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EAN : 9782246798545
496 pages
Grasset (02/09/2013)
3.75/5   83 notes
Résumé :
Un jeune professeur est nommé en Roumanie en remplacement d'un confrère. Nous sommes trois mois avant la chute de Ceausecu, mais cela, il ne le sait pas.
Guidé par Leo, un trafiquant au marché noir, il découvre un pays où tout est rare et rationné, de l'électricité à la liberté. Les seules choses qui prospèrent sont l'ennui et les petits arrangements. Tout le monde espionne tout le monde, on ne sait à qui l'on peut faire confiance. Ce roman que Graham Green n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Un jeune professeur anglais débarque en Roumanie en remplacement d'un confrère et va rester quelques mois, juste avant la chute du régime de Ceaucescu, ce qui explique le titre "les cent derniers jours".
Il est guidé dans ses premiers pas à Bucarest par Léo, un trafiquant au marché noir qui lui fait découvrir toutes les astuces des marchés parallèles.
Le jeune professeur va rencontrer une jeune femme fille d'un haut dignitaire du régime en place.
C'est un roman très intéressant et à valeur historique.
On découvre vraiment la vie quotidienne particulièrement difficile des Roumains à l'époque: nourriture rare et rationnée, pas de contraception, une surveillance constante.
Les arcanes de la politique sont largement évoquées aussi, avec des anecdotes savoureuses comme la description des visites officielles de chefs d'Etat en Roumanie: les magasins sont mystérieusement approvisionnés juste avant le passage des voitures officielles et la nourriture est rapidement enlevée des étals juste après la visite!
La capitale est soumise à la mégalomanie du dictateur tristement célèbre: un quart de la ville est démoli en huit ans. Les édifices sont coûteux et inutiles.
Une belle évocation de la Roumanie de l'ère communiste et aussi de la vie quotidienne derrière le rideau de fer dans les années 80.
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Un roman probablement en partie autobiographique, qui joue beaucoup avec les codes du roman d'espionnage (du roman à clefs également : Ciulan pour Emil Cioran, Isoldou pour Tzara, Toninescu pour Ionesco, je vous laisse deviner les autres : Sergiu Trofim pour Silviu…) : services secrets, marché noir, bandits, intrigues politiques, etc. C'est quelque part presque salutaire pour la vision du régime communiste roumain, le plus paranoïaque et le plus fermé de tous, dit la quatrième de couverture. Si vous vous rendez sur une librairie en ligne roumaine (je ne fais pas de publicité, mais certaines livrent fort bien à l'étranger), vous verrez qu'un genre spécifique de littérature y apparaît, à côté de la littérature classique, de la science-fiction ou de la littérature étrangère. Il est intitulé "epoca de aur", "l'âge d'or", par quoi on entend les années de dictature. On y trouve pas mal de témoignages, d'histoires absurdes, parfois aussi du "misérabilisme" pour ainsi dire, je ne m'appesantis pas, comme dans bien d'autres domaines, en un mot, on y trouve du plus ou moins à son goût.
Néanmoins, ce que cette littérature rend rarement, bien que cela arrive, c'est que d'une part, la vie continuait et que, d'autre part, les sentiments de la population roumaine sur ce régime sont sans doute bien plus ambigus qu'il n'y paraît sur le sujet : on trouve couramment des nostalgiques du communisme. Je cite également à titre d'exemple Ștefan Agopian qui indique, dans une interview sur Babelio, que la télévision ne fonctionnait que quelques heures par semaine et que cela lui a permis de vendre des quantités considérables de livres, plus ou moins sous le manteau. Inscrire la période dans une intrigue d'espionnage et d'amour dans l'ensemble assez divertissante, permet, sans passer sous silence ses côtés les plus atroces, loin de là, de la relativiser, au passé comme au présent. J'ajoute que le style anglais plutôt "laid back", simple, truffé d'aphorismes, loin d'être exempt de clichés et d'inexactitudes sur les lieux, les événements et les personnes, ajoute à cette efficacité. "New brothel, same old whores" (Nouveau bordel, même vieilles putes) conclut le livre.
le roman de Patrick Mc Guinness (sans oublier la couverture d'Andrei Pandele, donc roumaine) livre un éclairage complémentaire sur la Roumanie, qui est loin d'être le plus mauvais : pas le plus historique, le plus précis, le plus informé mais l'un des plus intimes, des plus britanniques, des plus accessibles, au fond, j'irai jusqu'à ajouter parce qu'il est loin d'être centré sur l'âge d'or, ou même sur la Roumanie, et qu'il y est question d'universel : de couple, d'argent et de vivre quelque part, potentiellement, bien entendu, à Bucarest.
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« Les cent derniers jours » est un roman magistralement bien écrit, intéressant de bout en bout !

