Le rideau s'ouvre sur un vaste atelier. La lumière vient d'une verrière et d'une large baie donnant sur les toits de Paris et s'ouvrant à droite de la porte du fond. Quand le visiteur entre par cette porte et s'avance, il trouve devant lui trois marches qui divisent l'atelier dans toute sa longueur.
Côté jardin, deux portes, l'une, A, au dessus des marches, l'autre, B, au dessous.
Côté cour, deux portes également, C, au dessus des marches, D, au dessous.
Les vastes dimensions de la pièce et le grand nombre de portes peuvent, au premier abord, surprendre.
Mais on ne tarde pas à se rendre compte que les "Sonderling" ne sauraient avoir trop d'espace, ni trop d'issues.
En fait, on finit même par avoir l'impression que deux ou trois portes de plus ne seraient pas inutiles.
Sur le praticable du fond, à droite, un chevalet de peintre. A gauche, une bibliothèque. Au milieu - et comme par un fait exprès, en plein dans le passage - Monna (14 ans, noeuds dans les cheveux, voie aiguë), a installé une table d'enfant, d'ailleurs beaucoup trop petite pour elle.
Au lever du rideau, elle dessine. En descendant les marches, on se trouve devant une autre petite table, mais celle-ci est ronde, assez basse et recouverte d'un vieux tapis.
Côté cour, sur un chevalet, un tableau noir portant une équation algébrique à demi effacée.
Côté jardin, comme pour faire pendant et symboliser des sciences plus concrètes, un squelette se dresse sur un socle.
Un peu partout, des chaises dépareillées.
Quand le rideau se lève, on entend en coulisse des portes qui claquent, des robinets qui coulent, le gémissement d'une clarinette, des bribes de chanson, des interpellations et des remarques comme : "Alors, cette salle de bain, c'est pour aujourd'hui ?...Zut ! j'ai une échelle à mon bas !...Tu me prêtes ta cravate pour ce matin ?...Tu n'aurais pas vu mes chaussures ?...Où as-tu mis mon blaireau ? - Je l'ai prêté à Nat...- Nat, mon blaireau ?...C'est Luc qui l'a..."
Tout d'un coup, la sonnerie de la porte d'entrée retentit. Un bref silence, puis le bourdonnement des chansons et des disputes reprend.
Nouvelle sonnerie. Nouveau silence, puis une douzaine de voix - féminines et masculines - crient en chœur, et d'une voix de théâtre : "Entrez !"
Par la porte du fond apparaît alors un jeune homme. Il est mince, avec un pardessus de bonne coupe et des chaussures d'une modération exemplaire. Il tient un chapeau à la main. Tout en lui annonce le jeune homme de bonne famille et l'élève des bons pères. D'ailleurs, il leur fait honneur, car ses manières sont parfaites.
Il a vingt-trois ans, il est célibataire et on sent que ses lectures sont encore discrètement surveillées. Ce bon jeune homme s'appelle Cézaire.
Pendant le premier acte, Cézaire n'exprime que par mimique la plupart de ses sentiments.
Pour la commodité du lecteur, nous traduisons par des phrases placées entre parenthèses les sentiments que Cézaire ne fait que mimer.....
(lever de rideau de " Les Sonderling" - pièce en trois actes)
ACTE PREMIER - TABLEAU UNIQUE
La maison de Camillo à Rome. Quand le rideau se lève, Camillo et Vittoria sont debout en haut des marches, face au public. Le duc de Brachiano, en bas des marches, prend congé d'eux. Il tourne à demi le dos au public. A sa gauche, un serviteur, porteur d'une torche. A l'avant-scène à droite, Flaminéo immobile dans l'ombre. La scène est obscure, sauf la partie éclairée par la torche. Au fond une large fenêtre s'ouvre sur la nuit.
BRACHIANO.- Les heures que j'ai passées dans ta maison m'ont été douces, Camillo. Et plus douce encore, la voix de Vittoria. Vous chanterez encore pour moi, Vittoria ?
CAMILLO.- Je remercie votre Seigneurie de l'honneur fait à ma maison.
BRACHIANO.- Chanterez-vous encore pour moi, Vittoria ?
CAMILLO.- Désirez-vous, Monseigneur, que deux de mes serviteurs accompagnent votre carrosse ? Les rues de Rome ne sont pas sûres...
(extrait d'ouverture de "Flaminéo")
La scène représente la terrasse d'une petite auberge près de Corinthe. Tables et chaises pour les consommateurs.
Au lever du rideau, un jeune homme. son attitude trahit un mélange de peur et de curiosité.
Il regarde par la fenêtre, puis par la porte grande ouverte, revient sur ses pas, s'avance de nouveau. Finalement, il se décide à s'asseoir devant une table.
Mais il est assis du bout des fesses comme pour être prêt à s'enfuir plus vite.
Le journaliste, d'une voix timide
- Il n'y a personne ? (même jeu) Il n'y a personne ?
Voix à l'intérieur
- Voilà ! Voilà !
Le jeune homme a les yeux fixés sur la porte. Il est visiblement prêt à fuir
Enfin apparaît Aristée. C'est une matrone abondante.
Le journaliste pusse un soupir de soulagement et se laisse retomber sur sa chaise.
Silence.....
(lever de rideau de "Sisyphe et la mort"- Fable en un acte)
https://www.laprocure.com/product/458979/amis-martin-la-zone-d-interet
https://www.laprocure.com/product/374972/merle-robert-la-mort-est-mon-metier
La Zone d'intérêt - Martin Amis - le livre de poche
La Mort est mon métier - Robert Merle - Folio
Quel est le lien entre “La Zone d'intérêt” de Martin Amis écrit il y a quelques années, et “La Mort et mon métier” écrit par Robert Merle en 1952 ?
On évoque un sujet d'une grande lourdeur. On est pendant la guerre dans le milieu concentrationnaire. Ce n'est pas un témoignage de la vie dans un camp de concentration, c'est presque pire que cela. C'est le quotidien de celles et ceux qui participent à faire en sorte que ce terrible rouleau compresseur qu'est le monde concentrationnaire, ils fonctionnent au quotidien (...). Des lectures qui semble nécessaire. Martin Amis, “La Zone d'intérêt” au Livre de poche. “La Mort est mon métier”, Robert Merle, chez Folio.
Stéphane, libraire à la Procure Paris
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