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Brice Matthieussent (Traducteur)
EAN : 9782264017406
306 pages
Christian Bourgois Editeur (12/09/1999)
3.46/5   55 notes
Résumé :
"Si la prose musclée de McGuane, admirable équilibre entre virtuosité et profondeur, nous promène au coeur des grands espaces du Montana, on aurait tort de le prendre pour un écrivain régionaliste, un westerner confit dans les regrets du paradis disparu. De Key-West au Montana, c'est toujours à la même réflexion angoissée que nous convie cette étonnante écriture qui fait de McGuane l'un des plus grands écrivains américains à découvrir et à ne pas lâcher."
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'aime l'écriture de cet auteur ; elle me fait voyager, elle m'embarque dans un Montana sauvage aux teintes emprises de nostalgie, elle me confère un sentiment de liberté, de grands espaces, elle m'emmène dans un musée à ciel ouvert où chaque détail de la vie quotidienne se voit comme une peinture. Dès que Tom se met à décrire ses alentours, j'ai le sentiment de me retrouver face à une toile et en spectateur privilégié assiste au vernissage de son exposition intitulé ‘vision du ranch sans nom'.

De quoi traite ce roman de Tom McGuane ? J'aurais tendance à dire que je m'en balance. Je ne lis pas du McGuane pour son histoire mais pour son décor, son ambiance, sa chaleur. Il ne se passe pas une page sans que je me dise ‘j'y suis'. Enfin. Dans un Montana où pour une fois il n'est pas question de pêche à la mouche mais plutôt de ranch en perdition, de cow-boys gestionnaires, de banquiers et de crises financières. Il ne se passe pas une page où mon esprit me dit ‘j'y reste' car c'est le genre de lecture qu'il se plait à faire durer et à échafauder des délires sur quelques bisons paressant tranquillement en attendant l'heure de se retrouver découper en T-Bone et griller sur le barbecue.

Les mots sentent le terroir, respirent le vieux whisky, parfument de poussière râpeuse mon stetson. Peu m'importe s'ils font éloge de lenteur et d'inaction. Peu m'importe s'il ne s'y passe pratiquement rien là-bas, hormis des choses anodines du quotidien qui ne méritent même pas d'être mentionnées ici. Juste une pinte de whisky à boire, juste un soutien-gorge à dégrafer, cela me suffit amplement. Car c'est ça la vie sauvage dans un ranch du Montana : des instants de passions et d'autres, expectatives.

