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Les Crèvecoeur tome 1 sur 2
EAN : 9782824205076
188 pages
La Bourdonnaye (19/03/2014)
4.05/5   63 notes
Résumé :
Un destin unique, une obsession familiale, le poids des secrets.

Germain Crèvecœur, l'un des plus grands créateurs de chaussures pour femmes du XXe siècle, vient d'être retrouvé pendu. Il lègue à un fils mystérieux tous ses biens, y compris une maison étrange aux murs couverts de souliers féminins et des lettres dans lesquelles le défunt dévoile le roman de sa vie ainsi que ses plus terribles secrets...

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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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Tout d'abord, je tiens à remercier chaleureusement Livraddict pour ce partenariat ainsi que les éditions Silk Thread Publishing pour l'envoi de ce roman.

Édith et Romain nous plonge dans une saga familiale passionnante de près de 500 pages. le roman, en deux parties, s'ouvre sur Raphaël, qui est contacté par un notaire qui lui déclare la mort de son père dont il héritera s'il se rend aux obsèques. Raphaël, remonte alors l'existence de Germain, son père né de l'union d'Édith et Romain, juste avant la première guerre mondiale.

Le roman suit les bases des sagas familiales mais à ceci près qu'ici nous avons affaire à une famille atypique de cordonniers. Édith est un personnage que j'ai beaucoup aimé, c'est une femme soumise à la volonté de ses parents et plus tard à son mari tyrannique mais elle est aussi indépendante et moderne pour son temps. « Il entonna ses grandes phrases, remplies de bons sentiments, sur le mariage et l'amour et l'amour éternel, ajouta quelques allégories bibliques dont il oublia la signification et acheva l'ensemble par une déclaration d'union surréaliste des époux. Avant même qu'Édith et Romain puissent s'embrasser, il les avait poliment dirigés sur le côté et, par de grands gestes hospitaliers, s'affairait à inviter l'auditoire à boire le vin divin. Les nouveaux mariés observèrent la foule avide se précipiter vers l'autel sans se dire un mot, jusqu'à ce que Romain glisse sa main dans sa poche pour en sortir une fine alliance.
« Tenez, je crois que c'est à vous », dit-il en lui tendant l'objet.
Intriguée et émue, Édith enfila cette alliance qui lui allait étrangement bien et s'aperçut alors que c'était le père Violette qui avait conservé celle qu'elle devait donner à son époux. Il avait non seulement oublié de la tendre à Édith, mais il avait également omis de bénir les alliances. Et il était déjà trop tard : Romain l'entrainait vers la sortie de l'église, ou des enfants leur jetèrent du riz et des fleurs séchées.
Et c'est ainsi que commença le mariage d'Édith et Romain Crèvecoeur, sur un petit oubli et un grand malentendu. »
Romain, c'est le personnage que l'on adore détesté. Germain est lui bien complexe et il me tarde de lire le second tome pour mieux apprendre à le connaitre, notamment en apprendre davantage sur la naissance de Raphaël. Si je devais décerner un prix pour le personnage secondaire qui m'a le plus plu c'est sans aucun doute le prêtre qui m'a tant fait rire : « C'est donc dans les caves à liqueurs de la cathédrale que, bien souvent, le père Violette trouvait le réconfort dont il avait besoin. Inutile de dire que la cave de la cathédrale était pour le moins bien garnie, ce que le prêtre justifiait aisément. Plus la paroisse était grande, plus il y avait de soucis à se faire, et plus il fallait abreuver ses peurs et se confesser. Après tous, il s'agissait de vin bénit, et un petit remontant nous rapprochait plus de Dieu qu'il ne nous en éloignait. »

