AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070145591
1824 pages
Gallimard (27/05/2014)
4.08/5   1637 notes
Résumé :
[Cette fiche rassemble plusieurs éditions différentes du livre allant de l'intégrale à des versions présentées en deux tomes ou en coffret.]

Un collier de diamants qui change une vie en cauchemar...
Un lâche terrorisé par un duel qu'il a lui-même provoqué... Un vieux cheval maltraité par un domestique...
Un couple qui n'hésite pas à acheter un enfant...
Un vieillard qui ne se décide pas à mourir...
Cinq destins cruels, rac... >Voir plus
Que lire après Contes et nouvellesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
4,08

sur 1637 notes
"Boujou, c'est rien beau aujourd'hui."
Mais, ça fait un vent à décorner les boeufs...
Petiot, quand je lisais Maupassant, je me demandais si les contes de l'auteur étaient du pays, ou bin alors s'ils étaient de son cru. Si ce n'était des "contes pour une bécasse"...


Restez pas là, clanchez la porte et venez prendre un canard avec le Calva!
Bou Dié, on va se raconter des histoires au coin du feu. Tin celle de Toine!


Le gros Toine, Toine-ma-fine, le cabaretier de " Au rendez vous des amis." Il tomba, comme un boeuf, paralysé.


Mais même couché, il continuait à recevoir ses amis et à boire. Sa femme le traitait de gros feignant, allongé sur le lit.
Ils étaient mariés depuis 30 ans. Mais " A brebis donnée, on ne regarde pas la dent!"


"C'était une grande paysanne, marchant à longs pas d'échassier...avec une tête de chat-huant en colère.
- Ça serait-il point mieux dans l'étable à cochons un quétou (un porc) comme ça ? C'est que de la graisse que ça en fait mal au coeur."


Sur les conseils d'un fâcheux, Prosper hop la boum, elle se mit à faire couver des oeufs, par Toine.
Car "Paroles rapportées sont envenimées."


