L'engagement au sens de Sartre est la négation du lien entre nous et le monde ... il essaye de faire d'une négation un lien. [Or] Quand je m'éveille à la vie, je me découvre responsable de quantité de choses que je n'ai pourtant pas faites, mais que je reprends à mon compte en vivant. Cet engagement de fait est toujours, chez Sartre, pour le mal, le monde existant et l'histoire ne font appel qu'à mon indignation, (p.269 éd. Folio)
On suppose une certaine frontière après quoi l'humanité cesse enfin d'être un tumulte insensé et revient à l'immobilité de la nature. Cette idée d'une purification absolue de l'histoire, d'un régime sans inertie, sans hasard et sans risques, est le reflet inversé de notre angoisse et de notre solitude. Il y a un esprit « révolutionnaire » qui n'est qu'une manière de déguiser des états d'âme.
Le passé que je contemple a été vécu et dès que je veux entrer dans, sa genèse, je ne peux ignorer qu'il a été un présent.
Ce livre voudrait jalonner l'expérience, non pas sur le terrain politique, mais sur celui de la philosophie politique.
Fanny Arama
Camille Froidevaux-Metterie
Najat Vallaud-Belkacem
Kaori Ito
La façon dont une culture traite le corps – en particulier le corps des femmes – dit une profonde vérité sur cette culture. le corps est en effet une construction : il prend forme au cours de notre vie et en fonction de nos relations, il est modelé par nos choix, mais également forgé par les institutions, leurs diktats et leurs requêtes. Les sciences humaines et la philosophie ont mis en évidence cette construction sociale du corps – cette « incorporation » : le corps est façonné, comme l'a montré Foucault, par une kyrielle de dispositifs disciplinaires qui en font une « chair » à racheter, une force de travail à employer, un organisme à soigner, mais aussi, dirait Merleau-Ponty, le véhicule de notre advenir au monde que l'être au monde nous oblige à ajouter sans cesse. Mais le corps n'est jamais neutre : il est déterminé entre autres par des facteurs de race et de genre. Réfléchir sur le corps construit implique donc qu'on analyse la manière dont il est construit, qu'on voie quels corps sont construits, selon quels différentiels, et qu'on mette au jour les effets qui produisent les inégalités de pouvoir entre les hommes et femmes. Dans une telle construction sociale, l'empreinte machiste a été déterminante: aussi le corps féminin a-t-il été façonné selon les désirs des hommes. Quelle vérité sur le corps des femmes – maternité, menstruations, ménopause, apparence, sexualité… – apparaîtrait si, dans une perspective féministe, on déconstruisait cet ensemble iconique et idéologique dans lequel l'homme a trouvé les outils de sa domination, sinon les justifications de sa violence symbolique et réelle exercée sur les corps des femmes ?
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