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2.5/5   2 notes
Résumé :
L'influence de Pessoa continue à filtrer jusqu'à nous des envies de traductions, alors nous poursuivons sont cette voie tracée par le premier numéro qui posait des questions aux traducteurs sur leur pratique.
Une occasion de plus : F. Mayröcker vient d'avoir 87 ans. Elle publie un livre par an chez son éditeur allemand Suhrkamp. Une bonne raison de mieux la faire connaître.
L'autre proposition, ce sont des auteurs qui ont peu ou pas publié. Adapté à no... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En ce moment, les magazines « undeground » se portent bien (paradoxe, quand tu nous tiens !). Enième rejeton de la portée, le magazine de L'Intranquille continue sa percée en publiant ici le deuxième numéro du titre. Cette revue cherche clairement à se définir par des critères de qualité qui concernent à la fois la forme et le fond de l'ouvrage. du côté de la forme, on sort le grand jeu du papier épais, on s'essaie à un format inhabituel ou à une typographie qui ne court pas les pages ; du côté du fond, le lecteur s'attend à découvrir des articles de derrière les fagots, loin des thèmes traités en long, en large et en travers dans la presse classique. de l'underground, des valeurs, une envie de se différencier ? C''est tout bon, mais à trop en faire, on risque de glisser vers l'obscurantisme, la prétention et le mépris. Tiens, tiens… Ne serais-je pas en train de décrire le cheminement à travers pages de L'Intranquille ?

Le credo de la rédaction semble très clairement inspiré des mouvements de protestation qui se sont déchaînés après la publication du petit Indignez-vous de Hessel. Mais lisez plutôt :

Citation:
« Adapté à notre deuxième décennie du siècle, faire de cette notion d'intranquillité, un lieu de mouvements, de réflexions et nous restons présents au monde : après « dégage » à propos du début des révolutions méditerranéennes en mars 2011, voici « dégradations du triple A » confié à des graphistes aux poètes « visuels » ou « spatialistes ». »


Après tout, pourquoi pas ? Si la plupart a compris que la lutte armée menée à travers les média de communication a peu d'impact sur l'évolution réelle des mentalités et des modes de gouvernement (en tout cas en France), il n'est absolument pas néfaste que certains se livrent encore farouchement au combat. On se demande avec curiosité quels seront les moyens employés par ce magazine littéraire pour mener à bien sa lutte.

Les premières pages s'ouvrent sur des extraits d'ouvrages poétiques écrits par de parfaits inconnus. « Hourrah ! » se dit-on, il existe encore des moyens de faire entendre la voix des méconnus du paysage littéraire ! Hélas, on comprend rapidement ce qui avait retenu ces écrivains dans l'ombre de leur anonymat… Leur poésie n'est pas tranquille, c'est certain. Les mots se baladant dans tous les coins de la page, passant du français à l'anglais sans se poser de question, et se permettent des libertés de typographie ou de ponctuation qu'on finit par ne plus compter. le tourbillon des audaces visuelles se déchaîne sous nos yeux, non pas pour nous provoquer et nous perturber dans nos habitudes de lecture qui, soit dit en passant, ont déjà été remises en cause tous les jours depuis le début du 20e siècle (et même avant), mais pour cacher le grand vide qui caractérise le sens des « poèmes ». On ne dit rien, on fait du remplissage qui fait clignoter l'oeil de surprise mais qui amollit le cerveau et le plonge dans un état de torpeur redoutable :

Citation:
« bientôt paradeuses modèles & depuis
I can get no satisfaction je n'essaie plus
& depuis
les écailles ne tombent-elles des yeux qu'a-
vec la vie ? »
(Christophe Stolowicki)


Si cela ne vous suffit pas :

Citation:
« j'aimais les coquelicots
mais j'en vois très peu aujourd'hui
j'aimais les pêches
j'aimais les abricots
j'aimais beaucoup les pêches-abricots. »
(Emmanuelle Imhauser)


Mais ne soyons pas ingrats, et sachons reconnaître les bribes de révolte qui parsèment, par-ci, par-là, ces pages intranquilles de tranquillité :

Citation:
« Z'allez voir c'que z'allez voir : Créer c'est moins naïf que ça : Créer c'est d'abord détruire […] »
(Rorik Dupuis)


Tout au plus aura-t-on réussi à déclencher en vous la passion folle du rire. C'est cela l'intranquillité : croire que l'on s'endort, commencer à baver sur les pages en papyrus classieuses de ce magazine, et finir écroulé de rire par de vaines prétentions à la bravade de moeurs. Les références au dadaïsme sont nombreuses, parfois même clairement indiquées. le problème, c'est que le dadaïsme ne se contente pas d'être une source d'inspiration : il devient clairement la base d'un plagiat effronté, et représente le triomphe d'un mouvement vieux de trois quarts de siècle sur des esprits à peine extraits de leur couveuse. L'Intranquille revendique fièrement la mise en avant de ses écrivains inconnus (ou presque) du grand public, mais son effet retors est de faire croire au lecteur que finalement, les écrivains inconnus mériteraient bien de rester reclus pour un bon moment encore…

