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EAN : 9782070366415
544 pages
Gallimard (02/12/1974)
3.81/5   106 notes
Résumé :
Au huitième étage de la tour, les étudiants, assis dans les fauteuils des mandarins, s'emparaient symboliquement du pouvoir. Au sixième étage, un homme seul luttait contre la mort. Au rez-de-chaussée, une foule d'étudiants et, mêlés à eux, bon nombre de professeurs, à leur insu dépossédés, communiaient dans le culte de la musique classique.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je viens de relire Derrière la vitre de Robert Merle avec beaucoup de plaisir.

L'histoire est à priori très simple, puisque qu'elle se concentre sur la seule journée du 22 mars 1968 à l'université de Nanterre.
Robert Merle était professeur là bas à cette époque, et il explique dans la préface que son but initial était de décrire la vie quotidienne des étudiants à Nanterre. La date retenue par lui lui a permis d'ajouter un nouvel aspect à son roman: "Pour les douze mille étudiants de Nanterre, ces vingt-quatre heures n'eurent rien d'exceptionnel, ils vécurent cette journée comme tant de jours semblables d'un deuxième trimestre éprouvant qui tirait à sa fin. Par contre, pour cent quarante d'entre eux, le 22 mars s'acheva par l'occupation de la tour administrative et de la salle du Conseil des professeurs". On n'est pas encore en mai, mais ça se rapproche...

Donc sur toute une journée. Robert Merle nous décrit la vie d'une poignée d'étudiants très divers, Menestrel le bucheur fauché, David l'anarchiste, Brigitte la bourgeoise, Denise la PCF, Monica en fac pour se trouver un mari. etc. Tous, à part une quelques uns comme Xavier Langlade ou Daniel Cohn-Bendit par exemple, sont fictifs mais basés sur des observations et des discussions de Merle avec ses étudiants.
Et c'est passionnant, une fois de plus l'auteur nous montre comment il excelle à décrire un groupe déterminé et ses interactions (comme dans L'île, Malevil, Madrapour), tout en s'attardant sur chaque personnage.
Il décrit très bien la solitude de la plupart de ces étudiants, leurs divisions politiques de l'époque, et leur rapport à une émancipation sexuelle somme toute encore assez machiste, et encore loin d'être généralisée.
Et si vous êtes un boomer nostalgique, ou curieux de cette drôle d'époque, ou que vous avez déjà lu et apprécié d'autres livres de Robert Merle, ce roman devrait vous plaire.

