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Gallmeister (10/03/2011)
4.72/5   165 notes
Résumé :
Volume 1 :
A Lonesome Dove, Texas, les héros sont fatigués. Augustus McCrae et Woodrow Call ont remisé leurs armes après de longues années passées à combattre les Comanches. En cette année 1880, pourtant, l'aventure va les rattraper lorsqu'ils décident de voler du bétail au Mexique et de le convoyer jusque dans le Montana pour y établir un ranch. Commence alors un périple inédit de plusieurs milliers de kilomètres à travers l'Ouest, au cours duquel le convoi ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Nous sommes en 1880 dans une petite bourgade poussiéreuse et à moitié abandonnée du nom de Lonesome Dove, située à l'ultime frontière entre le Texas et le Mexique. C'est là qu'Augustus McCrae et Woodrow Call, tous deux ex-texas rangers, ont pris leur retraite dans l'espoir de terminer leurs vieux jours loin des sifflements des flèches des indiens et des balles des pistoleros mexicains. Ils n'avaient malheureusement pas prévu un détail : la retraite, c'est chiant à crever… Voici donc nos deux cowboys sexagénaires en train de tromper leur ennui du mieux qu'ils le peuvent ; le premier en buvant bouteille sur bouteille affalé sous le porche du ranch, tout en philosophant à l'intention des deux cochons de la propriété, et le second en se tuant au travail pour combler le vide de ses journées.

Dieu merci, un beau matin, l'aventure vient de nouveau frapper à leur porte sous la forme d'un ancien camarade, Jack Spoon, poursuivi pour le meurtre accidentel – et vraiment très stupide – d'un dentiste, qui parvient à les convaincre de se lancer dans une expédition hors-du-commun : rassembler plusieurs centaines de têtes de bétail et traverser tout les Etats-Unis pour atteindre les immenses plaines récemment colonisées du Montana, véritable paradis pour les éleveurs. Une expédition complètement démente ? Oh que oui ! Car des milliers de kilomètres séparent la frontière sud des Etats-Unis du Montana, des déserts à traverser, des fleuves déchainés à franchir, des montagnes à contourner… Et ceci sans compter que le Montana est encore hanté par des centaines de tribus indiennes renégates et peu soucieuses d'abandonner si facilement leurs terres à l'homme blanc. Mais il en faut davantage pour décourager deux vieux lutteurs malades d'ennui : ni une, ni deux, ils vont rassembler bétail, chevaux et hommes et se lancer dans le dernier et le plus périlleux voyage de leurs vies déjà bien remplies.

Peu de romans ont mérité leur définition de « western crépusculaire » autant que « Lonesome Dove ». C'est bien un monde en train de mourir que vont traverser Augustus McCrae et Woodrow Call, un monde où les bisons ne subsistent plus que par petites bandes éparses, où desperados et indiens ont presque disparu, où les grands espaces vierges se font de plus en plus rares, dévorés petit à petit par les villes des colons, un monde où les vieux rangers n'ont plus vraiment leur place… Et, ironie ultime, ce monde-là, ils ont amplement contribué à le créer en défendant pendant des dizaines d'années les colons texans contre les foudres des Comanches et des bandits ! Comme le dit avec humour noir et amertume l'acerbe Augustus : « Nous nous sommes battus dans le mauvais camp. Nous avons tué tous les gens qui rendaient ce pays intéressant… »

