Ce roman est glaçant de bout en bout.
Robert Merle nous trace ici le parcours de
Rudolf Hoess, commandant de camp à Auschwitz, et appelé Rudolf Lang dans le roman.
Nous y suivons Lang sur des périodes différentes, s'étalant de 1913 à 1946 et y découvrons comment peu à peu celui-ci est devenu ce bourreau.
Lang a eu une enfance difficile avec un père d'une extrême sévèrité et fanatique religieux traumatisant toute sa famille. Très tôt, il a été appris à obéir aux ordres même s'il ne les comprenait pas ou n'était pas d'accord avec la teneur de ces ordres. Et malheureusement beaucoup de choses découleront de cela...
Lang est une personne que nous pourrions considérer comme psycho-rigide, butée, et ne réfléchissant pas au bien-fondé ou non de ses actions, le principal pour lui étant toujours d'obéir aux ordres quoiqu'il arrive. Cet homme est également très patriotique et était prêt à tout pour l'Allemagne.
Robert Merle a su, avec une fine analyse et une plume intéressante, nous montrer comment peu à peu s'est mise en place cette "machine de guerre" qu'est cet officier SS, de son désir de se battre pour sa patrie, aux années difficiles d'après 1918 avec la faim et le chômge, la difficulté à communiquer avec les autres, les choix décisifs qui ont été faits et qui l'ont mené ineluctablement vers le parcours que l'on connait.
J'ai été glacée d'effroi face à cet homme qui ne semble pas humain. Il est d'une efficacité qui fait froid dans le dos, et agit aux ordres de manière automatique. Pour lui, un soldat obéit et ne conteste pas les ordres. Nous lui avons parfois vu des soubresauts de conscience et des doutes, mais qui s'estompent rapidement et disparaissent totalement au fur et à mesure du récit.
Ses réponses butées n'en sont que plus glaçantes lors de son procès.
Lecture on ne peut plus intéressante qui nous montre comment nombres jeunes hommes, tout comme Hoess, se sont engagées dans une voie où il n'y a eu aucun retour possible.