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EAN : 9782915280661
216 pages
Léo Scheer (10/01/2005)
2.87/5   15 notes
Résumé :
[Note : Suite au témoignage de Vanessa Springora dans son livre Le Consentement, le parquet de Paris a ouvert une enquête contre Gabriel Matzneff pour « viols commis sur mineur de 15 ans ». Cette quatrième de couverture est signée par l'auteur du livre, accusé, notamment pour son oeuvre, de prosélytisme pédophile.]
" Voici l'archange de l'amour fou ! Il aime les filles, les garçons et le dieu des Russes. Se foutre dans un livre de Matzneff, c'est ouvrir l... >Voir plus
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Que lire après Les moins de 16 ans ; Les passions schismatiquesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Hallucinant ! Dans le court texte des Moins de seize ans (1974, 90 pages), Matzneff se livre à une apologie sans bornes de la pédophilie, à tel point qu’il peut apparaître comme une sorte de manuel à l’usage des pédophiles (voir les conseils qu’il donne et dont je cite plus loin des exemples), avec force références au monde antique gréco-romain, comme si ce qui était en usage à l’époque pouvait encore l’être aujourd’hui et en ne voulant pas voir que les mœurs gréco-latines n’avaient en réalité rien à voir avec son implacable cynisme et son comportement de salaud. Les Anciens auraient-ils par exemple approuvé une telle phrase : « Dans la mesure du possible, je choisis mes petits amis dans les familles désunies, chaotiques, et je m’en trouve toujours bien. » (p. 87)

Et ce passage, qui montre qu’il n’aime les enfants que dans son lit : « Au début, une si charmante tyrannie [de l’enfant] comble l’aîné, elle le flatte, l’amuse, et il s’y soumet de bonne grâce. Mais à la longue, elle le fatigue et l’irrite. Accoutumé à la solitude, à l’entière liberté de ses mouvements, il en a ras le bol d’avoir sans cesse cet/cette enfant sur le dos : le/la voir deux heures par jour (de préférence au plumard) lui suffirait amplement. D’où la nécessité de prendre ses distances, ce qui ne va pas sans pleurs, griefs, malentendus, et peut parfois aboutir à une rupture. » (p. 55)

Dans Les Passions Schismatiques (1977), après des chapitres intitulés « Le Christ », « La femme », la Russie », « L’écriture » remplis d’élucubrations pseudo-philosophiques ou religieuses plus ou moins fumeuses, il revient, dans la dernière partie, « L’enfant », sur son ouvrage précédent et récidive dans l’immonde : il ne renie rien de ce qu’il a écrit, bien au contraire, il en rajoute.

Quel monstre d’égoïsme et de cynisme ! Il s’ingénie à trouver toutes les justifications à ses turpitudes et ne pense pas un seul instant aux conséquences de ses actes sur ses victimes. Il ne pense qu’à la satisfaction de ses désirs, les autres, les « mômes », « mômichons » et « mômichonnes », comme il les appelle, il n’en à rien à foutre !

Il est tellement plein de lui-même, tellement infatué et plein de morgue : « Je tiens que rencontrer Gabriel Matzneff, et faire un bout de chemin à ses côtés, est pour un/une adolescent(e) une chance, et un privilège. » (Les Passions schismatiques, p. 96). Et il poursuit : « L’univers où se meuvent les enfants (je veux dire : que leur imposent les adultes) est pour l’ordinaire d’une telle bassesse, d’une telle vulgarité, d’une telle déliquescence intellectuelle et morale, que c’est faire œuvre sainte que de leur apprendre à le mépriser et de les aider à s’en échapper : auprès de moi, c’est à une autre hauteur qu’ils respirent, ce sont d’autres horizons qu’ils découvrent. » (p. 96)

