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Pierre Guglielmina (Traducteur)
EAN : 9782081214064
284 pages
Flammarion (19/01/2009)
3.68/5   54 notes
Résumé :
Daniel Mendelsohn fait revivre son enfance entre sa mère, "l' institutrice," la toute-belle, et son père, "le mathématicien," celui qui répare, construit et se collette aux choses ; une enfance peuplée d'êtres, frères et sœurs, parents âgés, avec, au centre, son grand-père, ce dandy mystérieux et raconteur d'histoires. C'est pendant ses années d'étudiant dans l'exotique Sud américain que le jeune homme se découvre une passion jumelée pour les langues anciennes et le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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"L'étreinte fugitive" est le premier volet d'un triptyque écrit par Daniel Adam Mendelsohn. En France, paradoxalement, le second volet - "Les Disparus" - a été publié avant le premier et il a obtenu un vif succès.
Même si on peut aborder les trois livres indépendamment, j'ai préféré, puisque cela était possible, entrer dans le récit par le premier titre, peut-être en espérant ainsi mieux suivre les pensées de l'écrivain et m'habituer à sa logique d'écriture.

Dans sa construction qui peut laisser le lecteur dubitatif, à certains moments, "L'étreinte fugitive" adopte le processus narratif qu'adopte le grand-père de l'écrivain quand il lui raconte l'histoire familiale et reflète également la narration qui restitue les épopées antiques grecques et latines en prose ou en poésie, procédé qui fascine, dans les deux cas, le jeune garçon qu'est Daniel Adam Mendelsohn.
Cette façon de raconter, tout en circonvolutions et absolument pas linéaire fait "papillonner" d'un détail à un autre, passant d'une époque à une autre, d'un personnage à un autre, convoquant ainsi des faits et pensées, dans un désordre apparent, qui permettent cependant de mieux comprendre le déroulement des vies ou les raisons des choix.
Cette façon de restituer les histoires a captivé, dès l'enfance, l'écrivain au point de déterminer , chez lui, un avenir professionnel et des passions pour certains textes ou certaines disciplines retraçant le passé des civilisations et des cultures.

"L'étreinte fugitive" n'est pas à proprement parler une autobiographie, l'écrivain s'y dévoile partiellement dans sa vie quotidienne sociale et intime, cette dualité qui le fait vivre à la fois une identité d'homosexuel - dont il nous explique la philosophie de vie, ce besoin de conquêtes nombreuses et rapides, cette image intuitivement reconnue que l'on cherche dans l'autre et une identité de "référence masculine" - terme qui permet de ne pas l'identifier comme père, auprès de Nicholas le fils d'une amie à laquelle il n'est pas lié autrement que pour cela.
Les confidences consenties sont suffisantes pour que le lecteur appréhende ce qui bâtit l'écrivain : sa famille, sa religion, les tragédies familiales, en adoptant ainsi le prisme de sa vision personnelle.

Tout le récit est construit sur le rythme d'une locution grecque, men...-de… qui pourrait se résumer à d'une certaine façon...- d'une autre...-, traduisant une opposition, une dualité, l'existence inéluctable du compromis dans l'existence – sans que ce terme soit péjoratif, juste une évidence qui suggère l'idée de la présence de mensonges inévitablement ou de silences, "d'arrangements" avec les faits et les actes, ce qui édifie, en fait, la plupart des vies humaines - qui composent l'identité : normal-différent, homosexualité-hétérosexualité, origines américaines- origines juives…
Parce qu'il s'agit bien de l'identité dont il est question,ici : construite par le récit familial en écoutant les souvenirs de ce grand-père admiré, la religion , l'éducation, la sensibilité intrinsèque de l'enfant et ses prédispositions plutôt artistiques que scientifiques qui amènent à la conception de la personnalité de l'enfant qui devient un homme libre de ses choix, celui que nous lisons.
Souvent affleurent dans le texte des références à la littérature grecque et latine – Homère, Ovide, Sappho…, aux tragédies antiques, autant d'exemples qui vont étayer le propos. La notion de "beauté" apparaît à maintes reprises dans ces pages, voisinant celle de la disparition, de ce qui est perdu, de ce qui est resté éloigné et qui ne s'oublie pas.
Se dévoile aussi cette branche de la famille dont le destin reste imprécis, inconnu, ouvrant l'horizon au livre "les Disparus" qui lui est consacré.

