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EAN : 9782757860090
144 pages
Points (12/01/2017)
4.18/5   951 notes
Résumé :
Un dîner en ville. Au menu, nourriture bio, affaires et éducation des enfants. Claire s'ennuie et décide de rentrer seule à vélo. Elle ne le sait pas encore mais sa vie vient de basculer. Tour à tour victime puis criminelle, Claire échoue en prison et refuse obstinément de s'expliquer. À la veille de son jugement, elle se décide enfin à sortir de son mutisme…
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Critiques, Analyses et Avis (317) Voir plus Ajouter une critique
4,18

sur 951 notes
On fait connaissance avec Claire enfermée depuis deux ans dans une prison dans le quartier des femmes.
On imagine que les faits qu'elle a commis sont graves car elle ne peut être en compagnie des autres détenues. Cela serait dangereux pour elle.
Au deuxième chapitre, on fait un bond dans le temps et on la voit assister à un dîner ennuyeux en hiver, en compagnie de son mari.
Sa vie est lourde car à quarante ans, elle n'a pas pu avoir d'enfants. Elle porte cela difficilement et voir les autres couples entourés d'enfants est très difficile pour elle , même si, avec Antoine, ils ont une vie riche culturellement et professionnellement.
Lors de cette fameuse soirée, elle s'ennuie et prétextant la fatigue, elle rentre seule, laissant son mari poursuivre sa conversation.
Dans un souterrain, elle fait une très mauvaise rencontre et sa vie bascule.
Elle n'osera pas avouer ce qu'elle a vécu à son mari pour sauver la face, garder son quotidien intact mais son drame aura des conséquences.
Elle a choisi de se taire jusqu'au bout aux yeux de tous.
Le prix est lourd à payer.
L'auteur met merveilleusement bien en valeur nos valeurs éducatives et rigides qui nous empêchent de nous confier et d'être nous-mêmes sauf qu'ici, cela tournera au drame des drames, à une tragédie.
C'est un livre dont on ne se détache pas, il est plus que prenant , bien écrit avec des références à des phrases de chansons connues car en prison, Claire attache beaucoup d'importance à la musique et à la littérature surtout.
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Une porte lourde qui se referme. Le cliquetis du verrouillage. Claire est tranquille. Au moins jusqu'au lendemain matin. Seule dans une cellule isolée dans la maison d'arrêt des femmes, à Fresnes. Jugée aujourd'hui par ses pairs. Qui pourra la comprendre ? Qui pourra comprendre son geste inavouable ? Qui pourra lui pardonner ? Personne, sans nul doute. D'autant que Claire se tait, s'emmure dans un silence infranchissable. Qu'a-t-elle pu commettre d'aussi irréparable pour se retrouver entre ces quatre murs ? Elle, la bourgeoise parisienne, épanouie dans son travail, sa vie sociale, aimée d'un mari tendre et compréhensif. Seule ombre au tableau idyllique : l'absence d'enfant... du fond de sa cellule, Claire noircit des pages afin de livrer son témoignage...

Ce sont ces pages que nous livre Mathieu Menegaux. Avec justesse et beaucoup d'émotions, il se met dans la peau de cette femme qui, inexplicablement, se retrouve derrière les barreaux. Isolée des autres détenues afin de la protéger, elle, et ses semblables. Afin d'expliquer l'inexplicable, Claire écrit et se livre, sans fard. Sur sa vie d'épouse aimée, sur son manque de maternité et sur le drame qui l'a conduite là où elle est aujourd'hui. L'auteur se glisse parfaitement dans la peau d'une femme et aborde avec sensibilité le couple, le désir de maternité, l'amour, l'intimité... La tension est permanente tout au long de ce témoignage que l'on parcourt d'une traite, le souffle court. L'écriture, sensible et terriblement efficace, nous happe dès les premières lignes.
Un roman étonnant et bouleversant...
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Je ne vais pas peser mes mots pour exprimer que ce roman m'a profondément déplu. Même s'il se lit vite, que l'écriture est fluide. Encore heureux que le titre est bien trouvé : je me suis tue. C'est là que le bât blesse. Encore une histoire de femme devant un drame incapable d'extérioriser sa souffrance et dont le silence fait tomber tous les dominos de sa vie.
Si je n'avais pas lu il y a peu le malheur du bas qui est à tout point de vue ou presque le même roman avec les mêmes ingrédients, j'aurai peut-être été plus ouverte et indulgente. Mais trop c'est trop.
Dans le malheur du bas, Inès Bayard choisit de plonger à l'intérieur du mal, elle tranche pour le noir et c'est viscéral.
Dans Je me suis tue, il y a une distance constante entre l'héroïne et tout ce qu'elle traverse. Ce n'est pas un scoop, elle est violée et se retrouve enceinte alors que cela fait quatorze ans qu'avec son mari Antoine, ils essaient d'avoir un enfant. Rien ne m'a semblé crédible à partir de là. .

