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EAN : 9782352041603
260 pages
Les Arènes (05/11/2014)
4.04/5   107 notes
Résumé :
« Mon fils était à l'école. Je suis sortie en laissant la maison ouverte. Abandonner son fils : peut-on faire pire ? J'ai fait cela. Je savais où j'allais. Partir, repartir à zéro. Être prête à tout... »
Chaque année, quelque 100 000 japonais s'évaporent sans laisser de traces.
Débarrassés de leur passé, ils tentent de refaire leur vie en passagers clandestins de l'archipel.
Lié à la honte et au déshonneur, le phénomène est au coeur de la cultur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Les disparitions volontaires ou évaporations est un phénomène qui a toujours existé au Japon mais il s’est accéléré autour des années 2000 avec l’éclatement de la bulle financière et la crise économique qui a suivi. La journaliste et le photographe Léna Mauger et Stéphane Remael ont enquêté sur place pour comprendre pourquoi des hommes, des femmes et même des familles entières disparaissent pour devenir des clandestins dans leur pays, abandonnant leur identité et exerçant des petits boulots pour survivre.

Les deux journalistes ont réussi, à travers de rares témoignages illustrés de très belles photos, à nous faire ressentir toute la déchéance et la tristesse de ces hommes honteux et déshonorés. La difficulté principale a été pour les auteurs de rencontrer des témoins qui les conduisent à ces évaporés, car tous respectent leur volonté de ne pas être retrouvés et savent que l’Etat japonais préfère taire l’existence de cette main-d’œuvre exécutant, souvent pour les Yakusas de la Mafia japonaise, des travaux que personne ne veut faire.
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Le phénomène n'est peut-être pas spécifique au Japon, mais il y est particulièrement marqué – et en même temps presque insaisissable car largement tabou : chaque année, dans l'ensemble de l'archipel, 86 000 personnes en moyenne disparaissent, d'elles-mêmes ; il y a eu un pic dans les années 1990, où l'on a atteint voire dépassé les 100 000 disparitions par an. du jour au lendemain, ils ne sont plus là. Beaucoup disparaissent sans vraie préparation – des hommes (les cas illustrant ce phénomène sont très majoritairement des hommes) qui se rendent au travail le matin, mais n'y arrivent jamais, et que l'on ne revoit plus ; ils n'ont rien dit à leur épouse, à leurs enfants, à qui que ce soit – ils n'ont pas davantage laissé de lettre expliquant leur geste. D'autres, mais plus rares, se préparent davantage – et fuient la nuit, éventuellement avec l'assistance d'un « déménageur » ; parfois, dans ce cas, ce sont des familles entières qui disparaissent.



Ce phénomène est appelé là-bas « évaporation », jôhatsu 蒸発, un mot qui renverrait, selon la légende, au comportement de ces Japonais, ces « évaporés », qui se rendraient alors dans les stations thermales, onsen, pour y prendre un ultime bain chaud purificateur, avant de disparaître… parfois radicalement : un tiers d'entre eux se suicideraient, et généralement dans les deux ou trois jours suivant leur disparition. Mais d'autres, donc, et a priori une majorité, sans forcément s'embarrasser de ce genre de symboles (sans forcément quitter la ville non plus : les évaporés tokyoïtes restent le plus souvent à Tôkyô, ils se noient dans la mégalopole, qui favorise leur oubli), d'autres, donc, « refont leur vie ». Mais halte aux fantasmes souvent associés à cette expression, à Hollywood ou ailleurs : leur sort n'a rien d'idéal… Dans la très grande majorité des cas (les exceptions sont bien rares, et de toute façon jamais mirobolantes), les évaporés se retrouvent à la rue ou dans ces quartiers tel San.ya, à Tôkyô, ou Kamagasaki, à Ôsaka, qui ne figurent même pas sur les cartes – ce sont les marchés des travailleurs journaliers, où personne d'autre ne se rend, sinon les yakuzas. C'est une vie de misère, très rude – absolument rien d'un rêve.