C'est une lecture captivante, qui oblige à revenir en arrière pour relire certains passages et les mettre en miroir – et c'est peu dire car le mythe de Narcisse est souvent évoqué ! -, à prendre la place de l'enfant qui écoute son grand-père quand nous écoutons l'écrivain nous rendre accessibles les mythes grecs tout en tirant un enseignement pour la compréhension des personnalités croisées, une lecture enrichissante, qui fait découvrir et rencontrer.


(Juin 2022)
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Une nouvelle fois, Daniel Mendelsohn interroge les mythes et ses chères humanités classiques - clés éternellement efficaces pour partir à la recherche de lui-même. ..

Ce troisième volet de la trilogie autobiographique qui comprend Les Disparus et Une Odyssée: un père, un fils, une épopée,   deux livres exceptionnels, est en fait le premier écrit des trois, mais, fort du succès des deux autres, il est réédité avec une préface de l'auteur datant de 2018.

Je l'ai donc découvert a posteriori.

Cette fois,  ce fin helléniste met son livre sous le signe de la dualité, rythmée par le célèbre balancement des particules grecques : le "men" et le "de"  .

En flâneur des deux rives, il explore son goût des garçons et sa vie de "cruiser" dans le très gay et très branché quartier de  Chelsea, voilà  pour le "men" - c'est bien tombé-    et ses week ends  de père de famille, en lointaine banlieue,  aux côtés d'une amie qu'il ne désire pas et d'un enfant qu'il élève avec elle sans en être le père. Et voilà pour le "de".
 
La dualité est inscrite dans son homosexualité même, incarnée à ses yeux par le mythe de Narcisse, amoureux de son image -"men" et condamné à ne la saisir jamais -"de" .  Catulle et Sapho sont convoqués pour interroger les ravages délicieux du désir amoureux, pays de l'oxymore s'il en est - j'ai mal, "men"  comme c'est bon, "de" , !- .

 Euripide et Sophocle  éclairent , avec Ion, Oedipe-Roi ou Antigone, les embûches et faux-semblants de cette quête inlassable d'une vérité qui s'échappe et se travestit dans les souvenirs tronqués, les légendes familiales ..et jusque dans les inscriptions funéraires!

Dualité, oxymore, paradoxe...Mendelsohn se livre à une analyse intelligente et toujours convaincante des textes fondateurs, Bible comprise, et fait vivre avec bonheur les figures tutélaires de son panthéon personnel-"men", à côté du carroussel virevoltant de ses amants de passage -"de". 

La tragédie grecque et la shoah portent leurs grandes ombres -"men"- sur les lumières de la fête gay -"de" . Elle- même -"men"- dévorée par le sida qui va les éteindre une à une -"de".

J'ai lu avec delice -"men"- non sans trouver parfois qu'on se perdait un peu- "de" -  dans le labyrinthe de souvenirs personnels et de rapprochements érudits, plus maîtrisés dans les deux derniers tomes de cette trilogie que dans cette Étreinte fugitive, joli bout d'essai-"men" , que les autres livres ont transformé  -"de".
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Juif américain dont la famille est originaire de Galicie, Daniel Mendelssohn a fait une entrée remarquée avec Les Disparus, prix Médicis étranger 2007, dans lequel il menait une sorte d'enquête sur la disparition d'un de ses grands oncles maternels et de toute sa famille. Enquête minutieusement racontée dans son cheminement, enquête qui l'a amené, écrit-il, à devenir « un touriste dans la souffrance des autres ». Mais il n'y avait pas que cela, dans ce livre, loin de là.
Et donc, comme il le dit dans la préface , Les disparus était le deuxième panneau d'un triptyque, L'étreinte fugitive étant le premier.
Le premier paru aux Etats-Unis, et hélas le deuxième en France. Hélas, car après le monument qu'était Les Disparus, on peut être amené à faire la fine bouche à la lecture de L'étreinte fugitive.
Et, pour moi, ce serait dommage. Car ce livre éclaire le projet littéraire qui est une quête d'identité. Et certains personnages!