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En 1968, Robert Merle était enseignant à la faculté des Lettres de Nanterre, qui était alors toute neuve, et accueillait déjà douze mille étudiants. Près de la résidence universitaire se trouvaient les bidonvilles de Nanterre, une véritable petite ville avec ses ruelles, et habités majoritairement par des algériens, des maçons qui partent tôt le matin, pour aller travailler sur tous les chantiers de la région parisienne.
Robert Merle avait déjà le projet d'écrire un livre sur le milieu étudiant depuis la rentrée universitaire, en 1967, et il connaissait donc déjà beaucoup des acteurs de cette journée du 22 mars 1968, au cours de laquelle des centaines d'étudiants envahissent la tour administrative de l'Université, un des facteurs déclenchant de la mobilisation qui suivra.
Il décrit, heure par heure, ce qu'il a vu durant cette journée très agitée, et qui finit, le soir, en apothéose.
Pour les personnages de son roman, Robert Merle s'est donc servi des rencontres et des discussions qu'il a eu avec des tas de jeunes étudiants et étudiantes, qui vivent dans les petites cellules des chambres d'étudiants, mais garçons et filles séparés... Il a changé quelques noms, mais en a aussi conservé certains (comme Daniel Cohn-Bendit, etc.). C'est donc un foisonnement de vies, d'idées, d'aspirations. Bien que romancé, le livre fait donc plutôt office de reportage sur le vif, et les acteurs réels de ces événements sont reconnaissables (à l'époque).
Certains sont très politisés, d'autres pas du tout. Certains rêvent de révolution... sociale, oui, mais aussi (et parfois surtout) de révolution sexuelle. Tout se libère alors, et notamment la parole. Pour certains, tout devient possible, pour d'autres, les aspirations sont plus modestes, comme de trouver du boulot, pour s'émanciper de leurs parents.
Beaucoup ont rejoint les groupes gauchistes, maoïstes, trotskystes, anarchistes, lors des manifestations contre la guerre du Vietnam. Ils contestent la société et le capitalisme, et sont plein d'enthousiasmes. Ils veulent aller aux portes des usines, rencontrer les ouvriers.
Robert Merle dresse là un portrait très vivant de la condition étudiante de cette époque, et de cette extraordinaire bouffée de liberté qui envahit toute la vie sociale.
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Dans "derrière la vitre", l'auteur alors professeur à Nanterre, fait revivre heure par heure cette journée du 22 mars 1968 durant laquelle "une poignée de gauchistes" envahit la tour administrative de l'université et occupa quelques heures la salle du conseil.
Robert Merle relate, avec tout le talent qu'on lui connaît et qui fait de lui un des plus grands auteurs français de notre époque, cette journée importante qui donna son nom à un mouvement révolutionnaire de contestation .
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Robert Merle s'est servi de son expérience d'enseignant à la faculté de lettres de Nanterre pour tirer la matière de Derrière la vitre. Ce roman nous fait vivre, heure par heure, une journée, celle du 22 mars 1968, au cours de laquelle 150 étudiants prendront d'assaut la tour de l'Université pour occuper le lieu symbolique qu'est la salle du conseil des professeurs.
Grâce à des récits parallèles et simultanés, le lecteur vit intensément cet événement du point de vue des leaders du mouvement étudiant, des ouvriers immigrés travaillant sur le chantier, des professeurs... Ce roman riche et passionnant mêle personnages fictifs et réels (les étudiants Cohn-Bendit, Tarnero, Duteuil ou Langlade, le doyen Grappin....) et aborde aussi bien les préoccupations de la jeunesse (identité, sexualité, autonomie), que la politisation des étudiants et les luttes entre les différentes sensibilités (anarchistes, maoïstes, communistes, situationnistes) ou encore le sort des immigrés.
Un pur régal !
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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trouvé grâce au désherbage d'une bibliothèque bretonne, ce roman-documentaire de Robert Merle est une très bonne introduction à une année 2018 - cinquantième anniversaire de Mai 68. il relate la journée du 22 mars 1968 à l'Université de Nanterre, qui se termina par l'occupation de la salle de réunion des professeurs par les étudiants. tout en étant encore un chantier boueux dans une banlieue encore "d'après guerre" avec vue sur le bidonville, l'Université fonctionne, les schémas traditionnels se fissurent. d'après l'entretien donné à la fin du roman il semble qu'il a été mal accueilli à sa sortie, et je ne saurais me replacer dans le contexte de cette époque où je n'étais qu'une enfant. mais lu depuis 2018, je l'ai trouvé vraiment intéressant, plein d'humanité sans tomber dans la mièvrerie où il y aurait les bons d'un côté et les méchants de l'autre :) les relations entre les professeurs (les mandarins, les assistants...), la vie des étudiants écartelés pour certains entre les études, l'envie "que ça change" aussi bien pour la fac que pour les parents! et les sentiments qui finalement ne changent pas à la même vitesse, la proximité avec la "réalité sociale" pas jolie jolie ... tout est là, derrière la vitre.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La conception de ce roman ne date pas de la crise de Mai. Elle lui est antérieure. En novembre 67, plusieurs mois, par conséquent, avant les barricades, je confiai à mes étudiants le projet de ce livre, et leur demandai de m'aider à mieux les connaître : il s'agissait pour eux de venir me parler d'eux-mêmes, sans fard ni tabou.
Accord d'abord réticent, mais de plus en plus enthousiaste au fur et à mesure que parmi eux le bruit se répandait de l'intérêt de ces entretiens.
Je remarquai alors, non sans un retour ironique, qu'un professeur n'a pas besoin d'ouvrir la bouche pour être "intéressant" : il lui suffit d'écouter...
(extrait de la préface de l'auteur insérée en début du volume paru chez "Folio" en 1974)
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Dans une société industrielle, où il s'agit de vendre plus pour multiplier les profit, une publicité obsessionnelle inculque au public une faim insatiable de nouveautés. Par contagion, par habitude d'esprit, parce que nous baignons dans cette mystique de la consommation, la soif de gadgets inédits gagne de proche en proche des domaines qui, comme l'art ou la littérature, se situent pourtant, dans une large mesure, en dehors du progrès technique. La mode alors, apparaît d'autant plus tyranique et sacrée qu'elle est plus arbritraire
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Vous contestez et votre contestation est aussitôt récupérée par le régime. La stratégie du capitalisme libéral consiste à capitaliser la violence des opposants pour effrayer les classes moyennes et se consolider au pouvoir par la peur
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J'ai désiré décrire la vie quotidienne à Nanterre au long d'une journée ordinaire, mais qui s'achevait par une soirée exceptionnelle par ceux qui la vécurent.
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Il leur manquerait toujours le stock culturel et les richesses de vocabulaire de la bourgeoisie, le « gout » et la « nuance » impliqués dans les jolies hypocrisies du langage, la sacro-sainte finesse et les habiletés linguistiques apprises dès le premier biberon.
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Videos de Robert Merle (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Merle
https://www.laprocure.com/product/458979/amis-martin-la-zone-d-interet https://www.laprocure.com/product/374972/merle-robert-la-mort-est-mon-metier
La Zone d'intérêt - Martin Amis - le livre de poche La Mort est mon métier - Robert Merle - Folio
Quel est le lien entre “La Zone d'intérêt” de Martin Amis écrit il y a quelques années, et “La Mort et mon métier” écrit par Robert Merle en 1952 ? On évoque un sujet d'une grande lourdeur. On est pendant la guerre dans le milieu concentrationnaire. Ce n'est pas un témoignage de la vie dans un camp de concentration, c'est presque pire que cela. C'est le quotidien de celles et ceux qui participent à faire en sorte que ce terrible rouleau compresseur qu'est le monde concentrationnaire, ils fonctionnent au quotidien (...). Des lectures qui semble nécessaire. Martin Amis, “La Zone d'intérêt” au Livre de poche. “La Mort est mon métier”, Robert Merle, chez Folio. Stéphane, libraire à la Procure Paris
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