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EAN : 9782082131261
125 pages
Climats (11/05/2006)
2.17/5   6 notes
Résumé :

Les hommes ont toujours agi sur eux-mêmes, et pris en charge leur propre évolution. Avec aujourd'hui deux traits absolument nouveaux.

D'une part, les capacités d'action de l'espèce humaine sur elle-même sont incomparablement plus puissantes que par le passé, notamment dans le domaine des technologies de la vie.

D'autre part, nous contrôlons si bien notre milieu et l'avons si parfaitement aménagé pour notre survie et notre conf... >Voir plus
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L'auteur suit à la trace l'oeuvre de Peter Sloterdijk sur le thème des biotechnologies et de l'humanisme génétiquement modifié. Au fond, les pratiques humaines concourent quotidiennement à sélectionner dans le milieu professionnel, dans la société en général. Il y a des pratiques qui contribuent déjà à orienter la procréation, et depuis la brebis clonée Dolly, l'auteur fait d'ailleurs remarquer dans la 2ième partie, que les craintes liées au clonage humain semblent s'être estompées. Mais la 1ère partie du livre soulève peut-être des problèmes qui auraient été trop vite oubliés.
Dans l'évolution de notre société, l'auteur souligne notamment que les biopolitiques de (contrôle des naissances, etc..), ont laissé place à la privatisation de l'eugénisme, c'est-à-dire à l'accès progressif des individus aux biotechnologies permettant notamment d'orienter la procréation. Mais ce livre n'est pas le lieu pour des considérations éthiques autour du développement scientifique, industriel et commercial. Ce n'est pas non plus le lieu pour réfléchir à l'égalité des chances qui devraient permettre aux individus de faire des choix éclairés et d'accéder aux biotechnologies ne serait-ce qu'à des fins thérapeutiques. Non, la priorité de l'auteur est d'appeler « un appui extérieur » pour « montrer aux individus leur mesure » c'est-à-dire, comme on le verra tout le long du livre, pour garantir l'inhibition de leur « bestialité ». A défaut de s'enthousiasmer pour une telle vision de l'humanité, « agrégat d'individus » bipolaires inhibés/désinhibés, essayons de voir ce qui la sous-tend.
Il faut donc revenir au « théorème philosophique et anthropologique de base selon lequel l'homme lui-même est fondamentalement un produit et ne peut donc être compris que si l'on se penche dans un esprit analytique sur son mode de production…Il s'agit de penser une production sans auteur ».
Il y a certes matière à observer spécifiquement l'évolution de l'homme, alors que l'ouvrage de Darwin « de l'origine des espèces » se concentrait sur les espèces végétales et animales (en dehors de l'espèce humaine). Mais de là à affirmer que la théorie de l'évolution ne s'applique pas à l'homme est un pas qui est franchi dans ce livre, et cette position en entraîne d'autres de plus en plus scabreuses.
Alors si je ne suis pas spécialement engagé par l'Amicale darwinienne, je dirais en revanche, comme mon ami Colombo, qu'il faut mener l'enquête et que si nous sommes sur la bonne piste alors les indices vont venir dans un faisceau.
D'après ce livre, l'Évolution serait « le nouvel avatar de la divinité ». C'est un énorme contre-sens sur la révolution contenue dans la théorie de Darwin, puisque celle-ci consiste précisément à expliquer l'évolution des espèces dans les profondeurs du vivant, par l'expérience elle-même, « sans auteur » pour reprendre les termes de ce livre, sans aucun rapport avec une réalité absolue.
D'après ce livre, le mode de vie de l'homme est moins risqué qu'on ne pourrait s'y attendre s'il correspondait réellement au « darwinisme et au darwinisme social ». Donc, sauf à considérer que la sélection naturelle est entièrement fausse, l'homme est sorti d'un coup du règne animal (position intenable). de plus, l'auteur concède encore une sorte de validité à la politique du "darwinisme social" (suppression de la protection sociale pour assurer la procréation des plus aptes). On pensait pourtant impossible la confusion avec la théorie de Darwin. Enfin, l'auteur semble avoir oublié un thème principal du livre, à savoir l'appréhension des risques liés au mode de vie de l'homme intégrant précisément les nouvelles biotechnologies.
D'après ce livre, l'homme serait un animal dénaturé dont la bestialité se manifeste toutefois dès que les conditions de désinhibition le permettent. Pour comprendre comment cette position peut surgir ici, il faut regarder du côté du personnage principal, Heidegger avec son spécisme proclamé, car cette pensée sert de point de départ à la philosophie de Sloterdijk et aux commentaires de l'auteur.
Si on veut vraiment approfondir, il faudrait lire Sloterdijk sans le filtre et les commentaires de l'auteur de ce livre, car finalement il y a bien des concepts qui interpellent.
Exemple du concept de la sphère « utéro-technique » qui constitue pour l'homme un environnement entièrement adapté à ses dispositions et dans lequel il pourrait s'y reproduire de sorte qu'à la limite la sélection naturelle, donc la théorie de l'évolution ne jouerait plus du tout.
Exemple du concept d'« eurotaoisme », comme solution possible à la « mobilisation infinie » qui caractérise notre époque. Par une analyse qui n'est pas sans rappeler la théorie de Henri Bergson de la « double frénésie », Peter Sloterdijk voit deux mouvements opposés : « une pensée critique ne peut même plus en appeler à une autre mobilisation - elle doit être purement et simplement démobilisatrice…il faut que la pensée critique se fasse voie, tao, cheminement d'une sagesse retenue, retrait d'un non agir ».
J'ajoute personnellement que le taoïsme (dans sa version d'origine non religieuse) est une attitude qui invite à réfléchir avant d'agir, en prenant des renseignements (dans l'art de la guerre de Sun Tzu), pour ne pas agir ou alors seulement en accord avec la nature, avec le tout. C'est donc une attitude profondément pragmatique qui résout plutôt le dualisme mobilisateur/démobilisateur.
Si j'apporte cette précision c'est pour souligner que le taoïsme qui inspire Sloterdijk, ne peut pas être considéré sérieusement par l'auteur de ce livre, car celui-ci rejette le pragmatisme au prétexte qu'il « cadre trop bien avec notre obsession de la mobilisation des moyens ».
A l'opposé d'une méthode philosophique, le livre est du coup plongé dans une espèce de drame romantique où Nietzsche ne manque pas de faire quelques fulgurantes apparitions en attendant le dénouement final ou « stade ultime ek-statique » de Heidegger.
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