Troisième épisode de la série chinoise de l'auteur, c'est aussi la plus aboutie pour l'instant, en attendant de découvrir les suivants, petit à petit. L'intrigue démarre vite, avec la découverte fortuite d'un charnier de 18 cadavres de femmes éparpillées façon puzzle là où devaient être coulées les fondations d'une banque sino-américaine à Shangaï. Ainsi commence, tambour battant, l'enquête de l'inspecteur Li Yan spécialement appelé de Pékin pour cela. Bien entendu Margaret Campbell, médecin légiste de haute volée, mais aussi son amante, revient précipitamment des States pour l'épauler.
Le roman est aussi bien sûr le prétexte à l'évocation des évolutions de la société chinoise entre traditions et modernisme, dérive capitalistique et orthodoxie politique. Margaret reste évidemment la dynamiteuse en chef occidentale dans ce milieu traditionnel, où le plus important reste de ne pas perdre la face.
Sous couvert d'enquête policière, l'auteur construit son roman autour du thème de la politique chinoise de l'enfant unique, de manière astucieuse, le thème devenant la base de l'histoire.
Le livre rentre donc sans fioriture dans le vif du sujet dès les premières pages et reste rythmé jusqu'au dénouement final, au fil d'une enquête policière exempte de grosses ficelles ; la partie polar est très bien menée et prenante de bout en bout, le suspense et les rebondissements réguliers et bien distillés en font un roman agréable à lire. le personnage du journaliste est d'ailleurs étonnant et sort un peu du classicisme policier, et nous retrouvons la nièce de Li, Xinxin, en catalyseur de sentiments.
La seule faiblesse est dans la relation entre les deux personnages principaux, Li et Margaret, qui jouent beaucoup à "je t'aime moi non plus" au prétexte des différences d'éducation, de culture entre orient et occident. La possible attirance de Li pour une orientale précipite l'occidentale dans des affres et tourments type "il ne peut qu'aimer une chinoise du même milieu que lui, notre amour est condamné avant même d'avoir prospéré, dois-je renoncer à me battre pour lui..." shakespeariens, et pour tout dire un poil puéril de la part de personnages réfléchis et érudits, chef d'un groupe d'enquêteurs policiers et médecin légiste faut-il le rappeler, et qui seraient à peine capables d'assumer un amour trans-atlantique...Mais bon l'auteur à peut-être besoin de ce chaos relationnel entre ses deux principaux protagonistes afin de permettre l'élaboration cohérente de la coopération policière quasi contre nature entre représentants de deux pays antagonistes à la base de sa série.
Le livre est agréable à lire, et au travers de ses enquêtes l'auteur
Peter May nous fait découvrir sa Chine, pour laquelle son attirance est évidente.