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EAN : 9782882504098
442 pages
Noir sur blanc (15/04/2016)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Il y a deux siècles, une expédition russe mit le cap sur l’Amérique du Nord : nul ne s’était encore emparé de l’Alaska ni de l’essentiel de la côte Ouest. L’entreprise se solda par un désastre magnifique, mais elle aurait bien pu changer la face du monde.
Un petit aristocrate de la cour de Catherine la Grande incarne ce rêve d’une Amérique russe : Nikolaï Rezanov, qui fut sans doute le plus excentrique des bâtisseurs d’empire. À la tête de la Compagnie russe ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Owen Matthews a quinze ans lorsque, se rendant à Moscou en 1986, chez une tante il assiste à la représentation d'un opéra rock "Junona i Avos" : "... l'intrigue débute par l'arrivée en Californie espagnole de Nikolaï Rezanov, bel aristocrate russe et intime du tsar, à la tête des deux navires qui donne son titre à l'oeuvre ...." p 22-23
Cette première rencontre de Owen Matthews avec Nikolaï Rezanov a fait son chemin et abouti à ce livre volumineux de 400 pages qui, s'il n'a pas le romantisme de l'opéra-rock n'en est pas moins passionnant. L'auteur s'est lancé sur les traces de Nikolaï Rezanov personnage très peu connu, artisan de la création de la Compagnie Russe d'Amérique. Pour cela il s'appuie sur une abondante documentation (journaux de Rezanov et d'autres voyageurs et explorateurs, et correspondances) et mets également ses pas dans les siens.
Ce livre dense m'a permis de découvrir toute l'effervescence qui accompagnent au cours des XVIIIe et XIXe siècles la lutte pour la domination et la colonisation de terres autour du Pacifique de la part de la Russie, de l'Angleterre, de la France et de l'Espagne ; foisonnement d'échanges commerciaux et appétit de découvertes, appât du gain et désir de conquérir des terres inconnues, d'ouvrir de nouveaux marchés qui entraînent de violentes rivalités.
De plus il m'a fallu regarder la carte du monde de manière entièrement nouvelle vu d'en haut avec la Russie et l'Amérique face à face séparée par seulement 90 km et le Japon qui se trouve dans la prolongation des îles Kouriles qui apparaissent comme autant de petits pavés le reliant à la Russie. Et l'on comprend alors qu'envisager une domination de la Russie sur le Pacifique n'est pas seulement une utopie mais découle logiquement de sa position géographique privilégiée.
Des comptoirs commerciaux et des compagnies russes existaient avant que Nikolaï Rezanov ne pense à la création d'une Compagnie Russe d'Amérique mais elles n'avaient pas l'efficacité et l'organisation nécessaires pour faire face à la concurrence.
Le plus de Rezanov est qu'il a su durant des années, en sachant trouver des appuis, se faire une place à la cour en particulier dans le cercle de Zoubov, le jeune et dernier favori de l'impératrice Catherine, qui "attirait aventuriers, crapules et opportunistes." p 112
Rezanov ne cherche pas à s'enrichir. " Rezanov raisonnait à plus long terme. Il se servait de cette période au service de Zoubov pour étudier de près les mécanismes du pouvoir et les divers moyens --- flatterie , lobbying ou corruption --- par lesquels obtenir de l'avancement. p 114

