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Suzanne Nétillard (Traducteur)
EAN : 9782070722754
378 pages
Gallimard (23/04/1991)
4.12/5   88 notes
Résumé :


En septembre 1973, Peter Matthiessen part pour le Dolpo, une région du Népal située à la frontière du Tibet, avec le zoologiste George Schaller qui veut observer des léopards des neiges. Pokhara sera le " dernier bastion du monde moderne. En un jour de marche, nous avons parcouru des siècles ".

Dans ce journal de route, il apparaît très vite que Matthiessen vit cette expédition comme une aventure plus spirituelle que véritablement sci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Longtemps différée, la lecture émerveillée du Léopard des neiges de Peter Matthiessen est enfin devenue chose effective ; l'enthousiasme lapidaire de Nadjalou dans l'Agora des livres a été un des déclencheurs. Grâce soit rendue ! le livre en est empli. L'auteur effectue un trek sur le plateau tibétain, dans le Dolpo intérieur, en 1973. Il a 46 ans. Ses quatre enfants sont en Amérique et sa femme est décédée d'un cancer. L'expédition au Tibet, entrecoupée de digressions et de retours en arrière, est tellement prenante, la hauteur de vue si saisissante, qu'il vaut mieux laisser le livre reposer après la lecture d'une seule page ou encore d'une simple phrase. On n'avance plus dans la longueur du récit mais dans sa profondeur. Il y a aussi la crainte d'en avoir fini trop tôt avec un chef-d'oeuvre. Jamais un écrivain ne m'aura parlé avec autant de sincérité, de force, des sensations et des sentiments que j'ai moi-même connus et enfouis : les chuchotements de mort, la peur du vide domptée, la force de l'illumination, l'intuition d'une conscience supérieure, le tout en un, les pleurs versés face à la beauté d'un paysage, la vacuité des entreprises humaines, l'inaudible, l'inexprimable… On vit au pas du voyageur. On reste suspendu à son souffle. Rien n'a vieilli. Tout est actuel, vivant, intemporel. La raison du voyage reste floue : « …mais moi, qu'espérais-je trouver au cours de cette expédition ? Gêné, je haussai les épaules. Dire que je m'intéressais aux bharals, aux léopards des neiges ou même aux lamaseries reculées n'était pas répondre…, bien que tout cela fût vrai ; parler de pèlerinage semblait prétentieux et vague et cependant, en un sens, c'était également vrai… je voulais pénétrer les secrets des montagnes… (p. 145-146) On sent que ce livre est une somme, ne serait-ce que par les mises en exergue de Rilke, Hesse, Ovide, Basho… qui ouvrent les quatre chapitres intitulés : « Vers l'ouest » ; « Vers le nord » ; « La Montagne de Cristal » ; « Retour ». le regard humaniste de Peter Matthiessen est aussi visionnaire, poétique, mystique, sans aucun dogmatisme. Parfois, un haïku (qui ne dit pas son nom) se trouve serti dans le texte : « Soleil sur les ailes des libellules, au-dessus d'une prairie encore dans l'ombre… (p. 42). On apprend beaucoup. On ne peut jamais s'ennuyer. Ce livre est une mine intarissable. On en sort transformé, densifié et aérien : « Ne pèse rien, dit Soen Roshi. Sois léger, léger, léger… lumineux ! »… Où était la réalité ? Dans la veille ou dans le rêve ? le dernier idéogramme japonais écrit et le dernier mot prononcé dans cette vie par le vénérable maître de Soen Roshi voulait dire : « Rêve ». (p. 199)
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Un livre remarquable, d'une densité exceptionnelle, qui, à travers la quête de "l'inaccessible étoile", ce léopard des neiges, invisible voyeur, aborde différents thèmes tels que le questionnement philosophique sur le sens de la vie, des vies, le bouddhisme, l'appréhension de la mort, qu'on la côtoie dans le danger ou dans un lit d'hôpital pour la dernière extrémité, et, bien sûr, la nature et la montagne, omniprésentes.

