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Jacques Dupont (III) (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070386161
224 pages
Gallimard (13/01/1993)
4.02/5   139 notes
Résumé :
Sur l’eau est une nouvelle fantastique de Guy de Maupassant, parue en 1876.
C’est le récit d’une singulière aventure, arrivé à un canotier de la scène en rentrant chez lui, après avoir dîné chez un ami.
Il s’arrête pour fumer une pipe lorsqu’il tressaille, à cause d’un étrange mouvement sur son voilier qui le fait ballotter comme au milieu d’une tempête. Il décide de tirer son encre et de s’en aller, mais quelque chose au fond de la rivière, l’en empêc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai fait une pause bien-être après deux lectures qui m'ont bien secouée. Et c'est auprès de l'ami Maupassant que je me suis assise pour écouter le récit de son voyage en Méditerranée et sur la Méditerranée grâce au yacht le « Bel ami ».

Et le départ se fait d'Antibes, qui à l'époque a encore ses remparts. Sur le bateau, se trouvent également deux marins aguerris qui aident Monsieur, même si celui-ci aime à penser qu'il est le seul maître à bord.

Et Maupassant nous régale de ses observations de la côte vue de la mer. Il faut se replacer au temps où la Côte d'Azur était bien plus sauvage que maintenant, où les villas somptueuses de tous les nantis de la terre n'avaient pas encore conquis les espaces encore plantés des riches essences méditerranéennes.

Plusieurs escales permettent également au lecteur de replonger dans la géographie de l'époque, comme la première à Cannes où les mondains et autres aristocrates se promènent déjà sur la Croisette, où le paraître domine aussi. Ce sera alors le moment pour notre auteur de donner un bon coup de griffe aux amateurs de cette discipline.

Une autre escale dans l'anse d Agay, uniquement accessible en bateau, mènera Maupassant à emprunter un petit chemin et le clair de lune lui permettra de convoquer quelques poètes pour honorer l'astre nocturne, comme Musset ou Hugo. Une convocation sympathique.
Pas du tout comme celle qui suit, car la nuit sans sommeil l'amènera à évoquer la misère aperçue ici et là. Et comme l'écrivain y est plus sensible qu'un autre homme (dixit), le voilà quasiment obligé de retenir de ce qu'il voit pour pouvoir s'en servir dans ses écrits…

La solitude sur le bateau doit le tourmenter. Ses pensées sont bien sombres. L'escale à Saint-Raphael, et le mariage qu'il croise, lui montre combien les hommes sont laids et leur contact amoindrit la pensée : il vaut mieux être seul que plongé dans la foule, on raisonne beaucoup mieux ainsi…

Enfin Saint-Tropez apparaît et le soleil brille enfin. La description de ce petit port de pêche est bien étonnante et c'est là que le lecteur comprend comme le temps a passé et que le charme a presque disparu.


Heureusement que quelques anecdotes et historiettes (la paysanne et son hussard, le prisonnier de Monaco) viennent gratiner ce journal de bord, car pour une fois, je me suis bien ennuyée auprès de Bel Ami, que j'ai trouvé pompeux et plutôt misanthrope. Mais je lui pardonne car, il le dit lui-même, ces quelques réflexions personnelles n'étaient pas destinées et être publiées. Et il récompense quand même le lecteur de certaines descriptions sur la mer bien plus que jolies :
« Dès que nous fûmes dans la passe, entre la jetée et le fort carré, le yacht, plus ardent, accéléra sa marche et sembla s'animer sur les vagues légères, innombrables et basses, sillons mouvants d'une plaine illimitée. Il sentait la vie de la mer en sortant de l'eau morte du port. »
« Quel personnage le vent pour les marins ! On en parle comme d'un homme, d'un souverain tout puissant, tantôt terrible, tantôt bienveillant. C'est de lui qu'on s'entretient le plus, le long des jours, c'est à lui qu'on pense sans cesse, le long des jours et des nuits… il est le maître de la mer, celui qu'on peut éviter, utiliser ou fuir, mais qu'on ne dompte jamais. »
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A ne pas confondre avec la nouvelle du même nom -une des meilleurs nouvelles De Maupassant, macabre et angoissante à souhait- "Sur l'eau" est un aimable journal de bord, une dérive de pensées au fil de l'eau à bord du Bel-Ami, avec deux marins taiseux pour toute compagnie.