Poursuivons notre découverte… La suite propose au lecteur une compilation de dessins sur le thème de la perte du triple A. On ne pouvait pas trouver meilleur cheval de bataille… Les « poètes graphiques » se succèdent, les variations en noir et blanc (sobriété oblige) ne permettant malheureusement pas de prendre conscience de l'esthétique supposée de leur travail. Ne parlons pas de leur message : on a compris avant de ciller où chaque contributeur veut en venir. Ce n'est pas la surprise, le questionnement ou la réflexion qui viendront bouleverser le lecteur, tout juste une confirmation de ce qu'il pensait déjà : L'Intranquille se veut contestataire et totalement dénué de recul critique sur sa propre pensée.


Suit un dossier concernant Friederike Mayröcker, peu connue dans nos contrées. La progression dans la découverte est intéressante : des éléments de biographie, une interview, puis des extraits de son oeuvre se proposent de nous faire partager les éléments de son univers. On espère s'accrocher là à du solide mais la réception est violente, encore une fois. Les seuls textes proposés sont fidèles à ceux que L'Intranquille nous a déjà donné l'occasion de lire tout au fil des pages précédentes :

Citation:
« […] –ah cette pression de saisir ta
Main pour ne pas céder au besoin de
Devoir me jeter dans l'abîme (au sans-flor)
Quand le gauche l'oeil malade se mit à larmoyer : les cils
1 pure fontaine pulsante 1 pluvieuse ondée les larmes lachrymae »
- Sur le Cobenzl –


Pas la peine de mentionner le contenu du reste du magazine… Des critiques d'ouvrages obscurs qui ne donnent pas envie d'être lus, des extraits de journaux intimes à en faire désespérer de l'humanité, et l'extrait d'un témoignage sur Maupassant, peut-être ce qu'il y a de plus intéressant –car le moins prétentieux- dans tout ce magazine.

L'Intranquille ne laisse pas tranquille, en effet. On croirait presque qu'il s'agit là d'une parodie et que l'objectif de la rédaction est de se foutre de son lecteur –de celui qui aurait peut-être eu envie de lire quelque chose de différent, et de découvrir des pans méconnus et de qualité de la littérature. En cherchant à se distinguer de l'offre de masse mais en ne proposant rien qui ne parvienne à l'égaler (c'est un comble), L'Intranquille nous donne envie de retourner rapidement à nos grands kiosques. Hé, c'était peut-être leur but ?!


Lien : http://colimasson.over-blog...
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Voila que je me décide enfin à publier la critique du magazine reçu il y a un moment : L'intranquille numéro 2. Revue littéraire française soumise à abonnement.

Commencons par la découverte visuelle et la prise en main :

Très bon grammage de papier, belle qualité. Justifie sans doute le prix demandé pour les 2 numéros (25euros).
Présentation en noir et blanc ( noir et jaune ) plutôt rébarbative, rappelle un peu les vieux manuels des années 30, ne donne pas l'envie de l'ouvrir pour en découvrir plus.
Quelques illustrations vieillottes au crayon, police standard reprenant les gros titres à la manière des tables des matières.

Autant depuis quelques années la littérature a tout fait pour perdre son image peu avenante et abandonner l'image du rat de bibliothèque croulant sous des tas de vieux livres poussiéreux, autant ce magasine nous y replonge a pieds joints !
C'est donc avec des pieds de plombs que j'entame cette critique, j'avoue que la mise en bouche de la couverture ne m'as pas mise en appétit …

Je trouve l'écriture fort serrée, je me sens étouffée rien qu'à lire les premières lignes, je suis parfois perdue devant cette mise en page « originale », je ne sais pas ou poser les yeux pour commencer.

Changement de police pour la deuxième partie de la revue, osons le « comic sans » histoire de donner un petit coup de jeune à la lecture ?
Ensuite mélange de police selon les chapitres, aie mes yeux !!!