Pourquoi font-ils une chose pareille ? Les explications varient selon le cas ; il y a des causes économiques, des causes sociales, bien sûr non exclusives… Liées le cas échéant à l'idée de perdre la face. L'endettement, et l'impossibilité d'y faire face, sont des raisons très fréquentes, et c'était tout particulièrement le cas lors du pic des années 1990, en pleine crise – or le petit crédit à la consommation, au Japon, est largement dans les mains de la pègre, qui peut se montrer « intimidante »… Mais l'aliénation due au travail peut produire des effets similaires – ou un mariage désastreux, etc. Dans le cas des femmes évaporées (très minoritaires), cette dernière cause est fréquente – mais aussi les violences conjugales.



On peut a priori s'étonner que, dans un pays ultra-moderne, ultra-technologique et ultra-connecté, et saturé de caméras de vidéosurveillance, etc., tel que le Japon, il soit simplement possible de disparaître de la sorte, et d'autant plus en masse. Mais il y a des explications à cela : la honte associée à l'évaporation (alors même que, pour l'évaporé lui-même, le geste peut avoir quelque chose d'une ultime protestation de son honneur et de son sens des responsabilités ; ici les conceptions japonaises et occidentales demeurent sans doute mutuellement hermétiques), le fait aussi que l'administration japonaise ne centralise pas ses données, et enfin l'inaction de la police. Celle-ci n'enquête pas en l'absence de suspicion de crime ; par ailleurs, quand elle enquête malgré tout, et qu'elle met la main sur l'évaporé, dès l'instant qu'il est majeur et que son geste est volontaire, elle le laisse en paix s'il ne veut pas revenir : on a le droit de disparaître. Cela pose bien sûr des problèmes, notamment en matière de successions ou de situation matrimoniale, mais certaines législations visent à y remédier.



La police ne faisant rien, les familles, du moins celles qui entendent retrouver le disparu (le tabou fait que certaines ne veulent plus en entendre parler), n'ont d'autre choix que de se tourner vers les détectives privés, qui ont mis en place un véritable business autour des évaporés – et leurs tarifs sont très élevés. Certains cependant offrent leur service à titre bénévole, dans un contexte associatif – généralement parce qu'ils ont eux-mêmes été confrontés à des cas d'évaporation, et notamment dans leur famille (ce qui a de quoi susciter des vocations).



Certains évaporés sont retrouvés, oui. Ils n'ont pas pour autant l'envie de renouer des liens avec ceux qu'ils ont abandonné parfois plusieurs décennies auparavant… Il y en a qui le font – mais c'est rare, et une expérience souvent douloureuse, pour tout le monde.



Avec 86 000 cas par an en moyenne, le phénomène de l'évaporation n'a rien d'anecdotique. Il n'a pourtant été qu'assez peu traité – notamment par les autorités japonaises, ou, à vrai dire, par les sociologues. Certaines oeuvres moins « scientifiques » ont pu mettre ce thème en scène, comme par exemple le film d'Imamura Shôhei L'Évaporation de l'homme, en 1967 (tout de même), dont je vais probablement vous parler un de ces jours. Mais, oui, le tabou demeure, ce qui renforce l'intérêt de ce livre français qu'est Les Évaporés du Japon (qui a d'ailleurs été traduit en anglais, ce qui n'arrive pas forcément tous les jours pour un ouvrage de ce type), résultant d'une longue enquête journalistique, menée sur plusieurs années par la reporter Léna Mauger et le photographe Stéphane Remael. Partis au Japon, à l'origine, pour un reportage sur un tout autre sujet, ils ont été confrontés au phénomène jôhatsu et se sont mis à enquêter ; il en est résulté d'abord un premier « récit » pour la revue XXI, en 2009, puis ce livre en 2014.



