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EAN : 9782756023250
232 pages
Delcourt (02/02/2011)
3.71/5   7 notes
Résumé :

Une femme arrive dans un appartement, lieu de rendez-vous avec son amant, mais celui-ci ne la rejoint pas. Seule, elle se délasse, puis découvre un vieux projecteur chargée d’une bobine qu’ellecommence à visionner, celle d’un film érotique qui tourne, brûle, s’enflamme jusqu’à révéler une porte cachée. Une porte donnant sur un passage énigmatique qui conduira la nouvelle venue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai ouvert ce livre à la médiathèque parce que j'étais intrigué par l'image de couverture, un graphisme pas du tout conventionnel, j'ai ouvert quelques pages vers le milieu, le traitement teinté de surréalisme m'a tout de suite attiré, c'est après que je remarque une petite étiquette sur la couverture “Public averti”.
Dans le livre, pas de mots, mais ce livre n'a rien à voir avec une simple suite d'images suggestives. Dave McKean explore l'univers du fantasme, pas du tout à la manière de Crepax ou Manara. C'est un travail sur l'image et le désir, le personnage central est une femme, elle rentre dans son appartement, son amant, est retenu au travail, il ne peut la rejoindre. Elle se met un film, avec un vieil appareil de projection pour bobines celluloïdes. Les images du début sont traitées avec un trait fin, sec, de surfaces claires, de beiges et verts, et le trait et les couleurs vont se transformer en fonction des fantasmes de la femme. On démarre sur une référence à Egon Schiele, ou la peinture de la période bleue de Picasso, puis on évolue vers un expressionnisme plus coloré, plus en surfaces sombre et les formes s'inspirent ensuite d'un graphisme post-cubiste, et surréaliste, quelques références à Picasso, Dali, Chirico et même Tanguy et Miro, pour revenir ensuite, avec quelques intégrations de photos vers un travail plus en effets de matière, sur le grain, la lumière... C'est très sensuel et onirique, les sens sont en émoi, on ressent le trouble et l'ivresse à travers le graphisme, et même les mouvements artistiques évoqués prennent une autre dimension et ne peuvent plus être vus de la même manière. On est très loin de la Bande dessinée SM, Dave McKean ne tombe jamais dans les clichés de la soumission, du rapport de force et de pouvoir dans la relation sexuelle tellement imbuvable dans une grande partie de la littérature érotique et pornographique. le terme de pornographie est d'ailleurs pour moi trop axé sur l'idée d'excitation du lecteur pour pouvoir s'appliquer ici, l'auteur se concentre sur celle de son personnage avant tout, mais certaines scènes sont tout de même très crues. Ici, Dave McKean représente le désir, la montée de l'excitation, le plaisir, l'orgasme, avec une véritable exploration graphique, l'image raconte des sensations, c'est ce qui est très fort dans cette bande dessinée, et trop rare dans l'univers de l'érotisme et de la pornographie.
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Ce tome comprend une histoire complète, racontée sans aucune bulle, sans aucun texte.

Une femme rentre chez elle. Elle arrive sur le palier. Elle ouvre la porte de son appartement avec une clef plate. Il pourrait s'agir d'un appartement parisien. Elle pose sa valise et appelle son compagnon (ou peut être son mari). Elle l'appelle avec son portable. Il est au travail dans un grand bureau. Après quelques explications agenda en main, il apparaît qu'il y a eu un décalage d'une journée dans leur rendez-vous. La femme raccroche et décide de prendre un bain. Elle se déshabille, se prélasse dans l'eau, se sèche sort sans prendre la peine de se rhabiller. Dans la pièce, elle avise un projecteur avec un film prêt à être visionné. Elle le met en marche et elle est vite troublée par le caractère érotique du film. La bande de celluloïd prend feu et la projection sur le mur se transforme en porte que la femme franchit pour se retrouver dans un monde onirique et érotique.

En 2011 paraît cet étrange objet bédéïque entièrement réalisé par Dave McKean (scénario et illustrations). Il s'agit d'un récit érotique, sans aucun mot, illustré (à quelques exceptions près) sous la forme de pleines pages. Les français ont eu l'honneur de bénéficier de sa première parution, avant qu'un éditeur américain n'ose le publier au pays des puritains. S'agit-il vraiment d'un ouvrage érotique ? Oui, il est impossible de s'y tromper. La femme est nue à partir de la scène du bain jusqu'à la fin de livre. Elle commence par être témoin d'actes sexuels, puis elle participe à des actes sexuels. S'agit-il d'un ouvrage pornographique ? On n'en est pas loin. Il y a des représentations explicites et détaillés des organes génitaux masculins et féminins en gros plan, il y a des scènes d'accouplement et de fellations, mais il n'y a pas de gros plan de pénétration. Y a-t'il une histoire ? Oui, Dave McKean reste un vrai créateur et son objectif n'est pas d'accumuler les scènes racoleuses. Il y a une vraie progression narrative au fur et à mesure que le désir augmente chez l'héroïne. Il suffit de regarder les premières pages disponibles en aperçu pour constater que McKean n'a pas recours à l'esthétisme codifié des bandes dessinées érotiques ou pornographiques. Les mensurations de son héroïne restent dans la normale (pas de glandes mammaires hypertrophiées) et qu'il a choisi un esthétisme qui rappelle au départ celui de Cages.

