Challenge Autour du Monde : direction le Congo (tout du moins pour la première partie du livre) avec un sujet je pense peu traité dans la littérature africaine : l'homosexualité.
Dans la première partie, se déroulant au Congo dans les années 70, le narrateur évoque ses années d'adolescence, les railleries de ses camarades, de ses frères face à ce garçon différent (différent parce que métis, sensible, androgyne), ses premières expérience homosexuelles (avec un prêtre au pensionnat, puis lors de sa scolarité chaotique à Brazzaville). Il dénonce l'hypocrisie de ces jeunes africains qui nie leur sexualité sous le poids de la tradition et de la religion.
Dans la seconde partie, arrivé en France en 1980 pour ses études, il doit faire face aux difficultés d'intégration (jusqu'alors considéré comme "blanc" en Afrique, il est le "sauvage" en France même aux yeux de sa famille maternelle).
Sa découverte des petites annonces et de la prostitution lui ouvre rapidement les yeux sur l'hypocrisie qui règne également en France. Malgré des relations facilitées dans une France laïque, rares pourtant sont ses partenaires qui assument leur orientation sexuelle.
Je reste assez perplexe par ce livre que je trouve assez inégal.
La première partie assez intéressante est malheureusement gâchée par un style ampoulé. Trop de longues phrases et de virgules par toujours bien utilisées. J'ai du relire plusieurs fois certaines phrases pour en comprendre le sens.
L'écriture de la deuxième partie est plus fluide mais le contenu m'a beaucoup moins intéressée (trop répétitif et éludant certains aspects qui auraient pu être intéressants comme la découverte par le narrateur de sa vocation de danseur).
Je ne sais à quel point ce livre est autobiographique (l'auteur est métis, danseur), mais je trouve intéressante l'idée de départ qu'un petit nom donné à la naissance vous colle à la peau tout au long de votre vie.
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Et d'ailleurs, quel courage aurait pu traverser quiconque à évoquer une telle sexualité sans être rattrapé par la censure? La loi nous l'interdisait. En l'occurrence l'église catholique. Et comme le pays était à 90% catholique, cela ne pouvait pas passer. L'Afrique de mon enfance se proclamait donc "puritaine" en évoquant le célèbre Lévitique (Chap. XX n°13) "Tu ne coucheras pas avec un mâle, comme on couche avec une femme ". Quelle interprétation fallait-il donner à celle-ci? L'amour entre personnes de même sexe était donc considéré au même titre qu'un crime contre l'humanité : Le deuxième péché. Même l'inceste, tabou le plus médiatisé, se positionnait mieux [...].
Mais j'étais également la fillette, celle qui pleure pour un rien. Dans ce collège où aucune fille n'avait le droite de cité, tout me ramenait toujours au sexe opposé et je ne comprenais pas pourquoi. Les garçons, d'après eux, ne pleurent jamais.
A peine deux minutes d'arrêt pour permettre aux voyageurs de descendre et de monter. Impensable! J'étais fou de constater que la société d'ici était conditionnée par un rythme de vie robotisé. Tout était calculé et donc rien laissé au hasard. Pas de nonchalance en tout cas.
On me scrutait, analysait ma façon de me tenir. Avais-je le couteau ou la fourchette dans la bonne main? Moi qui en Afrique avais toujours été classé du côté des "Blancs" donc des civilisés, ici j'étais un "sauvage" qui venait de débarquer.