Il contient des témoignages précieux – et même inédits, car les deux auteurs font intervenir aussi bien les familles des disparus… que certains disparus eux-mêmes, qu'ils ont pu retrouver, interviewer, photographier ; il n'y a sans doute pas beaucoup de précédents. le travail d'enquête illustre aussi bien la variété des cas (par exemple en introduisant le propos avec un évaporé qui s'est fait « déménageur » pour aider d'autres personnes en souffrance à s'évaporer – parce qu'il sait à quoi elles sont confrontées et désire les secourir) que ce qui les unit malgré tout (la pauvreté, les logements insalubres, le travail journalier mal payé et dangereux – exemple ultime avec les travaux de déblaiement à Fukushima ! –, les pressions de la pègre, etc.), et contient nombre de récits poignants (certains évaporés racontent leur histoire dans des chapitres dédiés, à la première personne – procédé un peu « littéraire » dont j'avoue qu'il me laisse un peu sceptique). On indique toujours ou presque depuis combien de temps l'évaporation a eu lieu ; dans maints cas, cela se chiffre en décennies. Les parcours sont rudes, les réponses diverses ; la plupart ont tiré un trait sur leur précédente vie – certains, après tout ce temps, se sentent cependant prêts à revoir ceux qui furent les leurs, mais ils sont assez peu nombreux, et cela n'engage à rien pour l'avenir.



Et les familles, justement ? Là aussi, divers tableaux, souvent poignants, parfois édifiants : ceux qui souffrent de l'évaporation d'un proche, et sans doute le tabou joue-t-il en la matière, tendent à s'égarer, à refuser le fait, à refuser d'en rechercher les raisons. Ainsi de cette famille qui en est convaincue : leur fils a été enlevé par la Corée du Nord – une association la confirme dans cette interprétation des choses, qui dénonce des dizaines, des centaines de milliers d'enlèvements par le régime de Pyongyang (il y en a bel et bien eu quelques cas par le passé, mais qui se chiffrent au plus en dizaines d'individus : ici, on est clairement dans le domaine du fantasme).



Il y a aussi les détectives – comment ils enquêtent, quel rapport ils entretiennent avec ces affaires, avec les familles, avec les évaporés… surtout quand ils ont eux-mêmes souffert de cas d'évaporation parmi leurs proches.



Mais il y a aussi, derrière, le Japon global, en lui-même, en tant que société. Car quelques aperçus nous en sont livrés, qui dépassent les seuls cas d'évaporation, mais peuvent, directement ou indirectement, contribuer à les expliquer – ainsi de ce « camp de l'enfer » où les salarymen « déficients » se voient « rééduqués » à la Full Metal Jacket, mais avec un R. Lee Ermey (RIP) relevant davantage du gourou d'une secte confite dans l'adoration des divinités Travail, Performance, Argent et Sacrifice. Ce qui est proprement terrifiant.



Pourtant, j'avouerais que le récit, ici, m'a parfois fait le sentiment de s'égarer un peu – et notamment dans certains clichés ? Nécessités du reportage peut-être, il a parfois recours, avec plus ou moins de pertinence, aux figures et références universelles d'un Japon idéal – que ce soit celui des samouraïs ou de Murakami Haruki.



Ces bémols s'imposent, mais le récit journalistique demeure d'une qualité plus qu'appréciable, témoignant d'une longue et difficile enquête, menée avec sérieux et implication. Mais à la plume de Léna Mauger répondent les photographies de Stéphane Remael – et, en matière d'implication, son prologue évoquant des pulsions suicidaires, car le lien est d'emblée établi entre le suicide et l'évaporation, ce prologue donc noue d'emblée les tripes.



Mais parlons donc de son travail de photographe – qui est beau et impressionnant. Bien sûr, là aussi, le caractère précieux des témoignages doit être souligné – car certains évaporés (pas tous, loin de là) ont accepté d'être photographiés, ce qui n'avait rien de gagné et a probablement quelque chose d'inédit là encore. Mais les familles, les détectives, etc., passent également sous l'objectif de Stéphane Remael – et, aussi importants, les lieux où errent les évaporés. Un très beau travail, dont vous pouvez avoir quelques aperçus ici.



Un ouvrage assez unique, au final – intéressant, riche, poignant parfois, beau aussi, déprimant régulièrement. Un reportage fascinant sur un phénomène qui ne l'est pas moins, et qui appellerait bien davantage d'études.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Léna Mauger, journaliste, et Stéphane Remael, le photographe qui l'a accompagné lors de cette enquête, nous livrent un documentaire intéressant sur le phénomène des évaporés du Japon, en l'illustrant de photographies représentatives des différents témoignages qu'ils ont pu recueillir.
Un véritable travail de fond a été réalisé pour produire cet ouvrage et nous faire découvrir une partie méconnue de la culture japonaise, encore taboue au pays du soleil levant; comme le prouve la difficulté que les auteurs ont eu pour dénicher un guide/traducteur volontaire pour approcher ces hommes et femmes perdus à leur triste sort.