L'écriture de l'auteur est agréable et apporte beaucoup au roman. Tantôt le roman est joyeux tantôt rempli de tristesse et de mélancolie. L'auteure trouve en tout cas toujours le mot juste « Sur le bord du lit, Édith regardait ses chaussures. Elle balançait ses pieds dans le vide et repensait aux histoires de princesses qu'elle lisait toute petite. Ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Mais personne ne lui avait raconté ce qui se passe après le mot «fin», lorsque tout commence vraiment et que le monde des adultes souille celui des princesses. Elle se demanda soudain d'où venaient les méchantes sorcières qui en voulaient tant aux jeunes filles parfaites et innocentes des contes de fées. Et elle comprit avec horreur qu'il s'agissait surement de princesses déçues, celles que les princes avaient trompées et bafouées en leur faisant miroiter une vie de rêve, tout en leur offrant la laideur d'un mariage trop humain, ou l'ennui finit par laisser place à une terrible solitude. »
On découvre également une région de France peu / pas assez connue : Bayeux et ses alentours. Cette histoire m'a d'ailleurs poussé à me documenter sur la fameuse tapisserie de Bayeux dont il est plusieurs faits mention dans ces pages. Bien évidemment on découvre aussi l'art de la cordonnerie et de la fabrique de chaussures et j'ai été surprise de constater la complexité pour habiller un pied. le roman fourmille de détails qui sont tous plus passionnant les uns que les autres. Malgré les 480 pages, l'on ne s'ennuie pas une seconde, bien au contraire.

Bref, c'est une excellente découverte que je suis ravie d'avoir faite. Et avant de vous recommander chaudement cette lecture, je ne peux terminer cette lecture sans vous parler de cette couverture magnifique qui illustre parfaitement cette belle saga.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Raphaël, jeune homme solitaire, a une passion : la course à pied. Il est contacté par un notaire. Il hérite du patrimoine d'un homme qui se prétend son père.
C'est comme un détonateur qui résonne dans la vie du jeune homme qui n'a jamais trop compris le secret autour de son géniteur qui soit disant était mort.
La première partie de cette saga familiale, car oui on va être transporté à travers plusieurs générations, nous raconte Édith, fille unique des Gervais, dont le père est le meilleur cordonnier de Bayeux. Affaire qui aurait dû les mettre à l'abri du besoin, mais qui pour cette époque ne peut être transmis à une fille. Par sacrifice pour ses parents et pour son plus grand malheur, Édith va accepter un mariage arrangé avec Romain Crèvecoeur, personnage fourbe, calculateur, qui mettra tout en oeuvre pour s'approprier l'affaire des Gervais et leur fille.
On découvre toutes les malversations, la fourberie et la cruauté de Romain au fur et à mesure du temps qui passe. Une fois sous sa coupe Édith est étouffée, malheureuse et sans amour. La première guerre mondiale lui permettra de trouver une échappatoire au service de son pays, en soignant bénévolement les blessés de la grand guerre. Et dans cette période si atroce, elle trouvera un rayon de soleil qui lui permettra de se redresser et de s'affirmer.
La deuxième partie, nous met donc en présence de Raphaël qui prend possession de son héritage. Mais surtout il va faire la connaissance de son père à travers les lettres que celui-ci a parsemées dans la maison familiale de la rue Saint-Malo.
Un livre qui fait comprendre que pour savoir où on va il faut surtout savoir d'où on vient. C'est ce dont ont besoin Germain et Raphaël.

Une écriture très agréable, et dense qui nous mène au fond des personnalités des protagonistes qui ne sont pas tous très reluisants. Germain enfant s'est surtout forgé au contact de ses parents très particuliers, entre la haine de son père et l'amour de sa mère, une atmosphère oppressante et malsaine. Par moment c'est un sentiment de folie qui transparaît à travers l'écriture de l'auteur, les personnages sont tellement bien décrits, à travers leurs fantasmes, leurs peurs, leur désir, qu'on a vraiment l'impression d'être avec eux.
Je vais continuer avec le tome 2 qui je pense va me permettre de mieux connaître Germain dans son âge adulte.
Merci beaucoup à Antonia Medeiros de m'avoir proposée cette lecture en SP, j'ai découvert l'univers des amoureux des chaussures mais surtout de l'art d'habiller un pied. Tout un monde….fort bien décrit par l'auteur.
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Ce bouquin, premier tome d'une saga familiale est ce que l'on peu appeler, une mise en bouche ... Avec 187 pages, on reste évidemment un peu sur sa faim/fin mais ce n'est que le premier tome et donc ...!

