Superbe langue et fluidité du discours, les idées naissent plus nombreuses que les mots qui le composent.
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Nous ne trouvons jamais dans les paroles des autres que ce que nous y mettons nous-mêmes, la communication est une apparence.
Dire qu'aucun signe isolé ne signifie, et que le langage renvoie toujours au langage, puisque à chaque moment seuls quelques signes sont reçus, c'est aussi dire que le langage exprime autant par ce qui est "entre" les mots que par les mots eux-mêmes, et parce qu'il ne dit pas que ce qu'il dit.
Or, c’est bien un résultat du langage de se faire oublier, dans la mesure où il réussit à exprimer. A mesure que je suis captivé par un livre, je ne vois plus les lettres sur la page, je ne sais plus quand j’ai tourné la page, à travers tous ces signes, tous ces feuillets, je vise et j’atteins toujours le même événément, la même aventure, au point de ne plus même savoir sous quel angle, dans quelle perspective ils m’ont été offerts...
Comment le peintre ou le poète seraient-ils autre chose que leur rencontre avec le monde ? De quoi parleraient-ils ? De quoi même l'art abstrait parlerait-il, sinon d'une certaine manière de nier ou de refuser le monde ?
Et comme ce n’est pas davantage le corps tout seul qui aime (il arrache à ceux qui ne voudraient vivre que de lui des gestes de tendresse qui vont au-delà de lui).
Fanny Arama
Camille Froidevaux-Metterie
Najat Vallaud-Belkacem
Kaori Ito
La façon dont une culture traite le corps – en particulier le corps des femmes – dit une profonde vérité sur cette culture. le corps est en effet une construction : il prend forme au cours de notre vie et en fonction de nos relations, il est modelé par nos choix, mais également forgé par les institutions, leurs diktats et leurs requêtes. Les sciences humaines et la philosophie ont mis en évidence cette construction sociale du corps – cette « incorporation » : le corps est façonné, comme l'a montré Foucault, par une kyrielle de dispositifs disciplinaires qui en font une « chair » à racheter, une force de travail à employer, un organisme à soigner, mais aussi, dirait Merleau-Ponty, le véhicule de notre advenir au monde que l'être au monde nous oblige à ajouter sans cesse. Mais le corps n'est jamais neutre : il est déterminé entre autres par des facteurs de race et de genre. Réfléchir sur le corps construit implique donc qu'on analyse la manière dont il est construit, qu'on voie quels corps sont construits, selon quels différentiels, et qu'on mette au jour les effets qui produisent les inégalités de pouvoir entre les hommes et femmes. Dans une telle construction sociale, l'empreinte machiste a été déterminante: aussi le corps féminin a-t-il été façonné selon les désirs des hommes. Quelle vérité sur le corps des femmes – maternité, menstruations, ménopause, apparence, sexualité… – apparaîtrait si, dans une perspective féministe, on déconstruisait cet ensemble iconique et idéologique dans lequel l'homme a trouvé les outils de sa domination, sinon les justifications de sa violence symbolique et réelle exercée sur les corps des femmes ?
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