"Les 3 amis de Toine riaient à suffoquer, toussant, éternuant... car Toine effaré, parait les attaques de sa femme avec prudence", pour ne point casser les oeufs qu'il couvait...
"Le coq file doux, quand la poule le cancanne!" Proverbe Normand.
Commenter  J’apprécie          9315
Maupassant reprend le flambeau de la nouvelle au XIXème siècle, en digne successeur De Balzac (eh ! oui, Balzac est aussi un grand nouvelliste, voir par exemple le livre de nouvelles publié chez GF, où je vous conseille notamment " La Messe de L'Athée ", bien que cette partie de son oeuvre soit souvent mésestimée).
À l'image de ce qu'il a été pour Zola, l'influence De Balzac semble indéniable également chez Guy de Maupassant, du moins pour le côté corrosif et désabusé, et n'oublions pas qu'il utilisait très fréquemment le surnom de " Maufrigneuse ", l'un des personnages créés par l'auteur de la comédie humaine, clin d'oeil à peine masqué donc au grand génie de la première moitié du XIXème siècle.
Néanmoins, Guy de Maupassant va y apporter une dimension supplémentaire et y imprimer sa patte de façon irréversible. À l'exception notable de Mérimée, l'art de la nouvelle est encore considéré au XIXème comme un sous produit du roman, un format pratique pour les auteurs momentanément désargentés et qui convient bien aux journaux et revues. Maupassant, sans réellement s'ériger contre ce système rentable et à rotation rapide, va créer une sorte de nouveau canon pour le genre.
Premièrement de par le style, en fervent élève de la Bruyère, celui-ci est limpide, enlevé, tout en étant accessible et populaire.
Ensuite par la forme, la structure très construite et ne laissant pas grand chose au hasard.
Et enfin, par le nombre impressionnant (plus de trois cents) de ses contributions au patrimoine littéraire français.
Après lui, on ne pourra jamais plus écrire des nouvelles comme si de rien n'était. On en fait un "spécialiste", alors qu'il semble que Maupassant se percevait surtout comme un écrivain romancier.
L'édition de la Pléiade, concernant les contes et nouvellesDe Maupassant, présente de nombreuses qualités que certains pourraient considérer comme son inconvénient: énorme, exhaustive, monumentale.
Outre les recueils en eux-mêmes, vous aurez donc accès à toutes les nouvelles qui ne figurent pas dans les recueils (mais qui ne sont pas forcément les meilleures, à l'exception de quelques unes dont " Alexandre " ou " L'Endormeuse " par exemple).
N'espérez pas vous en sortir en achetant un seul des 2 volumes Pléiade "contes et nouvelles " car vu qu'elles sont classées par ordre chronologique de première parution, vous risquez fort de n'avoir qu'un bout de tel ou tel recueil, la suite étant dans l'autre tome (ainsi les recueils " La maison Tellier ", " Clair de lune ", " Miss Harriet ", " Les soeurs Rondoli ", " Contes du jour et de la nuit ", " Toine ", " Monsieur Parent " et " le rosier de Madame Husson " sont à cheval sur les 2 tomes).
Pour le reste, rien à redire, belle édition, commentaires de Louis Forestier ni trop ni trop peu présents et les textes De Maupassant sont eux aussi, évidemment à la hauteur.
L'ensemble peut constituer un beau cadeau pour les amateurs, néanmoins, ayant tendance à trouver les contes normands légèrement au-dessus des autres (jugement tout personnel, à mon avis, Maupassant est le Pagnol normand, et en sa qualité de régionaliste, lorsqu'il parle de sa région s'est toujours un ton plus savoureux que quand il se fait l'interprète d'autres réalités régionales), je me permets de vous conseiller une très belle collection chez La Pochothèque, et bien évidemment le volume intitulé " Contes normands ".
Pour le contenu lui-même, j'ai apporté des commentaires plus spécifiques pour l'essentiel des recueils auxquels vous pouvez vous reporter. J'en terminerai simplement en vous livrant recueil par recueil (hormis la lumineuse et hors catégorie "Boule de suif") celles qui m'ont particulièrement séduites :

Dans La Maison Tellier : Histoire d'une fille de ferme, En famille, le papa de Simon, Une partie de campagne & bien sûr, La maison Tellier.

Dans Mademoiselle Fifi : Madame Baptiste, A cheval, Deux amis & Mademoiselle Fifi.

Dans Contes de la bécasse : Pierrot, La rempailleuse, En mer, Un Normand, Aux champs & Saint-Antoine.

Dans Clair de lune : L'enfant, La reine Hortense, le pardon, Les bijoux & Moiron.

Dans Miss Harriet : L'âne, La ficelle, Mon oncle Jules, La mère sauvage & Miss Harriet.

Dans Les soeurs Rondoli : le petit fût, Mon oncle Sosthène & le parapluie.

Dans Yvette : le retour, Mohammed-fripouille & Yvette.

Dans Contes du jour et de la nuit : le père, La parure, le vieux, L'ivrogne & le gueux.

Dans Toine : La dot, le lit 29, Bombard, le père Mongilet, Nos anglais, La confession & bien sûr Toine.

Dans Monsieur Parent : La bête à Maît' Belhomme, le baptême, Tribunaux rustique & Petit soldat.

Dans La petite Roque : Mademoiselle Perle, le père Amable & La petite Roque.

Dans le Horla : Amour, le Diable, le Vagabond & le Horla.

Dans le rosier de Madame Husson : Une vente, L'assassin & La Martine.

Dans La main gauche : Hautot père et fils, Boitelle, le lapin, Duchoux & La morte.

Dans L'inutile beauté : le noyé.

Dans le père Milon : La veillée, le père Milon & L'orphelin.

Dans le colporteur : Jadis, La serre, Fini & Après.
Commenter  J’apprécie          551
Je m'intéresse ici à une nouvelle en particulier : le mariage du Lieutenant Laré.

Cette très courte nouvelle De Maupassant se passe sur fond de guerre contre les Prussiens. Elle est parue en 1877/1878.