Comme elle peut contrecarrer ses projets, Matzneff déteste la famille : « L’amour parental est mon ennemi particulier, l’amour filial m’exaspère, et les seuls adolescents que je puis aimer d’amour sont des adolescents révoltés contre leur famille, et en rupture. Un gosse de treize ou quatorze ans qui aime ses parents, qui se plaît en famille, qui préfère la compagnie de ses frères à celle de ses copains, est – je l’ai vérifié cent fois – de la graine de médiocre. Je n’ai pas de temps à perdre avec lui. » (p. 197) De même, en particulier, l’amour maternel lui répugne : « Je n’ai ni estime ni respect pour l’amour maternel, cette goule. ‘Je t’aime, donc tu m’appartiens !’, tel est le vrai visage de l’amour maternel. Ne me dites pas que c’est beau. C’est monstrueux » (Les Moins de seize ans, p. 86).

Et si l’on essaie de sauver Matzneff en le dépeignant comme un grand styliste, ce n’est pas mon avis. Il ne dépasse pas le niveau d’une bonne plume classique comme il y en a tant d’autres, avec quelques familiarités qui détonnent. De plus, il ne sait parler que de lui (cf. les multiples tomes de son Journal). Il ne faut pas se laisser abuser non plus par ses citations latines et par la culture qu’il étale à l’envi. Je ne comprends pas qu’il ait si longtemps été protégé par l’intelligentsia – ou plutôt crains de ne trop bien comprendre. Ce type est abject.

Signalons que ce livre a été publié avec le soutien du CNL (Centre National du Livre), donc de nos impôts !
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Pauvre Gabriel Matzneff, si pressé de jouir comme un bouc en éternelle érection, pauvre diable affamé de grandeur et de cohérence rimbaldienne, spirituelle donc, qui ne tirera même pas le dernier enseignement de celui qui fut son maître, Henry de Montherlant, qui eut l'élégance de ne pas imposer à ses semblables la vision d'un homme se transformant en pourriture libidineuse.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Si l'une vos connaissances vous dit un jour que la censure est à bannir, présentez-lui ce livre.
Dès les premières pages, on sent une irrésistible envie de brûler le livre, pour espérer tuer le message, et de plaindre le papier usé à imprimer tant de conneries.
Gabriel Matzneff est un prédateur sexuel, un monstre, un pédophile... mais tandis que certains se cachent et ont honte de ces vices, lui, il les affiche pleinement dans un ouvrage aussi nul que sa personne.
Cet homme n'aime que les très jeunes, et il ne s'en cache pas. Des garçons de douze ans, des filles de quinze ans, tout y passe, tant que c'est jeune et naïf.
Si vous êtes normalement constitué, chaque page de ce pamphlet vous donnera au choix l'envie de vomir ou de commettre un meurtre sur la personne de l'auteur.
Pensons aux victimes de cet homme, aux pauvres âmes innocentes, éprouvées par cet atroce monsieur. Protégez vos enfants. Protégez-les à tout prix
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Une médiocrité littéraire qui décrit la bassesse des actes d'un pédophile narcissique. Un écrivain d'un autre temps, celui où il était permis aux artistes d'être des prédateurs pas comme les autres.
Est-ce que les livres de Matzeff auraient été publiés aujourd'hui ? Non, probablement que non. le monde a évolué.....ou pas ?
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pour les meilleurs d’entre les Anciens, la distinction entre « nature » et « contre nature » ne veut rien dire. Il n’existe pas de cloison entre l’hétérosexualité et la pédérastie : un Horace, un Catulle draguent indifféremment les jeunes filles et les jeunes garçons imberbes. Dans Leucippé et Clitophon, roman d’amour d’Achille Tatius, on assiste à une discussion animée touchant les mérites respectifs des filles et des garçons : Ménélas préfère embrasser les petits garçons, dont les baisers, « s’ils n’ont pas la science des baisers féminins », n’en sont que plus savoureux, au lieu que Clitophon, lui, préfère les lèvres des jeunes filles, car « les baisers de la femme sont pleins d’art et elle rend son baiser aussi doux qu’elle le peut ». Il y en a comme ça plusieurs pages, mais à aucun moment Clitophon, l’amateur de filles, ne prétend que le goût qu’a Ménélas des petits garçons est « contre nature ». Pour lui, comme pour tout le monde antique, chaque goût est dans la nature, et le meilleur est celui qu’on a. L’auteur de Leucippé et Clitophon devait à la fin de sa vie se convertir au christianisme. Suidas précise même qu’il fut sacré évêque. J’espère que ses enfants de chœur étaient jolis.

