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Suzanne V. Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782070424511
252 pages
Gallimard (29/08/2002)
3.37/5   192 notes
Résumé :
Dans le froid glacial d'un hiver londonien, deux vieux amis discutent : Clive Linley, musicien de renom, et Vernon Halliday, patron d'un puissant quotidien anglais. À leur côté, achève de se consumer le corps de leur ancienne maîtresse, la flamboyante Molly Lane, critique gastronomique et photographe.
Tous deux expriment la même antipathie à l'égard d'un autre ancien amant de Molly: Julian Garmony, ministre des Affaires étrangères, aux idées xénophobes et rép... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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« Cela lui vint comme un cadeau ; un grand oiseau gris s'envola à son approche en jetant un cri d'alarme. Tandis qu'il prenait de la hauteur et virait de l'aile pour s'éloigner au-dessus de la vallée, il émit un son flûté sur trois notes dans lesquelles Clive reconnut l'inversion d'une ligne déjà écrite de sa partition, destinée au piccolo. Quelle élégance, quelle simplicité. » (...) Il lui vint l'image d'une volée de marches se dépliant, glissant, s'abaissant – hors de la trappe d'un grenier, ou de la portière d'un avion léger. Une note planait sur les suivantes et les suggérait. Il l'entendait, il y était, et puis cela s'effaça. Il n'avait plus que la lueur d'une cruelle image rémanente, et l'écho fuyant d'un petit air triste. »

J'ai beaucoup aimé ce roman, la construction, la fin épatante, mais ce qui m'a le plus plu a été la description de la naissance d'une musique dans la tête d'un compositeur. J'ai pu approcher ce que ça doit être avec cette lecture car la plume de Ian McEwan est virtuose quand elle se met à décrire le génie qui vient enchanter l'âme, lui chanter le doux refrain qui lui fera découvrir la mélodie qui marquera les esprits durant des siècles. Enfin, ce qui m'a clouée, frappée : l'appendice avec la reprise du poème de William Blake, Un arbre empoisonné. Je ne le connaissais pas du tout et je fus statufiée pour ainsi dire, à me voir le lire et le relire sans pouvoir fermer ce livre avant encore une dernière lecture.

« J'étais en colère contre mon ami ;
Je lui dis mon courroux, mon courroux s'éteignit.
J'étais en colère contre mon ennemi :
Je lui dis mon courroux, lors mon courroux grandit. »
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Ian McEwan, mon écrivain anglais préféré, a fait beaucoup mieux que ce petit roman à l'intrigue efficace mais capillotractée et dont une semaine après la lecture j'ai déjà presque tout oublié.
Ils sont pourtant plutôt réussis ces deux portraits de baby boomers, amis à la vie et nantis de tous les défauts que l'on adore reprocher à cette génération : enfants bénis des dieux économiques portés au succès par la vague des trente glorieuses, égotistes jusqu'à l'écoeurement, Clive et Vernon, s'ils se sont choisi des voies différentes pour exprimer leur génies respectifs, ont néanmoins en commun trois choses : une amante, la sidérante Molly sur la tombe de laquelle s'ouvre le roman, une même capacité à tourner sans vergogne le dos à leurs idéaux de jeunesse, et enfin la même absolue incapacité à prendre le tournant du siècle. Ils ont eu beau signer un pacte pour éviter la honte d'une piteuse sortie de route, quand ça veut plus, ça veut plus.
Reste néanmoins la plume fluide acerbe de McEwan qui croque les travers des milieux de pouvoirs britanniques avec une méchanceté jubilatoire.

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Ce roman, le premier que je lis de cet auteur, en dépit d'une narration fascinante et d'une écriture magnifique, m'a laissé perplexe, je ne sais pas trop quoi en penser, je crois qu'il peut y avoir plusieurs lectures, notamment selon l'âge du lecteur.

Personnellement, j'y ai ressenti, derrière l'écriture impeccable et raffinée, d'abord l'histoire, au minimum du déclassement de celui ou de celle qui vieillit et devient « has been » sans s'en rendre compte, au plus, du spectre de la déchéance et de la mort.
Mais on peut la lire aussi comme la critique féroce des nantis qui, ayant eu la chance de naître dans la période des « Trente Glorieuses », ont piétiné leurs idéaux, et vivent dans l'égocentrisme et l'hubris.