Les évaporés sont des japonais ayant tout quitté du jour au lendemain, préférant abandonner leur famille plutôt que de vivre avec un sentiment d'échec aux yeux de tous.
Ce phénomène s'est intensifié au moment de l'éclatement de la bulle spéculative dans les années 2000, entrainant des faillites et des dettes insurmontables. le sentiment de honte est si fort que la seule solution est la fuite.

Entre tradition et modernité, la culture japonaise impose l'excellence permanente dans tous les domaines, rendant la vie très stressante. Alors ils plaquent tout, soit en anticipant un déménagement rapide et clandestin, ou en ne rentrant pas chez eux sans aucun signe annonciateur. Pour zoner, se construire une nouvelle vie, ou mettre fin à la leur.
Chaque parcours est différent, mais le résultat est identique, tout comme les causes.

Je conseille vivement ce reportage aux passionnés du Japon, qui expose la face cachée d'une culture bien différente de la nôtre.

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Les évaporés du Japon est un reportage sur un phénomène social propre au Japon : "l'évaporation" ou disparition totale d'environ 100 000 japonais par an. Léna Mauger, à l'écriture, et Stéphane Remael, photographe, ont retrouvé la trace de certaines de ces personnes disparues volontairement.
Mais ils sont également allés au-delà : en décrivant les conditions de travail et de vie des employés de Toyota, en se penchant sur un stage imposé à des cadres en baisse de régime afin de les remettre dans le droit chemin, etc., ils ont tenté d'expliquer ce processus.

Car l'Etat nippon n'a mis en place aucune structure pour parer ce phénomène : ni centre d'aide, ni études, rien. le sujet reste d'ailleurs hautement tabou, aussi bien en ce qui concerne les familles des disparus que pour ces derniers. Majoritairement, il s'agit d'hommes, souvent à la suite d'un licenciement. Mais pas uniquement : des familles entièrement se sont évaporées, notamment au cours des années de crises financières depuis la décennie de 1990.
Des entreprises de "déménagement " sont d'ailleurs spécialisées dans la disparition en pleine nuit de ces individus. On découvre également que des particuliers sont à l'origine d'associations visant à aider les familles à retrouver leurs proches. Car la police ne mène pas d'enquête pour retrouver une personne majeure et qui semble avoir disparu volontairement. La grande majorité de ces enquêtes n'aboutissent pas et les familles resteront sans nouvelles. A moins que l'évaporé ne reprenne contact, parfois des décennies plus tard...

Ces personnes, après leur disparition, vivent pour la plupart sous une fausse identité, sans couverture sociale, de petits boulots, souvent journaliers. Et c'est là que réside une des clés pour comprendre le fait que rien n'ait encore été fait pour limiter le phénomène : ces disparus servent l'économie du pays. On les retrouvera notamment sur les sites radioactifs suite à l'accident nucléaire de Fukushima, engagés afin de nettoyer les lieux... D'autre part, les pressions sociales subies au cours des études, dans la vie professionnelle ou même intime et qui sont les fondements de la société japonaise et de son économie expliquent le choix fait par ces personnes. Avouer leur existence reviendrait donc à reconnaître les limites de la société japonaise et ses effets néfastes sur ses membres.