Le Lieutenant Laré est chargé d'aller, avec son bataillon, porter secours au Général Lacère, en bien mauvaise posture face à l'ennemi. Arrivé avec ses hommes au bois de Ronfi, il entend des voix. Il dépêche ses éclaireurs qui lui amènent deux personnes : un certain Pierre Bernard, sommelier du Conte de Ronfi et sa fille, lingère. Ils fuient vers Blainville car une douzaine d'uhlans (cavaliers) auraient investi le château, fusillé trois gardes et pendu le jardinier. Voilà qui est pratique car cet homme connaît comme sa poche la région ! Cependant, il neige et la petite donne des signes de fatigue...

Allez, je m'arrête là, ne voulant pas dévoiler quoi que ce soit. En tous les cas, cette nouvelle démontre à quel point Maupassant est un maître en la matière. En quelques paragraphes, tout y est. le schéma narratif est complet, la chute surprend, comme à son habitude, le lecteur. L'atmosphère est également présente et on éprouve de la peine pour ces pauvres soldats confrontés au temps hostile.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          392
Véritable florilège De Maupassant autour des thèmes de l'angoisse, de la folie, ... Des sujets qui reviennent très souvent sous la plume du Normand. Peut-être à cause de l'hérédité maternelle, sans doute du fait de sa maladie à mesure qu'elle progresse et altère corps et esprit, qui sait?

Ce recueil compile des nouvelles très connues comme La chevelure, La nuit ou encore Cocotte. Je retrouve à chaque fois autant de plaisir à me délecter de la prose énergique De Maupassant - à son image, lui qui aimait à faire valoir son physique robuste sur les bords de l'eau.

Son énergie se révèle également dans ses propos qui purent choquer à son époque. Il rejette la morale pudibonde qui conduit à des folies ou des crimes au nom d'un honneur mal placé (cf. L'Enfant). Dans son récit L'Endormeuse, il rêve une utopie où les désespérés pourraient bénéficier d'un service de suicide assisté sans toutes les souffrances des pendaisons, empoisonnements ou coupures de veines. Un récit fort et visionnaire, dérangeant à la fin du XIXème siècle et qui ouvrirait toujours débat aujourd'hui. Il suffit de voir les polémiques autour de l'euthanasie ou de la possibilité de mettre fin à ses jours via assistance en Belgique ou en Suisse.

Maupassant défie le temps et les époques demeurant moderne et passionnant. Comment se passer de lui?
Commenter  J’apprécie          303
En sept nouvelles, Guy de Maupassant fait la part belle aux amours et aux étreintes. Rien de follement romantique, ni d'éternellement passionné. Chez Maupassant, l'amour est d'abord physique, mais également cynique. Qu'un homme donne son coeur à une femme, pourquoi pas, mais pas plus de deux heures.
Sous la plume De Maupassant, on entend des confidences amoureuses murmurées entre hommes du monde. Certains récits chantent la licence et la cuistrerie. « Ils s'étaient juré, les mains dans les mains, de détourner de ce qu'on appelle le droit chemin toutes les femmes qu'ils pourraient, de préférence celle des amis, de préférence encore celle des amis les plus intimes. » (p. 12) Pour ce qui est des amours parisiennes, on apprend qu'un verrou est un précieux allié des étreintes interdites et qu'il faut se méfier des nombreux atours féminins : mieux vaut corrompre les femmes des autres et du monde derrière des portes closes. Quant à choisir entre une jeunesse et une femme faite, l'homme éperdu n'a souvent qu'à tendre les lèvres pour que le sort choisisse à sa place.
Les amours orientales se déroulent sous des tentes capiteuses et sur des tapis moelleux. Mais les amours mauresques sont dangereuses, surtout quand la femme infidèle se jette au cou d'un Infidèle. En terre d'Islam, le coeur est nomade comme les hommes et l'attachement est encore plus rare qu'en France. Mais pour les senteurs fauves d'une étreinte brune, les hommes oublient tout. « Avec les femmes, il faut toujours pardonner… ou ignorer » (p. 114)
Guy de Maupassant nous parle de femmes qui ne sont pas si farouches et d'adultères plus drôles que dramatiques. le texte est grivois parce qu'il n'est pas tragique et parce qu'il traite l'amour comme une bagatelle. L'humour affleure sous la plume et le verbe suggère suffisamment pour prêter à rire. Un recueil savoureux.
Commenter  J’apprécie          250