Puisque nous en sommes à la mise bouche, voici le thème du menu :
saga familiale dans le monde des chaussures ... Tout un programme !

Et nous voici avec en entrée, Edith ...
Mais cela pourrait tout aussi bien s'appeler Raphaël (petit fils d'Edith) , Germain (fils d'Edith et peut-être le père de Raphaël) ou encore Romain (mari d'Edith et père de Germain ... Ou pas!) !
Vous voulez un petit dessin ou vous suivez !? ;)
On alterne donc entre les chapitres qui concernent les différents membres de cette famille durant le 20ème siècle.

Raphaël, orphelin de père, qui dans les années 70 se voit inviter à l'enterrement d'un homme qui se dit son père, héritage à la clé : Germain Crèvecoeur. Un héritage oui, mais qui va devoir se mériter ! Nous allons assister à une sorte de jeu de piste où Raphaël va chercher à en découvrir un peu plus sur cet homme très énigmatique, qui se dit son père, Germain Crèvecoeur ; mais aussi sur ce fameux héritage familial.

Au départ, j'ai eu un peu de mal avec Raphaël. Déjà, difficile pour moi de le situer dans le temps (au final, nous sommes dans les années 70 mais je pense l'avoir appris dans une autre chronique. On a aussi un peu de mal à le cerner. Il semble assez « mou » et juste intéressé par la course à pieds. Mais au fur et à mesure des chapitres, il se révèle et on aime le suivre dans « à la découverte de mon père » !
Me réjouis d'en savoir un peu plus sur lui (et son héritage!) dans le tome suivant, car au final, tout cela reste assez énigmatique ...

Les autres chapitres nous font découvrir début XXème, Edith Gervais, ses parents – coordonniers à Bayeux - et Romain Crèvecoeur, malfaisant de son état.

Edith, jeune fille à la traîne question mariage et que ses parents sont contents de pouvoir marier avec un le « gendre idéal », Romain. Cordonnier qui a vu du pays et qui tombe à pic pour reprendre l'affaire familiale et Edith par la même occasion ! Assez effacée au départ, quoique ... Elle va découvrir les joies du mariage arrangé, de la guerre, de la condition des femmes à cette époque, ... Et se révélée finalement moins « effacée » que prévu. Me réjouis ici aussi de voir ce qu'Edith va faire de la suite de sa vie, on dirait bien qu'elle va prendre son destin en main !

Pour ce qui est de Romain, en voilà un qui m'a semblé un peu « trop » ! Il rempli son rôle du « méchant » à la perfection mais parfois un peu trop je trouve ! Mauvais, manipulateur, ambitieux, fourbe, violent ... Pas besoin de vous en brosser un portrait détaillé, on peut aisément imaginer le genre de personnage ! le deuxième tome porte son nom et me réjouis ici aussi de découvrir ses dernières manigances !

Une très jolie plume que celle d'Antonia Medeiros. Fluide, plaisante et poétique même.
Malgré les petites difficultés de « repères temporels » au début avec Raphaël, j'ai assez vite plongé dans les secrets de cette famille ou du moins avec ce que premier tome veut bien nous en livrer ! Et évidemment, une fois le livre refermé on a une seule envie ... Ouvrir le deuxième tome !
Comme vous avez pu vous en rendre compte, j'ai préféré la partie consacrée à Edith (solidarité féminine oblige!) mais je pense que Raphaël se fait plus discret pour mieux se révéler ensuite ... Romain doit certainement être égal à lui-même par la suite, un mélange de JR, Cruella d'enfer et du Joker ! Pour ce qui est de Germain, le livre commence avec sa mort et se termine à sa naissance, toutes les deux dans des « circonstances » pas banales. Sa vie ne le sera certainement pas non plus !