On l'aura compris, il s'agit là d'un reportage extrêmement puissant, intelligent, très bien écrit et sublimé par les photographies présentes tout au long du livre. Il s'en dégage un fort sentiment de mélancolie. Incontournable pour qui s'intéresse au Japon ou aux phénomènes de société.
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Ce qu'on lit ici est une enquête sur un phénomène particulier au Japon : les "évaporations". Je ne connaissais pas ce phénomène avant de tomber sur le titre d'un roman qui le prenait comme sujet. Mais j'ai préféré lire un documentaire plutôt que de la fiction.
Chaque année, des milliers de japonais décident de "disparaître", de quitter parents/femme/mari/enfants et surtout travail, du jour au lendemain, dans l'anonymat total. Les auteurs partent à la recherche de ses disparus, et en rencontrent quelques uns, ou des proches, des "professionnels". J'ai eu du mal avec ses témoignages, du mal à comprendre qu'on puisse quitter sa famille sans explication, sans nouvelles. Partir en laissant son fils derrière soi parce qu'on aime pas son mari ? partir en laissant sa famille criblée de dettes ? Je trouvais ça lâche. Comme un suicide, mais presque pire : avec le suicide au moins la famille sait ce qu'est devenu le disparu. Et beaucoup de témoignages manquent de sentiments, d'émotions.
Mais les auteurs de cette véritable enquête ne se limitent pas à ces témoignages. Ils décrivent la pression présente dans les sociétés, le poids des convenances, les mariages sans amour, arrangés, l'obligation de réussite, la honte de l'échec... Les épisodes sur Toyota et le "camp de l'enfer" sont effrayantes. Je comprends mieux, je relativise mon impression de lâcheté. Cette société nippone a l'air tellement lourde !
Et que dire de la passivité des autorités ? là aussi les auteurs enquêtent (ou tentent).
Bref, un texte et des photos passionnantes et captivantes !
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critiques presse (1)
LeFigaro
24 novembre 2014
Chaque année, 100.000 Japonais organisent leur disparition. La journaliste Léna Mauger et le photographe Stéphane Remael se sont lançés à leur recherche et ont tenté de comprendre ce phénomène unique au monde.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L'ex-serviteur de l'État s'est forgé sa propre opinion: selon lui, les causes de ce désespoir social, suicide et évaporation confondus, sont les mêmes. Il évoque le mal-être de son peuple, façonné par des idéaux de performance, de contrition, d'oubli de soi, et démuni face aux dégâts d'une crise sans fin. Il s'en prend aux profiteurs, mafieux, usuriers, patrons qui abusent de leur pouvoir et de la misère des gens. Et attaque tous les fatalistes : " Il faut cesser de s'abriter derrière nos traditions d'évaporation, d'hara-kiri des samouraïs... Si les gens choisissent de disparaître, c'est d'abord parce que quelque chose ne fonctionne pas et que personne n'y fait rien. "
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Le mensonge court partout, du rire aux larmes.
Tous les rôles, toutes les illusions sont envisageables. À une seule condition: pouvoir se les offrir ! le faux ami comble la solitude. Le faux patron leurre la famille du salarié honteux de son licenciement. Le faux mari répond aux angoisses d'une femme, éternelle célibataire. Le faux père marie la fille dont le vrai s'est évaporé... même lors de funérailles, on loue les services de dizaines de personnes recrutées pour recréer une ambiance familiale. Le poids des conventions favorise ce double jeu, et les agences de location vampirisent à la fois ce souci des apparences, la détresse qui en résulte et un sentiment de solitude gangrénant la société. Nicolas soupçonne certaines agences d'employer des disparus. Jouer un autre lorsqu'on se ment à soi-même semble être, ici, une banalité.
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Le pic des évaporations a été atteint après l'explosion de la bulle financière, dans les années 1990. La crise économique de 2008 a entraîné une nouvelle vague de disparitions et de suicides.
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Chaque soir, après le dîner, les stagiaires écrivent une lettre à leur patron. L'auteur doit raconter ses échecs et ses succès, et surtout, le remercier pour le séjour. À son arrivée, shingo suzuki, jovial, bon vivant et taquin, souriait en coin. Trois jours plus tard le voilà mis au pas, rêvant, comme le groupe, selon la norme, de réussir les tests pour satisfaire le boss. Oublié, envolé, le désir naissant de rébellion. Ici, la révolte ne grandit pas un homme. Le fort doit être capable de laisser sur le bord du chemin son bonheur personnel, au profit de ses obligations. La force de caractère se révèle dans l'obéissance aux règles et non dans l'insoumission.
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Trop vite, vient le moment où il fallut rentrer dans le rang, et abandonner cette liberté pour la routine des convenances. Je questionnai mon quotidien et j'arrivai ainsi à une vision assez claire du sens de nos vies citadines, à savoir qu'il n'y en a pas.
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