critiques presse (1)
LaPresse
01 septembre 2014
Son style précis, cruel et drôle, sa narration fluide ponctuée de fines observations psychologiques et ses chutes imprévisibles en général nourrissent le plaisir de le lire, qui ne s'est pas tari plus d'un siècle après sa mort.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (116) Voir plus Ajouter une citation
On me remit les journaux que le facteur venait d'apporter et je m'en allai sur la rive, à pas tranquilles, pour les lire.
Dans le premier que j'ouvris, j'aperçus ces mots : "Statistique des suicides" et j'appris que, cette année, plus de huit mille cinq cents êtres humains se sont tués.
Instantanément, je les vis ! Je vis ce massacre, hideux et volontaire des désespérés las de vivre. Je vis des gens qui saignaient, la mâchoire brisée, le crâne crevé, la poitrine trouée par une balle, agonisant lentement, seuls dans une petite chambre d'hôtel, et sans penser à leur blessure, pensant toujours à leur malheur.
J'en vis d'autres, la gorge ouverte ou le ventre fendu, tenant encore dans leur main le couteau de cuisine ou le rasoir.
J'en vis d'autres, assis tantôt devant un verre où trempaient des allumettes, tantôt devant une petite bouteille qui portait une étiquette rouge.
Ils regardaient cela avec des yeux fixes, sans bouger ; puis ils buvaient, puis ils attendaient ; puis une grimace passait sur leurs joues, crispait leurs lèvres ; une épouvante égarait leurs yeux, car ils ne savaient pas qu'on souffrait tant avant la fin.
Ils se levaient, s'arrêtaient, tombaient et, les deux mains sur le ventre, ils sentaient leurs organes brûlés, leurs entrailles rongées par le feu du liquide, avant que leur pensée fût seulement obscurcie.
J'en vis d'autres pendus au clou du mur, à l'espagnolette de la fenêtre, au crochet du plafond, à la poutre du grenier, à la branche d'arbre, sous la pluie du soir. Et je devinais tout ce qu'ils avaient fait avant de rester là, la langue tirée, immobiles. Je devinais l'angoisse de leur cœur, leurs hésitations dernières, leurs mouvements pour attacher la corde, constater qu'elle tenait bien, se la passer au cou et se laisser tomber.
J'en vis d'autres couchés sur des lits misérables, des mères avec leurs petits enfants, des vieillards crevant la faim, des jeunes filles déchirées par des angoisses d'amour, tous rigides, étouffés, asphyxiés, tandis qu'au milieu de la chambre fumait encore le réchaud de charbon.
Et j'en aperçus qui se promenaient dans la nuit sur les ponts déserts. C'étaient les plus sinistres. L'eau coulait sous les arches avec un bruit mou. Ils ne la voyaient pas..., ils la devinaient en aspirant son odeur froide ! Ils en avaient envie et ils en avaient peur. Ils n'osaient point ! Pourtant, il le fallait. L'heure sonnait au loin à quelque clocher, et soudain, dans le large silence des ténèbres, passaient, vite étouffés, le claquement d'un corps tombant dans la rivière, quelques cris, un clapotement d'eau battue avec des mains. Ce n'était parfois aussi que le clouf de leur chute, quand ils s'étaient lié les bras ou attaché une pierre aux pieds.
Oh ! les pauvres gens, les pauvres gens, les pauvres gens, comme j'ai senti leurs angoisses, comme je suis mort de leur mort !

