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EAN : 9782749945552
237 pages
Michel Lafon (25/02/2021)
5/5   3 notes
Résumé :
Avocate, Yael Mellul s’est imposée au fil des années comme LA spécialiste de la lutte contre les violences conjugales et plus largement des violences faites aux femmes. Elle est à l’origine de la reconnaissance du délit de « violence conjugale à caractère psychologique », qu’elle a théorisé et fait inscrire à la loi du 9 juillet 2010. Elle revient dans cet ouvrage sur le combat acharné qu’elle a mené durant dix ans pour faire reconnaître le suicide forcé, adopté le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mon combat contre l'emprise et le suicide forcé - Témoignage - Yael Mellul - Éditions Michel Lafon - Sorti le 25 février 2021 - Lu entre le 24 et 26 février 2021.

Un tout tout grand merci à Babelio et aux éditions Michel Lafon pour l'envoi de ce témoignage passionnant de Yael Mellul, avocate pénaliste de formation - Masse critique du 10 février 2021.

Première critique sur ce livre tout nouvellement édité, je vais faire de mon mieux. A plus d'un titre, ce témoignage est passionnant car il nous entraîne dans le parcours ô combien difficile de Yael Mellul, née à Massy dans l'Essonne de parents juifs séfarades vivant au Maroc, communauté juive importante dans ce pays. Arrive la guerre des Six-Jours, ils ne sont plus les bienvenus et la famille décide de partir pour la France, à Massy où vit une partie de leur famille et Yael y naît en 1971, petite dernière d'une fratrie de deux aînés, un frère et une soeur. Dans cette communauté, les hommes ont tous les droits, les femmes aucun.

Mais Yael bouillonne d'idées, elle est un peu rebelle et ne veut en aucun cas "être une bonne épouse et femme au foyer" comme le veut la tradition. Elle entreprend des cours de droit à l'université Tolbiac, ensuite à l'école d'avocats. En 1995, elle prête serment et rencontre Simon qu'elle épousera à 26 ans. Elle est recrutée par le cabinet d'avocats de Patrick Quentin travaillant pour la Licra, association venant en aide aux victimes de racisme.
C'est là que Yael Mellul se penche sur un dossier de violences faites aux femmes. En 1995, Simon et Yael ont un fils, Dan. Ensuite, elle change de cabinet et travaille pour maître Guigui, à l'époque de "L'
Angolagate", une très grosse affaire de trafic d'armes.

Mais la vie n'étant un long fleuve tranquille pour personne, son employeur est contraint de fermer son cabinet pour raison personnelle, voilà Yael au chômage à 35 ans. Elle prend bien cette pause et se consacre à son fils et son foyer. Mais l'ennui arrive, au bout de deux ans, elle ne supporte plus son immobilité, pendant que Simon grimpe les échelons, elle se sent inutile et coincée.
Un coup de téléphone d'un copain avocat déprimé ayant perdu un procès pour harcèlement moral "Il n'y a rien dans le code pénal sur le harcèlement moral dans le couple . le juge nie l'existence des violences psychologiques dans ces cas-là", va faire jaillir l'étincelle qui va remettre Yael sur pied de guerre, elle veut savoir, elle veut comprendre, elle est sidérée par le vide juridique sur ce sujet, elle lit les ouvrages de Marie-France Hirigoyen, de Paul-Claude Racamier, grand psychiatre, le 1er à avoir identifié la perversion narcissique. Yael va passer des heures à la bibliothèque du Palais de justice pour trouver un début de base de travail et tombe sur un article du Code du travail sur le harcèlement moral. Entretemps, son couple va mal, ils divorcent en 2008 "sans joie mais sans amertume".

Et voilà notre combattante partie sur la nécessité d'une définition légale sur les violences à caractère psychologique. Elle va bosser comme c'est pas possible, franchir les étapes une à une, rencontrer des hauts-placés du pouvoir sous le gouvernement de D. Villepin. Elle fonde l'association "Femmes et libre" qui luttera contre les violences conjugales. Elle portera plainte dans l'affaire Krisztina Rady, 1ère épouse de Bertrand Cantat. En 2007, François Fillon devient 1er ministre, Yael prendra contact avec Valérie Létard sa secrétaire d'État chargée de la Solidarité. "Rien ni personne ne peut m'arrêter" dira-t-elle.
Le 9 juillet 2010, après son audition à l'Assemblée Nationale, la loi "relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein du couple et aux incidences sur ces dernières sur les enfants" est votée sous F. Fillon. Sa lutte continue. En 2011, Yael Mellul est nommée "femme de l'année" par le magazine Marie-Claire.
Mais malgré sa connaissance du sujet, malgré sa volonté, malgré son intelligence et son métier, Yael tombe dans les filets d'un homme manipulateur qu'elle épouse et qui va faire de sa vie un enfer. Il va l'entraîner dans les abîmes de la souffrance morale. Elle en perdra son fils qui ne veut plus vivre avec une maman qui "se laisse faire", il va vivre chez son père. Elle finit par avoir la force de divorcer et ayant tout perdu, emploi, appartement, ne pesant plus que 38 kg, elle va s'installer à Massy chez ses parents. Son petit garçon lui manque terriblement et elle s'en veut de lui avoir fait subir cela. Aidée par sa famille et une amie qui ne la lâchera pas, Yael redresse petit à petit la tête, elle entrevoit le bout du tunnel.
Elle se sent "prête à affronter toutes les tempêtes pour mener à bien son nouveau combat : faire entrer le suicide forcé dans le code pénal".
EN 2018, 217 FEMMES SE SONT SUICIDÉES APRÈS AVOIR ÉTÉ HARCELÉES PSYCHOLOGIQUEMENT. C'EST DEUX FOIS PLUS QUE LES FÉMINICIDES.
Mélissa - défenestrée, elle avait 24 ans
Morgane - suicide par pendaison - elle avait 37 ans
Adeline - suicide par médicaments - enceinte de 4 mois - elle avait 34 ans
Ilona - suicide par intoxication au monoxyde de carbone - elle avait 29 ans
Emelyne - suicide par pendaison - elle avait 29 ans
...
"Toutes les victimes sont d'accord. Les mots détruisent autant que les coups. Les bleus s'estompent, les fractures se consolident, mais la privation du libre arbitre, l'altération des capacités de discernement, la destruction psychique , la perte de dignité, c'est d'abord ça la destruction humaine. Une destruction qui mène à l'envie d'en finir pour s'en libérer".