Peter Matthiessen et George Schaller partent au nord-ouest du Népal à la découverte d'une nature sauvage, tantôt hostile, tantôt débonnaire, pour tenter d'observer différents animaux et surtout le mythique léopard des neiges. le récit de leur expédition par Peter Matthiessen revêt une dimension humaine très profonde car l'auteur analyse toutes les journées, les rencontres, les événements, les nuits étoilées ou noires, comme son âme qui passe par des alternances de paix et de trouble tant il est attentif au vécu de chaque instant.

D'abord, la montagne avec des descriptions variées et précises des sommets, de leurs couleurs suivant le temps, l'ensoleillement ou l'ombre, des animaux et oiseaux si nombreux, avec un souci du détail qui pourrait lasser ou donner envie d'aller encore plus loin avec ces deux hommes et leurs compagnons. L'eau, la neige, la glace, le vent jouent un rôle de premier plan dans la symbolique de Matthiessen et il fait sans cesse partager au lecteur son ressenti de tous leurs changements.

C'est aussi un livre de relations humaines qui, le plus souvent, passent par l'expression des visages du fait de l'absence de connaissance réciproque des langues. Matthiessen se trompe souvent sur les non dits de ces visages et il en fait son mea culpa à chaque fois.

Je retiens surtout sa relation avec le sherpa Tutken qu'il a soupçonné tout au long du voyage, craignant d'être trompé ou pire volé par lui, jusqu'aux dernières pages dans lesquelles il livre avec émotion la découverte qu'il a faite de la valeur de cet homme à la fidélité duquel il rend un hommage émouvant.

Des retours sur le vécu de l'auteur, sa famille, ses enfants, l'agonie de son épouse et leurs interrogations sur la pérennité de leur amour. Ces digressions n'entament pas l'intérêt du récit mais viennent à propos éclairer sur l'humanité de l'auteur, ses doutes, ses interrogations.