L'auteur, Patrick Mc Guinness est un écrivain britannique, professeur de littérature comparée à Oxford. La littérature française n'a pas de secret pour lui (alors que les français, eux, ignorent tout de lui !) En Grande-Bretagne, il est surtout connu pour sa poésie.
« Les cent derniers jours » est son 1er roman, et c'est un sacré coup de maître !

Un roman en 2 parties, avec du rythme, de l'originalité et de l'humour.
C'est passionnant ! Et si on se laisse happer si facilement, c'est que l'on sent que l'auteur sait de quoi il parle. Etant enfant, son père travaillait pour le British Council et il enchaînait les postes à l'étranger. Mc Guinness a vécu en Roumanie. « Bucarest m'avait intrigué, j'avais envie d'y retourner », « Vous savez ce qu'on disait autrefois de cette ville ? Que c'était le Paris de l'Europe de l'Est… »

Le roman se déroule en 1989. le narrateur est un tout jeune diplômé anglais de 21 ans, qui a obtenu par hasard un poste de professeur à l'Université de Bucarest.
Sans le savoir, il va vivre dans ce pays à bout de souffle, où le communisme de Ceausescu vit ses derniers jours.

Dès son arrivée, il est pris en charge par Leo, un collègue de l'université.
Leo est un expatrié qui s'est tellement bien intégré qu'il est devenu un grand trafiquant du marché noir ! Mais Léo s'efforce aussi, à sa façon, de sauver ce qui peut l'être encore des destructions ordonnées par Ceausescu, causant la disparition du patrimoine culturel roumain : « C'était la désolation : des villages vieux de plusieurs siècles étaient rasés en une matinée, pour être remplacés par des tours d'habitation … qui ressemblaient à des colonies intergalactiques laissées à l'abandon. La Roumanie ne serait bientôt plus qu'un immense no man's land sans passé. »
Et « La Maison du Peuple », le plus grand édifice du monde ! Les dimensions de la bâtisse sont bien à la hauteur de la mégalomanie de Ceausescu ! Absolument écoeurant et abjecte !

Novice au départ, le narrateur va bientôt rentrer en contact avec des opposants au régime…
Et ces actes de résistance lui vaudront bientôt d'être recherché.
Dans le même temps, il fait la connaissance de Cilea, mystérieuse fille d'un haut fonctionnaire, dont il va tomber amoureux. Mais aux yeux de Cilea, le narrateur apparaît comme « un étudiant qui a choisi de faire du tourisme chez les sous-développés pendant son année sabbatique… »

Le troc et le marché noir vont bon train, vu les pénuries dans le pays.
Ceausescu « affamait, brutalisait et trompait la population depuis deux décennies » ; il s'est enrichi grâce aux privations communistes qu'il imposait à la population.
Il y a des queues interminables devant les magasins d'alimentation où même le rudimentaire est de piètre qualité et qu'on n'est même pas sûr de pouvoir acquérir ! Pendant que les magasins du Parti, eux, débordent de tout !
« La plupart des gens essaient de survivre au jour le jour, sans s'interroger sur la rectitude morale de chacun de leurs gestes et de leurs paroles ».
Tous les mensonges qui sont leur quotidien grignotent la pensée des gens jusqu'à ce qu'ils ne croient plus en rien, et que bientôt ils soient anéantis par l'ironie et le cynisme !
Un monde brutal et absurde où l'oppression crée sa propre normalité et fait partie de la routine.