C'est cette connaissance des intrigues de la cour et son habileté à les utiliser qu'il va mettre au service d'un marchand venu y demander soutien, Grigori Chelikov.
Rezanov, chargé par Zoukov de vérifier si les accords passés avec le marchand sont bien respectés se rend à Irkoutsk terminus des routes russes. Et là il réalise que l'avenir est dans le commerce maritime, et non terrestre. "Si les Hollandais pouvaient commercer avec le Japon à Nagasaki et les Anglais avec la Chine à Canton, pourquoi la Russie, plus important empire d'Asie, ne pourrait-elle pas elle aussi profiter des échanges transpacifiques -- ou même les dominer, d'ailleurs ?" p 134-135
L'aide financière et les connaissances du marchand de fourrures Chelikhov auquel il se liera en épousant la plus jeune de ses filles, Anna, lui permettra de faire aboutir ses efforts et son projet qui ne se concrétisera pourtant, après bien des contre-temps, que sous le règne du Tsar Paul Ier, lors de la signature le 4 juillet 1799 de la Charte créant la nouvelle Compagnie Russe d'Amérique "sous la protection spéciale de Sa Majesté".
Les périples maritimes de Nikolaï Rezanov débutent sous le règne d'Alexandre Ier qui décide d'envoyer une ambassade autour du monde et nomme Rezanov comme ambassadeur.
"Au petit matin du 26 juillet 1803, le hiéromoine Gidéon vint chanter un Te Deum sur le gaillard d'arrière de la "Nadejda" avant de rejoindre ses quartiers sur la "Neva". A huit heures après minuit, sous une brise fraîche soufflant à douze verstes à l'heure, les deux vaisseaux quittèrent doucement l'abri de l'île fortifiée de Krondstadt, à l'embouchure de la Neva pour gagner la pleine mer. Derrière eux, la flèche dorée de la forteresse Pierre et Paul continuait de luire au soleil telle une aiguille de feu, même après que la capitale eut disparu dans la fine brume matinale. Nikolaï Rezanov ne reverrait jamais sa ville natale." p185
Mais à bord de la Nadejda ses talents de courtisan ne seront d'aucun secours à Nikolaï Rezanov qui va se heurter à un équipage hostile et à une lutte de pouvoir avec Krusenstern qui avait eu l'idée de monter cette circumnavigation et n'acceptait pas sa nomination par le tsar. Tout le voyage sera pourri par leur animosité réciproque et le rejet que fera naître le caractère belliqueux de Rezanov.
La rencontre de nombre de personnages aventuriers violents et grands buveurs, marchands entreprenants et audacieux mais aussi explorateurs qui rendent compte de la flore, de la faune et des coutumes des natifs des pays abordés m'ont particulièrement intéressée parfois plus que le destin tragique de Rezanov qui après bien des déceptions et des souffrances ne réussira finalement pas à établir durablement la suprématie russe sur la Californie et le Pacifique.

Merci aux Éditions Noir sur Blanc et à l'opération masse critique de Babelio qui m'ont permis de découvrir cette passionnante aventure dont je ne connaissais pas l'existence.
J'ajoute que toutes les illustrations qui accompagnent ce livre agrémentent et permettent de mieux l'apprécier ainsi que ceux qui y ont participé.



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En 1867, le tsar Alexandre II vend aux États-Unis du président Andrew Johnson un immense territoire correspondant à l'actuel état de l'Alaska. Ainsi prend fin la tentative de colonisation russe en Amérique du Nord entamée un siècle plus tôt, à la suite des explorations de Vitus Béring dans ces régions sauvages et reculées.

L'idée d'expéditions et de colonies russes dans les actuels état d'Oregon, de Californie, ou même à Hawaï, peut aujourd'hui paraître farfelue, tant ce chapitre de l'histoire est tombé dans l'oubli. le nombre de livres en français abordant la question est famélique. Par mes lectures sur la Sibérie, j'avais déjà eu vent de l'Amérique russe mais sans jamais avoir eu l'occasion d'approfondir le sujet. Je remercie donc Babelio et les éditions Noir sur Blanc de m'avoir permis dans le cadre de Masse Critique de lire cet ouvrage centré sur l'une des figures principales de cette étonnante aventure : Nikolaï Rezanov.

La vie et l'oeuvre de cet aristocrate et homme politique né en 1764 peut être grossièrement découpée en trois grandes parties. La première période est ce que l'on pourrait qualifier d'années d'apprentissage, à la Cour de Saint-Pétersbourg et dans l'administration impériale, jusqu'à sa nomination à la tête de la Compagnie russe d'Amérique. La deuxième période correspond au tour du monde, le premier effectué par des Russes, à bord de la "Nadejda" : au Brésil, en Polynésie, à Hawaï, et enfin au Japon où l'ambassadeur Rezanov, chargé d'y nouer des relations commerciales, se heurte à l'immobilisme de la dynastie des Tokugawa. La troisième et dernière étape, enfin, l'amène à se préoccuper plus précisément du développement des colonies d'Amérique alors à l'état embryonnaire, le poussant jusqu'en Californie, possession espagnole du bout du monde n'abritant que quelques centaines d'âmes.

