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Citations sur Sur l'eau (41)

"J'aime cette heure froide et légère du matin, lorsque l'homme dort encore et que s'éveille la terre.
L'air est plein de frissons mystérieux que ne connaissent point les attardés du lit.
On aspire, on boit, on voit la vie qui renaît, la vie matérielle du monde, la vie qui parcourt les astres et dont le secret est notre immense tourment"...
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Quiconque n’a pas vu cette mer du large, cette mer de montagnes qui vont d’une course rapide et pesante, séparées par des vallées qui se déplacent de seconde en seconde, comblées et reformées sans cesse, ne devine pas, ne soupçonne pas la force mystérieuse, redoutable, terrifiante et superbe des flots.
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On s'acharne pendant des années à imiter ce qui est, et on arrive à peine, par cette copie immobile et muette des actes de la vie, à faire comprendre aux yeux exercés ce qu'on a voulu tenter.
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J’aime le ciel comme un oiseau, les forêts comme un loup rôdeur, les rochers comme un chamois, l’herbe profonde pour m’y rouler, pour y courir comme un cheval et l’eau limpide pour y nager comme un poisson.
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J'aime cette heure froide et légère du matin, lorsque l'homme dort encore et que s'éveille la terre. L'air est plein de frissons mystérieux que ne connaissent point les attardés du lit. On aspire, on boit, on voit la vie qui renaît, la vie matérielle du monde, la vie qui parcourt les astres et dont le secret est notre immense tourment.
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C’est le calme, le calme doux et chaud d’un matin de printemps dans le midi ; et déjà, il me semble que j’ai quitté depuis des semaines, depuis des mois, depuis des années les gens qui parlent et qui s’agitent ; je sens entrer en moi l’ivresse d’être seul, l’ivresse douce du repos que rien ne troublera, ni la lettre blanche, ni la dépêche bleue, ni le timbre de ma porte, ni l’aboiement de mon chien. On ne peut m’appeler, m’inviter, m’emmener, m’opprimer avec des sourires, me harceler de politesses. Je suis seul, vraiment seul, vraiment libre. Elle court, la fumée du train sur le rivage ! Moi je flotte dans un logis ailé qui se balance, joli comme un oiseau, petit comme un nid, plus doux qu’un hamac et qui erre sur l’eau, au gré du vent, sans tenir à rien. J’ai pour me servir et me promener deux matelots qui m’obéissent, quelques livres à lire et des vivres pour quinze jours. Quinze jours sans parler, quelle joie !
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De toute la côte du Midi, c'est ce coin que j'aime le plus. Je l'aime comme si j'y étais né, comme si j'y avais grandi, parce qu'il est sauvage et coloré, que le Parisien, l'Anglais, l'Américain, l'homme du monde et le rastaquouère ne l'ont pas encore empoisonné.
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Tout à coup autour de nous, sur la mer aussi nette qu’une plaque d’acier, glissent de place en place, rapides, effacés aussitôt qu’apparus, des frissons presque imperceptibles, comme si on eût jeté dedans mille pincée de sable menu. La voile frémit, mais à peine, puis le gui, lentement, se déplace vers tribord. Un souffle maintenant me caresse la figure et les frémissements de l’eau se multiplient autour de nous comme s’il y tombait une pluie continue de sable.
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J'aime le ciel comme un oiseau, les forêts comme un loup rôdeur, les rochers comme un chamois, l'herbe profonde pour m'y rouler, pour un courir comme un cheval, et l'eau limpide pour y nager comme un poisson. Je sens frémir en moi quelque chose de toutes les espèces d'animaux, de tous les instincts, de tous les désirs confus des créatures inférieures. J'aime la terre comme elle et non comme vous, les hommes, je l'aime sans l'admirer, sans la poétiser, sans m'exalter. J'aime d'un amour bestial et profond, méprisable et sacré, tout ce qui vit, tout ce qui pousse, tout ce qu'on voit, car tout cela, laissant calme mon esprit, trouble mes yeux et mon cœur, tout : les jours, les nuits, les fleuves, les mers, les tempêtes, les bois, les aurores, le regard et la chair des femmes.
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Mais de temps en temps on rencontre un pauvre être décharné qui se traîne d'un pas accablé, appuyé au bras d'une mère, d'un frère ou d'une sœur. Ils toussent et halètent ces misérables, enveloppés de châles malgré la chaleur, et nous regardent passer avec des yeux profonds, désespérés et méchants.

Ils souffrent, ils meurent, car ce pays ravissant et tiède, c'est aussi l'hôpital du monde et le cimetière fleuri de l'Europe aristocrate.

L'affreux mal qui ne pardonne guère et qu'on nomme aujourd'hui la tuberculose, le mal qui ronge, brûle et détruit par milliers les hommes, semble avoir choisi cette côte pour y achever ses victimes.

Comme de tous les coins du monde on doit la maudire, cette terre charmante et redoutable, antichambre de la mort, parfumée et douce, où tant de familles humbles et royales, princières et bourgeoises ont laissé quelqu'un, presque toutes un enfant en qui germaient leurs espérances et s'épanouissaient leurs tendresses.

Je me rappelle Menton, la plus chaude, la plus saine de ces villes d'hiver. De même que dans les cités guerrières on voit les forteresses debout sur les hauteurs environnantes, ainsi de cette plage d'agonisants on aperçoit le cimetière, au sommet d'un monticule.

Quel lieu ce serait pour vivre, ce jardin où dorment les morts ! Des roses, des roses, partout des roses. Elles sont sanglantes, ou pâles, ou blanches, ou veinées de filets écarlates. Les tombes, les allées, les places vides encore et remplies demain, tout en est couvert. Leur parfum violent étourdit, fait vaciller les têtes et les jambes.

Et tous ceux qui sont couchés là avaient seize ans, dix-huit ans, vingt ans.
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