Belles Lectures les gens !

Et puisque nous sommes en période « remise de prix », merci à Antonia Medeiros, aux Editions de la Bourdonnaye et à Babelio de m'avoir fait gagner ce livre , et au blog « La biblio de Gaby » de m'avoir aussi fait gagner ce livre (une seconde fois donc!) ainsi que le deuxième tome, Romain.
Lien : http://lesbl.blogspot.com
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on se régale avec cette saga d'un genre quelque peu original. Bien que ce seconde volet s'intitule Romain, c'est bien Germain qui narre son enfance particulière avec ce père sans amour hormis celui des chaussures, le seul qu'il y a transmis à Germain. Ce dernier après une enfance de silence, de peur, il peaufine sa destinée jour après jour pour réaliser son projet professionnel voire passionnel : devenir un bottier d'exception. Germain est ambitieux mais patient. Il doit faire ses armes avant de se lancer dans ce combat de longue haleine. Il part donc vers la capitale où il intègre les compagnons du devoir mais bien vite l'esprit de groupe étriqué l'étouffe au même titre que ce besoin d'évoluer dans sa passion. Il se dirige donc vers des petits boulots et bien vite il intègre la famille Batta l'usine de référence de la chaussure française. Après trois ans de travail et la confiance de son patron, il réussit à créer sa propre collection sous la protection de son usine. Il lance une collection de luxe et c'est un succès.
La suite au prochain épisode, malheureusement indisponible et on se demande bien pourquoi ?

Je me suis délectée d'évoluer dans ce monde de la chaussure un peu particulière pas la celle de madame tout le monde il faut bien remettre ce métier dans son contexte historique et artisanal.

L'écriture est sublime nous transportant agréablement sur un courant un brin poétique. On ressent la passion qui parle avec toute son intensité et son admiration pour ce métier, ces belles chaussures créent avec amour, l'amour du travail bien fait qui deviennent des oeuvres d'art. Un roman qui m'a touchée de par son histoire et par la découverte de ce métier de bottier.
Je ne peux que vous le conseiller vivement, c'est passionnant.
Et je lance un appel à tous que vous soyez lecteurs ou la maison d'éditions la Bourdonnaye ou libraire : je recherche le tome 3 et le 4 si j'ai bien compris devait ou devrait sortir.
Merci d'avance
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Il n'y a pas très longtemps, j'ai découvert le premier tome de cette série familiale écrite par Antonia Medeiros grâce aux Editions de la Bourdonnaye (et en particulier Stéphanie que je remercie chaudement). J'avais vraiment adoré cette lecture et je n'ai pas résisté à l'envie de découvrir la suite de l'histoire singulière de la famille Crèvecoeur. J'ai donc sorti le tome 2 de ma PAL avec empressement ...

Le monde étrange dans lequel grandit Germain Crèvecoeur est peuplé de silences, de secrets de famille, de chaussures usées qu'on adule, d'une Chinoise édentée cachée dans un placard et d'une tapisserie légendaire. Prisonnier de Romain et d'Édith – un père à la folie fétichiste et une mère à l'amour excessif –, Germain cultive sa différence et recherche dans l'amertume de sa jeunesse le bonheur et la force d'aimer. Son incroyable parcours fascine, de son enfance à son adolescence, de son apprentissage à la découverte de la sensualité, de l'horreur de la mutilation à la magie de la création. En cela, Romain a marqué son fils de son empreinte indélébile. Entre passions et intrigues familiales, la saga des Crèvecoeur est un hymne à la beauté féminine autant qu'un voyage dans le coeur meurtri d'un homme à la sensibilité unique, qui pensait soigner son âme au fond d'une bottine pour dame.