Maupassant se laisse aller à ses réflexions amusées, tristes ou ironiques. le couple, la mort, la compagnie des hommes, le travail de bureau, la place de l'écrivain, la société mondaine cannoise, l'îlot de Paganini, les phtisiques de la French Riviera, la côte dentelée et rose de l'Estérel, et surtout le vent, capricieux,tour à tour fraternel et dangereux et la mer, étincelante, diaprée, creusée...

Un bien joli voyage. Paré à virer? Un pur délice stylistique!
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Sur l'eau n'est qu'en partie vrai car l'auteur nous raconte plus souvent ses escales à St Trop, St Raphael, Cannes lorsqu'il fait une petite croisière le long de la côte d'azur. de plus, la nouvelle est aussi un prétexte pour Maupassant de nous décrire ses états d'âme et d'exposer ses réflexions sur la société et les hommes. Peu de lignes donc sur la mer, ce qui est dommage car celles écrites le sont magnifiquement.
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Attirée par la quatrième de couverture qui indique que "Sur l'eau" est une nouvelle fantastique de Guy de Maupassant, je me suis vite interrogée sur ce que j'étais en train de lire. Rien de fantastique mais un récit de voyage ou plutôt un journal de rêvasseries comme le précise l'auteur.
Il faut dire que j'ai téléchargé gratuitement une version numérique sur ma liseuse et qu'il s'agit bien du récit de 1888 et non de la nouvelle de 1876 qui porte le même nom et qui fait partie du recueil de "La maison Tellier". Les deux textes ne sont pas dissociés sur Babelio actuellement.

Me voilà donc embarquée avec Maupassant à bord du "Bel-Ami" pour une croisière le long de la côte méditerranéenne française, sur lequel il tient un journal entre le 6 et le 14 avril, accompagné par deux marins, Bernard et son beau-frère Raymond.
Partant du chantier du constructeur Ardouin du port d'Antibes, il profite de sa solitude flottante pour arrêter les idées errantes qui traversent son esprit comme des oiseaux. C'est Maupassant qui l'écrit et sa superbe plume nous décrit aussi bien la mer que la terre, des paysages vu du bateau ou des lieux qu'il visite à chaque escale.
Sans but précis, le mauvais temps les oblige à accoster à Cannes, occasion d'évoquer les aristocrates étrangers qui envahissent la croisette. Mais c'est plutôt une Côte d'Azur encore sauvage qu'il décrit quand il fait des excursions a terre près d'Agay, de Saint-Raphaël et de Saint-Tropez.

On voit bien que ce journal n'était pas destiné à être publié car les idées De Maupassant dérivent vers des considérations littéraires, sociales, historiques ou géographiques, ce qui n'est pas sans intérêt mais fait un peu tanguer son bateau au nom approprié de "Bel-Ami", on se demande pourquoi...


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J'ai adoré.
Et j'ai un peu de mal à dire pourquoi. Évidemment c'est magnifiquement écrit, c'est simple, c'est fluide.... et pourtant ce n'était pas destiné à être imprimé.
J'ai beaucoup aimé ces digressions sur des sujets divers et variés qui n'ont pas forcément de lien direct avec le récit de voyage même. Et finalement c'est toujours aussi amusant de se rendre compte que les commentaires sur la société du XIXème siècle sont toujours d'actualité.
J'ai aimé ces petites anecdotes sur les personnages emblématiques de certains lieus.
Et surtout, ne connaissant pas du tout la région au large de laquelle se faisait cette croisière, je me suis rapidement retrouvé face à google Map pour comprendre et "visualiser" le voyage.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
"J'aime cette heure froide et légère du matin, lorsque l'homme dort encore et que s'éveille la terre.
L'air est plein de frissons mystérieux que ne connaissent point les attardés du lit.
On aspire, on boit, on voit la vie qui renaît, la vie matérielle du monde, la vie qui parcourt les astres et dont le secret est notre immense tourment"...
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Si on pouvait ouvrir les esprits comme on lève le couvercle d'une casserole, on trouverait des chiffres dans la tête d'un mathématicien, des silhouettes d'acteurs gesticulant et déclamant dans la tête d'un dramaturge, la figure d'une femme dans la tête d'un amoureux, des images paillardes dans celle d'un débauché, des vers dans la cervelle d'un poète, mais dans le crâne des gens qui viennent à Cannes on trouverait des couronnes de tous les modèles, nageant comme les pâtes dans un potage.