Ils n'auront pas vu le léopard, peut-être entr'aperçu une fois et encore sans certitude, et Matthiessen conclut que c'est bien ainsi, car lui les a vus, il a été dans leurs têtes et dans leurs coeurs, Moby Dick invisible pour ces deux Achab qui ne lui voulaient aucun mal.
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Peter Matthiessen dans un autre de ses voyages épiques - épique dans la mesure où il écrit à leur sujet bien mieux que quiconque a entrepris des voyages ou entreprend des voyages comme le sien. Bien qu'il écrive également de bons romans, il a fait du rafting sur l'Amazonie, s'est aventuré en Nouvelle-Guinée, a traversé une grande partie de l'Afrique de l'Est en camion souk et Land Rover, a chassé des requins au large des côtes australiennes et a rendu visite aux Esquimaux.
Dans ce livre, il a marché pendant cinq semaines dans l'Annapurna, du Dhorpatan au Dzong, par le col de Jang La, entre les rivières Seng et Bheri, jusqu'à Ring-mo, et par le col de Kang La, vers Crystal Mountain dans "le Pays du Dolpo », avant le déferlement de l'hiver qui approche. Son compagnon était George Schaller, observateur remarquable des faits - probablement l'un des plus entreprenants de tous les biologistes de la faune.
Habituellement, les compagnons de M. Matthiessen étaient une collection débraillée de mercenaires minables et de riches playboys machos qui payaient la facture. Alors - avec son ami et avec les sherpas - il y a pour lui une légèreté dans cette marche. Ils commencent par traverser l'Himalaya du sud au nord; puis, du nord au sud,jusqu'à 5 700 mètres. C'est le pays des saints et des bandits - où des prophètes mythiques chevauchant des léopards des neiges volants ont jadis combattu les redoutables dieux de la montagne, assistés de hordes de serpents. C'est une terre d'« enterrements aériens », où même les os d'un mort que les oiseaux charognards ont laissés sont pulvérisés et mélangés à de la pâte, de sorte qu'eux aussi serviront à faire de la chair d'oiseau. Des griffons et des aigles royaux fondent sur M. Matthiessen alors qu'il est assis en train de méditer sur le flanc de la montagne, le prenant pour un tel cadavre.
Sur chaque sentier, il y a des cairns de prière et des autels. Des moulins à prières tournent dans les torrents ; les drapeaux de prières claquent et les moulins à prières tournent au vent. La bouse de yak alimente les feux de la lamaserie et le beurre de yak les lampes. Se penchant comme un chercheur de fumier inoffensif, M. Matthiessen traque les moutons en rut. Son sherpa préféré, Tukten, fait un cri de yéti pour lui et dit qu'il resterait plus de yétis si les villageois n'en avaient pas tué beaucoup avec de l'orge empoisonnée il y a des années. M. Matthiessen voit ce qu'il soupçonne d'en être un, néanmoins. le soleil rugit, remplissant jusqu'à éclater chaque cristal de neige. « Nul n'apprendra à vivre qui n'aura appris à mourir », cite-t-il, pour s'encourager le long des corniches vertigineuses. Légèreté du pas et éclat de la lumière - bien que le Bouddha ait un jour crié de pitié pour un yogi impudique qui avait gâché 20 ans de sa vie à apprendre à marcher sur l'eau, alors que pour une petite pièce de monnaie le passeur l'aurait fait traverser.
Maintenant, bien sûr, ce n'est pas la fantaisie trop facile d'un passionné religieux qui a accompli les cascades d'images qui se précipitent parfois sur 20 pages d'un coup. Au contraire, 20 ans d'expérience dans la prise de notes sur le sentier, l'étude des oiseaux et la lecture anthropologique sont à l'oeuvre ici. Pourtant, les moutons bleus, les gentils léopards, les loups, les yacks, les renards, les poneys et les mastiffs de village «exaltés», «berserk» qui menacent de le déchirer membre par membre sont plus exacts et plus vivants que l'histoire naturelle de tout cela. Et la plupart d'entre nous savent, vraiment, que dans leur légèreté, les meilleurs des saints hommes des grandes religions mondiales ont probablement raison, même si nous ne choisissons pas d'investir suffisamment de notre temps pour nous préparer à l'illumination de ce type. Ainsi, les hymnes et les sutras de M. Matthiessen, ses amulettes de prune et ses "oms", ne sont pas sans justification, en particulier dans cet immense ciel où les séquences les plus impressionnantes de falaises et de pics, de neige et de glace se juxtaposent les unes sur les autres. Des larmes chaudes gèlent sur son visage aussi facilement qu'il crie avec un rire inattendu. Il a une démarche ludique, lorsqu'il ne rampe pas en semi-paralysie le long du bord d'un dénivelé. « Jusqu'au paradis, c'est le paradis », dit-il.
Comme d'autres chroniqueurs, il était à la merci de son humeur et de ses notes originales dans la préparation de son livre; et ainsi, les jours effrayants, les premières étapes plus lentes du voyage, et les intermèdes effrayants et lunatiques quand il a été assailli par la dépression du voyageur, se télescopent avec un catalogue décontracté, nostalgique mais troublant de ses voyages passés - en Ombrie, Paris, Galway, ainsi que d'autres plus pertinent dans les régions "primitives". Aussi un pêle-mêle de références anthropologiques aux coutumes africaines, andines, indiennes du Canada.
M. Matthiessen est sous-estimé, voire peu connu en tant qu'écrivain . Peut-être est-ce du en partie au fait qu'il était aussi un mondain, et il y a une longue tradition d'écrivains mondains--F. Scott Fitzgerald et Truman Capote sont d'autres exemples - qui, dans le scintillement de la futilité, sous-estiment l'importance de leur travail.
Dans ce livre nous rencontrons la même paix que lui parmi ces villages médiévaux - Murwa, Shey, Rohagaon, Tarakot. À une journée de marche se trouve une nouvelle tribu, peut-être une atmosphère totalement différente. Mais ce qui rend la recherche plus intéressante, c'est que son objectif s'est déplacé de la naissance à la mort et à la transfiguration.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Je conseille volontiers 'Le Léopard des neiges' à ceux qui aiment les récits de voyage qui impressionnent, l'aventure dans l'Himalaya, ses contraintes et ses risques, la beauté non sans douleur de ce type d'expédition comme on n'en fait plus beaucoup aujourd'hui...

Le 'Léopard des neiges' de Peter Matthiessen est le récit de son expédition durant trois mois dans l'Himalaya. Il accompagne le zoologiste George Schaller, l'initiateur et "patron" du voyage. Ils vont parcourir depuis le Népal dans la région du Dolpo, jusqu'à Shey au Tibet, des régions perdues, franchir des hautes chaînes de montagne comme le Kanjiroba ou le Dhaulagiri, traverser des petits villages retranchés en altitude.