L'histoire familiale est une part importante de notre identité. Mais il n'y a bien sûr pas que cela.
L'enfant Daniel Mendelsohn, né dans une famille juive américaine , qui un jour prend le miroir de sa mère , le tient derrière sa tête et voir s'ouvrir derrière lui un long couloir rempli de ses images à l'infini, qui est-il, et comment va-t-il se construire, lui qui aime tant les histoires racontées- et déformées- par son grand père? Très tôt il a compris que chacun de nous ne dit qu'une partie de l'histoire et que " nous sommes toujours deux choses en même temps ".
Ce jeune homme imprégné de culture juive va d'ailleurs se passionner pour la langue grecque , et c'est à partir de l'importance dans cette langue de deux particules de liaison , Le Men et le De, d'un côté et de l'autre, qui structurent les phrases sans que l'on sache très bien si elles déterminent un rapport de cause à effet , de simple juxtaposition ou même d'opposition , qu'il va révéler sa dualité - ou plutôt multiplicité- identitaire.

Mendelsohn n'aime ni les catégories , ni les groupes d'appartenance strictes. Les Disparus n'est pas le livre d'un écrivain juif américain. Ou du moins, pas que cela. L'étreinte fugitive n'est pas celui d'un écrivain gay américain. Ou du moins pas que cela. S'il est vrai que l'homosexualité, la quête du désir et les rencontres avec des « garçons » ( à différencier des « hommes » par le contexte du « jeu » ) sont un des thèmes importants de ce livre, il y a aussi une longue réflexion sur la paternité , puisque Daniel Mendelsohn élève les fils d'une amie dans une banlieue new-yorkaise.
Ce que l'on fait de ce qui nous est donné, ce que l'on choisit de faire- si l'on croit à la possibilité d'un choix aussi minime soit-il.

C'est un bref résumé de ce livre , dont les thèmes abordés de manière successive sont régulièrement éclairés de pages se référant à la vraie spécialité de Daniel Mendelsohn, la culture grecque ancienne.

Un extrait , début d'un chapitre intitulé Mythologies, qui parle des frères ( les conflits entre frères ont eu une telle importance dans Les disparus!) , des compromis et des tragédies..

"Personne n'a jamais écrit de tragédie sur Ismène, la soeur d'Antigone- celle qui conseillait la prudence, celle qui a survécu. Comment serait-ce possible? La tragédie aime les extrêmes Elle célèbre la beauté vertigineuse de la destruction totale.
Si la tragédie était, comme nous nous plaisons à le croire parfois, le théâtre de l'affrontement du Bien et du Mal, elle ne serait pas aussi captivante: la tension qu'elle suscite vient de quelque chose de beaucoup plus complexe et intéressant, qui est le conflit entre deux idées du Bien. L'Antigone de Sophocle, une pièce qui est à bien des égards la quintessence de la tragédie, s'achève sur l'enterrement prématuré d'une jeune fille qui, après avoir été condamnée à mort par son oncle, le roi, parle d'elle-même comme d'une épouse de la mort. La pièce suit la trajectoire désastreuse des enfants d'Oedipe, le roi de Thèbes au destin tragique, qui découvre avec horreur sa double nature- fils mari, frère-père, roi-bouc émissaire, sauveur-destructeur- dans une autre pièce de Sophocle , Oedipe roi. L'action d'Antigone se déroule le lendemain du jour où les deux fils d'Oedipe se sont entretués au cours d'une bataille pour remporter le trône thébain. le héros d'Oedipe roi ne sait pas qui il est vraiment et passe toute la pièce à le découvrir avec horreur; l'héroïne d'Antigone sait exactement qui elle est - et à quel point sa destinée est effroyable, à quelle mythologie la destine sa désastreuse ascendance biologique- et, de façon assez perverse, mais inévitable au bout du compte, elle entreprend de le prouver au prix de sa propre vie.
Après qu'Oedipe a découvert son terrible secret, sa mère-épouse, Jocaste, se tue; comme nous le savons, Oedipe s'aveugle , se condamnant à une carrière, fréquente dans la mythologie grecque, de sage aveugle, d'homme dont la vision intérieure a été chèrement gagnée, au prix de ses yeux. Oedipe abandonne le trône que son intelligence lui a acquis , et s'exile. Ses d'accord pour alterner à la tête du royaume: chacun règnera un an et permettra à l'autre de lui succéder au bout de cette période. L'arrangement ne dure pas très longtemps, bien entendu, la rivalité entre frères- j'en sais quelque chose, moi qui ai trois frères, et mon grand-père en savait quelque chose aussi- étant ce qu'elle est….."