Le journaliste anglais Owen Matthews nous livre une étude sérieuse sur les événements méconnus de cette période, jusqu'à la mort de Rezanov en 1807. le récit peine un peu à démarrer, l'auteur prenant le temps de revenir en détail sur des aspects indirectement liés à l'Amérique russe, tels que la conquête de la Sibérie par les cosaques ou le fonctionnement de la Cour de Catherine II. Si je ne pense pas avoir appris grand-chose dans ces premiers chapitres, ceux-ci sont néanmoins nécessaires, ne serait-ce qu'afin de planter le décor pour les lecteurs connaissant peu l'histoire de la Russie. En revanche la suite, à partir du départ de Rezanov de Saint-Pétersbourg, est passionnante. Tout au long de sa lecture, l'amateur d'uchronie ne pourra s'empêcher de se demander le tour qu'aurait pu prendre l'histoire si... et si... Car cette colonisation russe de l'Amérique s'apparente à une suite ininterrompue de rendez-vous manqués. Par d'incroyables malchances, d'inexcusables maladresses ou de terribles incompétences, les projets grandioses de Rezanov ne se concrétiseront jamais : il meurt prématurément, à l'âge de quarante-deux ans, sans avoir pu aller jusqu'au bout de son "rêve d'une Amérique russe". On ne verra jamais l'empire des tsars s'étendre sur tout le Pacifique, ou San Francisco et Los Angeles devenir des soeurs de Saint-Pétersbourg et de Moscou... Mais quelle formidable aventure malgré tout !

Au chapitre des regrets, il est dommage que l'histoire de Fort Ross, le plus méridional des établissements russes en Amérique (tout près de San Francisco), ou l'éphémère tentative de colonisation d'Hawaï, autant d'épisodes de toute évidence passionnants, ne soient qu'évoqués dans l'épilogue... Mais le livre étant centré sur le personnage de Rezanov, il n'a pas la prétention d'aborder tous les aspects de l'Amérique russe. Il s'agit dans tous les cas d'une très bonne porte d'accès à un sujet historique aussi méconnu que fascinant.
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C'est dans le cadre de l'opération Masse Critique que j'ai reçu Nicolaï Rezanov : le rêve d'une Amérique russe. Je tiens donc à remercier chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Noir sur Blanc. Pour ceux qui ne connaissent pas cette maison d'édition, Noir sur Blanc est synonyme de qualité : Mariusz Wilk, John Vaillant, Samouraï William de Gilles Milton, Sur les traces du prêtre Jean de Nicholas Jubber et bien d'autres pépites composent leur catalogue.

Beaucoup de gens l'ignorent mais l'Alaska avant de faire partie intégrante des Etats-Unis a appartenu à la Russie. Ce n'est qu'en 1867 que le tsar Alexandre II vend cet immense territoire aux jeunes Etats-Unis d'Amérique contre la somme de sept millions deux cent mille dollars. Un homme symbolise ce rêve fou d'Amérique russe : Nikolaï Rezanov. Owen Matthews s'attache donc à nous restituer, de manière exhaustive et fidèle, ce pan de l'histoire russe (des balbutiements à la cession du territoire) à travers le portrait d'un homme.