De nos jours, en ce qui regarde les petites filles, merci, on s’en tire assez bien. La société française est, pour parler charabia, plutôt « permissive ». J’ai actuellement une merveilleuse maîtresse de quinze ans, et nos amours ne semblent choquer personne, il paraît même que nous formons un couple très chouette. Pour les garçons, c’est une autre paire de manches. Si je ne cache pas trop mon amante de quinze ans, mes aventures avec les petits garçons se déroulent dans une stricte clandestinité. Notre civilisation est si vulgairement, si platement phallocratique qu’une jolie fille, même très jeunette, excite toujours une sorte de complicité égrillarde (le mec qui vous pousse du coude, cligne de l’œil, « elle était vierge ? vous étiez le premier ? sacré veinard ! sacré roquentin ! »). Nul ne s’offusque des photos érotiques d’Hamilton, dont les modèles sont des adolescentes, non plus que de celles d’Irina Ionesco qui fait poser une fillette de dix ans – sa propre fille – nue et dans des attitudes d’une extravagante lascivité. Mais qu’un photographe essaye de publier des albums analogues en remplaçant les fillettes et les adolescentes par des garçonnets de douze ou quinze ans ! Ce serait le scandale, la saisie immédiate. Le silence qui entoure l’œuvre de Goor, ce merveilleux peintre des jeunes garçons, est à cet égard significatif et forme un éclairant contraste avec la notoriété de tel peintre de second ordre mais spécialisé dans les nanas. La vérité est que le charme érotique du jeune garçon est radicalement nié par la société occidentale moderne qui rejette le pédéraste dans le non-être, royaume des ombres, Katobasiléia. Le postulat de notre époque, c’est qu’un jeune garçon n’est pas désirable. Thomas Mann a bien décrit l’angoisse, l’affolement d’Aschenbach – homme « normal » qui vit dans un monde où il est entendu une fois pour toutes qu’un gamin ne peut être ni troublant ni troublé – lorsqu’il découvre grâce aux quatorze ans et aux boucles blondes de Tadzio que ce n’est pas vrai, que le désir pédérastique existe, qu’il est la raison et la nature mêmes, que les interdits sexuels et affectifs qu’il avait acceptés jusqu’alors ne sont qu’une imposture. Le salut pour Aschenbach serait de prendre l’enfant dans ses bras, de poser ses lèvres sur les siennes ; mais les blocages sont trop impérieux, la peur de vivre trop paralysante, et une fois de plus le pédéraste est réduit à la fuite, au néant, au royaume de la mort.
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Ce goût des jeunes garçons, est-ce de l’homosexualité ? Stricto sensu, oui : un garçon de treize ans est du même sexe que moi, donc en couchant avec lui j’accomplis un acte homosexuel. Pourtant, si homos signifie semblable en grec, il est clair que ce gosse et moi, nous ne sommes pas semblables. Je mesure 1,82 m, j’ai une voix grave, des poils sur le corps, une barbe qui une dizaine d’heures après que je l’ai rasée commence à piquer celle/celui que j’embrasse ; au lieu que le jeune garçon prépubère ou juste pubère a une petite taille, une voix aiguë, un corps lisse, une peau fraîche, un visage imberbe, une grâce et une vénusté qui le rendent « joli comme une fille », et encore ne parlé-je ici que du physique : la dissemblance psychique entre un adulte et un enfant est, elle aussi, une évidence.

