AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253056034
407 pages
Le Livre de Poche (13/03/1991)
4.04/5   170 notes
Résumé :
Un chimpanzé peut-il apprendre un langage et communiquer? Oui, répondent Edmund Dale et sa femme, qui tentent l'expérience avec Chloé, une petite chimpanzée adoptée à sa naissance. Et Chloé va s'humaniser à mesure qu'elle s'exprime, révélant même une vie affective riche et nuancée.

Jusqu'au jour où, prenant conscience de l'hostilité des humains et de sa "différence", elle va sombrer dans un mal de vivre qui la rendra dangereuse.

A parti... >Voir plus
Que lire après Le Propre de l'hommeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 170 notes
5
7 avis
4
3 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis
Prenant l'idée de ce roman suite à des essais de scientifiques américains qui se sont efforcés d'apprendre un langage à des primates, Robert Merle a puisé dans une importante documentation et a laissé son imagination faire le reste pour nous présenter ce « projet Chloé ».

Après deux mariages, l'un avec une frivole, l'autre avec une dévote, qui se sont soldés par deux divorces, l'anthropologue américain Edmund Dale rencontre à Paris sa troisième femme, une véritable perle, Suzy. La description que nous en offre l'auteur est des plus gracieuse : belle, charmante, intelligente, trilingue, cordon-bleu, travailleuse, elle a le don de se faire adorer même par les plus réticents. Elle a même un fils très beau et très doué. Une perfection presque surréaliste et limite agaçante !
Installé dans la propriété de Yaraville, notre couple va y accueillir un bébé chimpanzé, la petite Chloé, née dans un zoo et ne pouvant rester avec sa mère agressive. C'est Edmund qui nous fera alors le récit de ce projet Chloé ; l'élever au même titre qu'un humain, noter son apprentissage de l'anglais et de l'ameslan (la langue des signes américaine), lui prodiguer amour et éducation tout en surveillant les moindres progrès et échecs de cette tentative d'humanisation.

Comme Suzy, pourtant instantanément envahie par l'instinct maternelle, le lecteur s'interrogera tout du long sur le bien fondé de cette adoption. Que vaut-il mieux pour ce bébé ? Vivre dans un milieu humain entouré d'affection mais isolé de son espèce ou bien derrière des barreaux dans une cage de zoo mais non loin des siens même en captivité ?
L'auteur a fait le choix, en partie, d'un récit non linéaire qui évite toute monotonie pour suivre l'éducation de Chloé. Après la première rencontre émouvante avec ce bébé chimpanzé tout juste né, Edmund survole quelques comportements de Chloé et nous expose les liens, affectueux ou haineux, qu'elle a noués avec sa famille adoptive mais aussi avec la cuisinière mexicaine, la nièce de cette dernière née quelques mois auparavant et les animaux domestiques qui vivent à Yaraville.
Humour, intérêt et émotion se succèdent avec vivacité à la lecture de ce roman.
On sourit aux tentatives d'approches de Chloé, catastrophiques avec le chat mais tendrement amicales avec le chien. L'attendrissement nous étreint face à son grand besoin de pardon après chacune de ses bêtises ou de ses colères relativement nombreuses. Comme toute la famille Dale, on fond devant les grands yeux marron clair qu'on devine si chaleureux derrière leur petite pointe d'espièglerie. Et bien sûr on comprend aisément les difficultés rencontrées lors de l'apprentissage des mots dues à « son hypermotricité, son hyperémotivité et son caractère fantaisiste et taquin. » Les efforts ne restent cependant pas vains et nombreuses sont les joies procurées par la créativité que Chloé montrera pour utiliser à des fins émotionnelles le langage appris.

Chez les Dale, c'est d'ailleurs l'affection très forte portée à Chloé qui prédominera sur le travail scientifique. Mais le patrimoine génétique ne peut être effacé, se considérer faisant partie de l'espèce humaine peut blesser face à la réalité et les limites de l'intégration se profilent en grandissant.