Ces pages ont été qualifiées de « pédantes » dans une émission du Masque et la plume, moi, je n'ai vraiment pas vu dans ce livre ce qu'il y avait de pédant , et j'attends avec impatience le troisième volet du triptyque écrit par cet écrivain qui met si bien en mots son identité parcellaire.

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C'est la première fois que je lis un ouvrage de Daniel Mendelsohn et j'ai adoré.
Dans ce livre, l'auteur évoque notamment la question de l'identité et comment elle s'est construite chez lui.
Il y a l'histoire familiale qui rentre en ligne de compte. Déjà, il faut savoir que l'histoire de la famille rejoint la grande Histoire puisque huit personnes de la famille de l'auteur ont été victimes de l'Holocauste.
L'auteur évoque aussi sa mère, son père et ses grands-parents.
Il y a aussi le thème du secret et comment il influence la construction de notre identité. Il y a un secret en particulier que Daniel Mendelsohn va découvrir en se basant sur une photo d'un membre de la famille qui l'a fasciné dès l'enfance. Cette femme est morte alors qu'elle était extrêmement jeune. Tel un détective, Mendelsohn enquête sur sa disparition pour finalement découvrir qu'on lui a menti.
Mendelsohn évoque aussi son homosexualité, fait des liens entre les mythes grecs et l'homosexualité. Il faut dire qu'il a étudié le grec et le latin pour devenir professeur de lettres grecs et latines. Etant donné que je suis passionnée par le latin, j'ai adoré lire toutes les citations.
Un grand Merci à l'auteur pour cet ouvrage passionnant! C'est un livre que je ne peux que recommander.
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Un jeune homme se bat quotidiennement pour concilier ce que la norme sociale voudrait inconciliable.

Daniel Mendelsohn a deux foyers: une maison dans une rue tranquille bordée d'arbres, un endroit paisible où il vit avec une mère et son fils et un petit appartement en plein Manhattan, au nord de Greenwich Village (Village People) à la frontière du quartier gay.

Oui, Daniel est irrémédiablement gay, mais alors pourquoi en est-il arrivé là ? Pourquoi n'a-t-il pu choisir entre la pression constante du désir sexuel et l'envie d'une relation stable avec enfant ?

Et d'ailleurs, se demande-t-il, pourquoi devrait-il choisir et renoncer à l'un ou à l'autre ? « On ne choisit pas sa sexualité, on la subit » disait Michel Foucault, alors Daniel se penche sur son passé, s'introspecte, s'analyse et scrute son arbre familiale.

C'est aussi dans la poésie d'Ovide qu'il trouve un Echo à sa vie qu'il juge parfois narcissique, (Echo/Narcisse/Ovide les spécialistes auront compris l'allusion).

Bon sang !!! Avec un paragraphe pareil je m'aperçois que je risque d'effrayer pas mal de lecteur et se serait dommage.

Car certes, Mendelsohn est un intellectuel, un vrai, un Helléniste reconnu. Mais un universitaire qui vit pleinement. Avec cette autofiction nous sommes au coeur d'une famille juive de New-York, un enfant de la petite bourgeoisie qui grandit tranquillement. Seulement voilà, l'adulte qu'il est se questionne sans cesse, quel enfant étais-je vraiment ?


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Quel était ce désir interdit ? Qui suis-je aujourd'hui, moi qui suis capable de parler pendant des heures d'Homère, Sophocle ou Euripide mais aussi de me perdre dans des étreintes fugitives qui jamais ne me comblent.