« Lonesome Dove » est-il pour autant un roman déprimant ? Que nenni ! Car si le contexte est sombre, le roman lui-même est plein de vie, de flamme et de verve. Grâce à son style délicieux, plein d'humour et de sensibilité, Larry McMurtry parvient à nous immerger jusqu'au cou dans cette fabuleuse aventure. Malgré leurs nombreux défauts, ses personnages sont si merveilleusement typés, profonds et attachants que l'on peine à les abandonner à la fin du roman : on les aime tous ! On aime Augustus McCrae, cowboy jouisseur, désinvolte et incorrigible bavard, capable d'assommer ses malheureux camarades d'interminables monologues jusqu'à que mort s'ensuive. On aime « le Capitaine » Woodrow Call, meneur d'homme né mais si allergique à la compagnie de ses semblables qu'il ne supporte pas de dormir à moins d'un kilomètre de distance de leur campement. On aime le petit Newt, jeunot plein de bonne volonté et béant d'admiration devant tout et n'importe quoi. On aime le cuisinier mexicain Bolivar et son tisonnier, Deets, Dish Bogget, Pea Eye... Et comme la gente féminine n'est pas négligée dans ce monde de gros durs virils, on aime aussi Lorena, la belle prostituée lancée dans sa recherche désespérée d'une vie meilleure, on aime Clara, la dulcinée à forte tête d'Augustus, et bien d'autres !

En leur compagnie, on a respiré les nuages de poussière soulevés par des milliers de sabots, on a traversé à poil des fleuves sous une averse de grêlons, on a affronté des nuées de sauterelles, des blizzards, des grizzlis… On a sué, ri et pleuré. En vérité, cela faisait longtemps que je n'avais pas éprouvé tant de pur plaisir à la lecture d'un roman d'aventure. « Lonesome Dove », c'est beau, c'est grand, c'est vibrant. Ca vous fait sourire et vous tord le coeur à la fois : mangez-en !
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Roman en deux tomes de Larry McMurtry. Prix Pulitzer en 1986.

Étranger, si tu ne veux pas en apprendre trop sur ce livre, passe ton chemin !

Épisode 1 -

Augustus McCrae et Woodrow Call sont deux anciens Rangers du Texas. Pendant deux décennies, ils ont pacifié l'État en exterminant les Comanches et en repoussant les Mexicains. Propriétaires de la Hat Creek Cattle Compagny à Lonesome Dove, Texas, ils vendent des chevaux aux soldats ou aux cow-boys. « Les journées à Lonesome Dove étaient embrumées par la chaleur et une sécheresse de craie que le whiskey atténuait partiellement. » (p. 19) Il y a peu à faire dans cette ville à la frontière du Mexique. L'unique prostituée, la sublime et jeune Lorena Wood dispense ses charmes avec indifférence et le whiskey du bar n'est pas meilleur qu'ailleurs. Une partie de cartes égaye trop rarement l'ordinaire.

L'arrivée de Jake Spoon, ancien ranger, bouleverse l'existence monotone de Lonesome Dove. Spoon est amateur de femmes et de jeu. Il a fui Fort Smith dans l'Arkansas après avoir tué par accident un dentiste. Il propose à ses anciens camarades de constituer un troupeau de bétail et de l'emmener dans le Montana, là où les terres sont encore à prendre. Sur un coup de tête, Call monte toute l'opération. « Vraisemblablement, c'était de cette manière que se pratiquait le commerce de bétail le long de la frontière : les propriétaires de ranchs mexicains faisaient des incursions au nord du Rio Grande pendant que les Texans agissaient de même au sud. » (p. 27)

En quelques jours, le convoi est constitué. Call a rassemblé des cowboys, dont Dish Bogget, un fameux cavalier fou amoureux de Lorena. Pea Eye, un ancien ranger, le jeune Newt, Bolivar le cuisinier mexician et Deets, un noir aux talents d'éclaireur incontestés, sont du voyage. Quand le convoi prend la piste, il est suivi par Lippy, le pianiste de la ville, et par Lorena qui est bien décidée à rejoindre San Francisco. Pendant plusieurs mois, le convoi affronte la chaleur et le manque d'eau, la faim et la fatigue. Cette équipée folle n'est pas de tout repos et les hommes qui s'y sont engagés savent qu'ils risquent leur vie.

Pendant ce temps-là, dans l'Arkansas, le jeune shérif July Johnson se lance à la poursuite de Jake Spoon, ignorant que son épouse Elmira n'attend qu'une occasion pour le quitter. Lancé sur deux pistes, il semble que July Johnson perdra tout en voulant tout retrouver.

