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Critique de Masa


Masa
04 février 2015
Noël 2014, sous le sapin se trouve un paquet spécial qui m'est destiné. Ô joie ultime ! le livre tant désiré du Maître de l'horreur : l'intégrale de la trilogie Manitou. Durant le repas, mon regard se pose régulièrement sur l'artefact. Une seule envie : le dévorer.
Commençons déjà par remercier les éditions Bragelonne pour cette édition ainsi que les quelques Masterton qui figure à leur catalogue. Milady, qui fait partie de leur filiale, se doit d'être également félicité. Mais pour ce dernier, il n'y a juste que le premier Manitou qui est édité de cette série.
Manitou est une série complète de 5 romans et une nouvelle : Manitou, La vengeance du Manitou, L'ombre du Manitou, du sang pour Manitou, Peur aveugle, la nouvelle le retour du Manitou et un texte écrit par l'auteur sur les origine du Manitou : l'enfant de la nuit (Parut dans « Les escales du cauchemar).
Alors qu'est-ce que Manitou ? Non, ce n'est pas un bulldozer. La légende raconte que le Maître de l'horreur, alors inconnu, l'ait écrit en une semaine. C'est également le seul livre de sa bibliographie qui ait connu un portage au cinéma. D'ailleurs, c'est sous ce nom de film que le premier Manitou fut nommé au début (« Le faiseur d'épouvante » – titre ridicule).
La petite particularité de ce livre, elle reprend les deux fins de Manitou. Lors de sa parution en poche aux États-Unis, l'éditeur a demandé à Graham Masterton de la rendre plus hollywoodienne. Comme les anciennes version de Manitou on été traduite à partie de la version américaine, c'est la première fois que la fin originelle fut traduite dans notre langue. Merci encore à Bragelonne, un beau cadeau. Et que dire, cette fin est bien différente, mais surtout étonnante.

J'ai beaucoup aimé le premier chapitre de Manitou qui fut écrit à la troisième personne. Une entrée sobre, mais efficace qui place le lecteur dans de bonne condition pour la suite. Une force que l'on retrouve dans d'autres romans, mais en plus violent. Malheureusement, l'auteur abandonne cette narration pour la première personne, ce qui gâche le reste du récit. Preuve une fois de plus que ce type de narration est un procédé de novice. Par la suite, à quelques exceptions faites, Graham Masterton abandonnera cette narration et merci. Il ne faut pas oublier que Manitou est avant tout son premier livre édité – j'ai des doutes quant à sa chronologie, il me semble que « le Djinn » semble plus daté. Plus j'avançais dans ce récit, et plus je lui trouvais des ressemblances avec « La maison de chair ».
Ici, nous trouvons tous les éléments propre à l'auteur (hormis le sexe) : l'humour, les divinités anciennes, l'horreur. Inutile de préciser que j'ai beaucoup apprécié le passage avec le démon des forêts (l lézard-des-arbres). Comme je l'ai évoqué un peu plus haut, le roman aurait pu gagner en profondeur avec la narration à la troisième personne, mais le « je » annihile toute action – pour preuve, ladite scène qui devient moins puissante qu'elle n'aurait dû l'être. Par contre, j'ai préféré la fin originelle à la fin officielle – beaucoup trop hollywoodienne. Maintenant, place à sa suite « La vengeance du Manitou ».

Je commence donc « La vengeance du Manitou ». Exit l'écriture à la première personne – pour ma plus grande joie – pour celle de la troisième personne. J'ai regardé plusieurs fois le titre, voir même la couverture, pour me confirmer que c'est bien un Masterton que je lisais. Ben oui, j'ai eu des doutes quand même. Faut dire que l'histoire se met lentement en marche, très lentement. Au début, j'ai trouvé cela sympathique, des gamins qui font tous le même cauchemar. Mais, c'est marrant cinq minutes. Parce que le tempo semble être placé sur lenteur. En lisant un peu plus la suite et surtout une scène comme le Maître sait les écrire, je vois où l'auteur voulait nous emmener.
Il y a de bonnes choses. Pour commencer, nous avons des personnages variés et attachants. S'en suit des légendes bien détaillées sur les indiens. J'ai beaucoup aimé cela. Ce roman se place d'avantage sur l'histoire des mythes que sur les personnages comme ce fut le cas lors du précédent. Autre bonne chose, le retour des deux héros du premier Manitou. Quel plaisir de les retrouver.
Par contre, le récit prend une autre ampleur que sur la fin. Un peu dommage parce que je suis resté sur ma faim. le dénouement final semble un peu décevant, mais dans l'ensemble, j'ai bien aimé – d'avantage que le premier volet.
Me reste plus que l'ombre du Manitou, ce qui sera ma prochaine étape.

Je reste dubitatif sur ce dernier tome. L'auteur reprend ses vieilles habitudes avec cette mauvaise narration à la première personne, comme si on lui avait soufflé que le premier Manitou était mieux que le second. Je reste allergique à ce procédé. Autant je pense que c'est bien pour un récit soit proche du personnage, autant il n'est pas approprié pour l'action. Et c'est l'une des forces de l'auteur. Nous avons tous en mémoire des scènes cultes savoureusement horrifiques (« Démences », « Sang impure », « Apparition »,… et j'en passe, il a une bibliographie impressionnante le bougre).
De nombreuses années sont passés depuis la dernière confrontation avec Misquamacus. Ainsi, nous retrouvons Erskine. J'ai trouvé intéressant de voir l'évolution de ce personnage.
Quand Graham Masterton fait la morale, il ne fait pas semblant. Nous sommes dans le tribunal indiens où l'on juge les visages pâles. L'auteur nous narre les atrocités durant la conquête de l'ouest. Graham Masterton développe sa connaissance sur ces tribus et c'est très intéressant.
Mais il n'en reste pas là et développe également une atmosphère oppressante. Ce roman est un parfait récit d'épouvante tant il se dégage par son univers : celui des morts.
Il faut rappeler que ce livre fut écrit en 1992 alors que l'auteur était dans sa décennie, celle de son apogée littéraire (peut-être plus longue, mais je n'ai pas lu tous ses livres notamment ceux des années '90) : le démon des morts et Tengu (1983), le portrait du mal (1985), le miroir de Satan (1987), Rituel de chair (1988), Démences (1989), La nuit des Salamandres et Apparition (1990), L'ombre du Manitou (1991), le maître des mensonges (1992) ← pour ne citer qu'eux.
Pour en revenir au livre, il est très bon, on retrouve les éléments de l'auteur avec une grosse pincé d'humour (certains passages sont hilarants). Pour le roman, je le trouve juste un poil long, mais qu'il est bon, au final, ce Masterton.

Le présent ouvrage propose également une nouvelle intitulé « Le retour du Manitou ». Alors que le début était prometteur, j'ai trouvé la suite moins intéressante. Faut dire que de retrouver une énième confrontation entre Erskine et Misquamacus devient un peu lourd.

Pour finir, l'auteur explique les origines du Manitou dans l'enfant de la nuit. Une belle note finale à cette intégral. Par contre, je ne lirai pas de suite les deux suites, d'une part parce que je ne les ai pas encore, et ensuite parce que j'ai envie de faire une pause. Mais ils sont au programme.
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