Bien que j'aie attendu la dernière minute pour trouver la motivation nécessaire, je ne parviens pas à lire vraiment le contenu de cette revue qui possède vraiment tout ce que je n'aime pas.
Incompréhension totale … ennui …

Je regrette amèrement de devoir publier une critique si négative mais je ne rendrais service à personne, et surtout pas à moi-même, en mentant et en faisant croire que je trouvais la lecture agréable.
J'espère vraiment ne pas m'être fait des ennemis, j'ai essayé d'être la plus objective possible dans ma négativité.
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La revue de littérature L'intranquille présente dans ce numéro des textes d'auteurs reconnus, les poètes belges Christophe Stolowicki (extrait de Pathologie des saisons, à écouter http://bit.ly/O6D1QF) ou Denys-Louis Colaux (dont un recueil est disponible ici http://bit.ly/NteSkM), mais aussi de nouveaux auteurs comme Anne Peslier, Rorik Dupuis ou Emanuelle Imhauser. Il s'agit bien de découvertes et de travaux en cours qui nous sont présentés ici.
La revue liégeoise offre ainsi un aperçu des expérimentations et des tendances de la production poétique du moment, la présentation de traductions originales est un des objectifs de la revue, comme la publication de premiers textes.
Les pages centrales sont consacrées à des interventions graphiques originales autour du thème sardonique de la "Dégradation du triple A".
Un dossier est consacrée à l'écrivain autrichienne Friederike Mayröcker (http://bit.ly/7MmeaL) : entretien, lettres et surtout traductions... Un aperçu de l'oeuvre de cet auteur de premier plan dont très peu d'ouvrages sont disponibles en français.
La revue se poursuit avec un cahier critique de revues et recueils parus récemment, puis par la publication d'un extrait du journal du poète Michel Valprémy, écrivain bordelais disparu en 2007, qui parcourt l'année 1968.
Enfin, une série d'extraits des "Souvenirs de Guy de Maupassant" par son valet de chambre, où l'on voit un Maupassant plutôt original et facétieux, qui affirme néanmoins la constance de sa santé mentale... il vient de terminer le Horla et anticipe les critiques !
Textes, traductions, critiques, entretiens, dessins composent une revue très attrayante (par son contenu comme par sa forme) dont l'unité est seulement assurée par le plaisir de la découverte, de la rencontre et de l'expérimentation poétiques... Un numéro exigeant mais très surprenant et enrichissant, dans lequel il ne faut pas hésiter à piocher au hasard pour apprécier la liberté de ton qui parcourt la poésie post-moderne !
Lien : http://www.facebook.com/page..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
quand vient la neige, dit-elle, quand la neige vient
la douleur elle dit, quand vient la neige la gêne
souffrent les os, dit-elle, tu marches avec la canne du lit jusqu’à la porte.
Quand viendra la neige elle dit, tu souffriras, quand la
neige vient gonfle une larme hors de ton œil, quand la
neige viendra la douleur en toi pleurera. Quand la neige
vient, dit-elle, se taisent les oiseaux et le faon gèle,
quand viendra la neige, une fleur unique ouvrira son
œil violet –fleur connaissance.

-FRIEDERIKE MAYRÖCKER-
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LE CHATEAU DE HYENES : Est le lieu où l’on n’est qu’une syllabe. Un tourment par exemple s’y perdrait car il vit trop longtemps, et comme la mémoire se raréfie, l’humeur s’éparpille tristement. Au château de hyènes vivent les étonnés : Ulysse souviens-toi que l’esprit est dans tes entrailles.

-Anne Peslier-
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L'influence de Pessoa continue à filtrer jusqu'à nous des envies de traductions, alors nous poursuivons sont cette voie tracée par le premier numéro qui posait des questions aux traducteurs sur leur pratique.
Une occasion de plus : F. Mayröcker vient d'avoir 87 ans. Elle publie un livre par an chez son éditeur allemand Suhrkamp. Une bonne raison de mieux la faire connaître.
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Quelques vers (anti-vers) fermaient la première et longue strophe de façon à anéantir la référence biblique : Merde à tout bible bulbe barbe bibelots abolis.

-Denys Louis Colaux -
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[…] –ah cette pression de saisir ta
Main pour ne pas céder au besoin de
Devoir me jeter dans l’abîme (au sans-flor)
Quand le gauche l’œil malade se mit à larmoyer : les cils
1 pure fontaine pulsante 1 pluvieuse ondée les larmes lachrymae

-FRIEDERIKE MAYRÖCKER-

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Videos de Friederike Mayröcker (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Friederike Mayröcker
Par Lucie Taïeb.
Samedi 19 septembre 2020 / 11 h
Lucie Taïeb est enseignante-chercheuse, traductrice de l'allemand, poète et écrivaine. A publié des textes en revue remue.net, plexus-S, z:, aka, Action restreinte, ce qui secret, des essais : Feshkills.Recycler la terre, éditions Varia 2019, Territoires de mémoire, 2012. Plusieurs recueils : peuplié, 2019, Tout aura brûlé, Les Inaperçus, 2013, La Retenue, LansKine, 2015 ; des traductions de l'allemand, dont Cruellement là, de Friederike Mayröcker, Atelier de l'Agneau, 2014. Et deux romans aux éditions de L'Ogre : Les Échappées, prix Wepler Fondation La Poste 2019, et Safe, 2016.
+ Lire la suite
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