C'est toujours un plaisir de retrouver Mma Ramotswe, Mma Makutsi, et le Botswana. A chaque épisode, l'auteur approfondit un peu plus la psychologie de ses personnages et les fait évoluer au rythme lent de l'Afrique. Dans celui-ci, Mma Makutsi va enfin réaliser son rêve : se marier et s'extraire définitivement de sa condition initiale de femme pauvre. Pendant qu'elle s'affaire à préparer son mariage, sa patronne et amie, Mma Ramotswe a une drôle d'affaire à tirer au clair : un paysan riche la sollicite parce que plusieurs de ses bêtes ont été tuées. La voilà donc partie enquêter dans la campagne africaine, où le moins qu'on puisse dire, c'est que les témoins sont rares...du moins en apparence. de plus, l'apprenti du garage lui cause bien du souci car le voilà père indigne, et pour couronner le tout elle rencontre le fantôme de son ancienne camionnette blanche qu'elle aimait tant...
Chaque histoire est un voyage au Botswana, et derrière l'apparente légèreté de ses romans, l'auteur parvient à glisser subtilement quelques phrases sur les problèmes plus graves (Sida, conditions de la femme et des enfants, adultères). Mais il ne manque jamais de nous en rappeler les valeurs essentielles : la famille et l'entraide. Une lecture qui fait vraiment du bien.
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Toujours un joli petit plaisir de retrouver Mma Ramotswe et son entourage.
Evidemment, le classement dans la série "Grands détectives" est un peu limite.
Il y a bien une enquête, mais rien de bien terrible.
Cependant on suit avec plaisir les recherches, les idées et les fausses pistes de nos dames détectives.
Et surtout, on sourit beaucoup, l'humour est présent à chaque page, mais rien de déjanté, que du gentiment drôle.
Et c'est un vrai dépaysement de parcourir la ville et la campagne du Botswana, en compagnie d'une dame "de constitution traditionnelle", de découvrir la vie, les us et les habitudes des habitants.
Je vais rechercher les quelques tomes de la série que je n'ai pas encore lus car vraiment je me régale.
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J'ai découvert cette série il y a une dizaine d'années, et c'est toujours avec plaisir que je retrouve Precious Ramotswe et son cher Botswana. L'auteur ponctue, comme à chaque fois, son récit de refrains : le petit camion blanc, l'amour du bétail, les pauses thé, les chaussures parlantes de Mma Makutsi... La lecture devient alors un jeu.
Ce n'est néanmoins pas le meilleur tome de la série; l'enquête principale du roman se termine un peu en queue de poisson, comme si l'auteur n'avait pas su comment la terminer.
Mais, je lirai le prochain tome !
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Comme les précédents, McCall Smith nous emmène dans un monde lent et contemplatif, doux et chaud.
Pas d'horreur, pas d'excessif, pas de carnages ou de trop-plein de mots qui heurtent.
Les passages au Bostwana avec Mma Ramotswe sont toujours un plaisir.
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La diatribe se poursuivit.
- "Un jour, je l'ai conduit jusqu'à la clôture cassée pour lui montrer qu'elle gisait sur le sol comme une vieille clôture du temps du protectorat. Peut être même une vieille clôture britannique...Et je lui ai dit :"Regardez ! C'est quoi ça ? Ce n'est pas votre clôture, peut être ?" Et il m'a répondu : "Cette clôture est à vous, Rra . Elle est de votre responsabilité et c'est à vous de la réparer, pas à moi. Ne venez pas me demander de réparer une clôture qui n'est pas la mienne et qui n'a rien à voir avec moi." Ce sont exactement ses paroles, Mma. Et il a fallu que je prenne une grande inspiration, parce que j'étais tellement en colère que j'avais oublié de respirer et que je n'avais plus d'oxygène du tout. C'est le genre d'homme qui vous oblige à consommer tout votre oxygène quand vous discutez avec lui, Mma. Ce n'est pas seulement moi, je vous assure. Beaucoup de gens se sont retrouvés à court d'oxygène en se disputant avec cet homme. Peut être que c'est ce qu'il recherche..."
Quand un être humain allait mal, l'amour suffisait parfois à le remettre sur pied, mais cette réalité ne s'appliquait pas aux véhicules. Une cliente le lui avait d'ailleurs démontré. Elle lui avait apporté sa voiture, qui se comportait de façon bizarre.
-- Je l'aime beaucoup, avait-elle affirmé. Je suis très gentille avec elle et pourtant, on dirait qu'elle a décidé de me causer du souci. Qu'est-ce que j'ai fait, Mr J.L.B. Matekoni, pour mériter ça ?
-- Ce n'est pas une question d'amour, lui avait-il répondu. C'est l'huile.
— Est-ce qu’une fourgonnette blanche est passée par là, Mma ? Pas une grosse… Une petite, à peu près de la taille de la mienne, mais bien plus vieille. Et blanche.
La femme fronça les sourcils.
— Quand ça, Mma ? Je ne suis là que depuis une demi-heure.
— Oh non, cela ne fait pas si longtemps ! C’était il y a deux ou trois minutes à peine. Quatre au grand maximum.
La femme secoua la tête.
— Non, Mma. Personne n’est passé par ici depuis au moins dix minutes, peut-être même plus. Et il n’y a eu aucune fourgonnette blanche. Je l’aurais vue. Je ne fais que regarder, vous comprenez.
— Vous en êtes sûre, Mma ?
L’autre hocha vigoureusement la tête.
— Sûre et certaine, Mma. Moi, je vois tout, vous savez. Je travaillais dans la police autrefois. Pendant trois ans, j’ai été policière. Seulement un jour je me suis fait mal en tombant d’un camion et ensuite, on m’a dit que je ne marchais plus assez bien pour rester. Qu’est-ce qu’ils peuvent être bêtes, quelquefois !
— Je ne suis qu’un garagiste, Mma Ramotswe, avait-il dit alors à son épouse. Un garagiste est une personne qui répare les voitures et les autres véhicules. Voilà ce que fait un garagiste.
Mma Ramotswe l’avait poliment écouté, mais son cœur, à l’intérieur, s’était mué en un bloc de terreur. Elle savait que le sort de sa fourgonnette était en jeu ; elle aurait préféré l’ignorer.
— Il me semble que je comprends ce que fait un garagiste, Rra, avait-elle répondu. Mais toi, tu es un très bon mécanicien, tout à fait capable de réparer une…
Elle s’était interrompue. Mr. J.L.B. Matekoni, si doux en temps normal, levait l’index.
Mma Makutsi détourna les yeux. Elle ne pensait pas être belle. Elle aurait bien aimé, pourtant ; jeune fille, elle avait souhaité la beauté de tout son coeur, de tout son coeur, mais elle avait fini par se faire à l'idée que c'était là un cadeau que l'on recevait dans le creuset du ventre maternel et qu'il n'était plus disponible à une étape ultérieure. Toutefois, les paroles de Patricia la poussèrent à se demander l'espace d'un instant, s'il ne s'agissait pas d'une vérité et si la beauté ne s'était pas tout à coup introduite subrepticement chez elle, comme pouvaient le faire l'âge ou la marque des soucis.
Alexandre MacCall Smith au Botswana par Journeyman Pictures