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EAN : 9782706712869
240 pages
Salvator (10/09/2015)
4/5   2 notes
Résumé :
À sa manière, la France entretient un rapport complexe avec les juifs. Terre d'accueil, du sens des droits d'homme qui peut s'enflammer pour défendre un capitaine Dreyfus injustement accusé, c'est aussi malheureusement celle du régime de Vichy, des propos de Céline ou de Maurras, des jugements problématiques sur Israël. Et comment ne pas penser aux récents actes d'antisémitisme qui ont endeuillé notre pays ? Et pourtant, toute une tradition littéraire française, ven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Honnêteté. Tolérance. Approfondissement. Ces trois mots résument à mes yeux l'attitude de Michaël de Saint-Chéron dans son essai " Les écrivains français face à l'antisémitisme de Bloy à Semprun".
Dès le prologue "Pourquoi ce livre?", son but est clairement annoncé: rappeler aux lecteurs que, depuis cent ans, des auteurs non-juifs - chrétiens, agnostiques, athées - ont ponctué notre littérature pour parler du peuple juif, de leur rapport avec le destin de celui-ci, avec l'injustice et la violence qu'il a subie depuis des millénaires, ainsi que de leur rapport au Livre et aux textes. le dessein de Michaël de Saint-Chéron a vu son urgence renforcée par les odieuses manifestations antisémites qui eurent lieu en France durant l'été 2014, et par les horribles attentats perpétrés au nom de l'Islam dans les bureaux de Charlie Hebdo.
Il a choisi 9 écrivains: Léon Bloy, Péguy, Claudel, Mauriac, Sartre, Bernanos,Marguerite Yourcenar, Maurice Blanchot, Jorge Semprun. Certains étaient antisémites au départ (Bernanos) ou ont fait le jeu des antisémites (Bloy) Tous ont évolué. Seul Céline, à qui un chapitre a également été consacré, persista dans sa haine du juif.
Avec un très grand souci de probité, Michaël de Saint-Chéron casse certaines fausses accusations. Ainsi lave-t-il Péguy de l'épithète calomnieuse de "graine de fasciste", qui lui fut accolée dans les années 80, Péguy dont le dialogue avec le peuple juif fut constant et qui lui accorda une place capitale dans son oeuvre.
Avec une admirable rigueur, il se fait un devoir de juger chaque écrivain, chaque homme, sur la totalité de ses écrits et de son parcours, et considère comme absurde de lire un écrivain "à l'aune de sa compréhension positive par rapport aux juifs".
Même hauteur de vue face au cas Céline: tout en condamnant ses déchaînements haineux, il dégage ce qu'il a pu avoir de salutaire, en nous obligeant à réfléchir et à regarder en face l' innommable qui est peut-être tapi au plus profond de nous.
Les analyses de Michaël de Saint-Chéron sont fortement argumentées, étayées par des citations percutantes et extrêmement approfondies. Dans le chapitre consacré à Sartre, il envisage ses trois positionnements par rapport aux juifs, les pages concernant Yourcenar contiennent une intéressante exploration de son intérêt pour le hassidisme.
Surtout, l'auteur dégage la spécificité du positionnement de chaque écrivain, jusqu'au rêve fou de Claudel, suggérant de confier à Israël la garde des Lieux Saints...en Palestine arabe.
J'ai beaucoup appris sur l'affection et le rôle essentiel de Mauriac face au jeune Elie Wiesel, sur l'immense modestie de Maurice Blanchot et sa fidélité envers Levinas, sur Semprun et son dialogue avec Malraux.
Merci donc à Babelio, aux éditions Salvator et à Michaël de Saint-Chéron pour ce beau et émouvant travail.



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Depuis des siècles, la France questionne l’antisémitisme sans détour. Pays des Droits de l’Homme, pays de l’affaire "Alfred Dreyfus" mais également pays du gouvernement de Vichy et d’écrivains antisémites parfois méconnus.
Dès la préface, le philosophe et chercheur Michaël de Saint-Chéron rappelle les attentats du 7 janvier 2015 contre les artistes de "Charlie Hebdo". Il esquisse un parallèle entre les caricatures portant sur l’Islam et celles qui ont abîmé l’image des Juifs. Là où les premières ne revendiquaient que la liberté d’expression, les secondes furent haineuses, pleines de fiel et de répugnance. Mais les Juifs n’ont jamais pris les armes pour détruire ou venger une image. Aussi violente et humiliante soit-elle.
J’ai ressenti ce livre comme un hommage et un devoir de rétablir une certaine forme de justice. Il y a un profond respect dans ces lignes, de la délicatesse, de l’estime. L’auteur dédie d'ailleurs son ouvrage à plusieurs personnes qui lui sont chères et « combattent la haine de l’autre et tout antisémitisme. »
La haine de l’autre. Le sujet est posé.