Épisode 2 - le convoi poursuit sa route et affronte des tempêtes de sable, des orages fracassants et des animaux peu fréquentables. Gus est parti à la poursuite de Blue Duck qui a enlevé Lorina. Jake Spoon s'accoquine avec des bandits et s'écarte définitivement le droit chemin. July Johnson n'en finit pas de courir après sa femme. le troupeau poursuit sa marche lente à travers plusieurs états.

Alors que Gus était parti avec l'idée de retrouver Clara, son éternel amour, dans le Nebraska, il s'attache à Lorena qui le lui rend bien. Mais la jeune femme n'a pas sa place au sein du convoi et auprès du troupeau. Elle trouvera une famille d'accueil surprenante. Des attachements inattendus se nouent et des dénouements attendus n'arrivent jamais.

Les pistes de chacun n'en finissent pas de se croiser, de se recouper ou de se manquer de peu. Il semble que l'Amérique n'est pas assez grande et que partout où un cowboy pose les sabots de son cheval, quelqu'un peut lui donner des nouvelles d'une connaissance. Les chassés croisés de ville en ville sont autant de ressorts dramatiques. On se croirait presque au théâtre, avec les portes qui claquent sur les amants des épouses infidèles, à ceci près que les flèches indiennes sifflent aux oreilles et que les grizzlis peuvent surgir à quelques mètres du troupeau.

« Au Texas, tout allait bien et on vivait calmement. » (p. 419) Si certains regrettent d'être partis, l'aventure grise la plupart des hommes. L'arrivée dans le Montana n'est qu'un nouveau départ. Pea Eye se sent seul sans certains de ses anciens compagnons. Newt désespère de connaître vraiment son père. Call est fatigué par ce voyage qu'il voulait tant. La fin du voyage marque la fin d'une époque et du temps où l'Amérique restait à conquérir.


Gus et Call ont des conceptions différentes de la vie. Augustus, dit Gus, est désinvolte, cultivé et hédoniste. Ses traits d'esprit passent souvent inaperçus et il n'aime rien tant que faire la conversation. Call est taciturne, habile meneur d'hommes et travailleur acharné. Souvent las de devoir sans cesse prendre les décisions, il place cependant son devoir avant toute chose. « Toute sa vie, il s'était posé en meneur d'hommes alors qu'en réalité il n'avait jamais aimé les groupes. » (p. 298) Les portraits sont remarquables et présentent des hommes hauts en couleurs, frustres et accrochés à la vie. Aussi habiles avec une carabine, un lasso ou un cruchon de whiskey, ils prennent la vie comme elle se présente. La découverte des caractères est progressive. Peu à peu, il apparaît que Call et Gus ne sont pas monolithiques, ni caricaturaux. Leurs faiblesses et leurs travers révèlent leur sensibilité et leur humanité.

La narration est à la troisième personne. Elle se rapproche tantôt d'un personnage, tantôt d'un autre et permet d'éclairer le récit avec différents points de vue. En laissant entendre des pensées et des peurs secrètes, la narration se fait polyphonique et caméléon.

Cette longue traversée de l'Amérique a tout d'une épopée. La nostalgie du pays délaissé envahit la page à chaque danger, mais le besoin d'aller encore un peu plus loin est difficile à satisfaire et la curiosité dure à étouffer. le convoi traverse le Texas, l'Arkansas, le Nebraska et le Montana jusqu'à sa frontière canadienne, prouvant que des hommes peuvent réaliser un projet insensé s'ils sont menés par des êtres décidés. Chacun avait ses raisons de quitter le Texas. D'aucuns cherchaient l'aventure, d'autres voulaient la richesse. Certains ont pris la fuite et d'autres tentaient de rejoindre des femmes éternellement inaccessibles, comme les étoiles que les cowboys contemplent la nuit.