On suit le destin de Rezanov, ancien officier et ancien juge, qui devient un homme de cour habile et précieux et se retrouve à Saint-Pétersbourg à travailler pour le puissant prince Zoubov, amant influent de l'impératrice. Très vite, le jeune Rezanov se trouve dans le sillage de Chelikhov, le plus riche des marchands de fourrures sibériens, qui souhaite installer des colonies russes en Amérique afin de développer son commerce. C'est comme cela que germe dans son esprit une idée qui ne le quittera plus : "dans sa vision, la société serait rebaptisée Compagnie Russe d'Amérique et elle aurait pour mission d'amener toute l'Amérique pacifique, de l'Alaska à la Californie, sous la couronne russe", s'inspirant de la Compagnie Britannique des Indes orientales. Mais son projet est colossal et il doit faire preuve d'ingéniosité pour convaincre trois monarques successifs de l'utilité de son entreprise. Les contre-temps sont nombreux comme cette mission diplomatique au Japon, qui se solde par un échec ou encore son union avec la belle Conchita Arguello (qui va de pair avec ses rêves de s'emparer de la Californie aux mains des Espagnols), qui ne verra jamais le jour car Rezanov meurt avant.
Cet homme excentrique, fin diplomate, détesté et jalousé, à la recherche de son passé glorieux s'est également révélé patriote, romantique mais surtout un grand visionnaire. L'histoire lui a donné raison "tant sur la promesse fantastique que renfermaient les terres de Californie et du Nord-Ouest pacifique que sur l'incapacité de son pays à se montrer à la hauteur du défi que représentaient le Nouveau Monde".