[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Thomas McGuane est né en 1939, dans le Michigan, d'une famille d'origine irlandaise. Il a étudié à l'université du Michigan où il rencontrera Jim Harrison qui deviendra son plus vieil ami, ainsi qu'à Yak et à Stanford. Ses romans paraissent à partir de 1969. Il est également l'auteur de scénarios pour le cinéma, notamment celui de Missouri Breaks (1976) d'Arthur Penn, avec Marlon Brando et Jack Nicholson à l'affiche. Quittant la vie tumultueuse du milieu du cinéma, il part habiter dans le Montana, où, entre rodéo et pêche sportive, il continue d'écrire. Il a depuis publié une dizaine de romans, trois essais et deux recueils de nouvelles. Couronné de nombreux prix littéraires il a été élu membre de l'Académie américaine des arts et des lettres en 2010. Actuellement, il vit dans un ranch à McLeod, dans le Montana. Paru en 1989, L'Homme qui avait perdu son nom, était son troisième roman.
Joe Starling vit à Kay West, il a perdu son goût pour la peinture et s'est reconverti dans l'illustration de modes d'emploi pour appareils électroménagers et autres prospectus publicitaires. Il traverse l'existence comme une âme en peine, ne sachant trop quoi faire de sa vie, désabusé et n'avançant que pour ne pas tomber, partageant un peu d'amour avec Astrid, une jeune cubaine. Décidé à se retrouver, sur un coup de tête il plaque tout et retourne à la source, le Montana, pour y reprendre le ranch familial, son héritage depuis la mort de ses parents, tenu par sa tante Lureen, célibataire, et son oncle Smitty, perturbé psychologiquement depuis son retour du bourbier Vietnamien. Au pays de sa jeunesse, Joe retrouve son amour d'alors, Helen, mariée avec son pire ennemi Billy.
L'herbe est plus verte ailleurs prétend un dicton mensonger et même les cow-boys peuvent se laisser abuser, complète Thomas McGuane. Si Joe Starling abandonne les palmiers de Floride pour les prairies du Montana, il n'y retrouvera pas pour autant la sérénité qu'il pensait y avoir abandonnée. Mal dans sa peau en ville quand il bossait comme illustrateur publicitaire pour son ami d'enfance Ivan, devenu homme d'affaires, Joe l'est tout autant à la campagne, allant jusqu'à confondre deux personnes différentes en prononçant une oraison funèbre. « Faut vraiment que je sorte de ce brouillard, se dit Joe. »
Abandonnant la réussite matérielle offerte par Ivan qui veut le détourner du « gâchis de son existence antérieure », Joe tentera le retour à la terre mais ça l'obligera à raviver des souvenirs pas toujours plaisants, sur son père rancher autoritaire devenu banquier et alcoolique (addiction dont souffrait le propre père de McGuane et qui revient souvent dans son oeuvre), sur le voisin qui cherche depuis toujours à s'accaparer les terres familiales pour agrandir son domaine et les magouilles induites dont Lureen et surtout Smitty ne sont pas innocents. Et cette Helen, premier amour de jeunesse, mais fille du voisin qui veut les terres de Joe, dont la fille Clara pourrait être sa propre enfant, a-t-il encore sa chance avec elle ? Quand le roman s'achève, « le ciel était bleu (…) il dut reconnaître que son moral grimpait en flèche », le brouillard de sa vie semble s'être dissipé ?
L'écrivain ne se prive pas de glisser dans son texte des considérations désolées sur l'état de son pays et du monde en général, conséquences du libéralisme économique et de la société de consommation, refusant « de s'abandonner à la fiesta de la consommation qui définissait la vie même de la nation ». A moins, comme tout au long des dix pages des chapitres VIII et IX véritable road-movie entre la Floride et le Montana, qu'il n'utilise le travelling pour nous dépeindre le coeur de l'Amérique.
J'ai un problème avec Thomas McGuane, ses bouquins devraient me passionner, décors et thèmes ont peu ou prou des affinités avec ceux de toute la clique des plumes du Nature Writing, ses potes font tous partie de mes idoles personnelles (Par exemple : Warren Oates, Harry Dean Stanton pour le cinéma, Jim Harrison pour la littérature) mais pourtant, je n'accroche pas vraiment à ses romans. En son temps j'avais lu le Club de chasse (1992) et comme pour cet Homme qui avait perdu son nom, même si j'admets que ce sont de bons romans, je ne me sens pas aussi enthousiaste que je voudrais bien l'être. En tant que lecteur je me sens trop extérieur à l'histoire, trop détaché. Peut-être est-ce dû à l'écriture que je trouve un peu froide, ici je n'ai réellement été transporté que lorsque l'écrivain évoque la terre et les prairies, alors seulement affleurent sensibilité et humanité (et aussi ce court passage très émouvant sur la révélation concernant la petite Clara).
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Joseph Sterling Jr. est devenu un peintre célèbre malgré la piètre opinion qu'avait son père de cette vocation. Pourtant, il l'a indirectement fait naître en montrant un jour à son fils le seul tableau qu'il se targuait de comprendre : un paysage de collines enneigé, accroché au-dessus d'une cheminée dans la demeure abandonnée du roi des mines d'argent.
Bien des années plus tard, après la banqueroute et la mort de son père, le décès de sa mère et l'abandon de son art, Joe s'enfuit de Key West au volant de la décapotable rose de son amie Astrid. En route pour le Montana et le ranch paternel, transmis à sa tante pour en éviter la saisie par les créanciers. Si ses réflexes de cow-boy reviennent rapidement, il n'en va pas de même pour son désir de peindre : c'est toujours la panne d'inspiration. Tout flotte dans l'esprit de Joe : est-il amoureux d'Ellen, son béguin de jeunesse, mariée à Billy le cogneur, ou d'Astrid ? Veut-il déjouer les arnaques de son oncle Smitty ou perdre définitivement ses terres ? Désire-t-il rester dans l'Ouest ou rejoindre la Floride ? Rien n'est facile quand on est un homme qui a perdu son nom, autant dire sa boussole intérieure.
Jusqu'au bout, nous ignorons – tout comme le principal intéressé – de quel côté va pencher la balance. Si Joe retrouve finalement son identité, elle lui permettra de renoncer à ses racines puisqu'il remettra pour un dollar symbolique son ranch endetté et hypothéqué à son meilleur ennemi, Billy, avant de reprendre la route de la Floride et de retrouver la volcanique Astrid.
le livre est drôle, tendre et son héros a juste assez de désespoir bravache pour nous tenir en haleine. L'écriture de McGuane ne s'embarrasse pas de longues descriptions, une touche légère et c'est toute la beauté du paysage qui nous est restituée. Parfois, ses personnages frisent l'absurdité dans une envolée poétique qui nous saisit le coeur.
Quant au fameux paysage de neige, élément fondateur de la vocation de Joe, il n'a tout simplement jamais existé, cette illusion venant dissiper d'autres illusions qui hantaient le héros, comme celle du désamour paternel.
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Thomas McGuane était pote avec Jim Harrison paraît-il, pour ma part j'ai une nette préférence pour la prose du vieux Jim.
Bon c'est vrai, McGuane nous emmène lui aussi visiter les grands espaces américains en voiture comme il se doit et, sans égaler la puissance évocatrice de son compère, ça fonctionne plutôt bien.