L'ENDORMEUSE
Commenter  J’apprécie          220
- Mais vous êtes donc fous aujourd'hui, vous êtes fous. Le bon Dieu vous a donné l'amour, la seule séduction de la vie ; l'homme y a mêlé la galanterie, la seule distraction de nos heures, et voilà que vous y mettez du vitriol et du revolver, comme on mettrait de la boue dans un flacon de vin d'Espagne !

Berthe ne paraissait pas comprendre l'indignation de son aïeule.

- Mais, grand-mère, cette femme s'est vengée. Songe donc, elle était mariée, et son mari la trompait.

La grand-mère eut un soubresaut.

- Quelles idées vous donne-t-on, à vous autres, jeunes filles d'aujourd'hui ?

Berthe répondit :

- Mais le mariage, c'est sacré, grand-mère.

L'aïeule tressaillit en son cœur de femme née encore au grand siècle galant.

- C'est l'amour qui est sacré, dit-elle. Écoute, fillette, une vieille qui a vécu trois générations et qui en sait long, bien long sur les hommes et sur les femmes. Le mariage et l'amour n'ont rien à voir ensemble. On se marie pour fonder une famille, et on forme une famille pour constituer la société. La société ne peut pas se passer du mariage. Si la société est une chaîne, chaque famille en est un anneau.

Pour souder ces anneaux-là, on cherche toujours les métaux pareils. Quand on se marie, il faut unir les convenances, combiner les fortunes, joindre les races semblables, travailler pour l'intérêt commun qui est la richesse et les enfants. On ne se marie qu'une fois, fillette, et parce que le monde l'exige ; mais on peut aimer vingt fois dans sa vie, parce que la nature nous a faits ainsi. Le mariage ! c'est une loi, vois-tu, et l'amour, c'est un instinct qui nous pousse tantôt à droite, tantôt à gauche. On a fait des lois qui combattent nos instincts, il le fallait ; mais les instincts toujours sont les plus forts, et on a tort de leur résister, puisqu'ils viennent de Dieu, tandis que les lois ne viennent que des hommes.

(Extrait de la nouvelle "Jadis")
Commenter  J’apprécie          333
J’ai donc vu brûler un homme sur un bûcher et cela m’a donné le désir de disparaître de la même façon. Ainsi, tout est fini tout de suite. L’homme hâte l’œuvre lente de la nature, au lieu de la retarder encore par le hideux cercueil où l’on se décompose pendant des mois. La chair est morte, l’esprit a fui. Le feu qui purifie disperse en quelques heures ce qui fut un être, il le jette au vent, il en fait de l’air et de la cendre, et non point de la pourriture infâme.
Cela est propre et sain. La putréfaction sous terre, dans cette boîte close où le corps devient bouillie, une bouillie noire et puante, a quelque chose de répugnant et d’atroce. Le cercueil qui descend dans ce trou fangeux; serre le cœur d’angoisse; mais le bûcher qui flambe sous le ciel a quelque chose de grand, de beau et de solennel.

LE BÛCHER.
Commenter  J’apprécie          340
J'aime la nuit avec passion. Je l'aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d'un amour instinctif, profond, invincible. Je l'aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent. Les alouettes chantent dans le soleil, dans l'air bleu, dans l'air chaud, dans l'air léger des matinées claires. Le hibou fuit dans la nuit, tache noire qui passe à travers l'espace noir, et, réjoui, grisé par la noire immensité, il pousse son cri vibrant et sinistre.
Le jour me fatigue et m'ennuie. Il est brutal et bruyant. Je me lève avec peine, je m'habille avec lassitude, je sors avec regret, et chaque pas, chaque mouvement, chaque geste, chaque parole, chaque pensée me fatigue comme si je soulevais un écrasant fardeau.
Mais quand le soleil baisse, une joie confuse, une joie de tout mon corps m'envahit. Je m'éveille, je m'anime. A mesure que l'ombre grandit, je me sens tout autre, plus jeune, plus fort, plus alerte, plus heureux.