Je n'ai pas pu ni voulu comprendre cette femme. Le silence est assassin. Surtout ici. Comment continuer sa vie tranquillement avec un tel poids sur sa conscience ?
Je ne fais en aucun cas jugement sur les femmes victimes de viol ayant choisi le silence, ce que je peux bien sûr comprendre. Je ne le comprends pas pour cette héroïne dudit roman. Rien à dire sur la forme mais c’est le fond qui m’a gênée, ce qui m’a empêché de cerner l’héroïne ou de m’y attacher.

Le tout est entrecoupé de phrases musicales, certes pourquoi pas mais à quoi bon, un sujet si grave et zou une petite ballade pour en rajouter une couche.

De loin, ma préférence va pour le malheur du bas qui a eu le mérite de choisir son chemin.
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« Je me suis tue » de Mathieu MENEGAUX est un roman court ! Juste 137 pages. Mais quel roman ! Comment l'auteur a-t-il pu nous livrer un premier livre aussi fort en si peu de pages. Cela s'appelle certainement le talent.

Claire est incarcérée dans la prison pour femmes à Fresnes. Elle attend son jugement.
Pourquoi ? Quel est son crime ? Et surtout pourquoi ce silence ?
Elle a 40 ans, elle est belle, brillante, mariée à un homme qu'elle aime profondément qui a très bien réussi professionnellement. Bref c'est une femme à qui tout semble réussir. Pas tout, non.
Seule ombre à ce tableau idyllique, ils n'ont pas d'enfant. Claire en est profondément et viscéralement malheureuse. C'est un échec car pour elle une femme qui ne donne pas la vie n'est pas une vraie femme. Elle est d'autant plus meurtrie que le problème vient de son mari.

Un soir, sa vie va basculer. Agressée brutalement et violée, elle va prendre la décision de se taire.
Ne rien dire à personne, surtout pas à son mari. Victime de son orgueil et de sa fierté, elle va s'enfermer dans un silence destructeur, pour finir par se prendre les pieds dans la toile qu'elle a tissée autour d'elle. Elle est incapable d'anticiper toutes les conséquences que cette décision va avoir. Jusqu'à l'irrémédiable.

Difficile d'en dire beaucoup plus sur l'histoire, au risque de dévoiler le secret De Claire.

Vous l'aurez compris, c'est un coup de coeur. Ce livre m'a bouleversé.
Tout le long de sa lecture, la souffrance De Claire, pétrie d'orgueil, persuadée qu'elle a une maîtrise absolue sur sa vie et qu'elle n'a besoin de personne m'a interpellé. En effet, son histoire nous amène tout de même à nous poser un certain nombre de question dont la principale : « comment peut-elle se taire ? »

La force de l'écriture de Mathieu MENEGAUX est qu'il arrive à nous captiver du premier jusqu'au dernier mot de ce roman. Et quelle fin ! Un uppercut !
On a l'impression au fil du livre que la fiction se confond au réel.

Pour finir, je dirai que ce roman est bouleversant et est écrit avec une extrême sensibilité. A la question que je me pose : comment un homme a-t-il pu à ce point décrire l'intimité d'une femme et rentrer si intimement dans son esprit ?
Un début de réponse lors d'une interview de l'auteur sur une radio où il dit : « j'aurai tellement aimé être une femme ».
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Tout a été dit déja, peu importe, juste quelques mots .....
Ce livre bascule lu d'une traite pose la question du silence, de l'émotion, de l'orgueil, de l'angoisse, suite à un Violent Traumatisme " TU " obstinément ......


Et quel choc !
L'histoire prenante, addictive De Claire , la quarantaine active, un travail passionnant auprès d'Antoine , un mari aimant mais pas d'enfant, hélas !

Soudain tout bascule , elle devient tour à tour victime puis....

Je n'en dirai pas plus sinon le mystère s'éclaircirait ....

Tout est dans l'écriture efficace , juste, haletante, parfaite et pourtant simple qui prend le lecteur aux tripes et l'interpelle .....
Comment cet écrivain réussit - il à se mettre dans la peau de l'héroïne durant 137 pages ?
Quelle sensibilité rare en décrivant l'incompréhensible !
C'est une tragédie moderne.Un véritable coup de coeur qui ne laissera personne indifférent!
J'ai lu et commenté " Un fils parfait " il y a quelque temps de Mathieu Menegaux .
Un romancier prometteur !