Le petit dossier social sur la situation dramatique des éleveurs éreintés par les banques s'insère parfaitement dans la narration, la saga familiale et "Martine à la ferme" itou.

Ce sont les aventures sentimentales et les démêlés conjugaux du personnage central qui plombent selon moi le bouquin, surtout vers la fin.
Car sauf à incriminer les compétences du traducteur, qui peut sérieusement trouver quelque intérêt aux dialogues surréalistes, lunaires voire abscons entre le "héros" et son hystérique dulcinée cubaine.
Même pas drôle.

C'était mon second rendez-vous avec l'auteur après son "33° à l'hombre", on progresse mais "peut mieux faire".
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Me voici bien embarrassée à la fin de ce livre: j'oscille entre le plaisir de lire, avec le voyage réussi dans les grands espaces, la vie dans un ranch, un personnage attachant, et l'agacement d'une traduction reconnaissable: je n'avais pas prêté attention au traducteur, mais les nombreux "moyennant quoi" qui émaillent le texte ne laissent pas la place au doute,et je n'aime pas, mais pas du tout, reconnaître le traducteur. A relire donc, en VO, sans filtre.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
" Toutes ces folies que l'alcool nous fait commettre, pensa-t-il en traversant la cour. Première cause d'hospitalisation, première cause d'incarcération " - il se mit à marcher au rythme de cette litanie - " première cause de divorce, première cause d'absentéisme, première cause d'érections molles, première cause de fascination pour les orifices inappropriés, première cause de carie dentaire, première cause du communisme, première cause du fondamentalisme chrétien, première cause de calvitie, première cause de dysfonctionnement rénal, première cause d'ulcère chez le poulet...
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Ellen défit l'agrafe métallique de son soutien-gorge et ses seins jaillirent au grand jour. La main de Joe remontait lentement le long du buste de la jeune fille pour les englober, ou bien il les déballa avec grand soin. C'étaient deux pleines poignées de chair aux mamelons gracieux et menus. [...] Peu importait la position adoptée par Ellen, ils pointaient fièrement. S'il les massait doucement, ils reprenaient leur forme parfaite dès qu'ils les lâchaient. S'il les poussait sur le côté avant de retirer brusquement les mains, ils retournaient aussitôt à leur position initiale. Ils étaient pour ainsi dire tout neufs, et Ellen sous-entendait sans la moindre ambiguïté qu'ils étaient si splendide que tout espoir d'autre chose en devenait caduc.
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Il passa près d'un petit bayou où un jeune homme en bermuda de surfer couvert de publicités pour des marques de bière surveillait un bouchon sur le miroir de l'eau. Ce spectacle anodin recelait à ses yeux un grand mystère. Il y eut un splendide paysage liquide près de la rivière Pascagoula, strié de courbes argentées visible jusqu'à très loin à travers les salicornes, tandis que la route le traversait en décrivant de larges virages bas. Il s'arrêta pour regarder des pêcheurs décharger des bateaux pleins de crabes. Il descendit à pied et s'assit sur un pilier brisé. Une femme tendait à un vieux pêcheur une pinte de whisky dans un sac en papier.
- Si tu me bats encore comme le week-end dernier, lui dit-elle, je t'achète plus d'ce machin-là.
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... il reçut une autre lettre d'Astrid, fort brève. Voici :

Je te déteste. Tu m'as volé ma voiture. Maintenant, je déteste tous les hommes.

Il répondit sur-le-champ :

Chère Astrid,
Dieu a créé la femme parce que les moutons ne font pas la cuisine.
Joe.

Il posta cette dernière missive avec une jubilation presque excessive, qui expliqua le prix énorme qu'il paya pour l'envoyer en exprès.
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Ils se léchaient la langue tandis que leurs deux nuques décrivaient des huit approximatifs. Il se répétaient : "Je t'aime" en essayant de synchroniser cette déclaration avec des bouffées d'extase ou des soupirs à fendre l'âme. Un silence prolongé, un soupir et un "Je t'aime" signifiaient qu'ils venaient d'entrevoir un long avenir et toutes ses servitudes familières, dont "Je t'aime" fournissait comme une sténographie.
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Videos de Thomas McGuane (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas McGuane
À l'occasion du festival international 2019 du livre et du film "Etonnants Voyageurs" de Saint-Malo, rencontre avec Thomas McGuane autour de son ouvrage "Quand le ciel se déchire" aux éditions Bourgois.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2279560/thomas-mcguane-quand-le-ciel-se-dechire
Notes de Musique : Youtube Audio Library.
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