Deux amis, ou qui croient l'être, se retrouvent lors des funérailles de celle dont ils furent tous deux amants, Molly Lane, une femme libre et pleine de vie, mariée à un vieil homme, George Lane, en apparence insignifiant, mais qui se révélera en fait un grand manipulateur. Molly Lane, grande critique gastronomique, a sombré dans la démence sans réaliser son état, et de ce fait, sans avoir pu demander le suicide assisté dont, quand elle était en bonne santé, elle avait le projet dès qu'elle aurait compris qu'elle était condamnée à mourir.

Il y a Clive Linley, un compositeur vieillissant, qui se débat avec la composition du final de sa Symphonie du Millénaire, une oeuvre qui lui a été commandée en prévision du passage à l'an 2000. Un homme peu sympathique, imbu de lui-même, tout imprégné de la valeur de l'ensemble de l'oeuvre qu'il va laisser à la postérité, égocentrique et gagné par l'hubris.

Il y a aussi Vernon Halliday, directeur de la rédaction d'un journal en perte de vitesse, aux rubriques vieillottes, et qui espère le relancer en publiant des photos à scandale.

Ces deux-là ont une bien étrange amitié, qui se mêle d'aversion voire de haine réciproques, et d'une peur commune de la déchéance qui les amène à sceller un terrible pacte. Mais ils ont aussi en commun la détestation d'un autre ancien amant de Molly Lane, John Garmony, un politicien réactionnaire, opposé à l'IVG et partisan de la peine de mort, actuel Ministre des Affaires Étrangères, mais qui se verrait bien Premier Ministre.

Tandis que nous découvrons, quasiment de l'intérieur, et c'est remarquable, l'évolution de la création de l'oeuvre symphonique d'un Clive tantôt inspiré et fiévreux, tantôt abattu et cherchant à se ressourcer dans une randonnée montagnarde (des pages superbes), Vernon reçoit du mari de Molly Lane plusieurs photographies intimes prises par Molly, et compromettantes de John Garmony. Il perçoit tout le profit qu'il peut tirer de leur publication pour relancer les ventes de son journal. Demandant l'avis de son ami Clive, il rencontre une opposition farouche de ce dernier qui lui objecte le respect dû à la mémoire de leur ancienne maîtresse.

La suite du récit est faite de rebondissements inattendus, jusqu'à une fin dans la ville d'Amsterdam, je ne vous dis pas pourquoi, une fin en forme de farce tragique et cruelle, qui illustre toute l'illusion dans laquelle l'un et l'autre vivaient. Mais dont le sens m'est apparu alambiqué, d'ailleurs y en a-t-il un?
Ceci dit, il y a une façon de raconter fascinante, d'une ironie distanciée, féroce, sans équivalent à tout ce que j'ai déjà lu.
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Noir c'est noir....
Un décès, des amis, des cas de conscience...Ian McEwan nous plonge ici dans une histoire originale (comme souvent chez lui). On retrouve son écriture toujours brillante, ironique et remarquablement intelligente. Il s'agit d'un livre plus ancien (1998) qui m'a toutefois moins touché que ses oeuvres ultérieures. Il a été couronné du prestigieux Booker Prize.
Ma "note" s'explique par le fait que cela m'est apparu comme un McEwan un peu plus mineur, mais je l'ai lu avec plaisir et certaines scènes resteront gravées en moi. On retrouve sa capacité incroyable à s'immerger dans des domaines complexes, la neurologie, les robots, ou bien ici la musique "contemporaine" par le biais du personnage de Clive.
Quels sont les droits supérieurs des génies se demande notamment McEwan ? Je vous laisse découvrir la réponse...
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Amsterdam de Ian McEwan parle de la trajectoire de trois hommes, amants de la même femme qui vient de décéder et qui se rencontrent lors de l'enterrement. Deux sont amis, Clive le musicien et Vernon le redac chef d'un grand journal anglais. le troisième est le probable futur premier ministre.

L'auteur joue avec le thème du retournement. La vie bascule à un moment donné. On abandonne ses illusions, on se recentre uniquement sur son intérêt. Vernon va chercher à assoir sa position au sein de son journal en voulant dénoncer un scandale qui pourrait couter sa carrière au politicien quitte à exploiter des thèmes racoleurs. le musicien est rongé par le manque d'inspiration et se coupe du monde et des autres tant il ne pense qu'à lui et son oeuvre. Cela peut faire basculer des amis vers le meurtre.

J'ai trouvé que c'était bien écrit et délicieusement froid. Il manquait peut-être un peu de sel pour être tout à fait à mon gout.