Immersion dans le Moi. Qui dit : « Je » en nous ? Mendelsohn se raconte intimement, analyse ce qui l'a construit et ce qui le construit encore. Homme lucide et sincère en se questionnant il donne au lecteur des clés pour sa propre analyse et c'est passionnant.

Ecrit en 1999, réédité avec une préface d'Avril 2018, « L'étreinte fugitive » précède de huit ans « Les Disparus » une monumentale enquête qu'il consacra à une partie de sa famille qui fut décimée dans l'Est de la Pologne en 1941. « Les disparus » un chef d'oeuvre qu'il faut lire absolument, comme cette étreinte fugitive, en fait.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Personne n'a jamais écrit de tragédie sur Ismène, la sœur d'Antigone – celle qui conseillait la prudence, celle qui a survécu. Comment serait-il possible ? La tragédie aime les extrêmes. Elle célèbre la beauté vertigineuse de la destruction totale. […] C'est de la beauté de la jeunesse sacrifiée que nous nous souvenons en sortant du théâtre, la beauté de ceux pour qui il n'y avait au bout du compte pas d'autre possibilité que la mort, que le renoncement à la vie pour son contraire. Le compromis ne peut être tragique ; il ne laisse rien derrière lui dont on puisse se souvenir. Les Athéniens, dans leurs éloges des morts au combat, parlaient d'une chose appelée « thanatos kalos », « la belle mort » – une mort qui est belle notamment parce qu'elle vous préserve dans la mémoire, dans l'oraison par laquelle on se souvient de vous, comme potentiel pur, de telle sorte que votre mort devient d'une certaine manière un moyen de garder la beauté intacte, elle devient un monument à elle-même. Dans « Antigone », si l’héroïne peut aller à son exécution en chantant qu'elle est une « épouse d'Hadès », une « épouse de la mort », c'est parce que, eût-elle choisi de vivre, de se marier, de devenir une épouse, il n'y aurait pas d'histoire à raconter, rien à célébrer, rien à chanter. Le quotidien est anathème pour la tragédie. C'est à partir de l'autodestruction, de l'échec, du manque et de la dévastation que la tragédie construit le beau monument qu'elle est elle-même.
Nous allons voir des tragédies parce que nous avons honte de nos compromis, parce que nous trouvons dans la tragédie la beauté pure de l'absolu, une beauté qu'on ne peut avoir si on choisit de vivre. On ne peut faire une tragédie de la survie. On ne peut écrire une tragédie sur Ismène (J'ai lu, 2018 : pp. 219, 222-223).
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Lorsque vous êtes gay, vous découvrez l’ironie de bonne heure, puisque c’est elle qui vous protège de votre propre échec, c’est elle qui vous permet d’avoir l’air puissant, comme un vainqueur, alors que en réalité, vous avez tout perdu.
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C'est là, dans le ghetto surpeuplé des morts de l'immigration juive, que j'ai compris pour la première fois le plaisir de déchiffrer les récits, de dénouer les significations secrètes et saturées des écritures sinueuses dans lesquelles elles avaient été enroulées.
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Le désir est un mouvement plutôt qu'un lieu. Mais, plus encore, le souvenir de cette longue poursuite, dont la fin était indiscernable du début, dit un certain type de rapport au monde : l'expérience rejetée au profit du souvenir, le centre rejeté au profit de la marge. Un sens du beau planant tout juste hors de votre portée, que vous puissiez considérer, auquel vous puissiez réfléchir. La réflexion devient, à sa façon, une autre forme de possession.
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Comme la plupart des tragédies, Ion ne vous gratifie pas d'une réponse toute prête , mais plutôt d'un paradoxe, d'un "men" et d'un "de". À la fin de votre quête d'identité, Ion semble vous dire que votre recherche d'une connaissance vraie et absolue de vous-même, de votre composition génétique et des traits qui vous font être vous de façon inlassable et inaliénable , tout cela pourrait ne pas aboutir à une réponse unique, mais à une énigme nouvelle, à une réponse qui ne peut être connue que de vous : vous êtes peut-être deux choses plutôt qu'une, un garçon à deux pères.
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