C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la plume de l'auteure que j'avais adoré précédemment. On retrouve ce style classique qui m'avait tant séduit dans le premier tome, les phrases sont bien construites, le vocabulaire est précis. Bref, du bonheur en barre ! Malgré ça, je me suis un peu ennuyée parfois dans ma lecture que j'ai trouvé moins rythmée que le tome précédent (tout en restant extrêmement intéressant).

Dans ce tome, on en apprend un peu plus sur l'enfance de Germain à travers des lettres qu'il a laissé à son fils. J'ai parfois eu froid dans le dos, comment un enfant peut-il se construire dans une telle ambiance familiale ? Difficile de devenir un adulte équilibré lorsqu'on a eu un père qui pouvait passer plusieurs mois dans prononcer un seul mot ... (un exemple parmi tant d'autre).

A travers l'histoire de Germain, on apprend à connaitre Romain, son père. Je n'avais pas vraiment apprécié ce personnage dans le premier tome et je dois bien avouer que je l'ai détesté dans ce tome 2. Mais quelle horreur ce type ! Il est un peu l'archétype de tout ce que je déteste. Franchement, ça ne m'arrive pas souvent de détester un personnage à ce point là mais je dois bien dire qu'il va faire partie de mon top 3 des personnages détestables !

Cependant, j'ai trouvé un épisode du récit assez peu crédible (la chinoise aux petits pieds mais chut, je n'en dirai pas plus). Ca m'a un peu gâché le plaisir de lecture parce que ça me paraissait trop invraisemblable. Mais cette lecture reste un excellent moment, encore un tome que je ne pourrai que vous conseiller de découvrir. Si vous aimez les chaussures, vous allez être servi ! Je vais bientôt plonger mon nez dans le tome 3 qui est tout récent.