Début 2020, le ministre Edouard-Philippe a retenu la proposition de loi sur le suicide forcé.

"Il s'agit à présent de plaider cette cause au Conseil de l'Europe, le but étant d'intégrer ce délit à la Convention d'Istanbul".

Yael Mellul continue son combat, c'est devenu dit-elle sa principale préoccupation. "Avec les violences psychiques sur les jeunes, je sais déjà comment je vais devoir batailler, mais qu'importe, j'ai,appris à avoir le cuir épais. Et comme toujours j'irai jusqu'au bout de mes convictions. Ce sont elles qui donnent un sens à ma vie".

C'est sur ces dernières phrases de Yael que je vais finir ma chronique. Ce fut pour moi une lecture difficile mais ô combien nécessaire et passionnante aussi tant le sujet m'interpelle. Je vous écris toute mon admiration,
Madame, je vous adresse tous mes remerciements pour votre combat qui je l'espère fera bouger la loi dans d'autres pays, pour votre acharnement à combattre ce fléau qu'est le harcèlement moral.

Lisez ce livre amis-es babélionautes, il remue, il secoue, il révolte mais au-delà, il apporte le réconfort de savoir qu'il y a de belles personnes qui se démènent pour que toutes ces souffrances ne soient plus de simples faits divers.
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Yael MELLUL, avocate passionnée pour la cause des femmes, nous raconte son parcours pour faire reconnaitre légalement le suicide forcé - Un combat qui as duré 10 ans –
C'est un récit poignant que nous offre l'autrice qui as été aussi élue femme de l'année par le magazine Marie- Claire.
Son parcours est jalonné d'embuches autant que personnel que professionnel, c'est à un moment de sa vie, ou elle déprimait, car le cabinet d'avocat ou elle travaillait avait fermer, qu'un ami à elle, va impulser quelque chose chez elle qui va devenir le combat de sa vie, «il n'y a rien dans le code civil pour le harcèlement moral dans le couple"
A partir de ce déclic, elle va décider de mettre tout en oeuvre pour que ça change, cela va être pas être facile, le milieu politique est un monde fermer et surtout il y a très peu de femmes qui ont leur place.
Ce qui intéressant dans cet ouvrage, ce n'est pas seulement cette lutte qu'elle va entreprendre, mais l'évolution de sa vie privée, et croyez-moi ce n'est pas rose, après un divorce à l'amiable avec le père de son fils, elle va vivre l'emprise psychologique et aussi physique avec un autre homme.
Elle va réellement se mettre à nu dans ce livre, et cela m'as beaucoup touchée, avoir liée les deux sujets, son combat et les difficultés de sa vie personnelle, m'as permis de me rendre compte, ce que ses femmes ont vécu, et certaines jusqu'au le suicide, maintenant grâce a cette femme, ces hommes seront condamnés.
J'ai beaucoup aimé ce témoignage, parfois il y a des passages très difficiles, ou on a envie de lui dire, "mais pars le plus loin possible" mais c'est plus compliqué que ça ne parait, l'emprise psychologique est tellement forte, qu'elle ira au bout d'elle-même pour arriver à s'en sortir.
C'est vraiment une lecture éprouvante mais tellement nécessaire pour que les autres femmes qui sont dans cette situation, trouve le moyen de s'en sortir, elle a aussi créé une association "Femme et libre" quel joli nom, il veut tout dire et il est tellement expressif - Et elle fait partie d'un groupe de travail " Emprise, violence psychologique" au cabinet de la ministre chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes. le combat continue....
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Michel Laffon qui m'as permis de livre cela me rends fière qu'une femme telle que cette autrice s'est battu pour nous toutes. Car il ne faut pas se voiler la face, cela peut arriver à n'importe laquelle d'entre nous.