23 mai 2012
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
En passant sur le pont, il retrouva le souvenir que lui avait laissé Amsterdam d'une ville merveilleusement calme et civilisée. Il fit un large détour à l'ouest pour flâner au long de Brouwersgracht. Sa valise ne pesait pas bien lourd. Cette masse d'eau qui coulait au milieu d'une rue, il trouvait cela si apaisant. C'était un lieu si tolérant, si libre de préjugés, si adulte : ces magnifiques entrepôts de brique et de bois sculptés transformés en appartements pleins de goût, ces modestes ponts sortis d'un tableau de Van Gogh, ce discret mobilier urbain, ces Hollandais intelligents, décontractés qui passaient à bicyclette avec de charmants enfants assis derrière. Même les commerçants ressemblaient à des professeurs, les balayeurs à des musiciens de jazz. On ne pouvait concevoir une ville organisée de manière plus rationnelle.
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Durant la première heure de marche, il sentit, malgré son optimisme, la solitude des grands espaces l'oppresser..Mais, tout en poursuivant son chemin, il savait qu'il allait retrouver son envergure et chasser la peur. Il n'y avait ici aucune menace, rien que l'indifférence des éléments. Des périls existaient...mais, y faire face lui rendrait le sentiment de se maîtriser. Bientôt le roc serait purifié de toute signification humaine, le paysage resplendirait de beauté et l'aspirerait en son sein; l'âge immémorial des montagnes et le fin réseau de vie qui les revêtait viendrait lui rappeler qu'il faisait partie de cet ordre des choses en tant que créature insignifiante, et il recouvrerait sa liberté.
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Oui, une messe de souvenir. À St-Martin plutôt qu'à St James, église trop fréquentée ces temps-ci par le public crédule qui lisait le genre de livres que lui-même publiait. Une messe à St Martin donc, où lui seul prendrait la parole et personne d'autre. Pas d'anciens amants pour échanger des regards en coin. Il sourit et, tandis qu'il levait la main vers la sonnette, son esprit caressait déjà voluptueusement la question fascinante de la liste des invités.
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Dans l'ouest de Londres où il habitait, et où il faisait son petit tour quotidien, il lui était facile de percevoir la civilisation comme la somme de tous les beaux-arts, ainsi que du design, de la gastronomie, des bons vins et autre raffinements. Mais maintenant elle lui semblait se révéler sous son vrai jour - des dizaines d'hectares de maigres pavillons modernes ayant pour fonction principale de porter des antennes râteaux et des paraboles ; des usines produisant une camelote bonne à rien que les télévisions vanteraient dans leurs spots publicitaires et, sur des parkings sinistres, les camions faisant la queue pour la distribuer ; et, partout ailleurs, des routes et la tyrannie de la circulation. Cela ressemblait à un lendemain de fête tapageuse. Nul n'aurait pu souhaiter que les choses prennent cette tournure, mais personne n'avait été consulté. Personne n'avait planifié ce paysage suburbain, personne n'en voulait, mais la plupart des gens étaient contraints d'y vivre. A le contempler sur des kilomètres, qui se serait douté que la bonté ou l'imagination , que Purcell ou Britten, Shakespeare ou Milton aient jamais existé ? .../... En ce qui concernait le bien-être de toute autre forme de vie sur la terre, l'entreprise humaine n'était pas seulement un échec, mais une erreur depuis le début.
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Ces gens là - les romanciers étaient de loin les pires - parvenaient à convaincre leur entourage que non seulement leur temps de travail, mais la moindre de leurs siestes et de leurs promenades, leurs accès de mutisme, d'abattementou d'ivrognerieétaient couverts par l'immunité des grands desseins. Un masque pour la médiocrité, estimait Clive.
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Videos de Ian McEwan (111) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ian McEwan
Rencontre avec Ian McEwan à l'occasion de la parution de son roman Leçons aux éditions Gallimard.


Ian McEwan a passé une grande partie de sa jeunesse en Extrême-Orient, en Afrique du Nord (en Libye), et en Allemagne, où son père, officier dans l'armée britannique, était envoyé. Il a fait ses études à l'université du Sussex et l'université d'East Anglia, où il a été le premier diplômé du cours d'écriture créative créé par Malcolm Bradbury. Insolite et insolente, provocatrice, hautement originale, l'oeuvre de Ian McEwan surprend par ses tours de force de concision et d'humour. L'auteur joue avec les énigmes qui sont l'essence de la narration. Tous ses romans affichent une parenté lointaine, sous forme de simulacre, avec l'énigme policière. Il a publié plusieurs nouvelles et romans pour adultes et, en 1994, le Rêveur, un recueil de nouvelles pour la jeunesse.
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13/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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