Cette histoire est fictive mais on ne peut faire abstraction des expériences similaires qui ont eu lieu pour inspirer ce roman, celles-ci sont d'ailleurs introduites au fil du récit lors d'un colloque où le couple sera invité. Il sera fait mention qu'il existe une grande marge entre apprendre un certain nombre de mots et manier un langage. Pouvoir s'exprimer même avec un langage limité peut-il permettre de mieux contrôler les instincts sauvages de sa propre espèce et est-ce un bien ? Par-dessus tout pourquoi considérer notre espèce humaine comme un exemple à suivre et qu'est-ce qui nous différencie réellement de l'animal ?
Avec ce récit tout à fait prenant les questions se bousculent et l'on ne cesse de s'interroger sur la frontière à ne pas franchir dans l'expérience scientifique alors que des sentiments existent chez les animaux même s'ils ne sont pas forcément identiques aux nôtres.
Commenter  J’apprécie          289
Un anthropologue récemment remarié cherche un sujet de livre. Toute la famille recomposée vit au Etats-Unis.
Au cours d'un diner, son voisin vétérinaire lui propose d'adopter une petite chimpanzée qui va bientôt naître. Elle sera, à la naissance séparée de sa mère, celle-ci tuant systématiquement ses bébés.
Edmund Dale tient le sujet pour son prochain livre et accompagné de sa femme Suzy et de leurs trois enfants vont accueillir ce petit chimpanzé. Ce sera une fille qui sera prénommée Chloé.
Emma, qui est muette, sera engagée pour apprendre à la famille Dale, l'Ameslan, langage des signes en vigueur en Amérique du nord, et eux se chargeront de l'inculquer à Chloé.
En parallèle, la nièce de la cuisinière des Dale vient d'accoucher d'une petite Maria et fait de fréquentes visites. Chloé et Maria ont donc le même âge, ce qui permettra de comparer leur évolution respective.
Chloé est élevée comme une petite humaine n'ayant aucun repaire avec ses congénères, Les progrès sont rapides avec la langue des signes. Les deux petites s'adorent mais un jour un miroir lui fera découvrir sa différence.
C'est un roman passionnant rendant le personnage de Chloé attachant. Grâce à Robert Merle on y apprend qu'un animal est doué de raison et de réflexion. le reste de la famille est un peu caricaturale mais les situations décrites font de ce livre un récit hyper réaliste. Ce n'est pas qu'un roman car la réflexion sur le sujet se poursuit bien après le mot fin.
Commenter  J’apprécie          340

Le narrateur est un anthropologue américain. Alors qu'il vient d'épouser sa 3e femme, on lui propose d'adopter un bébé chimpanzé pour une étude scientifique : l'éduquer et surtout lui apprendre un langage.
Si l'intégration au sein de la famille se passe bien, les voisins sont perplexes. Bien sûr, ils sont éloignés puisque la famille vit dans un ranch à plusieurs kilomètres de toute population mais quand Chloé, le chimpanzé femelle, se promène en ville au bout d'une laisse, certains ne craignent pas d'exprimer leur rejet.
L'apprentissage du langage est un succès, du moins dans un premier temps. le chimpanzé devient très habile avec la langue des signes et comprend plusieurs dizaines mots en anglais. Son ignorance de la syntaxe ne l'empêche pas d'avoir des échanges cohérents avec le reste de la famille.
Mais Chloé grandit, son poids augmente, ses muscles se développent. Des gestes effectués avec douceur s'apparentent à des coups et laissent des traces. Et comme elle a du mal à contrôler ses réactions….
Ce roman est passionnant. On apprend beaucoup sur l'univers de l'acquisition linguistique/langagière et sur les capacités du chimpanzé. On comprend aussi l'attachement de la famille à Chloé, celle-ci étant l'enfant des uns et la soeur des autres. Ce qui vient perturber l'expérience scientifique.
J'aime beaucoup le style de Robert Merle qui sait conter avec érudition mais sans prétention, des histoires qui nous interrogent sur notre place au sein de nos congénères.
Commenter  J’apprécie          191
Un couple de scientifiques qui décident d'adopter une petite chimpanzée qu'il élèveront tout en l'étudiant.
On lui apprend la langue des signes et Chloé fait preuve d'une remarquable capacité non seulement à se servir des mots mais aussi à associer des idées pour créer de nouveaux mots. Chloé est attachante car si peu nous sépare d'elle. Chloé est bouleversante quand elle compare son image dans le miroir à celle de la petite fille du couple. La fin est triste aussi... Etant sensible au sujet des animaux je sais que je suis sortie très remuée de cette lecture et que je l'évoque comme un lointain souvenir car ce qui me touche trop dans un livre je n'ai parfois pas le courage de le réaffronter une seconde fois. Ce que je peux dire c'est que Robert Merle narre cette histoire avec sensibilité et intelligence, qu'il s'appuie sur des données scientifiques pour nous parler des réactions de la petite Chloée et que si elle parait si "humaine" ce n'est pas par le fruit de son imagination. Il donne donc à réfléchir sur ce qui nous différencie des animaux et par là sur la manière dont nous les considérons. A propos des grands primates, je pense que c'est Nicolas Hulot qui a dit "un jour nous aurons honte d'avoir osé les enfermer et de les avoir traités de cette façon". Indéniablement cette histoire ne peut que nous mettre d'accord avec cette affirmation.
Commenter  J’apprécie          100
🐒 le propre de l'homme - Robert Merle 🐒
@livredepoche

Résumé :
Un chimpanzé peut-il apprendre un langage et communiquer? Oui, répondent Edmund Dale et sa femme, qui tentent l'expérience avec Chloé, une petite chimpanzée adoptée à sa naissance. Et Chloé va s'humaniser à mesure qu'elle s'exprime, révélant même une vie affective riche et nuancée. Jusqu'au jour où, prenant conscience de l'hostilité des humains et de sa "différence", elle va sombrer dans un mal de vivre qui la rendra dangereuse.

