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Vincent Raynaud (Traducteur)
EAN : 9782221096543
Robert Laffont (15/01/2004)
3.65/5   273 notes
Résumé :
Tandis qu'un de ses collègues chirurgiens opère sa fille Angela, victime d'un grave accident de la route, Timoteo, fou de douleur, lui raconte la trouble passion vécue des années auparavant et qui, enfouie en lui, a modelé ses relations avec les trois femmes de sa vie : Angela, sa fille ; Elsa, sa femme ; Italia, sa maîtresse.

Peu avant la naissance d’Angela, Timoteo a eu une liaison avec cette femme passionnément aimée, malgré tout ce qui les séparai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 273 notes
Un livre-confession, avec tout ce que cela comporte d'exhibitionnisme et d'obscénité.

Sur fond de mélodrame- un accident, une opération de la dernière chance- Timoteo, chirurgien et père d'une jeune fille accidentée, tandis qu'un de ses collègues se charge de l'opération, se lance dans une confession chaotique comme sa propre vie: celle d'une liaison torride avec une femme pauvre, laide, humble et fidèle prénommée Italia, qu'il a connue et aimée juste avant la naissance de sa fille, quinze ans auparavant.

Et c'est à sa fille, Angela, plongée dans le coma, qu'il fait le récit détaillé de cette passion dévorante.

On ne peut s'attacher à un tel narrateur: lâche, égoïste, mauvais père et mauvais mari, amant aussi cruel dans ses exigences que dans ses négligences...que reste-t-il de Timo?

On ne peut s'attacher à cette passion d'un homme pour une femme qui "n'était pas son genre" : Swann est passé par là, qui a si bien dit, lui, cette passion physique d'un homme du monde pour une femme du demi-monde, qu'il tentait de s'expliquer parce qu'Odette avait quelque chose d'un Botticelli dans le ployé de sa nuque...Buzzati a repris ce thème dans "Un amour", avec une grande finesse...Mais il y a chez Margaret Mazzantini un goût pour le sordide, le cru, le gore qui rend toute cette confession suspecte.

Et cet amour viscéral, commencé par un viol, incompréhensible.

On est plein de pitié, de commisération pour la pauvre Italia, résignée, souffrante, muette, repliée sur son attente, puis sur le vide de son existence mais on ne comprend pas ce que Timo lui trouve, qui lui donne tant de prix.

Le narrateur est tellement incapable d'aimer vraiment quiconque qu'il est bien en peine de le dire - il n'y a que lui-même, au fond, qui l'intéresse : comment expliquer les interminables pages finales, quand tout est devenu irrémédiable, si ce n'est par une insupportable complaisance narcissique?

Autre "disagio" et non des moindres: comment imaginer une seconde un père faisant ce récit dégoulinant de honte et de concupiscence mêlés à sa propre fille en train de lutter contre la mort?

Bref, j'ai lu en V.O. "Non ti muovere" - un bien meilleur titre, revenant en leit-motiv dans cette auto-flagellation machiste où tout le monde, en effet, doit cesser de bouger pour écouter Monsieur le chirurgien nous confier ses turpitudes.

Je l'ai lu jusqu'au bout, par acquis de conscience et surtout pour me familiariser avec la langue d'une nouvelle auteure réputée abordable. Mais, qu'on me pardonne, je n'ai aimé ni l'argument, ni le narrateur, ni les motivations latentes. Je me suis sentie salie, insultée, méprisée comme toutes les femmes de Timo. C'était peut-être le but. Mais cela ne m'a pas fait plaisir du tout. J'ai vérifié une fois de plus mon absence de masochisme féminin...et ça m'a toute ragaillardie!

Non ti muovere, Timo! Reste où tu es!
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Angela, quinze ans, est admise aux urgences suite à un accident de scooter. Son père est chirurgien dans cet hôpital.
Hématome crânien. Son collègue se charge de l'opération.
Au chevet de sa fille entre la vie et la mort, il s'adresse à elle et lui confie toute sa vie, et en particulier son amour fou pour une jeune femme un peu paumée : Italia.
Comme sa fille, il joue sa vie comme il l'a jouée seize ans auparavant.