Matthiessen est donc l'invité de Schaller, venu étudier les bharals, sorte de mouflons entre l'ovin et le caprin et, sans trop y croire, rencontrer le légendaire et rarissime léopard des neiges.

Chacun des deux mène sa vie, accompagnés des sherpas et guides qui parfois agacent, tantôt chaleureux, confiants et admirables, tantôt semblant prêts à tout abandonner, et pour continuer, réclament quelques roupies de plus. Une amitié est née avec ces hommes si précieux dans l'expédition que la vie de tous dépend d'eux, qui doivent porter les lourdes charges, guider le groupe sur des chemins escarpés et dangereux jusqu'à 6 000 mètres d'altitude où l'air est rare et glacial, les paysages époustouflants.

Matthiessen ne parle pas beaucoup de Schaller sauf pour se plaindre parfois de ses exigences, de son comportement glacial et renfermé mais aussitôt dit, il se ravise et comprend qu'il s'agit de respect d'un homme discret pour l'intimité des autres. Leur but est différent. Schaller est un zoologiste en mission ; Matthiessen est quant à lui dans une quête spirituelle bien que non définie comme telle, après la mort de sa femme, et à la recherche de l'"éveil", malgré les recommandations de son maître Zen Sohen Roshi qui l'a averti : « n'attends rien » (de ce voyage).

Matthiessen est bouddhiste, tout comme les sherpas qui accompagnent l'expédition. Chaque jour, il nous confie ses impressions quotidiennes, décrit les étapes qui sont enfin franchies, les camps de base sommaires, les paysages dans la neige imprégnés de yin-yang, les pics vierges scintillant dans la lumière, la glace et le ciel bleu lavande, les chants des populations locales (tels les Ring-mos), les ravins vertigineux et les cols où les passages à quatre pattes, agrippé aux parois ! Sur chaque rocher, on entend le 'Om mani padme hum', mantra bouddhiste en écho des moulins à prières, les drapeaux qui claquent au vent et dispersent les prières à chaque passage de col, ou encore écrits sur un stupa… Il nous explique en action, dans ce livre, la philosophie des bouddhistes tibétains, lui le bouddhiste zen, la signification des fresques, des décorations, des croyances, des symboles, des mots.

Ce récit de voyage est une véritable bouffée d'air bien frais, c'est le cas de le dire, paisible et enchanteresse malgré le danger, qui fait frémir la petite fibre spirituelle, que nous avons tapie au fond de nous ! Immergée dans la philosophie bouddhiste-en-acte, j'ai vraiment aimé, c'était pour moi une méditation et la découverte de paysages splendides et impressionnants.
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J'ai beaucoup entendu causer (est été un peu saouler) du dernier livre de Sylvain Tesson sur les traces du Léopard des neiges. Grâce à ma compagne, j'ai pu découvrir et lire ce livre qui a inspiré Tesson. Quelle prouesse littéraire ! La lecture est fluide, certains passages descriptifs sont magnifiques. Je me suis senti transporté par ce trek à travers le Tibet. Peter Matthiessen a un don pour raconter, avec beaucoup de détails, peut-être trop parfois au point de ressentir ici et là quelques longueurs. J'ai également été quelques fois surpris du manque de compassion de l'auteur envers les sherpas. Néanmoins, la magie opère du début jusqu'à la fin. Ce fut une belle découverte.