J'ai beaucoup aimé ce livre. J'ai tout de suite pensé à La planète des singes : Origines, avec ce bébé primate adopté et élevé comme un bébé humain. J'ai adoré l'histoire, suivre l'évolution de Chloé, être étonnée de ses capacités, effrayée par sa force. Et j'ai surtout aimé les questions soulevées par ce roman : A quel point sommes nous proche d'un chimpanzé? Qu'est ce qui sépare finalement l'homme du primate? Que penser des zoos ou des laboratoires où ces animaux sont observés dans un but scientifique? Et que penser de cette expérience en particulier, où en cherchant à humaniser une chimpanzé on brouille les cartes et on l'a transforme en un être hybride, pas encore humaine mais plus tout à fait singe?
Bref c'est un roman que j'ai adoré, passionnant, fascinant, intéressant et très prenant.
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mon affection pour les animaux et mon intérêt pour le problème qu'il nous posent : la communication de leur espèce avec la nôtre - ne datent pas d'hier. Je vis à la campagne, et nous y avons eu comme amis des chevaux, des chiens et des chats, qui, de leur côté, ont bien voulu considérer que nous étions les leurs. Leur faible longévité nous a toujours attristés. Il nous reste au pré une jument nonchalante dont le poil blanchit sur le chanfrein, et dans la maison, un chat majestueux dont nous sommes les dévoués serviteurs.
"Le propre de l'homme" n'est pas le premier livre que je consacre à un animal. Il y a vingt-deux ans, j'ai publié chez "Gallimard" un roman qui mettait en scène un couple de dauphins à qui un chercheur américain avait réussi à apprendre l'anglais...
(extrait de la préface de l'auteur insérée en début du volume de poche paru en 1995)
Commenter  J’apprécie          60
Le propre de l'homme, est-ce le rire ? Mais les chimpanzés rient aussi. Le propre de l'homme est-ce la raison ? Mais comment la refuser aux dauphins et aux primates, à qui l'on voit faire tant de choses étonnantes qui ne relèvent pas d'un simple dressage ? Le propre de l'homme, enfin, est-ce le langage ? Mais peut-on le dire encore quand on voit un chimpanzé s'exprimer avec ses mains comme un sourd et muet ?
Commenter  J’apprécie          91
Paris est probablement la capitale du monde où le patrimoine architectural est le mieux groupé. Et c'est la ville où il est le plus pénible d'être sans femme, quand on les aime.
Commenter  J’apprécie          120
" ... ce n'est pas la parole, ni même la raison, qui distingue l'homme du primate. C'est la conscience que l'homme a, sa vie durant, que sa propre mort est le seul événement qu'il puisse prévoir avec certitude."
Commenter  J’apprécie          70
Nous nous posons des questions sur eux, dit Suzy, et ils doivent s'en poser sur nous. Nous, nous savons que leur patrimoine génétique est à 99% le mêpe que le nôtre, et eux, ils doivent se dire : pourquoi ces grans singes blancs nous mettent-ils en cage ? Pourquoi nous ? Pourquoi pas eux ?
- nous aussi, la société nous met dans des cages. Mais ces cages sont invisibles. Et ce n'est que de temps en temps que nous nous heurtons à nos barreaux.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Robert Merle (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Merle
https://www.laprocure.com/product/458979/amis-martin-la-zone-d-interet https://www.laprocure.com/product/374972/merle-robert-la-mort-est-mon-metier
La Zone d'intérêt - Martin Amis - le livre de poche La Mort est mon métier - Robert Merle - Folio
Quel est le lien entre “La Zone d'intérêt” de Martin Amis écrit il y a quelques années, et “La Mort et mon métier” écrit par Robert Merle en 1952 ? On évoque un sujet d'une grande lourdeur. On est pendant la guerre dans le milieu concentrationnaire. Ce n'est pas un témoignage de la vie dans un camp de concentration, c'est presque pire que cela. C'est le quotidien de celles et ceux qui participent à faire en sorte que ce terrible rouleau compresseur qu'est le monde concentrationnaire, ils fonctionnent au quotidien (...). Des lectures qui semble nécessaire. Martin Amis, “La Zone d'intérêt” au Livre de poche. “La Mort est mon métier”, Robert Merle, chez Folio. Stéphane, libraire à la Procure Paris
+ Lire la suite
autres livres classés : anticipationVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (403) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez vous les romans de Robert Merle ?

Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

chez ma mère'
à Deauville'
à Zuydcoote'
en amoureux

8 questions
109 lecteurs ont répondu
Thème : Robert MerleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..