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Citations et extraits (95) Voir plus Ajouter une citation
J'ai sorti mon portable. Mes mains tremblaient. Le 17 ne marche plus, ou si ? Le 112 ? Et merde, il faut appeler qui quand on vient de se faire violer ? Mes doigts tremblent. Je compose le 17. Ça fonctionne ! 'Vous avez demandé la police, ne quittez pas s'il vous plaît.' En trois secondes, j'ai vu défiler devant moi les dix années suivantes de ma vie, étape par étape. Je me suis vue au commissariat en train de raconter mon histoire à un officier de police judiciaire tapant avec deux doigts et me demandant de décrire précisément ce que je venais de subir, puis en train de relire un procès-verbal truffé de fautes d'orthographe et décrivant en quelques mots ce qu'il ne suffira pas d'une vie pour oublier. Je me suis vue transférée à l'hôpital. J'ai vu le médecin en blouse blanche me demander avec douceur d'écarter les cuisses pour effectuer les prélèvements, faire les constatations médico-légales. J'ai vu Antoine arriver, défait, décomposé, enragé, dévoré par la culpabilité de m'avoir laissée rentrer seule. J'ai vu ses yeux me regarder comme une victime. J'ai compris que tout le monde maintenant allait me regarder comme une victime. Plus jamais je ne serais qui je suis. [...] Aux yeux de tout mon entourage, je serais désormais la femme violée. Une victime, à jamais. [...]
J'ai vu le regard des autres, auquel j'attache tant d'importance, se transformer. J'ai vu la suite, aussi. La cellule de soutien psychologique. Les groupes de prise de parole. Plus tard, l'identification de mon violeur au milieu des fonctionnaires et de voleurs à la tire. Le procès. L'avocat à qui devoir tout raconter, encore et encore. La confrontation physique, au tribunal, sans la protection d'une vitre sans tain, cette fois. Entendre l'avocat de ce salopard raconter son enfance misérable, les maltraitances subies, toutes les raisons qui expliquent, voire qui justifient, parce qu'on ose tout dans une stratégie judiciaire, son déséquilibre et ses pulsions maladives. Voir les jurés comprendre, compatir devant une histoire personnelle terrible et la pauvre victime, qui avait eu la malchance de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Et finir par entendre le juge prononcer une condamnation. Combien ça vaut, un viol ? Cinq ans ? Dix ans ? Quinze ans ? Et moi, bordel ? Perpète pour moi, pas d'alternative. Toute une vie. Toute MA vie, foutue en l'air, pour cinq minutes de plaisir d'un putain de détraqué. Une vie à la poubelle, aux orties, à la benne. Et pas de remise de peine. [...]
J'ai raccroché. Je ne voulais pas être une victime. Je voulais oublier. Ou-bli-er. Je ne voulais qu'oublier.
(p. 26-28)
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Ne pas avoir d'enfant, à quarante ans, c'est contraire à un certain nombre de Commandements tacites ou explicites de notre société moderne. Alors à quarante ans, sans enfant, dans le regard des Autres, on est une sorte de demi-femme, on vit une misérable vie sans accomplissement, sans héritage, sans autre perspective que la triste certitude de retourner en poussière.
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Je pleurais quand Antoine est rentré, incapable de faire quoi que ce soit. Désarmée, une petite fille qui attendait son papa, je ne savais plus penser ni réfléchir, j'étais la femelle éléphant, prostrée sur la dépouille de son petit tué pendant la nuit par une horde de lionnes et je n'arrivais pas à me résoudre à lui dire adieu, j'étais la femme africaine qui pleure son nouveau-né mort de faim, j'étais la veuve palestinienne qui s'arrache les cheveux et hurle à la mort devant la dépouille de son fils victime de la guerre, j'étais tout le malheur du monde.
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Le châtiment, la prison, serait pour moi le temps de la reconstruction. J'avais fauté gravement, et il fallait que je reprenne tout à zéro, que je me reconstruise, une nouvelle Claire, qui saurait prendre les choses de la vie comme elles viennent, au lieu de vouloir toujours tout contrôler et se penser infiniment supérieure.
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Sans enfants, avec des semaines où le boulot occupait une place démesurée, Antoine et moi avions instauré une forme de discipline de vie du week-end, où nous nous livrions à des activités ensemble, en amoureux, visites de musées, expositions, promenades à vélo, randonnées en forêt de Fontainebleau ou escapades dans les capitales européennes. Nous avions au moins réussi ça, avoir un univers commun qui dépassait la lutte de pouvoir autour du contrôle de la télécommande.
(p. 35)
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