Être homosexuel, c’est désirer son semblable, son double. La différence d’aspect somatique, d’âge et de mentalité font qu’un homme de plus de vingt ans et un gosse sont des êtres profondément hétérogènes. Une fille de seize ans et un garçon de quatorze ans se ressemblent plus qu’un homme adulte ne ressemble à un garçon de quatorze ans. Dans la livraison de mars 1973 de la revue Recherches, consacrée à l’homosexualité, un des participants au débat sur la pédophilie déclare à propos des hétérosexuels : « Je suis persuadé qu’il n’y a pas un homme de quarante ans qui n’aurait envie, en voyant nu un garçon de quatorze ans, de l’enculer. » Voltaire, dans son Dictionnaire philosophique, à l’article « Amour nommé socratique », écrit : « Souvent un jeune garçon, par la fraîcheur de son teint, par l’éclat de ses couleurs et par la douceur de ses yeux, ressemble pendant deux ou trois ans à une belle fille ; si on l’aime, c’est parce que la nature se méprend : on rend hommage au sexe, en s’attachant à ce qui en a les beautés, et quand l’âge a fait s’évanouir cette ressemblance, la méprise cesse. »

Voltaire se trompe sur un point : il n’y a aucune méprise dans l’amour des jeunes garçons. Un pédéraste, un amant des enfants, n’a pas à se chercher des excuses, non plus qu’à se justifier (« pardonnez-moi, mon petit, je vous avais pris pour votre sœur ! ») : un jeune garçon est un jeune garçon, sa spécificité ne fait aucun doute, à preuve les pédérastes tels que Gide qui n’ont que le goût des garçons. Mais pour le reste, Voltaire a raison de mettre l’accent sur la ressemblance entre la beauté d’un jeune garçon et celle d’une jeune fille. Ressemblance pour moi si étroite qu’autant il me paraît logique qu’un homme qui aime les jeunes hommes ou les hommes ne soit pas attiré par les filles, autant je m’étonne qu’un homme qui désire les petits garçons et les adolescents puisse demeurer insensible aux charmes d’une fille de treize ou quinze ans. Appelez-moi bissexuel ou, comme disaient les Anciens, ambidextre, je n’y vois pas d’inconvénient. Mais franchement je ne crois pas l’être. À mes yeux l’extrême jeunesse forme à soi seule un sexe particulier, et unique.
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Entre l'homme et la femme, c'est une guerre permanente, tantôt sournoise, tantôt ouverte, mais une guerre à mort.
La seule langue compréhensible par l'un et l'autre sexe est celle de l'amour fou, et l'univers de la passion le seul où ils puissent, ne serait-ce que fugitivement, se retrouver.
Hors de commune planète - où les permis de séjour ne sont jamais donnés que pour un temps très bref -, l'homme et la femme habitent des mondes ennemis, hétérogènes.
Cela est particulièrement sensible lorsque l'amour est mort, et que le couple se défait, telle une pelote de laine dont chacun tirerait un bout : tenter de convaincre, de faire entendre raison (ma raison) à une femme qui a cessé de m'aimer, c'est jouer au tennis avec les nuages : rien ne me revient, ni la balle ni même l'écho du bruit de la balle sur la raquette de l'autre ; tout se perd et s'abîme dans un néant cotonneux.
Aucun mot ne la touche, nul argument ne l'atteint, comme si soudain je m'exprimais dans une langue qu'elle ne comprend pas : si la passion est une pentecôte, la rupture, c'est Babel.
Cette femme à qui m'ont uni des milliers de baisers, de caresses, et des années d'intimité complice absolue, qui m'a murmuré, écrit, les mots les plus tendres et passionnés qui soient jamais sortis d'une bouche humaine, voilà que brusquement elle se métamorphose en une inconnue braquée, lointaine, hors d'atteinte, visage clos, voix métallique, envolée sur une autre étoile.
La femme, ce martien.
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Voilà cinquante ans que le mot de Freud sur l’enfant « pervers polymorphe » traîne partout ; et voilà des siècles qu’Aristote a mis l’accent sur l’extrême lascivité des enfants impubères ou à peine pubères. Néanmoins, dans un couple enfant-aîné, c’est toujours l’aîné qui aux yeux de la société fait figure de séducteur et l’enfant de « victime ». Or, n’importe quelle personne qui aime les gosses peut témoigner qu’ils draguent ferme ou (ce qui revient au même) excellent dans l’art de se faire draguer. J’ai dragué beaucoup de moins de seize ans, mais beaucoup de moins de seize ans m’ont dragué. Tout récemment encore (j’avais déjà commencé d’écrire ce livre) je me suis fait aborder rue Gay-Lussac, à Paris, par un mômichon d’une douzaine d’années qui avait peut-être envie que je lui paye le ciné, mais qui avait surtout envie d’autre chose. Il y a des gosses qui sont très sages, c’est exact, mais il y a aussi des gosses qui sont très putes. Putes n’est d’ailleurs pas le mot juste. Simplement, ils rêvent de baisers « comme au cinéma », de caresses, d’étreintes et du reste. Certains n’aiment pas les adultes et réservent leurs faveurs aux enfants de leur âge ou plus jeunes qu’eux (gamin, j’étais ainsi), mais il en est d’autres à qui l’idée de coucher avec un grand/une grande ne déplaît nullement.
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Les femmes ont d’excellents motifs d’agir de la sorte. Être la compagne d’un écrivain, ce n’est pas du gâteau. Il y faut une singulière dose de patience, et d’abnégation. Les défauts du créateur sont les défauts masculins ordinaires, mais hypertrophiés. Les ennemis de Dostoïevski lui reprochaient son « égoïsme monstrueux ». Mais tout homme est égoïste, et tout créateur est un monstre. Même lorsque nous avons des idées « de gauche » et une sympathie pour les luttes féministes, nous demeurons dans notre intime particulier des despotes exigeants et possessifs, qui se croient le centre du monde autour de quoi tout doit s’ordonner. Parmi nos épouses et nos maîtresses, les seules qui tiennent le coup, sont celles qui aiment l’œuvre autant que l’homme, sinon davantage. Un tel amour, quand il existe, peut survivre à la mort, il atteint à l’éternité. Mais rencontre-t-on beaucoup de semblables vocations oblatives chez les femmes d’aujourd’hui ? La mode n’est ni au dévouement, ni au sacrifice, elle est à la révolte. Les femmes se libèrent, et pour ambiguë que soit cette libération, elles n’ont pas moins raison de la tenter. Que sommes-nous en effet pour prétendre nous impatroniser dans le cœur d’une femme, et attendre qu’elle nous consacre sa vie ? Au nom de quoi, une telle exigence ? Au nom de la haute opinion que nous avons de nos livres, et partant de nous-mêmes ? Voilà qui est fort présomptueux.