La corruption et les agents de la Securitate (la police politique secrète roumaine) sont partout, tout le monde espionne tout le monde, la paranoïa est à son paroxysme ! (Les agents de la police roumaine étaient 2 fois plus nombreux que les civils !)

Mais la répression va prendre un nouveau tournant lorsqu'un jour la police refuse d'aider la Securitate… dès lors, un mouvement prend forme en province, à Timisoara. Plusieurs jours après, Ceausescu et sa femme seront capturés, puis très rapidement exécutés.
Avec la fin de ce régime, s'est constitué un Front de Salut National, qui se disait démocratique, mais comme le répète Leo : « le bordel a changé de nom, mais on a gardé les vieilles putes. »

Surtout, ne passez pas à côté de cet excellent roman haletant, écrit comme un bon polar, riche d'anecdotes et de réflexions, avec des personnages intéressants, et plein de rebondissements !
C'est aussi un magnifique témoignage, parfaitement écrit avec beaucoup d'intelligence, et bien documenté, sur une époque qui malheureusement a bien existé !
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Quelques mois avant la fin de la dictature de Ceausescu, un jeune professeur d'anglais est envoyé à Bucarest pour une durée de six mois. Guidé par un autre enseignant qui participe au marché noir, le narrateur va vite découvrir ce qu'est la vie réelle des Roumains. La Nomenklatura est totalement corrompue, tout le monde surveille tout le monde et Bucarest est détruite au jour le jour, les coupures d'électricité sont quotidiennes et les magasins sont vides. Même les personnes qui paraissent les plus anodines peuvent être des membres de la police d'état. Ce roman est celui de la déliquescence des vieilles dictatures qui tombent comme des fruits pourris.

La force de ce roman c'est de nous faire vivre de l'intérieur la fin du régime totalitaire mis en place par Ceausescu et son épouse. Les souffrances quotidiennes des roumains, le marché noir, la vie de la nomenklatura, la destruction systématique du vieux Bucarest, rien ne nous est épargné et tout est parfaitement rendu par le style de l'auteur. Plus qu'un roman ce livre est un vrai témoignage.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Au moment de parler de ce roman, il m'apparaît bien difficile de le caractériser en quelques mots. Mais si je devais le faire, alors je dirais sans doute qu'il s'agit avant tout du portrait d'une ville, une ville meurtrie, martyrisée par un régime d'une totale incurie.
C'est une plongée dans un Bucarest désolé qui nous est proposée, un voyage de quelque cent jours qui précédèrent la chute de Ceausescu.

Les premières pages de ce livre sont une véritable réussite. L'auteur installe d'emblée une atmosphère. Bucarest y est vu à travers les yeux d'un jeune Anglais fraîchement débarqué pour enseigner sa langue, après avoir décroché à l'université un poste pour lequel il n'a ni postulé ni pris la peine de se rendre à l'entretien d'embauche. le décor est planté ! Bienvenu dans le règne de l'arbitraire et de l'absurde !