[Livre acheté en librairie indépendante]
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Citations et extraits (216) Voir plus Ajouter une citation
Dans la limpidité de l'air himalayen, les montagnes se rapprochent, et cette splendeur me tire des larmes paisibles qui rafraichissent mes joues brûlées. Ce n'est pas de la sensiblerie, et l'altitude ne me rend pas gâteux. Mes idées se sont décantées au cours de ces semaines sans intrusions, courrier, téléphone, exigences des gens, et je réagis spontanément aux choses, sans écrans de défense ou de pudibonderie. Pourtant cette aptitude à "ressentir" est stupéfiante : je pouvais affirmer sans mentir, il n'y a pas si longtemps, qu'en vingt ans je n'avais pas pleuré une seule fois.
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Je longe le rebord du cañon et m'assieds contre un rocher. Au nord, un cône de glace se dresse dans le ciel et des champs de neige se déroulent vers les hauteurs de l'horizon et le bleu de plus en plus profond. A l'endroit où la Saure plonge dans son ravin, une effrayante muraille à pic serpente et se tord avec d'étranges combinaisons de neige et d'ombre. La vacuité et le silence de ces montagnes blanches provoquent rapidement les états de conscience analogues à ceux qui se produisent au moment de la méditation où le vide se fait dans l'esprit, et sans doute l'altitude y est-elle pour quelque chose, car mon regard perçoit le monde comme fixe ou fluctuant selon son gré. La terre frémit, les montagnes miroitent, comme si toutes les molécules se trouvent libérées : le ciel bleu résonne. C'est peut-être la musique des sphères que j'entends, ce que les hindouistes appellent le souffle du Créateur et les astrophysiciens le "soupir du soleil.
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Il fut un temps où je considérais les montagnes différemment, où je voyais en elles quelque chose de permanent. Même en les approchant avec déférence (les défier comme le font les alpinistes est une autre affaire), cette permanence m'effrayait; leur caractère irréfutablement minéral semblait intensifier la conscience que j'avais de ma nature éphémère. N'est-ce pas à cause de cette angoisse devant ce qui passe que nous nous concentrons sur les quelques fragments d'expérience brute de la vie moderne? Ne peut-elle pas expliquer pourquoi la violence est lubrique, pourquoi la concupiscence nous dévore, pourquoi les soldats choisissent de ne pas oublier leurs jours d'horreur? Nous nous cramponnons à ces moments extrêmes où nous croyons mourir pour renaître cependant. Dans l'abandon sexuel comme dans le danger, nous sommes confondus, si brièvement que ce soit, avec un présent vital où nous collons à la vie réelle, où nous sommes la vie, où le sentiment d'exister nous pénètre; dans une extase partagée avec un autre être, la solitude s'évanouit, l'éternité la remplace. Mais en ce temps-là une telle union pouvait être atteinte par la seule angoisse.
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Peter Matthiessen est mort en avril 2014, à 86 ans, et cela peut fournir un argument pour (re)découvrir son récit le plus populaire, qui obtint le prestigieux National Book award en 1978. Vous pouvez vous le procurer dans toute bonne bibliothèque, ou en librairie dans la collection "l'imaginaire" de Gallimard, toute trouvée pour ce récit de voyage dans le Népal, qui s'apparente davantage à un récit très personnel et parfois halluciné. Ma première lecture fut d'ailleurs une déconvenue, car j'attendais le Matthiessen naturaliste, non l'amateur de LSD et de voyages. Mais pour qui aime voyager dans un fauteuil, cela reste une presque fiction remarquable, d'un homme dont la vie fut tout aussi incroyable (éditeur de revue littéraire et agent de la CIA à Paris dans les années 50, P. Matthiessen devint moine bouddhiste dans les années 1990...).
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L'enfant n'observait pas : il était en paix au cœur de l'univers, chose parmi les choses, inconscient des commencements et des fins, encore à l'unisson de la création primordiale, se laissant traverser par tous les phénomènes, toute la lumière. L'extase, c'est l'identité avec tout ce qui existe...
Nous considérons bizarrement que l'instinct de conservation, la peur de la mort, doivent nous couper du bonheur de l'expérience pure, simple et non interprétée, dans laquelle l'esprit et la nature ne font qu'un. Et cette altération de notre optique, ce recul de homard dans quelque anfractuosité protectrice en lieu et place d'un libre vagabondage, cette notion instinctive et désespérée que notre existence s'écoule sans être vécue, se reflètent dans une prolifération sans joie, une pourriture par l'argent une pollution monstrueuse de la terre, de l'air et de l'eau dont nous sommes nés.
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Video de Peter Matthiessen (1) Voir plusAjouter une vidéo

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Olivier BARROT présente "Urubamba" de Peter MATTHIESSEN (publié chez PAYOT), livre d'où est tiré le film "En liberté dans les champs du Seigneur". Des images du film illustrent ses propos.
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