d'un hôpital comme un alien de seconde zone, et que notre charlatan Harry Erskine n'aura finalement guère de difficultés à contrer et même bannir, puisque c'est de bannir qu'il s'agit…


Disons-le : au-delà de ces quelques allusions, et de l'emprunt guère significatif du nom de Misquamacus à un fragment signé Lovecraft, tiré d'un roman en fait écrit par Derleth, Manitou n'a absolument rien d'un roman « lovecraftien » : c'est un roman d'horreur lambda, où les allusions « mythiques » éparses n'ont pas la moindre épaisseur, se contentant d'être des clins d'oeil superflus et guère pertinents.


Le vrai problème est cependant ailleurs, et c'est que Manitou n'est pas seulement un roman d'horreur lambda – c'est un très mauvais roman d'horreur lambda : mal foutu, crétin, et même vaguement puant.


MAL FOUTU, CRÉTIN ET VAGUEMENT PUANT


Commençons par ce qui saute très vite aux yeux : Manitou est incroyablement mal écrit, avec une plume de plomb qui s'égare plus que de raison, des descriptions creuses et ineptes, des dialogues aussi percutants que ceux de Plus belle la vie, et balancés avec le même naturel, sans même parler des mauvaises blagues récurrentes, qui laisseraient perplexe même un fan hardcore de Nicolas Canteloup.


La responsabilité initiale de l'auteur est manifeste – mais on avouera que la traduction de François Truchaud n'arrange probablement rien à l'affaire… le bonhomme a été un grand passeur dans l'édition d'imaginaire française, on peut et on doit sans doute lui reconnaître cela. Mais il m'a toujours fait l'effet d'un traducteur au mieux médiocre, et parfois bien pire encore. Dans le cas de Manitou (une traduction récente, d'ailleurs, puisque datant de 2007, bien après le pic d'activité du traducteur), c'est proprement catastrophique – presque un cas d'école (notes de bas de page intempestives incluses). le roman en anglais n'étai
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Je vais peut être me faire détester des personnes qui ont adoré ce roman, mais je tiens tout de même à partager mon avis sur cette lecture que je viens de terminer.

J'ai aimé le début de l'histoire où l'on découvre le personnage de Karen Tandy, une jeune femme atteinte d'une tumeur au cou qui semble bouger par moment et ne fait que grandir de jour en jour. Les médecins sont stupéfaits en constatant qu'ils n'ont jamais vu ce type de cas.
Faisant d'atroces cauchemars chaque nuit, Karen fait appel à monsieur Erskine, un homme se prétendant voyant, pour qu'il l'aide à en savoir d'avantage sur ce qu'il lui arrive. Ils vont alors devoir affronter la vengeance d'un vieux sorcier indien qui ne rêve que d'épouvantables massacres.

Plus l'histoire avançait et plus elle faisait appel au fantastique. Certaines situations m'ont parfois parues un peu saugrenues en ayant l'impression de lire un "chair de poule".
Par contre j'ai trouvé le personnage principal (Harry Erskine) attachant, par le fait qu'il n'ait rien d'un héros ordinaire. de plus, il raconte l'histoire à la première personne, ce qui à mon avis nous rapproche un peu plus de sa psychologie.
L'écriture de l'auteur était par moment maladroite, avec quelques expressions répétitives. Mais peut être que cela est dû à la traduction.
Ce premier roman de l'auteur date des années 70 et je pense que si je l'avais lu plus tôt, il ne m'aurait pas donné cette impression d'avoir mal vieilli.
Il y a par contre certains passages que j'ai aimé le fond de l'histoire est assez intéressant puisqu'il s'agit d'une vengeance des indiens envers l'homme blanc pour ce qu'ils ont subi dans le passé.

C'est un roman que je ne relierai pas mais qui me laissera cependant quelques souvenirs pour l'originalité de son histoire.
J'ai encore dans ma PAL le deuxième tome "La vengeance du Manitou", qui je l'espère, aura ce petit côté gore qui ne m'a pas déplu dans ce premier tome.
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Ce tout premier roman de Graham Masterton est paru il y a presque 50 ans maintenant et déjà on y trouvait ce qui fera son succès plus tard, c'est à dire du suspense, de la peur voire de la terreur et une vieille légende en toile de fond.
Tout commence avec une jeune fille qui vient consulter un médecin à l'hôpital car elle a une sorte de grosseur suspecte qui pousse sur sa nuque.
On fait rapidement la connaissance d'un faux voyant, qui va se retrouver mêlé à cette histoire, et nous voilà rapidement plongés dans une intrigue assez difficile à croire, car elle met en scène un vieux sorcier indien mort il y a plus de 300 ans.
J'ai beaucoup aimé ce roman d'horreur, qui nous est proposé avec deux fins, la fin originale et une fin écrite plus tard, à destination du public américain.
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On attend d'un roman horrifique qu'il propose un récit addictif et ludique générateur de sensations fortes. Et c'est bien ce que nous sert Graham Masterton avec son "Manitou".

Le récit ne brille pas par sa profondeur ni par son écriture (somme toute assez basique) mais ne manque pas d'atouts.

En premier lieu, son personnage principal est une grande réussite. Avoir choisi comme héros d'une histoire surnaturelle un voyant sans véritable pouvoir, totalement lucide sur son gagne-pain, est une idée originale et astucieuse qui apporte une touche d'humour fort appréciable. Ajoutez à cela qu'il est bien caractérisé et attachant et vous obtenez un personnage que l'on suit avec plaisir.

