Tueuse

Pour sa toute première bande dessinée, Damien May adapte le roman éponyme d'Annie Barrière, paru chez L'Écailler du Sud en 2003.

"Tueuse" est un polar très noir qui invite à suivre le quotidien d'une tueuse solitaire et efficace, qui assassine sur commande et sans scrupules. Cette femme asociale dont l'auteur taira le nom jusqu'à la fin, opère toujours pour le même commanditaire et n'éprouve de sentiments pour personne, excepté pour Léa, sa chatte, et Zan, une prostituée noire. Ce sont ces quelques sentiments qu'elle éprouve, qui vont finir par venir dérégler la belle mécanique parfaitement huilée de ce prédateur sans merci.

Si la mise en place est un peu lente, c'est une fois que ce grain de sable vient enrayer la mécanique et que ses émotions viennent perturber son efficacité professionnelle, que le récit devient véritablement intéressant. Si l'ensemble est parfaitement narré, à l'aide d'une voix-off percutante et immersive, c'est surtout le graphisme noir et blanc de l'auteur qui fait mouche. D'un trait sombre et épais, il plonge le lecteur dans une ambiance marseillaise sombre et pesante et installe parfaitement ses personnages. Pour une entrée dans le neuvième art, c'est d'une maîtrise surprenante !

Un très bon one-shot, d'un auteur à surveiller de près !

Une professionnelle qui finit cependant par ressentir une forme d'empathie pour certaines de ses victimes. Damien May s'approprie le destin de cette femme, son évolution, sa dérive alors que disparaissent un à un ses repères humains et professionnels. Il met en place, pour ce faire, un univers graphique noir et blanc fortement marqué par le travail d'Edmond Baudoin. Un parti pris qui lui permet de donner une véritable unité à ce récit somme toute contemplatif, à l'indolence presque méridionale, entrecoupé de scènes crues et/ou véritablement violentes.