Le ton est piquant et l'humour désabusé. le dialogue sur les Mexicains entre un Irlandais fraîchement débarqué du bateau et Gus illustre le peu de cas que l'on fait de l'existence et du passage sur terre. « - Est-ce qu'il faut leur demander leur nom avant de leur tirer dessus ? [...] - Ce sera pas nécessaire, le rassura Augustus. de toute façon, ils s'appellent presque tous Jésus. » (p. 210) Ce détachement est une résignation sage. Que ce soit sur la piste ou ailleurs, la mort de fait pas de cadeau et il n'y a pas de miracle. « La meilleure chose à faire avec la mort, c'est de s'en éloigner. » (p. 384)

De nombreuses coquilles et quelques erreurs d'attribution de nom ou de parole m'ont parfois gênée. Mais je retiens de ce roman un souffle puissant et une force d'évocation peu commune. le lecteur chevauche aux côtés du troupeau et ressent toutes les peurs et tous les rêves de ces hommes prêts à tout lâcher pour traverser un pays. Les quelques 1200 pages passent en un instant et célèbrent avec panache l'Ouest sauvage et le mythe du cowboy.

******

Le roman de Larry McMurthy a été adapté en mini-série pour la chaine CBS en 1989. La distribution comptait quelques monstres : Robert Duvall, Tommy Lee Jones, Diane Lane et Anjelica Huston.

Quiconque met la main pour moi sur cette série recevra, outre ma reconnaissance éternelle, une récompense !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour l'envoi de ce livre qui fut un grand coup de coeur !


Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Si vous ne devez lire qu'un seul western dans votre vie, lisez celui-ci.

James Crumley





Après une vingtaine d'années passées dans les rangers du Texas à combattre les Comanches et les bandits mexicains, Augustus McCrae et Woodrow Call se sont installés à Lonesome Dove, non loin du Rio Grande. Chaleur, sécheresse. Pas grand chose d'autre à faire que boire du whisky, s'occuper des chevaux, jouer aux cartes au saloon où officie un pianiste et une prostituée, la belle Lorena. Augustus est joueur et bavard, Woodrow plus renfermé.



Jusqu'au jour où Jake Spoon, un autre ancien ranger, plus ou moins poursuivi par un shérif dont il a descendu le beau-frère en Arkansas, déboule chez eux et les convainc de conduire du bétail au Montana, où les pâturages sont fantastiques. Après quelque hésitation, l'idée fait son chemin, le bétail est volé de l'autre côté de la frontière, et c'est le départ pour l'équipe de cow boys, deux mille six cents bovins, deux cochons, sans oublier le cuisinier ... et Lorena!



Mais le Montana, c'est loin, et bien des aventures attendent nos héros, qui devront affronter tempête de sable, orage, sauterelles, indiens, serpents, grizzlis, bandits.Tous n'y parviendront pas vivants, d'autres personnages feront aussi leur apparition, plus ou moins longuement, mais toujours bien dessinés.



Même si l'on est loin de l'image du beau jeune cow boy viril et séduisant (je ne vise personne, voir les dicussions sur facebook...), que ça sent plutôt la poussière, la sueur, le whisky et la bouse de bison, que certains passages sont violents, ce roman est absolument passionnant, non, ce n'est pas uniquement une histoire de cow boys, et en le terminant je me suis dit "grandiose!".



Tout en usant dans ses dialogues de formules chocs et/ou amusantes, McMurtry sait rendre attachants ses personnages. Woodrow Call se refuse à éclaircir ses motivations, et surtout à accepter que le jeune Newt soit son fils. Augustus n' jamais oublié l'amour qu'il porte à Clara, mariée dans un coin au bord de la Platte, et qu'il espère revoir en remontant vers le Montana. Oui, ces gros durs virils sont capables d'émotion, sous la chemise pas repassée bat un coeur...



Newt est un gamin de dix-sept ans, plein d'admiration pour les cow-boys chevronnés, et c'est souvent sa vision rafraîchissante qui est offerte. Pour lui, ce sera un apprentissage de la vie et j'avoue l'avoir laissé avec regret à la fin du roman.

Quant à Clara, elle n'apparaît réellement qu'assez tardivement, mais quelle maîtresse femme! La longue pause à sa ferme est un des plus beaux passages du roman. Lorena complète excellemment la galerie de personnages féminins, et j'oubliais aussi Elmira et son destin tragique...