J'ai littéralement dévoré ce roman.
Même si le style n'a rien de particulier, il est mené de main de maître.
C'est un magnifique portrait d'homme, sans concessions, lucide, sensible, douloureux.
Un homme faible, comme nous pouvons tous l'être
Un homme qui a vécu un amour fou pour une fille étrange.
Certes, le livre est un peu dérangeant. le fait que le père s'adresse à sa fille, même si elle ne l'entend pas, pour lui raconter son improbable histoire d'amour, avec des termes plutôt crus m'a parfois questionnée.
Mais je pense que la crainte de perdre sa fille le mène au plus profond de lui-même, d'où cette confession absolue.
Bref, un livre que j'ai aimé.
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Un jour de pluie et d'étourneaux qui souillent les rues,une voiture qui glisse, une fille de quinze ans,sans casque,qui tombe de sa Vespa. Une course en ambulance vers l'hôpital,ce même hôpital où exerce le père,chirurgien.
C'est lui qui raconte l'encerclement terrible et minutieux du destin.Il parle à sa fille,(en pensée),il se parle à lui_même, dans un salon contigu à la salle d'opération.
Ce père qui attend dans sa blouse verte et son angoisse,est un homme qui,depuis des années semble s'être accommodé de son existence paisible de professionnel estimé,
Ce tiède mari d'une brillante journaliste,ce père distrait et fade d'une adolescente comme il y en a tant, est brusquement mis à nu,décortiqué,contraint à évoquer une vérité étrangère et violente ..Il révèle le secret douloureux d'un autre lui-même,désarmé et obscène.
Margaret Mazzantini a écrit un roman sur la précarité et l'ambivalence des sentiments,sur la difficulté d'aimer,d'une écriture sensible,capable de noter les nuances psychologiques .
C'est une histoire dure, crue,mais qui m'a accrochée et fait tourner les pages .
Toutefois,je partage l'avis de lululifat . J'ai trouvé improbable l'attachement irrésistible du chirurgien pour une femme sans attrait,terne et prématurément flétrie.
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Que pense Valentyne (Ecoute-moi de Margaret Mazzantini)de ce livre, Ecoute-moi, en lecture commune comme nous aimons tant à le faire quatre fois l'an? Ce premier livre de Margaret Mazzantini a eu pas mal de retentissement en Italie en 2004. Confession d'un chirurgien de renom que le très grave accident de scooter de sa fille Angela, quinze ans, plonge dans une auto-analyse bouleversante, douloureuse, impudique. Timoteo s'adresse ainsi à sa fille, entre la vie et la mort, comme s'il offrait ses aveux pour le salut d'Angela. Ecoute-moi est un roman très fort, certes traversé par un exhibitionnisme qui peut mettre mal à l'aise, mais qui explore les tréfonds de l'âme de cet homme, donc un tout petit peu aussi ceux du lecteur,de tréfonds. du moins c'est ainsi que je l'ai ressenti. Jusque là la parenthèse dans l'existence de Timoteo, quinze ans plus tôt était restée dans un coin de mémoire, comme entreposée, et je suppose que chacun pourra alors se reconnaître en lui. N'avons-nous pas presque tous comme ça un ou plusieurs épisodes de notre vie, comme enfouis mais prompts à nous sauter à la figure à l'occasion d'un choc comme le coma d'Angela? Non que cet évènement ancien soit forcément honteux ou glorieux, mais tellement inhérent et chevillé corps et âme à notre existence. Nos échecs et nos douleurs nous façonnent plus que nos réussites, plus relatives ou ressenties comme telles en général.

Difficile d'en dire davantage, ce serait trop dire, mais le voyage à l'intérieur de l'âme humaine où nous entraîne Margaret Mazzantini est bouleversant. La rencontre qu'a faite Timoteo il y a quinze ans coïncidait avec la naissance d'Angela. Comment cet homme instruit, cultivé et à l'aise, a-t-il pu s'engloutir dans une relation à première vue incompréhensible? Ce serait ignorer les pas toujours glorieuses incertitudes de l'amour, et les faiblesses, les coups du sort qui guettent les pauvres créatures terrestres que nous sommes. Comme un sentiment de déréliction, de perdition, voire de descente aux enfers flotte au, long de ce beau roman curieusement nommé ici Ecoute-moi alors que Non ti muovere se traduirait plutôt par Ne bouge pas. Mais je me dis aussi que pour une bonne écoute il faut rester là,presque sans bouger. C'est à ce prix que l'histoire de Timoteo se révèle comme très proche car à vrai dire Timoteo...c'est moi, ou peut-être vous, enfin nous tous, en ces moments si douloureux qu'il nous faut consentir à dire l'indicible.



Sergio Castellito, acteur réalisateur souvent sensible, et accessoirement époux de Margaret Mazzantini, a adapté le livre. le film est sorti en France sous le titre A corps perdu. Je ne l'ai pas vu mais ne suis pas sûr que Penelope Cruz soit le choix idéal pour le rôle d'Italia, qui met la vie de Timoteo sens dessus dessous. Et peut-on aller jusqu'à voir dans le prénom du personnage une métaphore du pays? Questo é il problema.
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Ecoute-moi, Non ti muovere en italien (ne bouge pas, convenant bien mieux au livre, je ne sais pas pourquoi ils ont choisi une autre traduction) se lit d'une traite. Je l'ai d'ailleurs lu en une journée. Margaret Mazzantini, tout comme dans son dernier roman Venir au monde, réussit à créer une ambiance lourde, parfois dérangeante, mais qui donne envie de savoir la suite.