L'autre bonne idée de Masterton est de proposer une variation originale au thème très classique de la possession en faisant de l'esprit démoniaque un amérindien venu se venger des hommes blancs. Cela donne au récit une dimension ethnique plaisante et lui permet également d'atténuer son aspect manichéen. En effet, si on ressent pleinement la nécessité vitale de se débarrasser de Misquamacus, on comprend malgré tout ses motivations et son désir de vengeance.

Prenant, le roman de Masterton l'est assurément, grâce à une entrée dans le vif du sujet dès les premières pages et à un récit mené à un rythme trépidant. L'intrigue avance à toute vitesse, ne perd pas de temps en d'inutiles digressions. L'auteur va à l'essentiel et fait de "Manitou" un agréable moment de lecture très divertissant aux multiples péripéties. le lecteur aura droit à de nombreux passages riches en sensations, une intense séance de spiritisme, des scènes sanguinolentes de bon aloi, de la magie, des créatures tout droit sorties d'un Lovecraft... C'est peu dire que ce "Manitou" est généreux !

Il s'agissait de mon premier Masterton et il ne fait aucun doute, après ce bon moment passé en sa compagnie, que ce ne sera pas le dernier.

Challenge Petits plaisirs 43
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
À mon avis, c’était la même personne qui essayait d’entrer en contact avec les deux femmes, qui essayait de leur communiquer la peur sans nom qui l’étreignait. Je supposai qu’il s’agissait sans doute d’une femme, mais on ne peut jamais être sûr de rien avec les esprits. Ils sont censés être plus ou moins asexués, et je suppose que ce doit être plutôt difficile de vouloir faire l’amour à une délicieuse revenante avec rien de plus substantiel qu’un pénis ectoplasmique.
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Je prie le Ciel pour que personne n'ébruite cette histoire ! Si les journaux l'apprenaient ! dit-il. C'est déjà assez difficile de faire garder le silence aux spécialistes médicaux et aux chirurgiens concernés. Rendez-vous compte ! Le deuxième ou troisième spécialiste mondial des tumeurs est obligé de faire venir un Peau-Rouge des plaines du Sud Dakota, une sorte d'artiste vaudou, bariolé de peintures de guerre et agitant des os, parce qu'il n'arrête pas lui-même à traiter la tumeur ?
- Vous savez aussi bien que moi que ce n'est pas une tumeur ordinaire. Et vous ne pouvez combattre une tumeur d'origine magique avec des méthodes ordinaires. La preuve du bien-fondé de votre entreprise actuelle se trouve dans la guérison.
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Toutes les veuves d'un certain âge sont persuadées que leurs maris flottent quelque part dans l'éther et essaient frénétiquement de leur dire quelque chose d'une importance vitale, alors que leurs compagnons fantomatiques sont sans doute là-bas, au pays des esprits, en train de jouer au golf, ou pincer les fesses fantomatiques de jeunes personnes nubiles, et de profiter de quelques années de paix et de tranquillité avant que leurs épouses de jadis viennent les rejoindre!
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Vous connaissez la vieille histoire des Indiens qui ne voulaient jamais être photographiés, parce qu'ils étaient persuadés que les appareils photo leur prendraient leurs âmes. Et bien, en un sens, c'est exact. L'objectif d'une caméra, bien qu'il ne puisse en aucune façon voler le manitou d'un homme, est capable de le percevoir. C'est pour cette raison qu'il existe un si grand nombre de photographies étranges sur lesquelles des esprits - invisibles lorsque la photo avait été prise - sont mystérieusement apparus au cours du développement.
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- "L'Amérique a ceci de fascinant qu'elle a toujours été considérée comme une nation jeune et flambant neuve, exempte de toute oppression et vierge de toute faute. Mais dès le moment où l'homme blanc s'est installé ici, il s'est entaché d'une faute énorme, inhérente à sa venue en Amérique. Dans la Déclaration de l'Indépendance, il y a même une tentative pour pallier cette faute en donnant des arguments spécieux... Jefferson a bien écrit : "Ces sauvages Indiens sans pitié, dont la seule règle connue de faire la guerre est une destruction totale sans distinction d'âge, de sexe et de condition."
Depuis le tout début, l'Indien n'a jamais été considéré comme un individu doté par son Créateur de certains droits inaliénables.
Graduellement, ce sentiment de culpabilité, engendré par ce que nous avons fait aux Indiens, a érodé notre sentiment de possession et d'appartenance à notre propre pays. Mais ceci n'est pas notre pays. C'est le pays que nous avons volé aux Indiens. Nous faisons des plaisanteries sur Peter Minuit qui a acheté l'île de Manhattan pour vingt-quatre dollars. Mais, aujourd'hui, ce genre de marché serait considéré comme un vol, une escroquerie pure et simple ! Ensuite, il y a eu l'affaire de Wounted Knee et tous les autres massacres d'Indiens. Nous sommes coupables. Nous ne pouvons changer le passé, mais nous sommes toujours coupables."
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Catherine Dufour, l'autrice du Goût de l'immortalité (Prix Rosny aîné 2006, Grand Prix de l'Imaginaire 2007), d'Entends la nuit (Prix Masterton 2019) et, plus récemment, de Danse avec les lutins (Prix Imaginales 2020) nous explique en quoi l'ordre des Bene Gesserit est… une… plantade. En gros. Si, si.
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