Ce livre est passionnant, on y apprend l'anecdote incroyable que la Juno de Rezanov se trouvait à moins de dix kilomètres de l'expédition de Lewis et Clark (p.321) ou encore l'origine de l'île d'Alcatraz (p.332 pour les curieux).
Un vrai coup de coeur !
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Un périple aller-retour pour la Sibérie impliquait une absence d'au moins une année passée pour l'essentiel sur les routes.
...la petite expédition de Rezanov roula à vive allure sur la voie impériale en terre battue qui menait de Saint-Pétersbourg à Moscou, laquelle était réservée au trafic gouvernemental et aux personnages de qualité porteurs d'un passeport spécial. Les sujets moins prestigieux avançaient laborieusement dans les ornières des bas-côtés avec leur charrettes traînées par de vieux canassons. Parvenus à Moscou, ils se joignirent au flot d'hommes et de caravanes marchandes qui empruntait le "Trakt", la grand-route reliant la Russie européenne à la Sibérie -- pas vraiment une route au sens moderne du terme, mais plutôt une large bande de pistes sablonneuses qui sillonnaient l'étendue plate de terres agricoles et de pâturages, parsemée de grappes d'isbas blotties autour des clochers trapus des églises.
Certes, Rezanov avait un peu bourlingué à l'occasion des manœuvres du régiment Izmaïlovski, mais, c'est là, sur le "Trakt" qui traversait les villes de la Volga, telles Nijni Novgorod ou Kazan, avant de se perdre dans les solitudes désertes de la steppe, que s'évanouissaient l'effervescence, le va-et-vient incessant de la Russie proprement dite, et qu'il toucha du doigt pour la première fois l'immensité réelle de son pays. Même de nos jours, sans la poussière , sans les lits infestés de punaises, les fesses endolories par les heures à cheval, les bandits de grand chemin, la puanteur du crottin et celle des corps crasseux ou encore les nuages de taons, traverser la Sibérie par la route a quelque chose d'hypnotique : la monotonie du paysage vous engourdit au point de vous plonger dans un état quasi métaphysique qui permet de mesurer pleinement sa propre insignifiance. Vous n'êtes plus qu'un simple point qui progresse à la vitesse de l'escargot sur la surface d'une terre sans limites, au décor presqu'immuable. P 118
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La mort de Rezanov s’est produite au pire moment pour la réalisation de son grand dessein. Moins d’un an après sa disparition, l’empire espagnol était décapité par Napoléon, qui occupa Madrid avant de destituer le roi Charles IV. La Russie aurait dû profiter des convulsions de l’année 1808 pour fondre sur les colonies espagnoles, à présent dépourvues de chef. Mais à cette période-là, l’attention du tsar était trop absorbée par la négociation d’un traité de paix avec Napoléon pour qu’il s’intéresse au destin des territoires espagnols d’outre-mer soudain orphelins, et il n’y avait nul Rezanov dans son entourage pour le convaincre de monter une opération audacieuse afin de s’emparer des possessions californiennes de l’empire en difficulté. p 378
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Une petite chienne achetée à Copenhague par Romberg était devenue amie avec le chat d’un marin, et les deux compagnons divertissaient beaucoup l’équipage de la Nadejda. « Leurs jeux sont si hilarants qu’il nous arrive souvent de former un cercle autour d’eux et de simplement nous amuser de ce spectacle 22. » Or, la petite chienne eut ses chaleurs pendant que l’expédition faisait du surplace au beau milieu de l’Atlantique et elle se mit à gémir ou à japper sans arrêt. Krusenstern ordonna qu’elle soit jetée par-dessus bord, à la grande tristesse de Romberg – et de son copain le chat, « qui ne cesse de chercher le petit chien dans toutes les cabines et les recoins du vaisseau […] appelant sa camarade de jeu par des miaulements déchirants. ». Rendu fou par la chaleur et l’immobilité, l’un des porcs du bateau s’échappa de son enclos et sauta à son tour dans l’océan. Mais, contrairement au chien, il se montra si bon nageur que Krusenstern ordonna de passer tous les cochons par-dessus bord pour leur offrir un bon lavage. Les cris perçants et les défécations des bêtes terrifiées que l’on plongeait puis ressortait de l’eau étaient une épreuve supplémentaire pour les nerfs tendus des passagers les plus fragiles. Les poules eurent moins de chance : Langsdorff remarqua qu’entre la température écrasante et le sel qui se mêlait à la poussière s’élevant du pont desséché, toutes étaient devenues aveugles. p 196
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"Plus d'un million de phoques avaient été abattus avant mon arrivée", rapporta un Rezanov choqué au siège de la Compagnie. "Et encore, on m'a dit qu'il y en avait dix fois plus avant. Ces îles pourraient constituer une source de richesse inépuisable si les Bostoniens n'étaient pas en concurrence avec nous sur le marché chinois."
Autrefois si abondante dans les îles Pribilof que l'on en prenait trois mille peaux en une seule saison, la loutre de mer avait déjà disparu de ces eaux. La rhytine de Steller, qui constituait jadis l'un des mets favoris des marins et des colons, avait elle aussi été chassée jusqu'à l'extinction de l'espèce, vingt-cinq ans seulement après sa découverte — le dernier spécimen connu fut capturé en 1768. C'est le vieux paradoxe qui avait marqué dès le départ l'expansion orientale de l'empire russe : cette quête incessante des animaux à fourrure, dont la population décroissante obligeait à pousser toujours plus loin.
"Dans la quête du profit immédiat, les Russes déciment tout ce qu'ils trouvent, jeune ou vieux", nota Langsdorff. "Ils ne se rendent d'ailleurs pas compte qu'en procédant ainsi, ils ne tarderont pas à se priver inéluctablement de leur fonds de commerce."
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De même que ses officiers, l'équipage de la "Juno" était enchanté par la Californie. Un peu trop, d'ailleurs. Trois jours après avoir jeté l'ancre, cinq hommes de D'Wolf— quatre Bostoniens et un Prussien, qui s'étaient engagés au service de la Compagnie l'automne précédent à la Nouvelle-Archangel — demandèrent la permission de rester à San Francisco. Plusieurs Russes semblaient brûler de les rejoindre. Il était évident que si Rezanov les laissait partir, il n'aurait plus de marins pour le retour à Sitka.
Don Luis, qui ne tenait pas tellement à voir des Yankees protestants se promener dans sa colonie, offrit un détachement de soldats pour monter la garde devant la "Juno" et empêcher toute désertion. Une cour martiale fut improvisée sur le gaillard d'arrière de la "Juno". Elle condamna les cinq hommes pour complot de désertion et ordonna qu'ils soient enfermés dans un petit fortin planté sur une île inhabitée de la baie que les Espagnols avaient baptisée La Isla de los Alcatraces — l'île des pélicans. C'est ainsi que les cinq de la "Juno" devinrent les premiers prisonniers d'Alcatraz.
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