Sans s'appesantir, McMurtry nous offre aussi une fresque de la vie des pionniers, de la conquête de nouveaux territoires, dans cette bande verticale du Texas au Montana.



Après l'extermination massive des bisons:

" Aussi la vue de cette route pavée d'ossements de bisons avait-elle été un choc pour lui. (...) Cette idée conférait à l'étendue désertique des plaies une autre dimension. Avec la disparition de ces millions d'animaux, suivie par celle de la quasi-totalité des Indiens, désormais, les grandes plaines étaient vraiment vides, dépeuplées, rien n'y vivait plus.
Mais bientôt les blancs arriveraient. Ainsi, le spectacle qu'il avait sous les yeux était une sorte d'intermède. Ce n'étaient plus les plaines telles qu'elles avaient été, ni ce qu'elles allaient devenir, c'était un moment de vide véritable constitué de milliers de kilomètres d'herbe sauvage et peuplé seulement de quelques survivants - spectres de bisons, d'indiens et de chasseurs. "



Dans le Montana:

"Évidemment, ces terres appartiennent aux Indiens depuis toujours. Pour eux, elles sont précieuses parce qu'elles sont leur passé. Nous, elles nous attirent parce qu'elles sont notre avenir."



Ne craignez pas les 1200 pages de ce pavé, lisez-les, vous n'êtes pas prêt d'oublier tout cette épopée, quant à moi je me demande si je ne vais pas tenter d'en lire plus... (Gallmeister semble avoir prévu les parutions)

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Une immersion totale pour ces deux volumes de plus de 500 pages qui m'ont littéralement transportée dans ce monde que pourtant je fréquente peu, celui des grandes plaines américaines, dans la conquête violente de leurs espaces démesurés au moment déjà où s'amorce le crépuscule de la colonisation, en 1880. « Lonesome dove » est un texte épique, par sa forme et son propos. Aussi la quatrième de couverture accroche-t-elle la curiosité du lecteur :
« Si vous ne devez lire qu'un seul western dans votre vie, lisez celui-ci »
Il s'inscrit effectivement tout d'abord fortement dans ce genre finalement plus marqué par ce qu'en a fait le cinéma que par la littérature. Il y fait écho par les grands espaces qu'il nous fait traverser, du sud au nord, du Texas au Montana, à travers les étendues immenses où seuls les fleuves font barrières, terribles frontières dont la traversée est souvent périlleuse. Par les acteurs du récit, principalement une bande de cow boys, dans le respect littéral du terme puisque les hommes de la Hat Creek Cattle Company ont pour vocation de proposer à la vente, du bétail et des chevaux dans leur ranch de Lonesome Dove, qu'ils occupent depuis quelques années, où ils finissent par s'ennuyer et rêver à des aventures nouvelles. Par le paysage poussiéreux des villes, coincées entre saloon et prison avec leur population vagabonde et leurs putains magnifiques, égéries de féminité désabusée et de liberté bancale. Par le voyage enfin qu'entreprend l'équipe avec quelques milliers de bête, pour aller planter des limites de propriété dans le Montana, encore vierge, où toutes les terres sont à prendre, où les bisons et les indiens survivent encore avant l'invasion finale.
Le récit emmène toutefois le lecteur bien au-delà de ce à quoi le genre auquel il se rattache pourrait promettre. Tout d'abord parce qu'il a l'intelligence de situer l'action en 1880. Comme le prince de Salina en 1860 face à une Italie nouvelle qui prend forme dans les ruines d'une société qui disparait, le capitaine Woodrow Call, ancien ranger, irascible dans sa volonté d'aller jusqu'au bout de ce qu'il entreprend, figure le vieux monde des conquérants de l'ouest, celui qui survit à tout mais enterre ses « compagneros » les uns après les autres. Ce monde de la conquête qui s'efface est bien présent dans l'épilogue du roman, lorsque Call, fossoyeur, plante sur la tombe qu'il vient de creuser la pancarte du ranch de Lonesome Dove, aux caractères effacés, c'est tout un monde qui disparait avec celui qui reposera là. La fin d'un monde est présente à travers tout le récit, les indiens ont bel et bien été déjà massacrés, finalement, bien plus que les indiens ce sont les phénomènes naturels qui sont à l'origine des pires moments que le troupeau doit affronter, sécheresse, grêle, sauterelles, ours… les indiens du roman n'ont plus rien de la superbe des grandes tribus, les cow boys noirs de peau, pour libérés de l'esclavage qu'ils sont devenus, ne sont pas considérés à l'égal des blancs, le troupeau que Call parvient à emmener dans le nord est le premier mais tout montre aussi qu'il ouvre la voie à la fin de ces terres vierges. le roman sort également du genre par la précision des portraits qui jalonnent le récit, donnant vie aux personnages par la vivacité des dialogues et la rigueur des caractères, qu'il s'agisse des personnages principaux ou des figures plus modestes dont l'individualité est tout aussi forte. Les femmes bien sûr n'en sont pas absentes, Clara et Lorena annoncent des femmes libres qui peuvent se passer des hommes pour prendre leur destin en mains.
Au fil de la lecture se dessine nettement les États Unis d'aujourd'hui, dont on comprend bien que la violence toujours présente à pris racine dans ces grands espaces où seule s'imposait la loi du plus fort.
Un très beau livre, difficile à lâcher avant la dernière page.