C'est d'ailleurs le propre de ce créateur d'accorder la première place aux illustrations, au langage de l'image : il ne se contente jamais de représenter une personne ou un objet. Il en donne à chaque fois une vision artistique, un point de vue qui met en évidence les sentiments, les sensations, un jugement de valeur, le regard subjectif de l'artiste. McKean utilise plusieurs techniques différentes pour illustrer cette femme s'aventurant dans le monde de l'érotisme et du désir. Les premières pages commencent avec le style qu'il a adopté à partir de Cages. La représentation des individus évoque Picasso dans des tableaux comme "Les demoiselles d'Avignon" (1908) pour les visages anguleux, le "Portrait d'Ambroise Vollard" (1910) pour la décomposition de l'image en formes géométriques. Ce style empêche le lecteur de réduire la femme à un simple objet du désir. Les illustrations présentent son visage sur une surface plus importante que la vue directe ne le permet. McKean s'en sert pour augmenter l'importance du regard en accordant plus de place aux yeux que ce que rendrait une perspective traditionnelle. Il applique également ce mode de représentation au corps dénudé. du coup, les attributs sexuels sont effectivement mis en évidence, mais dans une composition qui fait également ressortir des angles là où tout n'aurait été que courbes voluptueuses dans un magazine de charmes. le regard du lecteur bute sur ces angles ce qui provoque une personnification de cette femme qui ne peut pas être réduite à un objet (bimbo ou MILF), à des appâts sexuels.

La représentation des décors évoque Vincent van Gogh pour la perspective déformée, légèrement faussée de "La chambre de van Gogh à Arles" (1889). Dave Mckean change de style au fur et à mesure des paliers de plaisir franchis par l'héroïne, jusqu'à utiliser à la fin la retouche de photo par logiciel d'infographie, avec un vrai modèle féminin nu. Dans les différents modes de représentation picturale, il s'arrête à chaque fois juste avant l'abstraction, juste avant Kandinsky, ou la dernière période de Picasso. Dave McKean est un artiste érudit qui utilise ses différents modes picturaux pour mieux traduire ce qu'il souhaite dire. À mon goût, il réussit à faire ressentir au lecteur les sensations éprouvées par la femme. Toutes les activités sexuelles sont évoquées de son seul point de vue. Chaque scène a suscité une empathie de ma part, avec des images inoubliables. Parmi les plus marquantes, il y a cette montée du plaisir féminin chez l'héroïne qui est représenté en juxtaposant des esquisses rapides de cette femme avec son sexe en premier plan et des photographies de fruits tels qu'une grappe de raisin, une goyave, un fruit de la passion, une poire, etc. Ces images transcrivent la narration sur le plan des sensations éprouvées, un exploit en matière de bandes dessinées (les grappes de raisin auront maintenant pour moi une forte connotation). Il y a également le passage où le désir devient de plus en plus pressant jusqu'à être animal et il est représenté sous la forme d'un démon rouge, nu et bien pourvu par la nature. La métaphore est simple, mais les illustrations sophistiquées et légèrement second degré apportent des nuances et des subtilités insoupçonnées.

Le genre érotique se compte parmi les plus codifiés et les rigides, il semble presqu'impossible de pouvoir trouver une idée originale dans ce genre, et encore moins de la représenter sans tomber soit dans la pornographie ordinaire, soit dans les stéréotypes éculés. Dave McKean a mis tout son art au service de cette histoire simple pour transmettre les sensations du personnage féminin au lecteur. J'ai trouvé qu'il y avait parfaitement réussi en mettant en oeuvre tout son vocabulaire graphique (aussi sophistiqué qu'étendu) pour le récit qui se révèle être un point de vue construit sur le désir et le plaisir sexuel. Seul petit défaut : du fait de l'absence de texte, il s'agit d'une bande dessinée qui se lit très vite (environ 20 minutes en s'attardant sur les images).
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Vidéo de Dave McKean
Dave McKean, l'un des plus importants artistes du comics britannique, rejoint le catalogue de Futuropolis ! Véritable prouesse visuelle et narrative, Raptor vous entraînera dans deux mondes, celui de Sokól et celui d'Arthur. Deux mondes entre la vérité et le mensonge, la vie et la mort, la réalité et l'imaginaire.
Musique : Prélude en La mineur, Op. 28 No. 2 par Frédéric Chopin Narrateur : Olivier Mayer
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