Une saga qui ne vous laissera pas de glace ...
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Il entonna ses grandes phrases, remplies de bons sentiments, sur le mariage et l’amour et l’amour éternel, ajouta quelques allégories bibliques dont il oublia la signification et acheva l’ensemble par une déclaration d’union surréaliste des époux. Avant même qu’Edith et Romain puissent s’embrasser, il les avait poliment dirigés sur le côté et, par de grands gestes hospitaliers, s’affairait à inviter l’auditoire à boire le vin divin. Les nouveaux mariés observèrent la foule avide se précipiter vers l’autel sans se dire un mot, jusqu’à ce que Romain glisse sa main dans sa poche pour en sortir une fine alliance.
« Tenez, je crois que c’est à vous », dit-il en lui tendant l’objet.
Intriguée et émue, Edith enfila cette alliance qui lui allait étrangement bien et s’aperçut alors que c’était le père Violette qui avait conservé celle qu’elle devait donner à son époux. Il avait non seulement oublié de la tendre à Edith, mais il avait également omis de bénir les alliances. Et il était déjà trop tard : Romain l’entrainait vers la sortie de l’église, ou des enfants leur jetèrent du riz et des fleurs séchées.
Et c’est ainsi que commença le mariage d’Edith et Romain Crèvecœur, sur un petit oubli et un grand malentendu.
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Je voyais bien que le vieil homme attendait sa pénitence avec douleur. Ninon nous quitta, je m'assis près du vieillard et me contentait de le remercier. Il marmonna quelque chose et prit une semelle entre ses mains. Il m'en expliqua la fabrication, les matières premières et le statut que conférait sa hauteur. Plus la terre était proche du pied, plus cela annonçait la pauvreté du sujet. Les rois et les reines ne devaient jamais toucher le sol, mais plutôt se rapprocher du ciel. Puis il m'apprit à tisser les filaments de paille, les tresses, les sangles de cuir et même de bois, afin de recouvrir le pied et de le décorer comme s'il s'agissait de la plus noble chose du monde. Il me raconta les bijoux légendaires que l'on plaçait entre les orteils, les pigments que l'on collectait des animaux pour teinter la sandale et comment le soleil s’immisce entre les fibres et sèche les lanières pour les rendre plus serrées. Je sentais monter les parfums de l'Afrique et, sous ces sandales d'apparence si ordinaire et dénudée, je voyais se dessiner les secrets d'un monde qui savait communier avec la nature. C’était palpitant, et je tirais grande satisfaction de cet échange qui me ramenait encore une fois à l'essence des choses et de mon savoir. J'appris à redéfinir les bases de la chaussures et à ne plus voir le pied comme un objet de honte, mais comme un complément qui pourrait orner la chaussure. Au bout de deux journées de travail, nous tendîmes plusieurs chaussures à des visiteurs, qui hochèrent la tête avec dépit. Nous ne laissions personne indifférent, et cela me rendait heureux. Je remerciai encore le vieil homme et lui expliquait à plusieurs reprises que je n’étais pas le fils d'un sorcier maléfique. Il eut l'air rassuré, fit une pause de plusieurs minutes puis ajouta : « Je vais te dire un secret. Si tu as peur de ton ennemi et que tu veux le vaincre à tout prix, alors dessine son visage sur la semelle. Comme ça, tu lui marcheras dessus à longueur de journée, et il t'apparaitra soudain bien plus facile à vaincre.»
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Sur le bord du lit, Édith regardait ses chaussures. Elle balançait ses pieds dans le vide et repensait aux histoires de princesses qu’elle lisait toute petite. Ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Mais personne ne lui avait raconté ce qui se passe après le mot «fin», lorsque tout commence vraiment et que le monde des adultes souille celui des princesses. Elle se demanda soudain d’où venaient les méchantes sorcières qui en voulaient tant aux jeunes filles parfaites et innocentes des contes de fées. Et elle comprit avec horreur qu’il s’agissait surement de princesses déçues, celles que les princes avaient trompées et bafouées en leur faisant miroiter une vie de rêve, tout en leur offrant la laideur d’un mariage trop humain, ou l’ennui finit par laisser place à une terrible solitude.
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Un jour que je rentrais manger un morceau, avant de commencer mon travail du soir, j'entendis Louana crier dans la rue des Rosiers. Comme tous les jours, à la même heure, elle laissait tomber ses seins lourds dans les fleurs de ses jardinières, du haut du troisième étage, et tentait, tout en touillant sa marmite, de réunir ses enfants pour le souper. Son chemisier était toujours un peu déboutonné, tant elle avait chaud derrière ses fourneaux, et ses cheveux bouclés, qu'elle grattait quand elle se faisait du soucis, étaient remontes autour d'un bandeau. Elle rassemblait ses troupes en appelant chacun des enfants par son nom et elle s’égosillait tellement que la rue entière savait que les Majewski s'apprêtaient à dîner.
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- Nous avons une section un peu spéciale dans laquelle la plupart des gens n’aiment pas aller. Mais comme ce sont des patients aussi, nous devons nous en occuper. Nous l’appelons entre nous «la section Z». C’est là que nous mettons les blessés allemands. Ils ne font pas partie des blessés prioritaires, mais quand on a du temps, on va les voir. Quand on n’en a pas, on les laisse crever. Mais bon, ce sont des gamins, qu’est-ce que vous voulez. On a un peu pitié quand même. S’ils sont à part, c’est par mesure de sécurité. Nous n’avons pas le temps de gérer les revanches et les conflits. Ce sont des malades qui souffrent des mêmes blessures que les autres, donc rien que vous ne puissiez gérer. S’il y a un problème, vous nous appelez, et si vous voulez changer, revenez me voir, et je vous placerai ailleurs. Ça vous va ?
- C’est très bien, je n’ai pas d’à priori. Au fait, pourquoi la section Z ?
L’infirmière sourit et regarda Édith. «A cause des Anglais qui les appellent Ze Germans. Allez, il faut bien rigoler un peu de temps en temps…»
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