Des homme se réunissent dans les tripots parce qu'ils aiment les cartes, d'autres dans les champs de courses parce qu'ils aiment les chevaux. On se réunit à Cannes parce qu'on aime les Altesses Impériales et Royales.

Elles y sont chez elles, y règnent paisiblement dans les salons fidèles à défaut des royaumes dont on les a privées.

On en rencontre de grandes et de petites, de pauvres et de riches, de tristes et de gaies, pour tous les goûts. En général elles sont modestes, cherchent à plaire et apportent dans leurs relations avec les humbles mortels une délicatesse et une affabilité qu'on ne retrouve presque jamais chez nos députés, ces princes du pot aux votes.

Mais si les princes, les pauvres princes errants, sans budgets ni sujets, qui viennent vivre en bourgeois dans cette ville élégante et fleurie, s'y montrent simples et ne donnent point à rire, même aux irrespectueux, il n'en est pas de même des amateurs d'Altesses.

Ceux-là tournent autour de leurs idoles avec un empressement religieux et comique, et, dès qu'ils sont privés d'une, se mettent à la recherche d'une autre, comme si leur bouche ne pouvait s'ouvrir que pour prononcer "Monseigneur" ou "Madame" à la troisième personne.
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Mais de temps en temps on rencontre un pauvre être décharné qui se traîne d'un pas accablé, appuyé au bras d'une mère, d'un frère ou d'une sœur. Ils toussent et halètent ces misérables, enveloppés de châles malgré la chaleur, et nous regardent passer avec des yeux profonds, désespérés et méchants.

Ils souffrent, ils meurent, car ce pays ravissant et tiède, c'est aussi l'hôpital du monde et le cimetière fleuri de l'Europe aristocrate.

L'affreux mal qui ne pardonne guère et qu'on nomme aujourd'hui la tuberculose, le mal qui ronge, brûle et détruit par milliers les hommes, semble avoir choisi cette côte pour y achever ses victimes.

Comme de tous les coins du monde on doit la maudire, cette terre charmante et redoutable, antichambre de la mort, parfumée et douce, où tant de familles humbles et royales, princières et bourgeoises ont laissé quelqu'un, presque toutes un enfant en qui germaient leurs espérances et s'épanouissaient leurs tendresses.

Je me rappelle Menton, la plus chaude, la plus saine de ces villes d'hiver. De même que dans les cités guerrières on voit les forteresses debout sur les hauteurs environnantes, ainsi de cette plage d'agonisants on aperçoit le cimetière, au sommet d'un monticule.

Quel lieu ce serait pour vivre, ce jardin où dorment les morts ! Des roses, des roses, partout des roses. Elles sont sanglantes, ou pâles, ou blanches, ou veinées de filets écarlates. Les tombes, les allées, les places vides encore et remplies demain, tout en est couvert. Leur parfum violent étourdit, fait vaciller les têtes et les jambes.

Et tous ceux qui sont couchés là avaient seize ans, dix-huit ans, vingt ans.
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Quiconque n’a pas vu cette mer du large, cette mer de montagnes qui vont d’une course rapide et pesante, séparées par des vallées qui se déplacent de seconde en seconde, comblées et reformées sans cesse, ne devine pas, ne soupçonne pas la force mystérieuse, redoutable, terrifiante et superbe des flots.
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C’est le calme, le calme doux et chaud d’un matin de printemps dans le midi ; et déjà, il me semble que j’ai quitté depuis des semaines, depuis des mois, depuis des années les gens qui parlent et qui s’agitent ; je sens entrer en moi l’ivresse d’être seul, l’ivresse douce du repos que rien ne troublera, ni la lettre blanche, ni la dépêche bleue, ni le timbre de ma porte, ni l’aboiement de mon chien. On ne peut m’appeler, m’inviter, m’emmener, m’opprimer avec des sourires, me harceler de politesses. Je suis seul, vraiment seul, vraiment libre. Elle court, la fumée du train sur le rivage ! Moi je flotte dans un logis ailé qui se balance, joli comme un oiseau, petit comme un nid, plus doux qu’un hamac et qui erre sur l’eau, au gré du vent, sans tenir à rien. J’ai pour me servir et me promener deux matelots qui m’obéissent, quelques livres à lire et des vivres pour quinze jours. Quinze jours sans parler, quelle joie !
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Vidéo de Guy de Maupassant
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