LA NUIT
Commenter  J’apprécie          263
Je ne l’entendais pas, tant je la regardais
Par sa robe entr’ouverte, au loin je me perdais,
Devinant les dessous et brûlé d’ardeurs folles:
Elle se débattait, mais je trouvai ses lèvres!
Ce fut un baiser long comme une éternité
Qui tendit nos deux corps dans l’immobilité
Elle se renversa, râlant sous ma caresse;
Sa poitrine oppressée et dure de tendresse
Haletait fortement avec de longs sanglots.
Sa joie était brûlante et ses yeux demi-clos;
Et nos bouches, et nos sens, nos soupirs se mêlèrent
Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,
Un cri d’amour monta, si terrible et si fort
Que des oiseaux dans l’ombre effarés s’envolèrent
Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers
Un lien nous tenait…l’affinité des chairs.
Commenter  J’apprécie          210

Videos de Guy de Maupassant (77) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guy de Maupassant
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque samedi à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • • le Grand Carnet d'adresses de la littérature à Paris de Gilles Schlesser aux éditions Seguier https://www.lagriffenoire.com/le-grand-carnet-d-adresses-de-la-litterature-a-paris.html • Guy Savoy cuisine les écrivains, XVIIe siècle de Guy Savoy et Anne Martinetti aux éditions Herscher https://www.lagriffenoire.com/guy-savoy-cuisine-les-ecrivains-xviie-siecle.html • Histoire du Paris gastronomique: du Moyen Age à nos jours de Patrick Rambourg aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/histoire-du-paris-gastronomique-du-moyen-age-a-nos-jours.html • C'est qui le chef ? de Cesare Zanoni, Pénélope Zanoni aux éditions Michel Lafon https://www.lagriffenoire.com/c-est-qui-le-chef--2.html • À l'ombre des étoiles - Être l'enfant de Jules Verne, Verlaine, Maupassant, Colette, Picasso, Max Li de Frantz Vaillant aux éditions du Cerf https://www.lagriffenoire.com/a-l-ombre-des-etoiles-etre-l-enfant-de-jules-verne-verlaine-maupassant-colette-picasso-max-linder-jacques-prevert-albert-camus-leo-ferre-et-boris-vian.html • le Portable de Christophe Wojcik aux éditions Héloïse d'Ormesson https://www.lagriffenoire.com/le-portable-1.html • Un papa vivant de Alice Taglioni aux éditions Robert Laffont https://www.lagriffenoire.com/un-papa-vivant.html • Les disparus de la Durance de Sandrine Destombes aux éditions Hugo Thriller https://www.lagriffenoire.com/les-disparus-de-la-durance.html • Woke fiction - Comment l'idéologie change nos films et nos séries de Samuel Fitoussi aux éditions du Cherche Midi https://www.lagriffenoire.com/woke-fiction-comment-l-ideologie-change-nos-films-et-nos-series.html • Les Monstres: L'Encyclopédie du Merveilleux - tome 4 de Sébastien Perez et Stan Manoukian aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/les-monstres-l-encyclopedie-du-merveilleux-tome-4.html • L'Enfance des méchants, des vilaines et des affreux de Sebastien Perez et Benjamin Lacombe aux éditions Margot https://www.lagriffenoire.com/l-enfance-des-mechants-des-vilaines-et-des-affreux.html • Victor Hugo Notre-Dame de Paris de Georges Bess et Pia Bess aux éditions Glénat https://www.lagriffenoire.com/victor-hugo-notre-dame-de-paris.html Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #editionsseguier #editionsherscher #editionsperrin #editionsmichellafon #editionsducerf #editionsheloisedorm
+ Lire la suite
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (8887) Voir plus



Quiz Voir plus

Maupassant es-tu là?

Quel écrivain Maupassant eut-il pour maître d'écriture?

Charles Baudelaire
Gustave Flaubert
Barbey d'Aurévilly
Tourgueneff

7 questions
296 lecteurs ont répondu
Thème : Guy de MaupassantCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..