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L'étiquette western m'a fait un peu hésiter mais je ne regrette pas de m'être lancé dans cette passionnante aventure. Une magnifique galerie de personnages attachants, une vie rude au contact de la nature et un périple prenant, m'ont transporté dans l'ouest américain sans voir les pages passer et presque triste d'être déjà arrivé à la fin du deuxième volume. J'ai vu que le film était à la médiathèque, je l'emprunterai sans doute, à la fois curieux et inquiet pour les belles impressions que le livre m'a mises en tête.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Roscoe s’inquiétait de constater qu’il n’y avait plus d’arbres dans le paysage. Il avait passé sa vie au milieu des arbres et n’avait jamais beaucoup réfléchi au bien être qu’ils procuraient. Voir des arbres était si banal qu’on pouvait s’étonner de découvrir en voyageant dans ces plaines qu’il existait sur terre un endroit où l’on n’en trouvait aucun. Il leur arrivait bien de temps à autre d’apercevoir un bosquet au bord d’une rivière, mais c’était rare, et les arbres s’apparentaient plus à des broussailles. On ne pouvait pas s’y appuyer, or s’était justement cela que Roscoe aimait. Il parvenait même à dormir adossé à un arbre.
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Vivre de façon raisonnable – expérience qu’il avait tentée à une ou deux reprises dans sa vie – s’était avéré ennuyeux, le plus souvent après quelques jours seulement. Une vie sensée ne lui avait jamais rien apporté qui vaille, à part des beuveries et des parties de cartes où il jouait jusqu’à sa dernière chemise. La folie était parfois plus stimulante.
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« La vie est bien curieuse. […] On a volé tout ce bétail et les neuf dixièmes de nos chevaux, alors qu’on a été des hommes de loi respectés. Si on arrive jusqu’au Montana, il faudra qu’on fasse de la politique. Tu te retrouveras gouverneur, si jamais ce foutu endroit devient un État. Et tu passeras ton temps à faire voter des lois contre les voleurs de bétail. » (p. 300) tome 1
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Évidemment, ces terres appartiennent aux Indiens depuis toujours. Pour eux, elles sont précieuses parce qu’elles sont leur passé. Nous, elles nous attirent parce qu’elles sont notre avenir.
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« La Hat Creek Compagny n’était qu’une modeste exploitation avec juste assez de terre pour élever un petit troupeau et quelques chevaux en attendant de trouver des acheteurs. » (p. 76) tome 1
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Coup de Coeur de Thomas (Librairie L'Amandier à Puteaux) pour Les Rues de Laredo de Larry McMurtry.
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