Dès son arrivée, le jeune homme se lie avec un certain Léo, véritable as de la débrouille, trafiquant en tout genre au marché noir, qui va lui servir de guide dans cette ville aux allures fantasmagoriques.
Léo a une marotte : il écrit un livre sur la capitale. Plus celle-ci s'efface sous les coups de boutoir des pelleteuses déployées sous l'impulsion du Camarade pressé de raser le passé pour construire un «avenir radieux», plus Léo s'efforce d'en consigner le souvenir dans ses cahiers. Mais la tâche est rude et Léo a du mal à suivre: «En huit ans, il avait vu démolir près d'un quart de la vieille ville».
A suivre les déambulations des deux personnages, on découvre la photo d'une cité où à un lacis de ruelles tortueuses et à de vénérables églises se superposent de larges avenues rectilignes aux noms évocateurs, telle l'avenue de la Victoire-du-Socialisme, et de sordides tours d'habitation.
Evidemment, on découvre les queues à n'en plus finir devant des magasins quasi-vides, ou ne vendant qu'un seul article dont les gens prétendant les acheter ne connaissent même pas la nature. Mais tout est bon à prendre, car pourra toujours être revendu au marché noir...
On pénètre dans des hôpitaux sombres et sous-équipés, où exercent des médecins désabusés.
Certaines scènes ubuesques pourraient prêter à rire, si elles ne révélaient le douloureux quotidien de tout une population : les habitants d'un quartier profitant du retour du courant pour prendre leur douche au milieu de la nuit ; les rendez-vous manqués parce que les lieux ont tellement changé que personne ne connaît la rue où l'on veut se rendre...
Sans parler des dogmes proprement hallucinants qui régissent jusqu'à la part la plus intime de la vie des individus.

Au terme de cette immersion, comme le laisse présager le titre, on assiste à la chute du régime, au «procès» et à l'exécution du couple Ceausescu. C'est assez troublant, pour qui se souvient de ces images diffusées en boucle, de revoir à froid, par le biais de la littérature, cet épisode qui traduisait à lui seul le profond bouleversement qu'étaient en train de connaître les équilibres mondiaux.

L'auteur, Patrick McGuinness, traduit parfaitement la perte de tous les repères, tant matériels que psychologiques, qu'ont vécu les populations ayant subi le joug des régimes communistes. Il évoque sans pathos, voire avec un sens de la formule non dénué d'humour, la méfiance généralisée, la pénurie de tous les biens de consommation, la surveillance constante et omniprésente, la résignation, l'ennui... Tout cela est extrêmement bien rendu.
Toutefois, si McGuinness insiste, à raison, sur l'incommensurable absurdité de ce système, il en oublie de rendre aussi sa cruauté. L'accent est mis surtout sur l'arbitraire, peu sur le régime de terreur sur lequel était assis le pouvoir. A lire ce roman, on perçoit plutôt faiblement la souffrance physique de ceux qui ont subi la torture - à laquelle il n'est fait allusion que dans les dernières pages. Quant à la douleur de ceux qui ont vu disparaître des êtres chers et à l'angoisse permanente d'être arrêté, elles ne paraissent pas aussi prégnantes qu'elles ont pourtant dû l'être. Il me semble que le roman aurait gagné en puissance s'il avait davantage insisté sur ces points.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle ce roman m'a paru un peu long. Après un démarrage très convaincant, il s'essouffle un peu avant de se clore sur un final réussi. Mais à aucun moment je n'ai voulu l'abandonner et, en dépit de ces réserves, j'ai apprécié ce tableau de la capitale roumaine et de ses habitants. J'ai beaucoup aimé également le style de l'auteur qui, avec de surprenants rapprochements, l'emploi de formules enlevées et des dialogues bien menés, sert parfaitement le récit.

Ah ! Un bémol, indépendant de la volonté de l'auteur : dommage que le livre ait été trop rapidement relu. L'accumulation de coquilles et de mots oubliés ne sert jamais un texte ! A bon entendeur...