Lien : https://www.nathlivres.fr/l/..
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Le livre que l'on trouve au rayon "Témoignage", c'est une partie de vie. Un passé mais aussi comprendre pour l'avenir. le témoignage est personnel ou un écrit qui cible une catégorie de personnes. le témoignage est-il unique ? Que cherche le lecteur ? Il souhaite savoir ou comprendre ? Peut-être les deux à la fois ?


Yael Mellul raconte dans son livre un combat : reconnaître, défendre et punir l'emprise et le suicide forcé dans la loi. Admettre par le biais d'une loi qu'une femme victime de violences conjugales se suicide parce que sa liberté est ainsi. Pas de fuite possible, pas de S.O.S.

Elle en finit avec son bourreau par sa propre disparition. Son choix ? Ce n'est pas aussi certain. Un être humain qui décide de se donner la mort : Est-ce le seul échappatoire possible ?


Le combat est long. Reconnaître que l'emprise d'un homme sur une femme débouche sur une mort, c'est aussi un fait. Alors, comment le combattre ? Comment éviter le suicide ? Comment sauver des vies ?


L'auteure, l'avocate, peut-elle comprendre la violence psychologique qui pour elle se trouve être la base de toutes violences conjugales. Qui peut accepter les insultes ? Qui peut pardonner les coups ? Comment une femme distingue la sortie de secours que par sa propre mort ? Pourquoi et comment prendre la décision ?


Pour parler des violences conjugales et de l'emprise, il faut des témoignages : des histoires à lire, des familles à rencontrer. Puis, il y a au détour d'une relation, d'un amour : le dévouement. L'affection et le don de soi ont une limite : sa propre dignité.

Mais qu'est-ce que la dignité pour la femme amoureuse, sinon être aimée par lui.


La violence conjugale se trouve à l'extrême de de notre vie. On prend des risques, on s'oublie. Où se trouve le danger ? Trop tard ! La montée est trop obscure : c'est un piège. Il a voulu, lui le bourreau, nous faire croire que nous étions la numéro un mais en retour il nous a tout pris.


Parler des violences conjugales, c'est tenter de raconter l'impossible à ceux qui tentent de comprendre qu'aujourd'hui une femme est frappée parce que le repas est trop chaud, demain une femme sera morte parce qu'elle lui a dit qu'elle voulait divorcer.


Yael Mellul a décidé de sauver grâce à la reconnaissance de la justice : une femme qui n'est plus. Elle a avalé des médicaments, s'est pendue ou s'est intoxiquée parce qu'elle était victime de violences conjugales. La société pense souvent que des femmes sont prisonnières elles-mêmes de leur bourreau et que seule leur propre personne doit dire stop. Est-ce si facile ? Chaque suicide est un signe de souffrance.

Le suicide forcé : Votre moitié, celui qui vous emmène au bord de la vie en rose, insiste jour après jour sur sa position. Tu n'es rien, tu n'es plus rien. Dans ses yeux : la haine. Dans ses poings : la colère. Et autour de toi : le dégout et l'indifférence. Que fais-tu ici sur terre à pourrir la vie des autres ? Quels autres ? Plus personne n'est là ! Il n'y a que lui et ses coups et ses dires... C'est vrai, pourquoi vivre comme ça ? Rester pour qui et pourquoi ?

Tu pleures les nuits où il s'est endormi d'avoir trop bu mais il a surtout passé la soirée à te rabaisser. le matin, tu te lèves. Quoi faire ? Ce qu'il a envie, ce qu'il veut. Tu regardes par la fenêtre une femme bien habillée, elle sourit, peut-être qu'elle est au téléphone avec une amie, un amoureux ou son enfant. Elle dégage de la couleur : ses vêtements sont clairs et sa démarche s'envole. Toi, tu traînes tes chaussons, tu n'as envie de rien. Tu n'es rien, c'est lui qui le dit et comme c'est la seule personne qui reste auprès de toi, qui sait ?


Le rôle de la justice est de défendre la mort de cette femme. Trop tard, il est trop tard pour lui dire que tout est la faute de cet homme. Il n'est pas trop tard pour le punir.


La société est à l'aube de la reconnaissance des violences conjugales. Société patriarcale : l'enchaînement est à briser. Pour que la femme, demain, se sente libre et à égalité de l'homme, il faudra encore bien des combats. L'avocate et auteure Yael Mellul a relevé la vision de la violence conjugale. le suicide est un échappatoire du mal de vivre.
Lien : https://aupaysdesbooks.wixsi..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Cette loi que je veux voir votée est destinée non seulement à toutes les femmes victimes de violences, mais aussi aux 90 % des femmes victimes qui ne portent pas plainte. Si elle ne le font pas, c'est qu'elles ne se sentent pas protégées par la loi. Pire, elles ne se reconnaissent pas en tant que victimes. Certaines ignorent même qu'elles le sont. Il faut qu'elles aient conscience pleine et entière des violences psychologiques dont elles sont l'objet, ce qui est loin d'être évident-page 43
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