Ce roman est la confession d'un homme qui craint de perdre sa fille, et qui révèle une part sombre de lui-même. Timoteo ne m'a pas parut sympathique. Ce n'est pas le genre d'homme que je fréquenterai dans la vie « réelle ». Il est infidèle, violent et égoïste. Par contre le personnage d'Italia est attachant et émouvant. Sa fragilité transparait dans l'écriture de Margaret Mazzantini. C'est en fait elle la véritable héroïne du roman. Une jeune femme abîmée par la vie.

Ecoute-moi est également un film, adapté du roman de Margaret Mazzantini et réalisé et interprété par son mari, Sergio Castellitto. Pénélope Cruz y incarne magistralement Italia.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Nous nous assîmes. Le soleil commençait à être plus clément. Elsa allongea les jambes, étira la pointe des pieds jusqu’à l’eau et resta à regarder ses ongles qui apparaissaient et disparaissaient sous le sable humide. Nous étions habitués à demeurer assis, l’un à côté de l’autre, en silence. Cela ne nous déplaisait pas. Mais, après quelques jours d’éloignement, il fallait faire violence à nos intimités corrompues par la solitude. Je trouvai la main de ta mère et la caressai. Elle avait trente-sept ans. Peut-être qu’elle aussi regrettait la fille au manteau de casentino orange qui titubait complètement saoule et riait, pliée en deux sur le môle que le vent éclaboussait de mer. Peut-être la cherchait-elle sur le bout de ses pieds, là où une écume claire allait et venait. Mais non, c’était moi, le desaparecido. Moi, avec mon travail sans horaires. Moi qui donnais avec parcimonie, prenais avec hâte. Mais nous n’allions certainement pas nous mettre à creuser le sable à la recherche de nos manquements respectifs. Le courage n’avait plus sa place parmi nous. Le courage, Angela appartient aux amours nouvelles. Les amours anciennes sont toujours un peu viles. Non, je n’étais plus son mec, j’étais l’homme qui l’attendait dans la voiture quand elle entrait dans un magasin. La main d’Elsa glissait, plus douce, dans la mienne, comme le museau d’un cheval qui reconnaît son avoine.
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Et déjà tu es là, entre nous, Angela. M’aurais tu choisis comme père si tu avais su dans quel état d’esprit je t’accueillais ? Je ne crois pas. Je ne crois pas t’avoir méritée. Tu étais déjà là, une mouche glissée dans le ventre de ta mère et je ne t’ai même pas gratifiée d’une pensée tendre, ne crois pas que je l’ai oubliée. Tu es apparue dans cette maison le soir ou j’avais décidé de la quitter et tu n’as fait qu’une bouchée de mon destin. Pour toi, petite mouche innocente, pas même une pensée. Pour toi, égarée dans la poudrière de ces cœurs adultes qui ne sont surs de rien, qui ne savent pas qui ils sont ni ce qu’ils veulent, qui ne savent pas où ils iront.
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Je pourrais te dire, Angela, que les ombres des réverbères semblaient me tomber dessus comme des oiseaux morts et que, dans cette chute sur le pare-brise, je voyais s'abattre tout ce que je n'avais pas. Je pourrais te dire que, tandis que je roulais trop vite et que les ombres plongeaient de plus en plus vite, montait en moi le désir de combler ce manque par un quelconque bouche-trou. Je pourrais te dire beaucoup de choses qui, maintenant, sonneraient juste, mais qui alors ne l'étaient peut-être pas. La vérité, je ne la connais pas, je ne m'en souviens pas. Je sais seulement que je roulais vers elle sans aucune pensée précise. Italia n'était rien. Elle était la petite mèche d'une lampe à pétrole. Le feu était au-delà d'elle, dans cette lumière huileuse qui baignait mes besoins et tout ce qui me manquait.
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D'une certaine façon, c'est vous qui m'avez protégé de moi-même. Moi je ne me suis jamais senti "naturel". Je me suis efforcé de l'être, tentatives grinçantes tant s'efforcer d'être naturel constitue déjà une défaite. Ainsi ai-je accepté la silhouette que vous avez découpée pour moi dans le papier de soie de vos attentes.
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J'étais heureux,on ne réalise jamais qu'on l'est, Angela,et le me demandai pourquoi le fait de prendre conscience d'un sentiment si bienveillant nous trouve toujours mal préparés ,peu attentifs,si bien que nous ne connaissons que la nostalgie du bonheur, ou son éternelle attente.
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Dans un style à la fois lyrique et incisif, Margaret Mazzantini décortique une passion amoureuse et livre une réflexion subtile sur l'homosexualité. Un coup de maître, dans la lignée de son premier succès "Écoute-moi".
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