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
01 octobre 2013
Un roman troublant, qui s’immisce avec brio dans une réalité mouvante, aux innombrables ramifications
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
19 septembre 2013
L’auteur, dont c’est le premier roman, a un sens particulier, et particulièrement efficace, de la description. Le regard mélange un sens symboliste de l’image, l’art vivant du portrait, l’humour concis et précis des Anglo-Saxons, le goût de la maxime appliquée aux situations. Le tout est fondu sans grumeaux dans un récit d’apprentissage et policier.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
J’écoute ses mauvaises plaisanteries et déjà je sais qu’elles n’en sont pas, que c’est plutôt une manière d’aborder la réalité sous un angle moins douloureux, comme quand on marche de profil contre un vent cinglant. Je mange et je bois pendant qu’il décrit un monde basé sur la suspicion et l’intrigue, où il s’avoue heureux, stimulé, épanoui. L’endroit lui convient, non pas parce que la Roumanie lui ressemble, mais parce qu’il est bien plus que cela.
Mais surtout, il adore la vie à Bucarest.
— Tout est là : la passion, l’intimité, la camaraderie. Mais il faut savoir s’adapter à la situation. C’est vrai qu’il y a des zones grises. En fait, soyons honnête : ce n’est qu’une immense zone grise.

Du geste, il embrasse tout ce qui se trouve à l’extérieur du restaurant, comme si le monde physique était en corrélation avec l’univers moral dans lequel nous vivons. Il commande une troisième bouteille de pinot noir et je me demande s’ils ont de l’aspirine en Roumanie. Quel début !
Mais Leo a raison. Il ne ressemble pas aux autres expatriés qui se défient de leurs collègues roumains, baissent la voix quand ils entrent dans une pièce, s’excluent des conversations ou ne s’y mêlent qu’à leur corps défendant, la narine frémissante. Malgré ses excès et ses grands airs, Leo, lui, a modifié son attitude en fonction des gens .
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Les gares de Bucarest étaient remplies de jeunes filles amenées des villages afin de grossir les rangs des travailleuses sexuelles. Les congrès et les conférences du Parti rapportaient à Ilie plus que tout ce qu’il gagnait durant le restant de l’année. Pendant quelques jours, Bucarest se transformait en un vaste incubateur de maladies vénériennes où les souches indigènes rencontraient des virus plus exotiques et se métissaient. Leo prétendait que les MST réveillaient le bon communiste qui sommeillait en chacun de nous : c’était la seule chose réellement partagée par tous.
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Les communistes ont aboli Dieu, mais ils ont gardé la théologie. Ils savaient que ça pourrait servir quand ils auraient tout foiré. Au moins, Dieu a une excuse pour ses erreurs : il n'existe pas. Ces salopards, si...
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Des professeurs déchus hantaient ainsi les bâtiments de l'établissement, fantômes sous-payés qui époussettaient leurs anciennes salles de class ou frottaient les parquets à quatre pattes, pendant que leurs ex-collègues les enjambaient. La vieille blague selon laquelle on trouvait les véritables intellectuels parmi les agents d'entretien des universités roumaines était, comme toutes les bonnes plaisanteries du bloc communiste, moins une exagération qu'un raccourci.
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Les icônes, les tableaux, les pavés et les enseignes de boutiques étaient tous étiquetés, répertoriés et rangés ; il y avait des habits et des bijoux, des vieux miroirs, des plaques de rue… une petite boîte en nacre renfermant les restes décharnés du doigt d’un saint oublié trônait sur l’unique concession à la modernité du salon : un énorme meuble en verre fumé qui abritait une télévision, un magnétoscope et une chaîne stéréo dernier cri.
Les murs étaient tapissés de photographies de la destruction prises par Leo, à Bucarest mais aussi dans le reste du pays, où des villages anciens étaient rayés de la carte et des vieilles villes rasées, victimes des pogroms architecturaux de Ceauşescu. Grâce à son réseau d’informateurs, il recueillait des preuves venant de toute la Roumanie, qu’il transmettait aux agences de presse en Europe et aux États-Unis. Leo conservait les articles – tirés du Monde, du Times, de Die Zeit – dans une rangée d’albums sur son bureau. Une étagère voisine accueillait des vidéos. Des films d’action et d’horreur, avec les suites, les prologues et les séries dérivées : Rocky, Rambo, Vendredi 13, Indiana Jones. À l’intérieur des boîtiers, sur la tranche des cassettes figuraient une date et un lieu. C’étaient les images qu’il avait filmées, la dévastation des villages et des rues de la ville, des églises et des monastères.
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