D’une plume poétique, précise, aiguisée, l’auteur remet d’aplomb certaines idées reçues et/ou méconnaissances quant à la personnalité des écrivains français sur lesquels s’étendent certaines ombres. Il démasque les "indécents", il élève les incompris et les mal aimés. Mais rien n’est tout noir ou tout blanc. A aucun moment l’auteur ne s’élève en juge. Certes, ce n’est pas un ouvrage bien-pensant, c’est un livre qui bouscule, qui attaque, qui défend ou dénonce. Mais lorsqu’il y a colère ou sympathie, ce sont des colères et sympathies argumentées. Il ne s’agit pas de « salir » un auteur ou de l’exalter : il s’agit de comprendre ce qui a pu mener cet homme ou cette femme à plonger sa plume dans l’or ou dans la boue. On sent tout au long du livre qu’il ressent une certaine affection pour certains d’entre eux, et c’est ce qui apporte ce petit supplément d’âme à cet exposé pointilleux.
En résumé : Péguy, Céline, Claudel, Mauriac, Sartre, Bernanos, Yourcenar, Blanchot et Semprun. Neuf personnalités aux convictions religieuses différentes. Neuf écrivains, poètes, philosophes, parcourus dans leur rapport au peuple juif, à Israël, à la Shoah.
Je ressors de cette lecture bousculée. J’ai tour à tour été bouleversée, révoltée, crispée ou transportée. Certaines déclarations d’auteurs sont hideuses – j’assume l’adjectif – et m’ont mise au bord du malaise ; d’autres se rapprochent du sublime. On pénètre vraiment les cœurs de ces auteurs, on fouille leurs travers ou leurs grâces. Mais la vraie beauté de ce livre, c’est ce revirement des auteurs « anti-judaïques » qui adoucissent leurs propos, reviennent sur leur conception des êtres, se confessent ou s’excusent. Seule larme noire – comme le précise l’auteur en fin d’ouvrage –, Céline sera le seul à ne jamais revenir sur ses propos. Et quel déchirement pour moi, grande admiratrice de la plume de cet auteur de génie, qui se définira pourtant comme « l’ami de Hitler. »
Je terminerai avec cette magnifique citation du pasteur Charles Westphal que Saint-Chéron a choisie en tout début d’ouvrage : « la question juive est la question des questions ; à la manière dont ils parlent des Juifs on peut juger sûrement de la valeur spirituelle d’un homme, d’une Église, d’un peuple, d’une civilisation. » Et je remercie Babelio ainsi que les éditions Salvator pour m’avoir envoyé ce livre « coup de poing. »
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Je remercie Masse Critique et les éditions Salvator pour ce livre. Livre très instructif qui nous apprends beaucoup sur le sort des Juifs, depuis la nuit des temps le Juif cristallise toutes les haines du monde et il est le bouc émissaire par excellence. Tout d'abord, détesté parce qu'ils seraient responsables de la mort de Jésus, ensuite parce que c'est un peuple qui réussit et aujourd'hui ils sont détestés à cause de ce qui se passe en Israël. Comme quoi la haine du Juif n'a aucun fondement. L'auteur liste les auteurs qui ont pris partis pour les juifs, ceux qui sont restés neutre et ceux qui haïssaient les Juifs dont le tristement célèbre Céline.
Je ne vais pas être tendre mais la France a une grande responsabilité quand à la façon dont elle traite les Juifs et ses étrangers si on extrapole.
Dernièrement, j'apprenais que le torchon Mein Kampt allait être publié, on se demande où on va, comment la France peut tolérer une chose pareille comme si ce livre n'avait pas fait assez de tort. Qu'est ce qu'on va encore nous sortir, que c'est pour garantir la liberté d'expression.
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critiques presse (1)
NonFiction
11 janvier 2016
Un livre qui se veut une étude de la relation des écrivains français à l’antisémitisme, mais qui en propose un panorama plus général.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les Juifs ?
Qu'on les enferme !
Qu'on les fracasse !
Qu'on les branche !
Qu'on les fouette tous jusqu'à l'os ! Que ça gicle ! Que ça éclabousse ! [...]
Tout est mystérieux dans le microbe comme tout est mystérieux dans le Juif. Un tel microbe si gentil, un tel Juif si louable hier, sera demain la rage, la damnation, l'infernal fléau.

(Louis-Ferdinand Céline !)
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Hilberg définit les trois époques de la montée en puissance de l'antijudaïsme devenu l'antisémitisme moderne : le temps de la conversion (vous ne pouvez plus vivre parmi nous comme Juifs), celui de l'expulsion (vous ne pouvez plus vivre parmi nous), enfin celui de l'extermination (vous ne pouvez plus vivre).
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