AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de de


de
28 janvier 2012
Il y a au moins quatre bonnes raisons, signalées dans l'avant propos de Bernard Suchecky ( Avant-propos « Mémoires d'un révolutionnaire juif » ) pour lire ce livre :
« Ce récit contribue à réhabiliter un inconnu, le prolétaire juif d'Europe orientale et centrale, que la mythologie juive contemporaine rejette à sa périphérie et travestit soigneusement. »

« Qu'on réfléchisse un instant aux représentations actuelles de la vie et de l'histoire juives et à ce qu'elles omettent d'arracher à l'oubli. Dire et montrer la tentative d'extermination des populations juives par les nazis, par exemple, ne s'est pas fait sans méprises. Combien de représentations littéraires et cinématographiques du génocide n'ont-elles pas été piégées par le trop plein de drame qu'elles s'efforçaient de capter ? » et « Paradoxalement, l'hyper-dramatisation du cauchemar a fini par dénaturer l'événement et par nuire à son intelligibilité. Un pas supplémentaire dans ce sens a été franchi récemment avec la transformation du génocide en holocauste, en sacrifice offert à Dieu. À terme, c'est la responsabilité et la vigilance des sociétés contemporaines qui se trouvent ainsi dangereusement hypothéquées. »

« Autre mutilation du sens : le romantisme pastoral qui sévit aujourd'hui à propos du shtet'l, la bourgade juive d'Europe de l'Est. Une génération née au lendemain du génocide et ancrée dans le judaïsme par la nostalgie et l'imaginaire croit renouer avec son appartenance en rêvant à un petit monde attendrissant mais qui n'eut jamais la moindre réalité. Aucune turbulence n'agite ces décors en trompe-l'oeil peuplés de silhouettes chagalliennes. On recompose ainsi un univers céleste avant même qu'il ait été envoyé au ciel par les nazis. »

« Israël, avec sa panoplie de pionniers et de déserts en fleurs, a également sa part de responsabilité dans ce filtrage du passé. Tournant le dos à la Dispersion, l'État juif avance une version de l'histoire juive dont il est bien entendu le but et le mot de la fin. Les concurrents historiques du mouvement sioniste, en particulier ceux qui adhéraient aux valeurs universalistes du mouvement ouvrier international, n'y occupent évidemment guère de place. »

J'en ajoute au moins une autre : garder en mémoire la politique criminelle de l'État stalinien et des Partis Communistes et les crimes (assassinats, dénonciation aux appareils répressifs, etc. ) tout aussi réels de certains dirigeants ou affiliés de ces partis. Il était minuit dans le siècle, la lumière blafarde des deux jumelles (nazisme et stalinisme) écrasait toute velléité d'émancipation.

C'est aussi le récit d'engagements flottants ou entremêlés entre anarchisme, Bund, bolchevisme ou trotskisme. La recherche des collectifs les plus à même d'organiser les travailleurs et de développer une politique d'émancipation pour changer radicalement la société.

Le yiddisland a disparu, rayé de la carte. Que la mémoire de ces militant-e-s, de ces femmes et de ces hommes de la « rue juive », ne soient pas enfouies sous les cendres de l'oubli.

Des multiples compléments possibles déjà signalés dans de précédentes notes de lecture, je n'indique que le livre d‘Alain Brossat et Sylvia Klingberg : le Yiddishland révolutionnaire (Éditions Syllepse, Paris 2009)
Commenter  J’apprécie          10







{* *}