Créer de nouveaux rapports avec la nouvelle Ève (la femme libérée telle que la veulent les féministes) serait assurément une passionnante entreprise ; mais pour qu’elle eût une chance d’aboutir, il faudrait lui accorder le meilleur de son temps, et cela, un artiste n’en a pas le loisir. Pour bâtir un couple comme on bâtit une œuvre, il faut n’avoir pas d’œuvre à accomplir. Ce qui n’est pas notre cas. Chacun sait la phrase de Tolstoï, souvent citée : « J’aime ma femme, mais j’aime mieux mon roman. » Je connais un écrivain qui ne s’est pas réconcilié avec la femme qu’il aimait, à un moment où celle-ci désirait ardemment revivre avec lui, parce qu’il était en train d’écrire un roman inspiré de leur rupture, et que, plongé à fond dans ce roman de la décomposition d’un couple, il n’avait ni l’esprit ni le cœur à la réconciliation. Vue par des yeux normaux, la conduite de ce type apparaît, je suppose, comme celle d’un salaud ou d’un fou, peut-être les deux. Va pour le fou et le salaud, mais la vérité est qu’un écrivain est une bizarrerie de la nature, qui ne peut être mesuré à la même aune que les autres hommes. Nous avons nos lois propres, et notre morale, et notre raison.
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